Une Simone imparfaite, mais importante pour une jeune autrice allemande qui veut la faire connaître à sa génération.
Le graphisme est léger, avec une caricature d'un clin d'oeil de Simone et des chapitres ponctués de citations sur des pages violettes. Pour faciliter la compréhension, l'autrice a ajouté des repères chronologiques et des encadrés pour situer des personnages ou des idées.
Le livre est divisé en sections qui traitent chacune d'un aspect de la vie de Simone.
Devenir, son enfance, ses années d'études, les hasards et les décisions qui ont contribué à son destin. On y trouve par exemple son père, qui lui a transmis la passion de la littérature, mais dont les revers financiers ont obligé Simone à devenir autre chose qu'une bourgeoise privilégiée.
Aimer, son premier amour pour son cousin Jacques, bien sûr
Sartre et les autres hommes de sa vie, mais aussi les femmes, et parfois l'aspect un peu trouble d'une Simone professeure qui séduit ses jeunes étudiantes.
Penser, c'est la philosophie, domaine d'étude de Simone et de
Sartre. On y cite de nombreux penseurs qui ont influencé sa pensée, à partir de
Leibniz, son sujet de thèses, mais aussi
Kant, Hegel, Kierkegaard, Heidegger, etc. Même si l'auteur tente de simplifier et de résumer les grands principes de la philosophie existentialiste, c'est un chapitre moins accessible, mais qui explique le cheminement de Simone pour développer sa pensée originale et en arriver à écrire « Le Deuxième sexe ».
Écrire, c'est la véritable passion de Simone. Même si elle se sent davantage écrivaine que philosophe, c'est une travailleuse acharnée et sa route sera semée de doutes et d'hésitations jusqu'à ce que le Goncourt vienne couronner ses efforts.
Agir, avec la capitulation de Paris, Simone qui, jusque-là vivait dans la pensée, détachée du monde, se trouve confrontée à la dure réalité. Elle doit même se faire la cuisine plutôt que d'aller au restaurant!… Ce réveil l'amène à accompagner l'engagement socialiste de
Sartre. Même si l'aveuglement (volontaire) de celui-ci le fera soutenir trop longtemps l'Union soviétique et le régime chinois.
Lutter, alors que dans sa jeunesse elle pensait qu'il suffisait d'être, de penser et d'écrire, elle s'est rendu compte de la nécessité de l'action et s'est impliquée dans les luttes des femmes, militant pour le droit à l'avortement et les causes féministes.
Je n'ai pas lu les autres biographies de Simone et je n'ai pas parcouru l'ensemble de ses Mémoires, je ne peux donc pas faire de comparaison. Mais j'ai eu plaisir à faire ce retour sur le XXe siècle et à mieux comprendre cette femme qui a joué un rôle important, mais qui avait l'humilité de reconnaître que parfois elle s'était trompée.