Décidément cette série est vraiment troublante et le sera de bout en bout, je crois. Avec sa double intrigue permanente, elle me fascine par la justesse de son traitement de la post-agression mais me met très mal à l'aise dans la représentation d'une victime d'emprise.
Ainsi
Kotomi Aoki sonne toujours très juste pour moi avec le personnage de Niji, dont la romance avec Gaku est au coeur de ce tome. Celle-ci a vraiment envie de faire évolution leur relation. Elle a envie qu'elle soit plus charnelle. Mais comment surmonter ce traumatisme encore bien présent que fut son agression ? le garçon est patient mais la jeune fille l'est moins. C'est un difficile équilibre à trouver et le fait d'entendre en permanence les pensées de l'un et de l'autre à ce sujet rend le traitement de tout ça très subtile et honnête à la foi. J'ai juste été déçue de la brève tentative d'ajouter une tension inutile avec l'ajout ponctuel d'une pseudo rivale. Ça n'apporte pas grand-chose, même si l'autrice évite la plupart des écueils.
En revanche, du côté de Hiyori, je suis plus perplexe. Depuis le début, sa relation avec M Kiryu me gêne, ou plutôt la façon dont l'autrice la présente me gêne. Je ne vois pas où elle veut en venir. Tour à tour, elle tente de nous présenter Kiryu comme quelqu'un qui porte un masque et n'est pas aussi trouble qu'on pourrait le croire, notamment ici quand elle évoque son passé. Et en même temps, elle fait intervenir une nouvelle personne qui semble en savoir long sur lui et pas dans le bon sens. Elle insinue aussi qu'il pourrait être responsable de l'agression de Niji. Alors, il faudrait savoir, bon sang, parce que c'est hyper perturbant de ne pas savoir sur quel pied danser.
Hiyori, lui, a fait son choix de manière totalement bancale, ce qui est déchirant. Il sait qu'il est sous emprise, mais faute de pouvoir recevoir "de l'amour" ailleurs, il préfère ça que rien du tout. C'est flippant. J'ai vraiment de la peine pour lui et je trouve dommage d'une certaine façon que l'on retombe dans le cliché du jeune homosexuel perdu qui tombe dans les serres d'un prédateur, même si je sais que ça existe bien. C'est juste que j'aime tellement le personnage que je lui aurais souhaité un autre destin. Mais je me dis que peut-être l'arrivée, en toute fin de tome, de ce nouveau personnage connaissant Kiryu pourrait changer la donne, du moins je l'espère !
Ainsi,
Kotomi Aoki n'épargne toujours pas notre coeur, ni notre âme, avec ce shojo à l'aura sociétal bien rude et réaliste. Oui se reconstruire, c'est dur, le traumatisme reste là longtemps et c'est dur aussi pour ceux près de nous qui ne peuvent aider. Oui, on peut tomber sous l'emprise de quelqu'un sciemment tant le poids de la solitude est dur. Quelle oeuvre forte !
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