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EAN : 9782262070212
400 pages
Perrin (28/01/2021)
4.29/5   7 notes
Résumé :
Brejnev ou l’antihéros.

Qui était vraiment Leonid Brejnev, l’homme aux sourcils broussailleux qui a succédé au bouillonnant Nikita Khrouchtchev pour diriger l’Union soviétique pendant dix-huit ans, de 1964 à 1982 ? Un vieillard sénile, bardé de médailles, collectionnant les voitures étrangères et les fusils de chasse ? Un réactionnaire qui a persécuté les dissidents ? Un gendarme qui a écrasé le Printemps de Prague et occupé l’Afghanistan ? Un cyniqu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce livre de près de 500 pages écrit par l'historien Andréï Kozovoï paru en janvier 2021 est un livre très intéressant à lire à bien des égards en ce sens qu'il balaye une époque relativement complexe et riche en évènements qui va de la fin de la guerre civile russe jusqu'à la fin du règne de Brejnev pour expliquer précisément l'interaction de ce dernier dans le monde communiste qui va connaître son apothéose après la guerre jusqu'à l'avènement des spoutniks. Deux grands hommes vont émerger dans l'après Staline qui sont Khrouchtchev et Brejnev.

Kozovoï utilise pour cela naturellement les Mémoires de Brejnev, mais qui sont loin de renseigner sur tout et qui présentent des approximations douteuses. On s'arrange avec l'histoire comme on peut. Sans que cela soit une blague, car l'auteur nous montre bien tous les dangers qu'il y a à franchir tous les paliers pour accéder à la fonction suprême. Il faut sans cesse surveiller ses arrières si on ne veut pas être taxé de traitre à la patrie, ou de lâche ou de mou ou d'incapable ou de vouloir cultiver sa personnalité, autant de chefs d'accusation qui -qu'on se rassure- vaudront la mort à plus d'un sans procès . Les rivalités sont partout. Les clans, les copinages, les alliances qui se forment et de déforment qui ont commencé sous Staline dans la crainte et qui se perpétuent après Staline avec une sorte de rémanence sont indissociables de l'entreprise soviétique. L'arrière-garde stalinienne veille au grain jusqu'à environ l'avènement de Brejnev. Dans cette phase cruciale de la déstalinisation qui va donner des idées à la Hongrie, à la Tchécoslovaquie de vouloir s'émanciper de l'empire soviétique, ça va être tout l'art de Khrouchtchev et de Brejnev de profiter des oppositions pour accroitre leur emprise sur le régime. Ils vont se montrer alors de fins manoeuvriers contrairement à ce qu'on dit parfois de ne pas avoir été à la hauteur.

Il faut voir à quelle échelle se jouaient toutes ces influences qui avaient pour objectif de faire de l'empire soviétique la puissance mondiale number one devant les Etats-Unis évidemment qui portaient tous les maux de la terre bien sûr, On met toujours en avant le lent délitement du bloc soviétique par l'extérieur depuis la mort de Staline : deux ennemis jurés n'ont pas réussi, Napoléon et Hitler, mais les luttes intestines au sein de l'URSS sont effroyables, tout le temps. le règne de Brejnev qui va rester 18 ans à la tête du bloc va connaître une relative stabilité.

Quand les spoutniks vont arriver, c'est le monde entier qui sera mi-médusé, mi-conquis. On parle alors d'une possible conquête de la lune par les russes. Les américains avaliseront le fait que les russes ont marqué un point crucial dans la conquête spatiale : pendant deux ans, ils n'ont rien su de ce qui se mijotait dans les "terres vierges" du kazakhstan (où il ne pousse rien au passage. Quand le pouvoir tenait congrès à Moscou, c'est 130 pays qui se réunissaient : on avait l'impression que le sort du monde se jouait là à coups de diktats, d'oukases. Ce fut vraiment une chose extraordinaire ! Oui beaucoup d'anciens ont vraiment la nostalgie de cette époque et on peut comprendre les réticences qu'ont certains d'être sourds à toute remise en cause de Staline, et Brejnev dans tout ça a fait en sorte de, à la fois, briller et sauver sa peau. C'est presque un rescapé de l'ère Staline où il fut d'abord colonel, avec des ascensions, des trous d'air invraisemblables, au gré des
jeux de pouvoir..

En matière de femme, il n'y en avait pas un pour sauver l'autre, ils se tenaient donc en respect sur cette question.. Brejnev portait beau, sensible au placard qu'on arborait des épaules à l'abdomen lors des cérémonies militaires. C'est avec une certaine jalousie qu'il s'appliquait à le tirer vers l'abdomen ; en matière de titres, bien des maréchaux lui soufflaient la vedette .. Sa marotte, à part ce que je viens de dire, était le théâtre. Pas trop la littérature : il a réussi néanmoins à s'entretenir de Tolstoï (Guerre et Paix) avec Giscard qu'il l'avait comme livre de chevet, s'il vous plaît .. !..
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En faisant le tour du salon du livre du Touquet, à l'occasion de la dédicace de mon dernier roman, je suis tombé sur l'historien Andrei Kozovoï.

Il présentait son dernier ouvrage : « Les services secrets russes, des Tsars à Poutine ».

Nous discutons, nous sympathisons, et c'est alors que je découvre son ouvrage précédent : une biographie de… Leonid Brejnev

En principe, c'est le dernier livre que j'aurais acheté. Mais l'auteur était tellement intéressant que c'est ce livre là que j'ai finalement rapporté à Paris.

J'en ai lu les trois quarts. Et je suis tout simplement « scotché » comme diraient mes fils.

Le personnage qui, à priori n'est pas ragoûtant, paraît en définitive plutôt pas trop horrible, si on le compare à ses sinistres prédécesseurs. Une enfance ukrainienne marquée très tôt par l'abominable violence qu'ont subi ces territoires tout au long du XXeme siècle : révolution russe, guerre civile, purges stalinennes, invasion nazie, grande guerre « patriotique », à nouveau purges staliniennes, course aux armes nucléaires... Ce n'est qu'à la fin du règne de Khroutschev que l'on sent que le peuple russe, du moins, ses dirigeants, peut commencer à manger à leur faim.

On découvre les années 60, et la jalousie-fascination qu'exerçaient les États Unis - l'éternel ennemi - sur l'élite soviétique de l'époque.

La biographie est finement documentée, mais surtout dotée d'un style fluide, précis, agréable, et surtout plein d'humour.

Lors d'une visite à Paris Brejnev dira en voyant la Tour Eiffel : « Un seul mirador pour 6 millions de personnes » ?

Cet auteur est addictif, à tel point que j'ai commencé en parallèle - et avant même d'achever Brejnev ( comme ça fait du bien d'écrire cela…) - le livre sur les services secrets.




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C'est avec plaisir et intérêt que j'ai lu cette biographie de Brejnev. Plus qu'une biographie, l'auteur nous plonge dans les années de la guerre froide. J'ai aimé cet angle d'attaque, en effet les dates évoquées: accords SALT, visite de Brejnev en France, les voyages de Georges Marchais en URSS ou encore l'invasion de l'Afghanistan n'ont replongé dans mon adolescence et mes début de jeune adulte et militaire. C'est toujours très ludique de raccroche des événements d'un livre à son histoire personnel.
Sinon que dire du personnage à la lecture de cette biographie. J'en retiendrais que Brejnev qui a eut une formation d'acteur à réussit à prendre le pouvoir et le garder pendant 18 ans en se faisant passer pour un imbécile qu'il n'était sûrement pas. Une bête politique à l'instruction certes limitée mais opportuniste et dénué de toute moralité. Il apparaît comme pacifiste, ce qui semble bizarre, plus soucieux du bien-être du peuple soviétique et surtout du sien. Sous sa direction le pays va donc stagner dans tous les domaines et baigner dans corruption.
Sa fin de règne va sombrer dans le ridicule pour des problèmes de santé, situation que saura exploiter Andropov pour prendre le pouvoir à la mort de Brejnev en écartant les "brejneviens"des centres du pouvoir comme l'avait fait Brejnev avec les équipes de Khrouchtchev.
A lire pour ceux qui s'intéressent à cette période.
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critiques presse (3)
NonFiction
19 mars 2021
Dans la première biographie en français du dictateur soviétique, l’historien Andreï Kozovoï dresse le parallèle entre un système fatigué et la vieillesse de son dirigeant.
Lire la critique sur le site : NonFiction
LeMonde
19 février 2021
Une passionnante biographie du dirigeant soviétique, « apparatchik idéal » et symbole de la phase terminale du totalitarisme soviétique.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeFigaro
04 février 2021
L’historien Andreï Kozovoï enquête sur l’artisan de la détente avec l’Ouest à partir de documents inédits et des carnets personnels du dirigeant soviétique.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Vu d'ici, d'aucuns (russes) s'interrogeraient ou pas du reste sur le bien fondé de l'image de Staline dans les esprits de la Russie d'aujourd'hui ?

Ben non, bien sûr, les russes sont des brutes épaisses, ils ne se sont pas fait avoir par quelques Herzen et Cie qui n'ont pas puisé leur occidentalisme libéral au sein de la révolution française et de la restauration, ils ne se sont pas fait avoir par ces révolutionnaires peau de lapin minoritaires qui n'ont pas fait la révolution sur le dos du peuple. Non bien sûr, il faudrait même demander aux russes d'aujourd'hui tout entiers de s'excuser ..

Il n'y a pas eu de procès Staline sous l'ère post-soviétique. C'est dire qu'objectivement les russes sont encore attachés d'une manière ou d'une autre à son image, malgré ce qu'on sait (voir à ce sujet le procès qu'en fait Soljenitsyne. Archipel du Goulag, pour faire simple. Les grandes famines soviétiques 1931-1933..Les purges)
Ce sont principalement les anciens qui tiennent à préserver l'image de Staline.
Les infrastructures gigantesques engagées par Staline pour le déploiement de l'URSS, le gothique stalinien flamboyant encore très présents .. plaident pour que se perpétue une image de lui pas complètement négative.
Et l'historien Andréï Kozovoï a raison de dire en préambule de son livre consacré à Brejnev ceci :
"Le mythe de la Victoire forme un élément essentiel du vaste système de propagande soviétique, au sens de la diffusion d'un mode de pensée et d'action particulier destiné à forger "l'homme nouveau", il sanctifie les morts, l'héroïsme et l'esprit de sacrifice des combattants et des civils -petits et grands, jeunes et vieux. Il ressoude les peuples de l'URSS, encore récemment divisés et meurtris par les répressions autour de la figure controversée de Staline, et par delà du parti communiste".

Lequel parti communiste toujours présent à la Douma qui semble plus là pour fédérer la Russie tout entière et facteur d'équilibre.
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Certes, Brejnev n'a jamais fasciné les foules, ni par la noirceur de son âme ni par sa jubilation à transgresser les normes, même s'il s'est évidemment trouvé des gens pour l'adorer jusqu'à écrire des vers en son honneur.
Il n'en demeure pas moins qu'il parvint au sommet et y demeura pendant dix-huit ans, principalement en raison de son caractère et de sa capacité à faire office de antihéros - telle est la thèse de ce livre.
Dans un premier temps, Brejnev se hissa au pouvoir en jouant au "faux idiot" - stratégie qui n'était pas sans rappeler celle de Kroutchev, "bouffon du roi" de Staline.
A son apogée, Brejnev fut un "dictateur aimable" ; sur la scène internationale comme à l'intérieur, il fut "une main de fer dans un gant de velours", un dirigeant qui s'efforça de parachever le travail du camarade Staline, de "gagner la paix", une "paix" favorable à l'URSS évidemment.
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Brejnev convoque un groupe de cosmonautes. " Camarades, les Américains ont débarqué sur le lune. Vous devez conquérir le soleil !"
"Camarade Brejnev, mais on va brûler !" "Ne vous inquiétez pas, le Parti a pensé à tout : vous partirez la nuit !"
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Le téléphone sonne dans l'appartement de Brejnev. Son épouse Viktoria décroche. Une voix de femme : "Vous pouvez me passer Leonid Illitch ? C'est une ancienne camarade de classe." Viktoria explose : "Qui crois-tu duper, traînée ? Lenia n'a jamais été à l'école !"
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Brejnev convoque un groupe de cosmonautes. "Camarades, les Américains ont débarqué sur la lune. Vous devez conquérir le soleil."
"Camarade Brejnev, mais nos allons brûler !"
"Ne vous inquiétez pas, le Parti a pensé à tout : vous partirez la nuit !"
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Videos de Andreï Kozovoï (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Andreï Kozovoï
Andreï Kozovoï vous présente son ouvrage "Brejnev : l'antihéros" aux éditions Perrin.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2414915/andrei-kozovoi-brejnev-l-antiheros
Note de musique : © mollat
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