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Michel Pagel (Traducteur)
EAN : 9782385620134
Ellipsis (02/05/2024)
4.07/5   153 notes
Résumé :
C'est une histoire magistrale racontée par la mauvaise personne. June Hayward et Athena Liu ont étudié ensemble à Yale, ont déménagé à Washington après avoir obtenu leur diplôme et sont toutes les deux écrivaines, mais les similitudes s'arrêtent là. Athena est une étoile montante de la littérature, et June n'est personne. Après tout, qui s'intéresse de nos jours aux histoires d'une fille blanche aussi banale qu'elle ? Lorsqu'elle assiste à la mort d'Athena dans un a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (38) Voir plus Ajouter une critique
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« Soyez publié et, soudain, écrire devient une question de jalousie professionnelle, d'obscurs budgets de marketing et d'avances qui ne se comparent pas à celles de vos confrères. Les directeurs littéraires s'imposent et transforment vos mots, votre vision. Marketing et publicité vous obligent à distiller plusieurs centaines de pages de réflexion soignée, nuancée, pour obtenir de mignons éléments de langage de la taille d'un tweet. Les lecteurs infligent leurs attentes non seulement à votre histoire, mais à vos opinions politiques, votre philosophie, votre position éthique sur tous les sujets. C'est vous, pas votre oeuvre, qui devenez le produit – votre physique, votre esprit, vos réponses bien senties et vos prises de position dans des disputes en ligne dont personne n'a rien à foutre dans le monde réel. » ● Athena Liu, une autrice asio-américaine de vingt-sept ans, a connu un succès foudroyant : déjà trois romans publiés, trois succès phénoménaux et maintenant un superbe contrat d'adaptation signé avec Netflix. Juniper Hayward, dite June, elle-même écrivaine, fête cet accomplissement avec Athena. Comme June n'a vendu que deux ou trois mille exemplaires de son seul roman publié, elle est extrêmement jalouse d'Athena mais se garde bien de le lui montrer. La soirée bien arrosée commencée dans un bar se termine dans le somptueux appartement d'Athena où les deux filles décident de se faire des pancakes. En les mangeant, Athena s'étouffe et meurt. June en profite pour voler le dernier manuscrit d'Athena, qu'elle n'a encore fait lire à personne... ● Ce roman est l'occasion de découvrir le monde des maisons d'édition américaines et de constater avec consternation que tout le monde pense en termes de marché, de produits, de parts de marché, etc. La littérature est devenue une partie de l'industrie du divertissement au même titre que le cinéma ou les jeux vidéo, et les auteurs ont complètement intégré cet état de fait. ● Bienvenue dans ce monde où tout est fabriqué par magouille, à commencer par les best-sellers : « je sais que les efforts de l'auteur n'ont rien à voir avec le succès du livre. Les best-sellers sont choisis. Rien de ce qu'on peut faire n'a d'importance. […] Je me demande si c'est là la dernière portion obscure du monde de l'édition : si un livre casse la baraque uniquement parce qu'à un certain moment tout le monde a décidé, sans aucune bonne raison, que ce serait le titre du moment. » ● La concurrence entre auteurs est très rude, et passe par une surenchère de wokisme à la fois amusante à lire et dramatique dans certaines de ses conséquences. ● le récit en lui-même est haletant ; les pages se tournent toutes seules. L'intrigue est très bien menée. ● Les ravages que peuvent faire les réseaux sociaux sont impeccablement démontés ; on se prend au jeu de June, on croirait presque à ses mensonges et on a envie de la défendre. L'autrice évite tout manichéisme et June comme Athena ont toutes deux des qualités et des défauts. ● La thématique du plagiat qui parcourt tout le livre est explorée dans ses moindres recoins si bien qu'on en vient à se demander qui plagie qui. ● J'ai moins aimé la fin, un peu plate, pas à la hauteur du reste. Et la traduction est tout à fait insuffisante, avec des tournures de phrases calquées de l'anglais de façon vraiment lamentable. Par exemple : « J'ai d'abord hésité à signer avec Eden Press, surtout dû au fait qu'il s'agit d'un éditeur indépendant et non de l'un des ‘Cinq Grands'. » « J'attends mais elle n'élabore pas. » ● Malgré ces petits défauts, je recommande vivement ce roman qui m'a fait passer un très bon moment de lecture.
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À l'heure où les multiples controverses des auteurs agitent le milieu littéraire, ce roman traite de pistes intéressantes de réflexions.
L'appropriation culturelle, la cancel culture, le harcèlement de masse sur les réseaux sociaux.

L'autrice nous emmène dans les coulisses des maisons d'édition, nous faisant découvrir l'envers du décor de ce microcosme si particulier.

Suite au décès de son amie Athena Liu, jeune écrivaine talentueuse, étouffée par un malheureux pancake au pandan, June Hayward écrivaine désabusée, va s'approprier son manuscrit. Un manuscrit qui traite du corps des travailleurs chinois durant la Première Guerre mondiale.
Le roman va être un succès phénoménal, et la narratrice, exécrable à souhait, va s'engluer dans ces nombreux mensonges pour ne pas être découverte.

Si toutefois, j'ai aimé apercevoir certains pans méconnus du milieu de l'édition, la fin m'aura laissé un petit bout de pancake coincé dans la gorge, l'extrait de pandan n'étant peut-être pas assez à mon goût.
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Premier livre reçu grâce à mon abonnement annuel auprès de ma librairie et j'étais vraiment ravie de découvrir un livre de Rebecca F Kuang.

C'est un livre un peu difficile à résumer : on suit June qui rêve de devenir écrivain mais qui peine à écrire un bon roman, peine à se faire un nom, peine a se faire éditer tandis que son amie de fac Athena réussie très bien. Bestseller, contrat à 6 chiffres, droits de ses romans vendus a Netflix… forcément, la jalousie s'installe et quand Athena meurt, June lui vole son dernier manuscrit.

Ce roman est décrit comme un thriller, mais finalement, il y a peu de mystère. La mort d'Athena ne fait aucun doute, c'est un accident…. Mais est-ce que June va se faire prendre ? Ça c'est la question qu'on se pose une bonne partie du roman.

Je pense que ce mystère devient secondaire à la fin du livre et que l'auteure a plus voulu mettre en lumière le monde de l'Edition, et cette course aux bestsellers, au détriment des auteurs. Cette course pour plus vendre, avec des contrats toujours plus gros au risque de voir certains auteurs qui n'écrivent plus ce qu'ils veulent mais ce qui fait vendre.

Je n'ai pas réussi à apprécier June, je n'ai pas été sensible à sa solitude, a son besoin d'exister car dès les premières pages, je l'ai trouvé détestable.

On aperçoit aussi le racisme de la société américaine, ou il faut un pourcentage d'auteurs issu de l'immigration mais pas trop malgré tout car la suprématie blanche doit toujours être présente. C'est tellement triste.
C'est en tout cas un roman très intéressant, je dois dire que mon libraire a su cerner mes gouts à merveille.

Lien : https://missmolko1.blogspot...
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J'ai adoré ce nouveau roman de R F Kuang qui aborde des thématiques extrêmement intéressantes, notamment la cancel culture, l'appropriation culturelle, le difficile monde de l'édition et les problèmes actuels de notre société tels que l'acharnement médiatique ou le cyber-harcèlement.

Juniper, personnage principal de ce roman, nous offre l'envers du décor de la vie d'auteure : la jalousie omniprésente entre "rivaux", l'ardue ascension dans les tops littéraires, la pression, les paillettes qui peuvent disparaître à la vitesse éclair, mais aussi les difficultés actuelles du monde éditorial américain : il faut se démarquer au possible, les Blancs ne peuvent pas parler des Chinois par exemple sans être attaqués (n'étant pas Chinois, ils ne peuvent pas comprendre leurs sentiments, leur culture etc etc). J'ai d'ailleurs appris qu'il existait maintenant des démineurs littéraires. L'auteure aborde aussi parfois le sujet du racisme inversé à travers les propos de son personnage principal (Juniper est une "Karen", comprenez une Blanche banale, et va donc avoir du mal à sortir du lot). À l'inverse, les éditeurs semblent friands des auteurs issus de la diaspora ou de minorités mais en publient avec parcimonie puisqu'il semble y avoir des sortes de quotas. Il y est également sujet de la pression mise aux auteurs pour sortir régulièrement des romans, sinon ils risquent de tomber dans l'oubli intersidéral des méandres d'Internet (Instagram, Twitter et compagnie).

Juniper est un personnage complexe et intéressant. Nous ne cautionnons bien sûr pas certains de ses faits et gestes, mais j'ai ressenti de la compassion pour cette jeune femme qui s'accroche à ses rêves coûte que coûte, malgré le fait que sa famille ne la soutienne pas et ne comprenne tout simplement pas qu'être écrivain peut être un métier, ils voient cela comme une lubie. Elle semble extrêmement seule, sans réelle personne à qui se confier. À travers le battage médiatique qui entoure le personnage, l'auteure nous montre la méchanceté des gens, bien cachés derrière un écran et n'hésitant pas à se réjouir des malheurs des autres. Elle nous prouve également qu'Instagram et Twitter semblent mqintenant faire la "loi" et sont paroles d'Évangile. Mais comme elle l'a dit plusieurs fois, CE N'EST PAS LA VRAIE VIE.

J'ai retrouvé la plume fluide et agréable de R F Kuang dans un roman qui change un peu de ses précédents mais qui m'a tout autant passionnée.
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Sous ses allures de thriller, ce Yellowface est avant tout une peinture acide de l'esprit compétitif dans le monde littéraire/éditorial, et plus spécifiquement aux Etats-Unis. Contrairement à la France qui continue à sacraliser le livre et les écrivains, les Etats-Unis n'ont pas peur de considérer ouvertement comme une industrie de l'entertainment, au même titre que celui de la musique pop ou du cinéma (il n'y a qu'à voir les différences entre leurs couvertures et les nôtres).

L'auteur mène son intrigue tambour battant, racontant la relation déséquilibrée entre Juniper et Athena, la première dont le premier roman est passé inaperçu et qui galère, et la seconde dont le succès littéraire est flamboyant. Juniper est presque une amie par défaut, car la réussite d'Athena tient tout le monde à distance : elles entretiennent une connivence de façade, Juniper jalousant Athena, et décortiquant ses manies tout en les enviant. Au bout de quelques pages, et d'un afterwork qui tourne mal (Athena invite Juniper chez elle, lui prépare des pancakes et s'etouffe avec l'un d'eux sous les yeux de son amie qui n'arrive pas à lui faire expulser le morceau étouffant), Juniper, non sans avoir prévenu les pompiers et attendu vainement une réanimation, s'enfuit de l'appartement d'Athena avec son ultime manuscrit.

Ce point de départ permet à Rebecca Kuang d'exposer les rouages de la fabrique d'un best-seller à l'époque des réseaux sociaux et des questions qui agitent la sphère woke/progressiste (appropriation culturelle, démineurs littéraires etc.). Ecartant tout manichéisme, Athena et Juniper sont aussi faillibles, critiquables et attachantes l'une que l'autre, chacune incarnant un archétype de romancière prisonnière de ses contradictions. Tout le monde en prend pour son grade, des lecteurs aux auteurs, sans oublier les responsables marketing, tout en racontant le plaisir et la jubilation générées par l'écriture, et la peur de tous les auteurs de se faire dépouiller... tout en dépouillant les personnes qui les entourent.

Le bémol vient donc de l'aspect thriller, mis en avant par la quatrième de couverture, un peu faiblard, d'autant que la narration ne s'embarrasse guère de temps mort (donc pas de suspense ascendant). Deuxième bémol pour la traduction de Michel Pagel, qui ne fait l'effort d'adapter des tournures de phrases typiquement anglo-saxonnes et traduit en mot à mot sans vergogne.

Hormis ces défauts, Yellowface est une lecture plaisante, qui rafraichit le genre de la satire de l'édition et de la jalousie entre auteurs.
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Être asiatiques ne fait pas d'eux des historiens, que des origines communes ne se traduisent pas forcément par une vision du monde unique, que leur snobisme culturel exclusif et leurs tests d'authenticité ne sont qu'une forme de filtrage de l'information,et qu'ils n'ont au bout du compte pas la moindre idée de ce qu'ils disent.
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L'écriture est ce que nous possédons de plus proche de la véritable magie. Elle permet de créer quelque chose à partir de rien, d'ouvrir des portes vers d'autres mondes. Elle donne le pouvoir de façonner son propre monde quand le vrai est trop douloureux .
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Ma crise de panique reflue, sans doute parce que je me suis à présent tellement penchée sur les pires scénarios possibles qu'il ne peuvent plus m'effrayer.
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Garde les yeux sur ta page à toi, conseille-t-on.
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Cela dit, personne ne se vend bien en France. Si les Français t'apprécient, tu sais que tu fais carrément fausse route.
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Videos de R. F. Kuang (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de R. F. Kuang
Une longue discussion autour du roman "Babel", de R. F. Kuang, par la Garde de Nuit.
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