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3,45

sur 5955 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
93 critiques! Merci Sarko! oui, vous avez bien lu: notre inculte à talonnettes a plus fait pour la promotion de ce merveilleux livre que des générations de professeurs dévoués et que la beauté radieuse de Marina Vlady dans le film de Cocteau!

Depuis, on voit fleurir sur les boutonnières des badges "J'aime la Princesse de Clèves" , presque aussi populaires que la langue tirée des Stones, ou le "save water, bath with a friend" qui a eu ses heures de gloire dans un temps que les moins de ...tuit ans ne peuvent pas connaître!

Bref, gloire aux incultes qui ont assuré sans le vouloir la promotion de ce petit livre aigu, fouillé, premier roman classique -et non de chevalerie- , écrit par une femme qui plus est, encore empreint des foisonnements de la préciosité baroque -ah, les interminables panégyriques sur les plus belles, les plus nobles, les plus fameuses princesses qui fussent jamais venues en cette cour...-, mais qui a su néanmoins dessiner avec une fermeté toute classique les lignes de force de tous les futurs romans d'amour français.

J'entends par là: il est beau, mais volage, elle est belle mais prude, mais mariée, ils s'aiment, ça ne peut pas coller, ça ne collera jamais, ils se séparent.

L'amour passion, celui qui fait souffrir, au point qu'on se demande si on n'aime pas mieux la souffrance, qui vous rend si vivant, tout à coup, que cet amour lui-même....Voir Denis de Rougemont pour le reste...

Les scènes fortes ne manquent pas: le vol du portrait, sorte de mise en abyme, genre étiquette de Banania...On fait le portrait de la Princesse, immobile, elle voit le duc de Nemours voler ce petit portrait, et ne peut intervenir car la scène se passe dans un salon, il voit qu'elle l'a vu, et elle voit qu'il l'a vue le voir...Vertige!

Pas mal non plus, la scène de la canne qui a fait fantasmer plus d'un psychanalyste: le duc est venu épier la princesse en son château de campagne où elle a fui pour l'éviter: de nuit, il l'aperçoit qui enrubanne lascivement une canne, la sienne, oubliée lors d'une visite, qu'elle la caresse, la tourne et la retourne entre ses doigts fins, le regard brouillé, dans le simple appareil d'une beauté qu'on vient d'arracher au sommeil...je m'égare!

Je me souviens d'une explication de cette scène, faite à la fac par un jeune étudiant boutonneux, complexé mais néanmoins plein d'audace, qui se livra à un décodage sexuel, jungien ou barthésien, d'une grande limpidité, tout en balançant fiévreusement son pied droit couvert d'une chaussette rouge, tandis que le gauche, couvert d'une chaussette bleue, restait fixé au sol, impavide (je jure sur la tête de madame De La Fayette que je n'invente rien!).

Notre aimable professeur, toujours courtois, poli, civil, d'habitude, devenait de plus en plus rouge de fureur rentrée, et quand le jeune homme eut fini ses incongruités, il éclata en anathèmes virulents contre la nouvelle critique...et ses adeptes!

Voilà un livre puissant , songeais-je sur mon banc, en réprimant à grand'peine un fou-rire (nous avions en ce temps que les moins de ...tuit ans etc.. le respect de nos professeurs et de leur autorité), un livre, dis-je, qui est capable de susciter des polémiques et des interprétations ultra-modernes trois siècles après avoir été écrit!

Je le pense toujours aujourd'hui: "Save classicism, bath with the duke of Nemours!"


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Lu il y a bien longtemps, fait partie de mes lectures formatrices
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« Ressuscité » dans l'opinion publique « grâce » aux déclarations « inspirées » d'un chef d'Etat plutôt amateur de résultats sportifs que de belles lettres, La Princesse de Clèves n'a pourtant, depuis sa publication au XVIIe siècle, jamais cessé d'attirer des lecteurs, lesquels remercient tout de même « chaleureusement » ledit chef d'Etat pour sa publicité spontanée !
Balzac ne s'y était pas trompé, qui affectionnait particulièrement cette princesse, au point de créer un personnage féminin très semblable, résistant lui aussi à une passion envahissante : la comtesse Henriette de Mortsauf, dans le Lys dans la vallée, autre histoire d'un combat entre l'amour et le devoir.
Car nous avons ici affaire à un récit non seulement romantique avant l'heure – je parle du courant littéraire, pas des mièvreries insipides à la sauce Saint-Valentin ! –, mais en plus d'une élégance à vous faire pâlir d'envie.
Racontant un amour impossible parmi les cours du roi Henri II et du très éphémère François II, Madame de la Fayette en profite aussi, par un anachronisme volontaire plein de finesse, pour décrire celle de Louis XIV, avec ses secrets d'alcôve et ses intrigues.
Roman d'une déconcertante facilité à lire, car, pour autant que le style peut paraître désuet – diront certains que l'absence de vulgarité dans un texte effraie au moins autant que moi, les piqûres ! – il est d'une extrême fluidité.
Ecrit par une femme « bien née », il ne pouvait être en fait que cela : un modèle de vertu, d'intelligence et de style !
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lecture de jeunesse qui m'a laissé un souvenir inoubliable.
C'est si fort et si loin de l'amour à la mode du 2Ie siècle.
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Alors mon opinion sur ce roman est assez étrange ; j'aime beaucoup l'histoire mais pas du tout la façon dont elle est racontée. J'ai trouvé l'intrigue originale pour l'époque, car la Princesse de Clèves est un personnage de roman sentimental très honnête et surtout extrêmement moral. Or, les nombreuses digressions m'insupportent (les histoires amoureuses des autres personnages sont trop détaillés et les faits historiques très précis me semblent inutiles), ça me rappelle les lectures de "Jacques le Fataliste" et de "Tristram Shandy". C'est vraiment dommage car j'adore l'histoire en elle-même. J'aurais vraiment aimé que cette lecture soit plus digeste.
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Un pur chef d'oeuvre ! Finesse des sentiments, féminisme (eh oui !) et une langue magnifique, très épurée, simple et belle.
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Melle de Chartres doit devenir la Princesse de Clèves. A-t-elle le choix?
Sûrement pas dans cette société brillante des derniers Valois. Bijoux convoité dans un écrin qui tombe en poussière, le héros féminin sera tout de même tenté par la passion, incarnée par M de Nemours.
Oui mais rien n'est simple et poussée à la fois par les préjugés de la société et la haute opinion de soi, la jeune femme hésitera. La révélation de la vérité à son mari ne sera pas un rempart et finalement, une seule option lui sera permise : la retraite. Une tragédie? pas si sûr car après tout, la passion assouvie ne devient-elle pas une routine insupportable? Et le jeune héros ne se transformera-t-il pas en vieillard repoussant? Préférer l'idéal à la réalité et au prosaisme est peut-être le tort de la princesse mais après tout peut-on la blâmer?
C'est ainsi qu'une femme de l'Ancien Régime met en avant son droit à la liberté dans une société où il est seulement permis d'être mère ou religieuse. Un livre à conseiller à tous : un choix de liberté qui n'apporte pas le bonheur mais qui témoigne d'une volonté de ne pas se laisser dicter son destin, ni par la société ni par ses instincts.
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J'ai adoré ce roman lu il y a quelques années déjà... Les personnages de haut rang de cette société évoluant à la cour du roi Henri II sont en fait des jeunes gens qui n'ont pas toujours pu choisir leur destin. Les sentiments passionnés et interdits qu'ils éprouvent les uns pour les autres leur font courir à tout moment des risques inconsidérés. Dangereuses liaisons ! Perdre son honneur ou sa réputation à cette époque et dans ce milieu est le pire qu'il peut leur arriver.
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C'est tout simplement fascinant que cette histoire de libertinage, de moeurs du 18e siècle, de manipulation et d'amour.
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Je tiens à remercier Monsieur Nicolas Sarkozy qui, lorsqu'il assurait la fonction de président de la République, donna une seconde vie à "La Princesse de Clèves" et, par la même occasion, me poussa à lire cette oeuvre majeure de la littérature française. Je lui suis donc très reconnaissant d'avoir, comme les dévots du XVIIIe ont pu le faire avec les oeuvres voltairiennes par exemple, permis à une oeuvre de s'adjuger de nouveaux lecteurs par le seul fait qu'elle soit blâmée publiquement. A quand le prochain opprobre littéraire depuis qu'un autre grand lecteur a succédé au petit Nicolas ?
Mais tout cela ne nous dit rien de cette oeuvre emblématique. Si la longue description introductive de la cours du roi de France sous le règne d'Henri II n'est pas une partie de plaisir, le récit commence vraiment à devenir intéressant lorsque ses deux principaux protagonistes entrent en lice : la fameuse princesse de Clèves et le non moins célèbre duc de Nemours. Il faut avouer que Madame de Lafayette a un léger penchant pour l'hyperbole. On ne peut pas imaginer amants aussi parfaits, tout n'est que luxe, beauté, intelligence et raffinement. La perfection est si proche que le récit basculerait presque dans le conte merveilleux. Mais tout est si remarquablement bien raconté que l'on se laisse porter malgré cet effacement de la rationalité. Balzac est encore loin, laissons Madame de Lafayette donner au roman ses lettres de noblesse.
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