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EAN : 9782234081338
576 pages
Stock (04/05/2016)
3.74/5   200 notes
Résumé :
En avril 2000, Sylvain Côté s'enlève la vie, sans donner d'explications. Ce garçon disparaît et nul ne comprend. Sa femme Mélanie s'accroche férocement à leur fils Stéphane ; son père Vincent est parti se reconstruire près des arbres muets ; sa mère Muguette a laissé échapper le peu de vie qui lui restait. Seule la si remuante et désirable barmaid Charlène, sa maîtresse, continue de lui parler de sexe et d'amour depuis son comptoir. Ce n'est pas tant l'intrigue qui ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (75) Voir plus Ajouter une critique
3,74

sur 200 notes
Si aucun des verbes suivants : “abrier, achaler, baiser, patenter, pogner“ ne titille un tant soit peu votre curiosité, sans doute aurez-vous quelques difficultés à faire un petit bout de chemin avec “Ceux qui restent”.

Ce roman choral repose équitablement sur deux piliers thématiques : la mort et la sexualité.
Les trois personnages, dont le lecteur suit tour à tour les états d'âme, n'ont pas réussi à faire le deuil de Sylvain qui, l'année de ses vingt-neuf ans, s'est pendu sans laisser la moindre explication. Ce suicide remonte à quinze ans et aujourd'hui encore sa femme Mélanie-Lyne, sa maîtresse Charlène et son père Vincent s'interrogent chacun de son côté.
Il est vrai que la personnalité introvertie de Stéphane, le fils de Sylvain et de Mélanie-Lyne, ravive la peine et nourrit l'inquiétude. Âgé maintenant de vingt ans, il croit son père décédé dans un accident mais ce mensonge maternel de longue date ne rassure personne.
Le jour où Charlène apprend que Stéphane vend ses charmes auprès de femmes mûres, des alarmes soudain clignotent à travers les brumes tenaces du passé…

Dans l'épreuve, certains êtres découvrent leur véritable nature. “Ceux qui restent” est un roman intimiste, sans voyeurisme et dans lequel perce une humanité réconfortante.
Marie Laberge a construit une histoire en apparence simple mais qui peu à peu se complexifie en raison de la forte personnalité de plusieurs protagonistes.
La grande dame des lettres québécoise mène son roman comme elle l'entend, se joue du lecteur, le tient en haleine et au final le récompense d'une étude de moeurs intergénérationnelle étonnamment moderne.
L'auteure pioche de temps à autre dans le vocabulaire québécois mais n'ayez crainte : dans le contexte où ils sont prononcés, les mots se comprennent aisément.

Un grand merci à Babelio et aux Editions Stock de m'avoir initié au talent de cette écrivaine francophone dont la plume ne doit pas achaler grand monde !
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« Faut que j'y aille, le p'tit a la picote. Bye, Chou ! » Ce sont les derniers mots que Sylvain a prononcé pour sa maîtresse, Charlène. A peine sorti de son lit, il va se pendre dans la maison de campagne familiale. A même pas trente ans. Pourquoi ?

Il était beau, gagnait beaucoup d'argent avec son métier de dépanneur informatique, avait une femme pas exigeante et un petit garçon de cinq ans. Pourquoi ?

Ce pourquoi va empoisonner la vie de Vincent, son père, qui va chercher désespérément une réponse pendant quinze ans. Il va aussi tourmenter Charlène au point qu'elle écrive des lettres à Sylvain quinze ans plus tard. « On a ri ensemble, on a baisé, on a niaisé… si t'allais pas bien, t'as jamais pensé que ça pouvait se régler ? C'est quoi le problème qui est assez gros pour qu'on se tue à cause de lui ? Même ceux qui se font dire qu'y vont mourir, y se dépêchent pas de se tuer. Ça t'a pris de même, en sortant d'ici ? Tu t'es dit, tiens, je vas écoeurer tout le monde, je vas aller me pendre ? »

Tous les deux cherchent à comprendre, mais plus ils cherchent de réponses, moins ils en trouvent… Et ils n'en trouveront jamais car les réponses n'existent pas.

C'est en se rendant compte de cela qu'ils vont enfin pouvoir se reconstruire et laisser Sylvain maître de sa décision, sans culpabiliser, sans se sentir trahis, minables ou idiots de ne pas avoir vu venir son suicide.

Mélanie, sa femme, va reporter tout son amour sur son fils Stéphane, un amour toxique…

Muguette, sa mère, ne pourra pas tout à fait vraiment survivre à la perte de ce fils dont elle ne souhaitait pas la naissance.

Marie Laberge signe un magnifique roman choral dans lequel l'existence des personnages va être axée autour des conséquences dramatiques de ce suicide dans une spirale finalement libératrice.

Elle explore toutes les interrogations et les sentiments des personnages avec finesse et justesse en dégageant une bienveillance réparatrice du malheur.

Je ne connaissais absolument pas la littérature québécoise et j'ai eu du mal avec les personnages de Mélanie, Charlène et Stéphane car je ne comprenais pas toutes les expressions, mais au fil du roman, j'ai fini par m'y habituer. Ben j'vous jure y m'ont pas achalée pantoute !

Merci à Babelio et aux éditions Stock pour m'avoir fait découvrir Marie Laberge et son formidable talent.
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Très belle première lecture de cette dame des Lettres québécoise, avec ce roman , au sujet, pourtant fort douloureux, et des plus "épineux à traiter"...
Le suicide d'un fils , et la réaction de ses proches , à travers leurs récits entrecroisés!...

"Le 26 avril 2000, Sylvain Côté s'enlevait la vie.
Il avait vingt-neuf ans.
Si on lui avait dit combien de gens il marquerait par son geste , il ne l'aurait pas cru.
Qu'il y consente ou non, qu'il le veuille ou non, ces personnes ont eu à porter le poids de cette décision - pourtant archi-personnelle- toute leur existence. Poids inégal, réparti sur tant d'épaules, tant de vies alourdies, étourdies. "(p. 11)


Une narration à plusieurs voix qui interroge les tourments, les questionnements, les culpabilités autour du suicide d'un jeune homme, Sylvain, assez insaisissable, professionnel de l'informatique...une femme, une maîtresse, un petit garçon, Stéphane, et un jour, sa mère le retrouve pendu dans la maison familiale...Pas une lettre, pas une explication... rien pour "les proches survivants"...pour qu'ils puissent comprendre !


Ce suicide... qui n'a pas pu être pressenti...par ses familiers, est d'autant plus ressenti
comme un tsunami...par tous.

Ainsi l'objet de ce roman, ce sont les remises en cause de vie de ses proches... pour tenter de comprendre ce qui a pu pousser Sylvain à se détruire; ainsi, nous découvrons en alternance les récits, les vies des quatre membres les plus proches de Sylvain : Vincent , le papa-poule, Muguette, la mère aimante, mais qui au départ n'avait pas du tout la fibre maternelle, Charlène, la maîtresse, Mélanie-Lyne, sa femme, enfant mal-aimée elle-même...et cinquième personnage qui entrecroise ses 4 destins, celui du fils de Sylvain, Stéphane, à qui on a dit, sur l'injonction maternelle, que son père était décédé dans un accident de voiture...et qui va apprendre très tardivement la "vraie vérité"...

J'avais hésité à appréhender l'oeuvre de cette dame par ce texte douloureux... En fait, la
vraie réalité de ce texte est qu'il n'est pas larmoyant, ni plaintif... Il regorge d'angoisses
bien légitimes mais aussi d'une vitalité extraordinaire , d'amour, de bienveillance, de
luminosité , de fantaisie ( alimentée aussi par le style choisi, et du vocabulaire québécois
allègre, et très coloré!!), et d'espérance... Un roman poignant, bouleversant, mais aussi
déjanté, joyeux, entremêlant de façon bien acrobatique "Sexe et Mort"... sans être "morbide"... Un vrai coup de maître !!!


En attendant de réussir à acquérir "Treize verbes pour exister" (édité au Québec) et
"Le poids des ombres" (Stock, 2017), je viens d'emprunter à ma médiathèque, de la
même auteure, "Quelques adieux"...(Anne carrière, 2006)

De fort nombreuses critiques que me suis refusée à parcourir avant la rédaction de mes
propres impressions... je vais maintenant... de ce pas, aller jeter un oeil sur les ressentis
des "camarades babéliotes"...

Un grand coup de coeur... à tous niveaux... Il faut toutefois être d'aplomb... pour choisir cette thématique des "plus douloureuses humainement" !...

De très beaux questionnements sur nos rapports aux autres, à la mort, à la sexualité qui fait oublier "fugitivement" nos angoisses existentielles les plus sombres, au vieillissement, à la solitude intrinsèque de chaque être ! Lecture bouleversante, prenante, mais pas de tout repos !!!!...

"Mais je sais une chose: en mourant, Sylvain m'a montré un chemin exigeant et terrifiant. Celui de vivre avec la perte, avec le vide sans continuer à le creuser. J'ai essayé, j'essaye
de marcher droit avec ma part de creux et ma part de plein, et je sais que j'ai été choyé, que j'ai reçu beaucoup d'amour (...)
J'ai beaucoup perdu parce que j'ai beaucoup reçu." (p. 364)

"Comme c'est difficile de faire sa paix avec ceux qu'on a aimés et pour qui notre amour n'a pas suffi. "(p. 444)



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Sylvain avait 29 ans quand il s'est donné la mort et s'il avait mesuré à combien de gens il manquerait et qu'il marquerait à jamais par son geste, il ne l'aurait pas cru, vraiment !

Ses parents, son fils, sa maîtresse .....qui, depuis son suicide, il y a des années de cela, apprennent chaque jour, à vivre avec.
"Il faut poser les armes et attendre que notre coeur refasse surface, émerge......Il faut tenter de rester en vie et ramper vers un peu d'air et de lumière", pense Vincent, le père de Sylvain, généreux et lucide, l'un de ces survivants auxquels l'auteur donne la parole au fil des quelques 540 pages de ce très beau choral incroyablement expressif et incarné .


L'existence de ces personnes est à jamais rattachée, ramenée aux conséquences dramatiques de cette fin brutale et incompréhensible !
L'auteur explore leurs sentiments avec finesse et doigté : sidération, inextinguible chagrin, le Pourquoi? Pourquoi sans fin ?, colère, remords, perte, vide abyssal, fuite dans l'alcool, mémoire trouée, cerveau vacillant, confusion entre passé et présent , noirceur , déchéance physique et mentale...........
Chacun n'a d'autre choix que de continuer à vivre !
Pourtant , par l'empathie que l'auteur manifeste , l'énergie qu'elle instille, l'aura bienfaitrice , réparatrice du malheur qu'elle génère, celle - ci réussit à rendre ce roman résolument vivant , confiant , humaniste .
Une plume sensible et juste qui mêle sexualité et mort , n'en disons pas plus .......
Une lecture intense, puissante, pétrie de réflexions profondes où chacun vit ses propres tragédies et tente de retrouver la joie de vivre , notamment ,Vincent, le père qui refuse de s'effondrer !
Un récit émouvant et des pages remarquables , lumineuses et magnifiques , une réflexion à propos du deuil, de la perte, de l'adieu, de l'apaisement aussi , de la seule issue du deuil :donner sa chance à la "VIE .."
J'avais lu avec bonheur la trilogie de cet auteur : "Le goût du bonheur ," "Gabrielle", "Adélaïde," "Florent "du même auteur en 2007, malgré les tournures canadiennes qui risquent de gêner le lecteur ( il faut s'y habituer au fil du récit ).
Merci à Reine qui me l'a prêté .
Je le conseille ..
Vive les auteurs Canadiens !
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Abandonné page 305. Je n'y arrive plus. Entre le "parlé" canadien et le manque d'intérêt de cette histoire, je n'ai pas envie de me forcer à lire cette histoire. Ca ne passe pas.
Autant la trilogie "Le goût du bonheur" m'avait vraiment plu, autant cette histoire me parait rébarbative...
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critiques presse (3)
Telerama
20 juillet 2016
Ceux qui restent s'offre à lire comme un roman résolument vivant, humaniste et confiant.
Lire la critique sur le site : Telerama
LaPresse
18 mai 2016
On referme le livre sans mode d'emploi, sans réponse pour se rassurer. Mais avec le coeur un peu plus au chaud, un peu plus persuadé que la vie trouve son chemin, d'une manière ou d'une autre.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LeDevoir
19 novembre 2015
Du même coup, c'est un roman et un essai que vient de publier Marie Laberge. Pour celle qui carbure déjà aux marathons d'écriture, voilà tout de même du jamais fait.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Citations et extraits (105) Voir plus Ajouter une citation
Sur son chemin vers Sylvain, elle n'avait plus aucune agressivité, aucune combativité.
Elle ne nous quittait pas, elle le retrouvait.
En le retrouvant, elle retrouvait sa paix.
La naissance de Sylvain l'avait troublée, dérangée.
Sa mort l'avait anéantie.
La voilà libérée.
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Il aurait tout donné pour qu'un peu de paix traverse le regard affolé qu'elle posait sur toutes choses, lui inclus.
Et quand Vincent arrivait, le regard de Muguette se remplissait de joie et son visage se détendait.
Alors, simplement, il quittait la maison et laissait sa femme à l'aimable accompagnement de Vincent sans en éprouver ni jalousie ni appréhension : le passé sert de présent à sa femme.
Et tout était mieux que de la perdre.
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"La révolution apportée par la mort passe par la mort de quelque chose en soi...Il faut vraiment consentir au temps pour trouver une issue, une sorte de fissure au mur étouffant qui nous emprisonne.Consentir à se perdre.Consentir à perdre ou à avoir perdu.
Consentir à passer à travers tous les anéantissements et tenir bon, sans
savoir pour qui, pour quoi on tient bon.
On cherche, on s'accable, on pose mille questions, parce que c'est inhumain, d'une atrocité innommable.
Penser une seconde qu'on aurait pu faire quelque chose, s'engouffrer dans les mille pourquoi qui ne mènent qu'au refus que cette mort nous crache au coeur .!!
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Sylvain n’a pas vécu longtemps. J’ai plus du double de son âge. J’ai vécu plus du double du temps qu’il a accepté de vivre. « Accepté » n’est pas le bon terme. Je ne crois pas qu’on refuse ou qu’on accepte de vivre. Je crois que certaines circonstances alliées à un état a une affaire avec le suicide, je pense. Comme si la personne décidait d’en finir mais que ceux qui restent peuvent pas en finir. Les suicidés, y nous refilent le problème. Y nous le laissent. Y nous disent : « Regarde : moi, je sacre mon camp. V’là mes hosties de problèmes, arrange-toi avec ! » Je le sais que tu l’as pas dit, je te parle de l’effet, je te parle de ce que ça fait. 
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On cherche, on s'accable, on pose mille questions, on rejette toute réponse - on voudrait tellement être autre chose que cet impuissant livré à la violence. Parce que c'est d'une telle violence. Parce que c'est inhumain, d'une atrocité innommable. Penser une seconde qu'on aurait pu faire quelque chose pour empêcher le désastre, et les portes de l'enfer s'ouvrent. Et on s'engouffre dans les mille pourquoi qui ne mènent qu'au refus que cette mort nous crache au coeur. Comme si mon fils me hurlait : tu n'y pouvais rien, tu n'étais pas assez pour me retenir. Je choisis ma solution, celle qui t'exclut à jamais, celle qui te nie, celle qui te tuera beaucoup plus lentement et sûrement que ta propre mort.
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Une émission présentée par Guillaume Erner, en partenariat avec France Culture.
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