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EAN : 9782020953962
187 pages
Seuil (12/04/2007)
4.2/5   28 notes
Résumé :

"J'approchai l'arbre vers le soir et d'emblée je le reconnus, inchangé malgré les années. Si les arbres vieillissent autrement que les hommes, c'est qu'ils ont autre chose à nous dire. Sur son tronc, la peau s'écaillait par endroits livrant à l'air la chair à vif. Dans le canal, depuis longtemps désaffecté, lentisques et nénuphars couvaient un monde d'hydromètres, d'araignées d'eau, d'é... >Voir plus
Que lire après Le pays sous l'écorceVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Lorsque je l'ai lu, il y a déjà longtemps je n'imaginais pas que l'auteur de ce livre, dont c'était la première fiction, avait plus de 50 ans. Il faut dire que première fiction ne veut pas dire premier livre. Ce récit dont le point de départ ressemble à de la science-fiction nous embarque dans le monde de l'infiniment petit, à la manière de Microcosmos.
Cet ouvrage est plein de poésie, oscillant entre les univers du fantastique pour la vraisemblance et du naturalisme pour la description des sensations animales qu'il éprouve et nous communique. C'est une lecture qui se savoure tranquillement.
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" Au début, je n'éprouvai rien qu'un peu de mal à respirer et un léger picotement par tout le corps, comme en éprouvent les chenilles avant de se chrysalider ... Et juste après, un fourmillement plus intense, plus ramifié, comme si je m'effritais, m'excoriais, écorché par l'écorce de l'arbre. Mes nerfs apparemment s'enchevêtraient, s'enroulaient, sur eux-mêmes et son sang s'allégeait, ma peau se craquelait. Je percevais encore les bruits de l'air, le silence de l'eaux. Je percevais aussi d'infimes présences sous l'écorce. Et l'arbre tout entier, sa sève, ses rumeurs, l'émoi de ses branches et le désir nocturne des racines. Rien de tragique, en somme. J'étais entre deux mondes et je vivais toujours. "

Cette introduction n'est qu'un infime aperçu de toute la poésie que vous pourrez lire à haute voix pour vous en souvenir toujours.
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Merveilleuse lecture...
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
 Cet été-là…


 Cet été-là, je le passais sous une écorce de platane. Je le sais
aujourd'hui : je commençai par le plus difficile, par l'ombre et
les insectes. Mais lorsqu'on veut changer de vie, naître à un
autre monde, tergiverser ne sert à rien. Religions, philoso-
phies, livres, penseurs, idéologues ne proposaient à mes désirs
que de timides voyages dans les banlieues de l'être. Je voulais
autre chose, aussi les congédiai-je.
 Je ne m'étendrai pas sur les raisons qui me firent choisir
une écorce pour lieu de ma métamorphose. Je n'indiquerai
qu'un détail : bien loin de me jeter sur le premier arbres venu,
je choisis un platane connu depuis longtemps.
 Il se dressait à proximité de la Loire sur les bords d'un canal
où, enfant, j'allais jouer le jeudi. À l'automne, j'aimais soulever
ses écorces pour y découvrir tout un monde de bêtes endormies,
y sentir la fraîcheur de l'ombre et la sueur de l'arbre. Odeurs
comme des embruns de terre que je humais jusqu'au vertige…

p.9
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Je suis à l'intérieur,dans un étroit couloir qui me semble sans fin.J'ai pu franchir les Portes sans encombre,sans la moindre
intervention des guetteurs et de leurs mandibules.Par quel miracle?Aurais-je déjà l'aspect ou l'odeur des termites?De toute façon,il est trop tard pour reculer:me voici sous la terre ,emporté par les ouvriers vers un lieu inconnu.Ils vont et viennent et me bousculent sans paraître s'apercevoir de ma présence.Il règne une température plutôt chaude mais non étouffante car de frais courants d' air parcourent les galeries.Peu à peu,mes yeux s'habituent à cette obscurité,à ce tunnel aux murs poreux qui descend en pente très douce.Je n'ai qu'à me laisser conduire là où les autres et ma folie m'entraînent.Je sens autour de moi une atmosphère fébrile,tout un zèle de pattes dont je ne devine pas la raison.Chaque ouvrier porte sa boule mâchonnée entre ses mandibules.Je fais de même avec la mienne pour mieux passer inaperçu.Quelque chose me dit qu'il ne faut surtout pas la perdre,qu'elle est ici l'anneau magique qui me rend invisible ou anonyme à tous
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Herbes. Non pas herbes pour les hommes, juste bonnes à être foulées, à servir de tapis aux plantes de leurs pieds, sans autre parure que ce vert qui ferait croire qu'elles tiennent à se confondre entre elles. Non pas herbes folles ou sages selon les mots des hominiens, non pas herbes nanties d'histoire agreste et de ruralité mais herbes pour non-humains, pour vers et pour insectes, pour soles et pour antennes, herbes libres, indigènes, pour tarses et pour labres, pour glosses et vibrisses, herbes pour vent d'avant l'invention du mot vent.
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Et moi, entre ces deux royaumes, je me trouvais une fois de plus à la lisière de deux promesses qui ne laissaient au cœur aucun répit. Mais, après tout, pourquoi choisir ? Pourquoi ne pas rester ainsi à la lisière de deux mondes, me nourrir de la mer, me nourrir de la terre, apprendre leurs deux voies et les unir en moi ? J'aimais ces domaines indécis, cette grève où les méandres de l'écume dessinaient comme les fontanelles du sable et de la mer, le dipneuste destin de ma vie.
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La solitude, le désarroi m’étreignirent tant que je voudrais courir, courir sans fin, crier. Crier quoi ? Je ne peux que Te murmurer contre le sable ce que jamais Tu n’entendras : pardonne-moi de ne pas avoir su T’aimer comme sans doute Tu le désirais. J’étais encore trop peu oiseau pour satisfaire ton désir. Pourtant, Tu m’as appris ce que sans Toi je n’aurais jamais su. Tu m’as donné de nouveaux sens, guidé parmi les routes neuves de l’azur et l’énigme des vents. Merci de m’avoir accepté, moi, l’ex-hominien, le presque-Loir, l’apprenti-Grue, pour amant de ta migration. Merci de cette tendresse au cœur du ciel, de cette longue étreinte qui fit de nos deux corps un seul Être de plumes, de souffles et de désirs, un Ange unique et lui-même inconnu des anges.
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Bruno Doucey lit un extrait du recueil "grécité", de Yannis Ritsos, reproduit dans notre livre spécial dix ans "Un bateau nommé poésie". Nous avons publié "grécité" en 2014, en bilingue grec/français, dans la traduction de Jacques Lacarrière.
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