Michel Lacroix/5
10 notes
Résumé :
Des sports de glisse aux raves, des jeux vidéos à la mise en scène de l'actualité, des thérapies nouvelles aux techniques du développement personnel, tout est bon aujourd'hui pour nous faire g vibrer m. Les aventures de l'extrême, la violence banalisée, les états de transe, les images à couper le souffle sont les ingrédients de nos vies, qui réclament des doses croissantes d'adrénaline. Ainsi, à la recherche de sensations fortes, l'individu moderne s'émeut beaucoup... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2)
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Après des années où l'on ne devait absolument pas montrer ses émotions, notre époque nous permet à nouveau de donner libre cours à nos ressentis. le thème du livre sera donc de différencier les "émotions-choc" et les "émotions-contemplation". Notre époque privilégiant principalement les premières au détriment des secondes. Aujourd'hui, nous privilégions l'action qui doit nous faire monter le taux d'adrénaline au maximum, pour avoir l'impression de vivre intensément l'instant. Nous recherchons les sensations extrêmes, à travers les sports, la musique aux pulsations intenses, les films d'action violente... "L'émotion-contemplation", en revanche, s'inscrit dans la durée. A la suite des romantiques comme Goethe ou Rousseau, la priorité est donnée à "la résonance", ce concept développé par le philosophe allemand Hartmut Rosa. Concept postérieur au livre mais qui correspond tout à fait à l'idée développée par Michel Lacroix. Il s'agit d'entrer en relation avec le monde qui nous entoure. On prend son temps pour ressentir, devant un paysage, un tableau, une musique douce... Être en harmonie et en relation avec soi et avec le monde. Toutes les techniques de méditation, relaxation... y contribuent. L'auteur va même plus loin en liant directement le "vivre ensemble", le civisme, la vie en société, à cette forme d'émotion. On prend le temps d'écouter l'autre. "Pourquoi avons-nous délaissé les émotions paisibles ? sommes-nous encore capables de vibrer pour des choses simples" s'interroge l'auteur. Il faut distinguer "l'homme émotionnel" et "l'homme agité". Efforçons-nous de réveiller le poète qui sommeille en nous.
C'est un livre à la croisée de la philosophie, du développement personnel, de la spiritualité, de la pleine conscience... Un livre qui nous interroge sur nous-même et sur notre époque.
C'est un livre à la croisée de la philosophie, du développement personnel, de la spiritualité, de la pleine conscience... Un livre qui nous interroge sur nous-même et sur notre époque.
J'ai bien aimé cet ouvrage car il nous rappelle notre mode de vie dans cette société de plus en plus moderne ; technologique et matérialiste. Les émotions-chocs supplantent les émotions-sentiments car on ne prend plus le temps de vivre l'instant, d'écouter et de ressentir les émotions vraies qui (per)durent et nous transportent réellement. Nous n'écoutons plus ni observons ce qui nous entoure - la nature, notamment - parce que tout doit être vite fait, vite lu, vite éprouvé, vite vécu. Une société fast food...fast life ?
Citations et extraits (21)
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Le calme règne sur le front de la lutte des classes, le monde se refuse à notre contrôle, mais, par bonheur, il reste, pour évacuer le trop plein de nos énergies, le champ de bataille des sensations fortes (...). Le changement, qui s'avère impossible à l'extérieur, est redirigé vers l'intériorité. Le mouvement est retourné vers soi-même. Cette intériorisation est très précisément l'émotion, comme l'indique d'ailleurs l'étymologie : "é-motion" signifie " qui est mis en mouvement". L'émotion est l'échappée belle permettant d'oublier que le monde est décevant.
Le pouvoir, l'attitude technicienne, la maîtrise, le contrôle, l'arraisonnement ont pour fonction, en partie, de protéger le sujet contre les émotions. Ils lui évitent d'être perturbé. Ce sont des moyens défensifs, des écrans protecteurs contre les rayonnements issus de l'extérieur. On préfère peser sur le monde que de le laisser peser sur nous. On remue pour l'empêcher de nous remuer.
Cette observation vaut particulièrement pour les relations entre individus. La présence d'autrui comporte pour chacun une menace de perturbation. D'une manière générale, nous craignons d'être interpellés par le contact d'autrui. C'est ce que suggère le mot même "altérité" : le propre de l'altérité (du latin alter = autre) est, justement, de nous altérer, c'est-à-dire de nous transformer. L'altérité nous effraie car elle possède le pouvoir de nous remuer et, partant, de convoquer des changements. D'où nos réflexes défensifs.
Cette observation vaut particulièrement pour les relations entre individus. La présence d'autrui comporte pour chacun une menace de perturbation. D'une manière générale, nous craignons d'être interpellés par le contact d'autrui. C'est ce que suggère le mot même "altérité" : le propre de l'altérité (du latin alter = autre) est, justement, de nous altérer, c'est-à-dire de nous transformer. L'altérité nous effraie car elle possède le pouvoir de nous remuer et, partant, de convoquer des changements. D'où nos réflexes défensifs.
Les réserves formulées par les partisans des thérapies émotionnelles à l'encontre de la parole sont, à certains égards, justifiées. Car la parole n'est pas toujours l'alliée de l'émotion. Elle est à double tranchant. Certes, par la parole, je peux me libérer de la répression affective dans la mesure où je dis mon émotion. Mais il y a aussi une forme insidieuse de répression de l'émotion par la parole. Les mots recouvrent parfois les états d'âme plus qu'ils les dévoilent. L'excès de langage émousse les sentiments. A trop parler, on risque d'occulter ce qu'on ressent. Nous connaissons ces personnes dont l'incessant bavardage étouffe la sensibilité. Plus elles parlent, moins elles sentent ! Donnons-en acte aux thérapies corporelles: la libération de l'émotion requiert parfois autre chose que la parole. Il faut aussi que le corps se mette de la partie.
La réhabilitation dont l'émotion fait l'objet découle de l'intérêt que l'individu actuel porte à son épanouissement. Le culte de l'émotion est la forme que revêt de nos jours le culte du moi.
L'émotion joue un rôle majeur dans l'élaboration des décisions rationnelles. (...)
La raison seule ne peut fonder ces décisions; elles exigent que l'on sente les choses "dans les tripes", et que l'on mette à profit cette sagesse des sentiments. En somme, le moteur de la raison a besoin de l'émotion. " La capacité d'exprimer et de ressentir des émotions est indispensable à la mise en oeuvre des comportements rationnels", écrit Antonio Damasio. Pour se comporter de façon raisonnable, il faut se mettre à l'écoute de son affectivité, et non pas tenter de s'en affranchir. "Personne n'est sujet à plus de faute que ceux qui n'agissent que par réflexion", disait déjà Vauvenargues.
La raison seule ne peut fonder ces décisions; elles exigent que l'on sente les choses "dans les tripes", et que l'on mette à profit cette sagesse des sentiments. En somme, le moteur de la raison a besoin de l'émotion. " La capacité d'exprimer et de ressentir des émotions est indispensable à la mise en oeuvre des comportements rationnels", écrit Antonio Damasio. Pour se comporter de façon raisonnable, il faut se mettre à l'écoute de son affectivité, et non pas tenter de s'en affranchir. "Personne n'est sujet à plus de faute que ceux qui n'agissent que par réflexion", disait déjà Vauvenargues.
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Michel Lacroix parle de "Ma philosophie de l'homme"
Partie 1
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