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3,7

sur 165 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il s'agit du premier roman de Marie-Hélène Lafon paru en 2001. le style de l'auteur, ciselé, économe et simple en apparence, mais splendide et au combien évocateur, est déjà en place. L'univers de la ruralité, des villages, des paysans, des gens simples, dont les vies se résument à peu de choses si on les enferme dans des mots, aussi.

Le livre raconte la vie et la mort d'un amour, celui de Laurent, un électricien fils de paysan, et de Marlène toute jeune fille de 18 ans, coiffeuse de formation. Leur rencontre est une révélation, surtout pour lui. Ils s'installent dans une maison familiale qui appartient à la mère de Laurent dans une campagne éloignée de l'agitation de la vie citadine. Mais elle rencontre un autre homme, plus âgé, marié, mais qui quitte femme et enfants, pour vivre avec elle. Laurent est en miettes. L'histoire nous est petit à petit distillée par différents personnages, Laurent tout d'abord, mais d'autres voix se font entendre, sa mère, tantes ou cousines, la grand-mère ou mère de Marlène, la bibliothécaire ou la femme du nouvel amour de Marlène…Ils sont nombreux, et au-delà de ce qu'ils nous disent de la trame principale du livre, c'est eux-même qu'ils racontent avant tout, leurs ressentis, leurs histoires, leurs frustrations ou espoirs.

Ces différentes voix se croisent, se complètent, se couvrent, parfois ne s'entendent pas alors qu'ils pourraient avancer mieux ensemble. Cette manière de raconter, d'enrichir l'intrigue principale de motifs secondaires, fait en partie l'intérêt de ce roman, puisque l'intrigue en est relativement peu originale, même si Marie-Hélène Lafon trouve un ton, une justesse pour exprimer la naissance et la mort des sentiments, dans toute leur toute puissance et irrationalité. Il y a beaucoup d'émotion dans ce récit tout simple en apparence, triste pendant une grande partie du livre, même si une sorte de lueur apparaît au final.

J'aime beaucoup les livres de Marie-Hélène Lafon en général, et j'ai été vraiment impressionnée de voir à quel point, dès son premier roman, tout son talent et son univers était en place. Une très belle lecture.
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Une histoire toute simple : Laurent et Marlène vivent une belle histoire d'amour, jusqu'à ce que leur chien soit renversé par une voiture. Marlène se rend chez le vétérinaire et tombe sous son charme. le thème est plutôt banal, il y a peu d'action, on peut y voir un récit psychologique, mais ce n'est pas ce qui m'a le plus attirée. J'ai beaucoup aimé l'insistance sur tout ce qui relevait des sensations, en particulier pour Laurent, ainsi que parfois pour Marlène et, un peu moins souvent pour les autres personnages. Les points de vue des personnages sont très nombreux, certains interviennent très peu ; les transitions entre les personnages sont bien marquées mais identifier le nouveau narrateur n'est pas toujours aisé, mais franchement il y a pire ! Cela ralentit un peu la lecture, mais si peu … le narrateur principal, c'est Laurent, c'est aussi celui qui a la plus belle plume. Cette façon inhabituelle d'utiliser les différents points de vue et la technique du roman choral apporte beaucoup à une histoire somme toute très banale. Elle la transforme en un récit impressionniste qui nous dépeint l'évolution de sentiments amoureux, la vie et surtout l'atmosphère d'un village de province, des relations familiales d'un autre temps, pas si lointain que ça, les pensées des uns et des autres avec leurs attentes, espoirs ou interrogations. Un premier roman très maîtrisé et très réussi.
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Incompréhension.

Laurent est un vieux garçon de 30 ans. Lorsqu'il s'installe dans une maison isolée avec Marlène 18 ans, son entourage s'interroge.

Ce roman court prend la forme d'un monologue, celui de Laurent l'amoureux abandonné. En effet, Marlène l'a quitté pour un vétérinaire d'une cinquantaine d'année. Laurent ne comprend pas, n'était-ils pas heureux tous les deux ? Loin des ragots, loin du passé de Marlène ?

Marlène est fille de fille-mère. Nous sommes à la fin des années 1970, et la société est encore très conservatrice. de par sa naissance, elle est vouée à être comme sa mère, une fille perdue. Ses proches ne lui laissent aucune liberté pour la "protéger".

Au monologue de Laurent, s'ajoute le témoignage de plusieurs femmes (grand-mère de Marlène, mère de Laurent...), une seule voix manque, celle de Marlène. Comme les différents témoins nous voilà condamnés à faire des suppositions.

Qu'est-ce qui a motivé le départ de Marlène ? le jugement et le murmure des autres ? L'espoir d'une vie meilleure, plus libre ? Et si sa relation avec Laurent n'était que faussement heureuse ?

Bref, je continuerais à lire Marie-Hélène Lafon.
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Je vois venir avec angoisse le moment où je n'aurais plus aucun roman de Marie-Hélène Lafon à découvrir.
Cet instant où je ne voudrais rien d'autre que ses histoires, si simples en apparences, souvent tristes et toujours belles et son style à nul autre pareil, clair et limpide comme ces eaux de source qui courent les contes, les légendes ou le Cantal et où je n'aurai rien pour étancher ma soif. Bien sûr, je relirai encore et encore, et l'enchantement sera le même, mais il ne vaudra pas cet ineffable plaisir d'ouvrir un livre dont on sait avec certitude qu'on l'aimera pour la toute première fois.
Heureusement, il m'en reste encore deux ou trois qui m'attendent et je retarde l'inéluctable. Ce n'est pas si difficile, en réalité, quand l'appartement déborde de romans qui n'attendent que moi et l'intérêt que je daignerai leur accorder.
Il n'empêche... J'ai relu "Les Pays" et je me suis sentie obligée de me jeter sur le tout premier roman de la dame d'Aurillac.

Je viens donc de finir "Le Soir du Chien" et je crois bien que je vais pleurer. Encore. Toujours avec Marie-Hélène Lafon.
C'était beau, tellement beau. Beau et triste, comme Laurent qui regarde Marlène s'en aller, comme Laurent quand il a compris, le fameux soir du chien, ce soir qu'il n'oubliera pas.

C'est une histoire simple, un peu comme dans les films de Claude Sautet. Une histoire d'amour qui naît puis qui meurt.
L'histoire aussi d'un village du Cantal et de ceux qui l'habitent, avec leurs murmures et leurs fêlures, leurs espoirs et leurs regrets.
Cela pourrait être banal, mais ça ne l'est pas, ça ne l'est jamais. Surtout pas avec Marie-Hélène Lafon, dont la langue faussement épurée et économe raconte si bien la beauté, la solitude et l'âpreté, la rudesse des paysages et celles de ses personnages.

Laurent a trente ans, il rencontre Marlène, belle et cabossée, qui en a dix-huit. Entre eux, c'est une évidence, de celle qui ne se présente pas deux fois. Ce n'est jamais pareil la deuxième fois... le temps des rose, l'apothéose ne renaissent jamais de le même couleur.
Les deux amants s'installent dans le village de Laurent, dans la maison d'en haut, une maison de famille qui laisse entrer la lumière à flots. Leur histoire fait bien grincer quelques dents, elle fait parler. Ils sont comme ça les gens ici, ils racontent, ils commentent, surtout si la femme n'est pas d'ici, surtout si elle ne veut pas d'enfant. Laurent et Marlène, eux, s'en fichent. Ils sont heureux.
Jusqu'au soir du chien.

Il y a la beauté et la tristesse de cette histoire.
Il y a sa narration aussi: c'est Laurent qui nous fait le récit de ce que fut cet amour là, poignant, déchirant, simple. Toutefois, d'autres voix parfois se mêlent à son récit et tout en parlant des amoureux de la "maison du haut", ils nous parlent d'eux aussi. de ce qui leur fait du bien ou de ce qui leur fait mal.
A travers cette narration plurielle, l'auteure, non contente de nous offrir comme un cadeau le récit d'une douloureuse histoire d'amour fait aussi la part belle au Cantal, à ce monde rural qu'elle semble porter en elle, ce monde âpre où les paysages étreignent de désarmantes solitudes. Roland, l'ami de Laurent est de celles-ci et ça fait un mal de chien.

Un roman beau comme une chanson un peu folk, un peu triste qu'on réécoute à l'infini, comme la voix de Kate Rusby sur "The farmer's toast" et celle de Bibio qui berce mes nuits d'hiver quand il chante "Curls".
Et si c'était ça finalement la grâce?











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Lorsque Laurent rencontre Marlène dans le rayonnement de l'été c'est une histoire trop belle pour durer.
Le malheur ne tient qu'à un fil.
Le fil ordinaire, simple et rustique d'un village accroché aux flancs des coteaux. Chacun exprime ses rancoeurs, ses regrets, ses colères, ses chagrins, ses désespoirs enfouis qui jaillissent dans les mots écrits.
Laurent est anéanti, brisé, accablé par le départ brutal de celle qu'il aime.
En orfèvre des mots et de la langue, Marie-Hélène Lafon nous laisse pénétrer l'âme et le coeur de Laurent, par touches successives. Il fuit sa douleur en silence sans vraiment fuir la vie, il devient survivant, et résigné.

_ J'ai quitté la maison. Je n'aurais pas pu sans elle. Je n'y suis retourné qu'une fois. Il ne reste rien. Les choses, les objets sont partis... la maison était vide, mais la lumière était là, et le silence aussi, et la grande vue sur les pays tondus, à bout de ciel... j'ai pleuré. Je n'y retournerai pas. Ma mère peut la louer. Je le lui ai dit.
C'est une bonne maison. Une maison pour l'amour. _

Un récit dur et poignant qui a marqué mes premiers jours de janvier.
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Dans un petit village du Cantal, Laurent, la trentaine, vit encore chez sa mère. Il rencontre Marlène, qui vient de Normandie, et dont il tombe amoureux. Ensemble, ils s'installent en haut du village, dans une maison isolée, pour des mois de bonheur lumineux. Mais bientôt leur amour se heurte au conformisme des villageois d'en bas.
Un soir, leur chien se fait renverser par une voiture, Marlène rencontre le vétérinaire, et tout est changé...
Une très belle lecture . Je recommande

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Le soir du chien, de Marie-Hélène Lafon est un roman polyphonique où les voix et les points de vue des personnages se croisent pour construire une histoire qui ne nous délivre aucune vérité mais nous fait vibrer au rythme des saisons. L'essentiel étant toujours ailleurs pourtant bien marqué et ancré corps et âme... le hasard et la nécessité gouvernent nos vies mais n'ont aucune prise sur la littérature et sur la poésie d'un lieu qui semble doté sous la plume de l'auteur d'une immuable beauté , le Cantal. Marlène est belle au-delà du réel et inspire l'amour à des hommes très différents, comme Laurent l'électricien, puis Alban le vétérinaire, qui tombent sous le charme de son mystère. Elle est l'Amour qui ne se reconnaît pas et passe son chemin sans faire de bruit, habituée depuis sa plus tendre enfance à endurer sans efforts de maîtrise. C'est une plume qui vole au gré des livres qu'elle adore comme des amis toujours présents. Comme Roland, un autre personnage voué lui aussi à un amour en creux gravé dans l'écorce des arbres.
Les phrases de l'auteur guidées par une pensée limpide qui va à l'essentiel des êtres comme des choses sonnent une douce mélodie chère au lecteur... de la simplicité, connue pour être difficile à atteindre, naissent les plus belles choses... Marie-Hélène Lafon nous montre à travers cette histoire qu'il ne faut pas désespérer de nos vies puisqu'il n'y a rien à faire, juste à aimer l'amour et la littérature qui se cachent sous la pierre qui roule dans le pré...
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Laurent est amoureux de Marlène, jeune fille élevée par ses grands-parents pour éviter à celle-ci le destin de sa mère, celui d'une femme sans respect pour les conventions.
Laurent et Marlène se fiche du regard des autres, ils vivent dans leur cocon perché : « C'était l'année de la grande sécheresse ; l'été est venu très tôt,
mais, le premier soit, nous avons fait un feu, au bord de la nuit,
pour le plaisir. J'ai le feu dans les mains ; il sort d'elles,
apprivoisé toujours et têtu. Il fut l'hôte premier de notre royaume de
notre royaume, le premier et le plus sûr ».
Plus qu'un roman d'amour, je considère ce livre comme une perspective donnée à voir sur la condition des femmes dans les villes et campagnes du XXe siècle. le roman présente une galerie de femmes qui sont critiquées, qui dérangent de par leur position, certainement trop liminaires pour être comprises : la jeune femme volatile qui se balade dans les champs et à l'orée des bois; une silhouette mystérieuse toujours suivie dans le bourg par l'ombre de Laurent, et puis la femme dont le mari part refaire sa vie avec une plus jeune qu'elle et qui n'accepte pas que l'homme pour qui elle a sacrifié sa vie parte ainsi et veut donc se battre pour que cette nouvelle union échoue, enfin, summum de l'ambiguïté dans ce pays des vents, un menuisier, célibataire endurci : « Ton frère, il avait pas des goûts spéciaux, non ? Tu manques d'imagination toi ; t'es pas curieux. En cherchant bien dans la maison, on aurait peut-être trouvé des choses ».
Incapable d'apposer des mots, la description impossible, ce sont ces personnages insaisissables que Marie-Hélène Lafon nous présente, piégés sous le regard des gens du pays. Par l'inclusion des paroles de chaque habitant au sein du récit mené par Laurent, Marie-Hélène Lafon retranscrit la densité des traditions, la courbure d'échine des jeunes du pays face à ces dernières et la trajectoire souvent docile des femmes du pays, coincées entre mari, enfants et foyer : le fils était une blessure. le départ du père en serait une autre, et les deux finiraient par n'en faire plus qu'une, la seconde expliquant la première. Elle aurait été sacrifié sur l'autel des mâles
irresponsables ».
Oeuvre magistrale, ce roman fait écho, dans son exposé des trajectoires féminines, à un travail comme celui d'Yvonne Verdier dans Façons de dire, façons de faire: la laveuse, la couturière, la cuisinière (1979) où l'auteure, suite à une ethnographie au sein du village de Minot (Côte-d'Or), donne à voir la condition féminine au sein du monde paysan.
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📚 Marlène est attirante, elle vit avec Laurent, mais elle ne se mélange pas avec les autres du village. Alors, forcément, il y a des bavardages.
🖊️ Ce livre est le premier roman de Marie Hélène Lafon, on y trouve déjà tous les thèmes de ses textes suivants. La vie rurale, la solitude, les silences, les non-dits familiaux. le style d'écriture est déjà présent, plus jeune peut-être, moins ciselé que dans les autres lus (il est bien possible que j'ai cette impression parce que je sais que c'est son premier livre)
🥰 Je ne peux que vous inciter à découvrir les livres de Marie Hélène Lafon ; aucune fausse note, aucun faux pas !
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