Dîner d'adieu /
Pascal Lainé
Auteur de «
La dentellière » Prix Goncourt 1974,
Pascal Lainé nous offre ici un roman un peu dans la même veine.
le premier amour, les premiers chastes émois d'un adolescent de condition modeste pour une jeune fille issue de l'aristocratie allemande sont décrits dans un style classique somptueux tout au long des 174 pages de cette confession dont le narrateur n'est autre que le jeune garçon aujourd'hui devenu adulte. Un récit plein de charme où le rêve vient souvent au secours de la réalité pour un discours onirique riche de musicalité et de finesse, de nostalgie et de langueur. L'adolescent en vérité aime en Ellita un être d'imagination et de fiction plutôt que la véritable Ellita et cela laisse présager le drame.
le narrateur, alors âgé de dix sept ans, fait connaissance de la belle Ellita âgée de seize ans par l'entremise de sa tante Irène qui en est la gouvernante. de suite, muet et pétrifié il confie : « Je l'aimais éperdument, comme jamais je n'ai su aimer ensuite… Immobile, silencieuse, elle figurait la grâce et la plénitude. Elle n'avait pas besoin de parler : il suffisait qu'elle existât simplement, là ou le regard ou bien son caprice l'avaient déposée comme une offrande pour le regard…»
de ratiocinations en hésitations, le garçon s'enhardit quoiqu'il ignore si Ellita l'aime en retour. Ellita ne repousse pas ses avances mais reste sur la défensive avec coquetterie. Convoitée par la jeune gente masculine, elle suscite une jalousie maladive qui fait son chemin au coeur de l'adolescent, une maladie à laquelle il sent bien que rien ne l'y ferait renoncer, l'envers ou la face hideuse de l'amour ; il éprouve les tortures de l'amant trompé alors qu'il ne l'est pas, quand il imagine une perverse ubiquité d'Ellita. Il ne peut s'empêcher de s'interroger en permanence sur les sentiments d'Ellita : est-il vraiment aimé d'elle ?
Jusqu'au dénouement inattendu.