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EAN : 9782228320221
Payot et Rivages (30/11/-1)
3.25/5   2 notes
Résumé :
David G.Cooper dont la plupart des livres ont été récemment traduits en français, sont incontestablement les représentants les plus célèbres de l' " antipsychiatrie actuelle.
Consacré essentiellement à une analyse de la pensée de Sartre, Raison et violence est un ouvrage philosophique dans lequel le lecteur trouvera en quelque sorte les fondements des thèses développées par Laing et Cooper.
Illustrée par ' Saint Genet ", " Questions de méthode " et " C... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Dès que Sartre ramène sa loucherie, directement ou indirectement, ça devient imbuvable. Pourtant, ce bouquin est écrit par Laing et Cooper, de joyeux chantres de l'antipsychiatrie qui écrivent par ailleurs que ça peut être cool de maculer des murs de merde avec les fous. Il est vrai que de cette activité à la lecture de Sartre, il n'y a qu'un pas que franchissent aisément les torturés de la ciboulette.


Laing et Cooper reprennent ici trois textes écrits par Sartre entre 1950-60 : « Saint Genet », « Questions de méthode » et « Critique de la raison dialectique ». Leurs commentaires reprennent les principaux concepts et les envoient se mélanger honteusement avec la linguistique, la sociologie, la psychanalyse et le marxisme. D'ailleurs, tout le bouquin est entaché de ce fameux marxisme qui ne parle qu'à ceux qui approchent aujourd'hui de la retraite. Dire qu'un temps on pouvait se battre pour ça, et construire son identité autour de ce puits désormais asséché. Ça laisse songeur…


Comme Laing et Cooper ne sont pas cons, et qu'ils sont même relativement intéressants, ils réussissent à rendre ce marasme presque appétissant (oui, bon, j'exagère un peu). C'est que leur conception de la dialectique dans les champs de la sociologie et de la politique s'inspire (sans le dire) de la Trinité chrétienne, ou en tout cas ça y ressemblerait s'ils osaient :


« le mouvement de la compréhension est simultanément progressif (vers le résultat objectif) et régressif (remontant vers la condition originelle). La compréhension n'est rien de plus que ma vie réelle, c'est-à-dire, le mouvement totalisant qui ramasse à la fois moi-même, l'autre personne et l'environnement dans l'unité synthétique d'une objectivation en cours. »


Ça ne renie pas non plus les apports de la psychanalyse pour mieux comprendre l'aliénation. le stade du miroir est ici d'une grande aide pratique :


« La totalisation de mon champ de praxis se trouve […] détotalisée en devenant le champ de la totalisation de la praxis d'un autre dans lequel je ne suis rien de plus qu'une partie de sa totalisation. »


La démarche de Sartre pour saisir le concret à travers son mouvement de dialectique en spirale, synthèse après synthèse, apparaît alors éminemment spirituelle (mais comme Jourdain qui pérorait sa prose, sans doute l'ignorait-il sciemment pour ne pas ruiner sa réputation de petit matérialiste).


Enfin, tout ceci n'est pas abordé dans le livre. le point de vue se veut concret et les développements aspirent à une effectivité pratique dans le domaine de la lutte des classes. Originalité : si le marxisme élimine l'individu, les thèses ici développées éliminent aussi le groupe pour une troisième forme d'entité : le groupe saisi par l'individu (en dehors ou dans le groupe), entendu que cette saisie se meut sans cesse dans la direction de l'insaisissable. En plus de ça, cette saisie est conditionnée par la classe d'extraction du type, ce qui limite vachement l'intelligence de la saisie. Mais ce n'est pas inexorable et c'est pourquoi on parle un peu de Genet qui aurait décidé d'accepter son destin comme moment subjectif de sa conscience dans sa structure intentionnelle –ce que Lacan appellerait le sinthome.


On l'aura remarqué : ce bouquin ne se lit pas en jouant au volley en même temps (quoique ça ne changerait peut-être pas grand-chose finalement). Si vous avez lu le « Capital » de Marx et « L'être et le néant » de Sartre, il se peut cependant que ça vous semble facile. Ce n'est pas mon cas. Voici quelques exemples de titres de chapitres pour vous donner une idée de la bouse à s'encaisser : « Dans l'intériorité du groupe, le mouvement de la réciprocité médiée constitue l'être-un de la communauté pratique comme une détotalisation perpétuelle engendrée par le mouvement totalisant » ; « LE GROUPE. L'EQUIVALENCE DE LA LIBERTE COMME NECESSITE ET DE LA NECESSITE COMME LIBERTE. LIMITES ET PORTEE DE TOUTE DIALECTIQUE REALISTE ». Etc.


Le miracle qui s'opère toutefois dans ce livre par l'intermédiaire des commentaires de Laing et de Cooper, c'est de nous faire apparaître Sartre comme quelqu'un d'humain et de sensible, parce qu'il aurait compris qu'on ne peut pas remplacer la pratique de l'homme faisant l'Histoire par la nécessité de la nature. Comme si la nouvelle nécessité qu'il invoquait pour justifier quand même l'aliénation de l'homme était plus joyeuse. Bref, tout ça pour pas s'avouer vaincu, c'est beau, c'est grand, c'est con.

Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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Citations et extraits (64) Voir plus Ajouter une citation
Le lecteur lutte pour s’identifier à cette pensée, comme condition préalable pour atteindre un recul critique. Mais cette pensée modifie constamment sa perspective : pendant un temps, elle étudie son objet, le moment d’après elle se pense réflexivement, s’inventant au fur et à mesure où elle s’examine. S’il ne commence lui-même à vivre cette aventure totalisante, le lecteur risque de désespérer. De toute façon, il y a de fortes chances pour qu’il fasse l’expérience d’une sorte de vertige.
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Le groupe, pour le non-groupé et pour les autres groupes, apparaît comme une totalité objective et vivante, et l’intériorisation par le groupe de son être-pour-l’autre et même de son être-pour-autrui de l’autre conduit à une apparence d’unité totalisée qui est en réalité la compression infinie du groupe intériorisé comme autre-pour-les-autres par où le groupe essaie […] de se faire unité totalisée pour soi. Pourtant, ce faisant, il devient […], en tant qu’autre intériorisé pour l’ensemble des autres, l’objet de sa propre ignorance.
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Genet, trop volontaire, trop pénétré de son aptitude à choisir, pouvait difficilement choisir ce genre de renonciation à tout choix qu’est la psychose […]. […] En outre, la voie du suicide est barrée par l’optimisme de Genet par lequel Sartre « entend désigner l’orientation même de sa liberté ». […] Puisqu’il ne pouvait pas échapper à la fatalité, [Genet] devint sa propre fatalité. Puisque les autres lui rendaient la vie impossible, il vivrait cette impossibilité de vivre comme s’il avait créé cette destinée exclusivement pour lui-même. C’est le destin qu’il avait choisi –il essaierait même d’aimer ce destin.
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La vie d’une personne se déroule en spirales. Elle passe sans cesse par les mêmes points, mais à des niveaux différents d’intégration et de complexité.
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Le client, comme objet sériel, doit être manipulé ; mais, pour manipuler le client, le vendeur apprend à se manipuler. […] Il est figé dans sa position et sa manipulation de l’autre le met dans l’impossibilité de prendre conscience de la façon dont l’autre le perçoit.
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