"
The Blue Fairy Book" est le premier d'une collection de
contes du monde entier rassemblés par
Andrew Lang. La série compte douze opus, chacun caractérisé par une couleur. Barnes and Noble nous propose ici le tout premier volume qui date à l'origine de 1889. Une fois encore, l'édition est de qualité. Elle reprend les caractéristiques de la série pour enfant des "Barnes and Noble Collectible Editions". Belle reliure en cuir ornementée de légères gravures argentées, design soigné sur le thème du livre, couleur bleue renvoyant au titre, bordure de page argentée, mise en page soignée et nombreuses illustrations anciennes (probablement celles d'origine).
Tout semble parfait à un détail près : ce recueil ne compte que 29
contes sur les 37 que contient l'édition originelle. Il manque donc 8
contes, à savoir : "Little Red Riding Hood", "Little Thumb" & "The Sleeping Beauty in the wood" de
Charles Perrault, "Rumpelstiltskin", "The Goose-Girl", "Trusty John" & "The Brave Little Tailor" des frères Grimm et "A Voyage to Lilliput" de
Jonathan Swift. Mais, en ce qui me concerne, ça n'est pas vraiment grave puisque je possède l'intégrale des
contes de Perrault et de Grimm. Seul manquerait à l'appel l'ouvrage de
Jonathan Swift. Donc, je ne perds au final qu'un seul texte, et un texte non seulement incomplet pour cet ouvrage mais facilement trouvable en librairie dans sa version complète.
N'ayant lu dans cet ouvrage que les
contes inédits (ne se trouvant pas dans les recueils de Perrault, Grimm, Andersen ou
Leprince de Beaumont que je possède), je ne m'arrêterais donc pas sur les
contes suivant "Beauty and the Beast", "Prince Hyacinth and the Dear Little Princess" & "Prince Darling" de Leprince de Beaumont ; "The Yellow Dwarf", "Felicia and the Pot of Pinks", "The Story of Pretty Goldilocks" & "The Wonderful Sheep" d'Aulnoy ; "Blue Beard", "The Master Cat; or, Puss in Boots", "Cinderella, or the Little Glass Slipper", "Toads and Diamonds" de
Charles Perrault. Tout ces
contes français méritent d'être lus dans la langue d'origine et non dans une traduction anglaise. de plus,
les contes de Perrault ont été malheureusement amputés de leurs morales par
Andrew Lang.
Ajoutons à ces
contes français : "The Tale of a Youth Who Set Out to Learn What Fear Was", "Hansel & Gretel" & "Snow-White and Rose-Red" qui sont des
contes de Grimm. Et enfin, "Aladdin and the Wonderful Lamp", "The Forty Thieves" & "The Story of Prince Ahmed and the Fairy Paribanou" qui ont été sévèrement amputés et remaniés ici et dont je préfère lire directement les textes dans l'édition "The Arabian Nights" de Barnes and Noble's Collectible Edition.
Reste donc les 12
contes présentés ci-dessous qui font partie de ma lecture pour cet ouvrage :
"The Bronze Ring" :
Le conte qui ouvre cet ouvrage a des saveurs d'Orient. C'est l'histoire d'un roi dont les jardins sont arides et stériles. Il cherche alors un jardinier qui saura donner splendeur et abondance à son palais. Une fois le prodige accompli, la princesse désire se marier au jardinier mais n'étant pas de condition suffisante pour la belle, le roi accepte de lancer un défi aux deux prétendants de la princesse.
Un conte assurément magique où se succède un bon nombre de sortilèges et souhaits. On retrouve des éléments récurrents dans beaucoup de légendes et
contes tels que la vieille femme demandant un peu d'aide et récompensant celui qui se montre généreux et attentif, l'artefact renfermant un géni (ici un anneau en bronze), la quête qui mène en de lointaines contrées ou encore les animaux doués de paroles (ici des souris). Tout ce qu'il faut pour un conte classique et enchanteur.
"East of the Sun and West of the Moon" :
Un conte nordique intéressant et amusant de par son contenu. C'est l'histoire d'une jeune fille à la beauté incomparable née au sein d'une grande famille très pauvre. Un soir, un ours blanc frappe à leur porte et demande la plus jeune des filles en échange de richesses. La belle jeune fille part et finira par découvrir que l'ours blanc n'est autre qu'un très beau prince victime d'un sortilège.
Bien que l'histoire soit globalement différente, on retrouve le thème de la "Belle et la Bête". Entre la présence de trolls, d'ours blanc, de grands vents, etc. c'est une histoire revisitée à la sauce nordique de toute évidence.
On remarquera que la religion est mentionnée au travers des chrétiens emprisonnés par les trolls. Mais le plus amusant reste le défi que lance le beau prince pour éviter le mariage arranger par sa belle-mère et imposer sa belle : "j'épouserais celle qui saura laver ma chemise !" Romantique hein ? :D
"The Master Maid" :
Un prince ce met au service d'un géant avant de s'enfuir avec la jeune fille qu'il découvre dans une des pièces interdites du château. Mais les épreuves sont loin de s'arrêter là !
Un autre conte nordique un peu long mais qui montre combien peuvent être importants les rituels, les chiffres et les obstacles dans la structure d'un conte.
"Why the Sea is Salt" :
Un conte norvégien apparemment. C'est la première fois que je vois apparaître la mention de "dollars" dans un conte. Cette histoire explique pourquoi la mer est salée.
Ici, les personnages n'ont pas vraiment d'importance. D'ailleurs, ils sont plutôt antipathiques. Ils ont avant tout la charge de mettre en avant l'objet enchanté et son fonctionnement jusqu'à la chute finale qui donne tout son sens au titre.
"The White Cat" :
Un conte prenant le contre-pied de "
la Belle et la Bête" puisqu'ici, un prince va découvrir un sublime château dans lequel réside la reine des chats. C'est donc une femme sous la forme d'un animal que l'on découvre ici. Victime d'une malédiction, il n'en reste pas moins que sa condition féminine la protège d'une bestialité propre à la Bête. C'est donc tout en douceur et avec beaucoup de tendresse que le prince et la chatte vont se découvrir.
"The Water-Lily, The Gold-Spinners" :
Un conte nordique à propos d'une vieille sorcière qui retient trois jeunes princesses prisonnières, les obligeant à travailler pour elle. L'amour et la magie vont rompre cette situation pour s'achever de manière bien plus heureuse.
Une fois de plus, on retrouve la présence primordiale du vent comme dans les
contes nordiques précédant.
"The Terrible Head" :
Une adaptation du mythe de Méduse et Persée utilisant la structure du conte. le fameux "Il était une fois…" ouvre le récit, les personnages ne sont pas nommés bien que reconnaissables, les dieux deviennent des entités magiques, etc. Pas trop mal mais je préfère sa forme mythologique qui s'inscrit dans quelque chose de plus vaste et plus lié.
« The History of Whittington » :
Une légende anglaise et même Londonienne sur les origines de la fortune de
Richard Whittington. Ce dernier était un marchant contemporain des roi
Henry IV et Henry V. Il fut Lord-maire de Londres et finança nombre de projets publiques pour la vile. Voilà donc un homme qui marqua l'histoire de sa ville et il n'est pas si étonnant qu'une légende témoigne de ce personnage.
« The Princess on the Glass Hill » :
Un conte des plus classiques à propos d'un fermier qui au cours de deux épreuves qu'il remportera trois fois chacune, obtiendra amour, gloire et fortune. Les codes du conte de fée sont là pour nous emmener dans un monde merveilleux. Un conte norvégien dont le héros se fait appeler Cinderlad, un lointain écho masculin de
Cendrillon (Cinderella) mais dont les similitudes sont peu nombreuses.
« The History of Jack the Giant-Killer » :
« Jack, le tueur de géants » est un conte anglais dans la même veine que « Jack et le haricot magique » bien que les deux histoires soient différentes et à ne pas confondre. Cette légende (ou
conte) s'inscrit dans la Légende Arthurienne. Sous le règne du roi Arthur, en Cornouailles, Jack est bercé par les exploits de son roi et rêve d'y ajouter son nom. Il s'équipe alors pour voyager à travers le royaume afin d'éliminer tous les géants qu'il rencontrera. Ainsi, du St Michael's Mount (en Grande-Bretagne) au Pays de Galles, Jack tuera pas moins de 7 géants (chiffre qui revient souvent dans les
contes comme le 3) et même un sorcier. Une aventure qui malheureusement sous cette forme parait très expéditive. Un peu dommage puisque cela atténue les difficultés rencontrées. Il s'agit également de l'un des textes les plus violents du recueil, Jack massacre véritablement les géants et l'auteur ne nous épargne pas les détails.
« The Black Bull of Norroway » :
Un vieux conte écossais. Difficile d'en douter tant l'anglais de ce texte est imprégné par l'accent et les sonorités écossaises. Une petite difficulté au début pour saisir les mots puis on s'habitue et on apprend à percer la signification anglaise qui se cache dessous. Je suis assez tenté pour réitérer l'expérience.
"The Red Etin" :
Pour finir, un conte irlandais. Quelques difficultés de lecture ici à cause de la langue employé : un anglais patoisant. le texte devient vite compréhensible une fois que l'on a compris le système. C'est l'histoire de trois jeunes hommes qui chacun leur tour, devenus suffisamment âgés, quittent leur mère pour commencer leur propre vie. Mais voilà que le destin va les faire rencontrer, l'un après l'autre, la même monstrueuse créature.
Une édition très belle qui s'ajoute à cette collection de Barnes & Noble et qui apporte son lot de
contes inédits. Un ajout des plus agréables à ma collection.