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EAN : 9782266320900
272 pages
Pocket (30/06/2022)
4.06/5   44 notes
Résumé :
Constantine, 1986. À quinze ans, Latzari Luma a déjà vu du paysage. Chef d'escale dans une grande compagnie aérienne, son père entraîne sa famille sous de nouveaux cieux tous les trois ans – hier en Espagne, aujourd'hui en Algérie, demain là où le vent les portera. Dans la petite bulle des expatriés de Constantine, la vie des Luma est douce, légère, entre les week-ends à Tamanart, les après-midi au hammam, les pique-niques gourmands dans la pinède et les nombreuses ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Ce premier roman de Maïté Laplume aborde un sujet grave et délicat, que je n'avais probablement pas envie de lire en vacances au bord de la piscine, mais bon, quand on ne lit pas les quatrièmes de couverture… on se retrouve parfois plongé au coeur d'un roman moins léger que prévu.

Latsari, la narratrice de « Et pourtant elle tourne », est une adolescente pétillante de 15 ans, victime du chantage affectif immonde de son propre père. Aînée de quatre enfants, elle n'avait que 12 ans en 1983, lorsque sa famille a débarqué à Constantine en Algérie, où son père Bernard venait d'être nommé chef d'escale d'Air France. Une nouvelle terre d'accueil où Latzari se fait très vite de nombreux amis et semble bien dans sa peau. Si toute la communauté d'expatriés semble d'ailleurs bien s'amuser au coeur de cette petite bulle occidentalisé de moins en moins appréciée au sein de ce pays qui ne demande qu'à les expulser, derrière ces apparences idylliques et cette famille idéale se cache pourtant l'innommable…

Une partie du récit se déroule donc dans la lumière en compagnie d'une jeune fille solaire, profitant de weekends à la plage, riant et dansant sur la musique des années 80, constamment entourée d'une bande d'amis fidèles et découvrant même ses premiers sentiments amoureux. Pourtant, malgré une playlist reprise en fin de roman qui donne envie de se déhancher et de faire la fête en compagnie de ces expatriés, l'air ne fait visiblement pas la chanson et une immense fausse note se profile très vite à l'horizon…

Elle n'avait que trois ans la première fois qu'elle s'est retrouvée victime de ce père incestueux et est depuis piégée dans un engrenage malsain qui l'oblige à se sacrifier afin de ne pas faire éclater le fragile équilibre qui maintient sa famille unie. L'autrice décrit non seulement avec grande justesse le caractère manipulateur du père, mais restitue également avec brio les pensées sombres et le désespoir de cette adolescente torturée par ce terrible secret, qui cherche une manière de dire non et d'échapper à l'emprise abjecte que son père exerce sur elle.

« Et pourtant elle tourne » est également un plongeon nostalgique dans les années 80, tout en esquissant le portrait d'une Algérie de plus en plus fondamentaliste, qui s'apprête à rejeter ce petit monde d'expatriés étrangers qui évoluent presque totalement isolés des autochtones musulmans. Latsari n'est donc visiblement pas la seule à vouloir se rebeller en disant stop !

Un très bon premier roman abordant l'inceste et donc certes assez sombre, mais emmené par une jeune fille optimiste, bien décidée à ne pas sombrer, qui, à l'image de la célèbre phrase attribuée à l'Italien Galilée « E pur si muove ! » (« Et pourtant elle tourne ») garde la foi et le désir de vivre en son for intérieur…
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Latzari a 12 ans lorsqu'elle débarque avec toute sa famille à Constantine, où son père Bernard a été nommé chef d'escale d'Air France. Bernard et Soledad se sont rencontrés quand ils avaient vingt ans et aujourd'hui avec leurs quatre enfants ils forment le couple idéal, la famille idéale où pourtant se cache l'innommable. Elle avait trois ans la première fois. Ce regard, à la fois désespéré et suppliant. Cet homme qui a la faveur de la nuit se change un monstre aux yeux vitreux.

Ce récit bouleversant du quotidien d'une jeune fille de quinze ans dans l'Algérie de 1986 m'a vraiment intéressé. Tout d'abord par l'écriture vraiment réaliste de Maïté Laplume, une maitrise parfaite pour un premier roman pour se mettre dans la peau d'une adolescente torturée par son terrible secret. le langage, les interrogations, les rêves, les copines, les premières boums, les désirs, tout sonne juste. Comment rester indifférent à la souffrance de Latzari qui trimballe une brûlure depuis des années, qui est piégée, car l'ogre ne la laissera jamais en paix.
Ensuite la vie insouciante des travailleurs et coopérants français, ils vivent dans leur bulle, au rythme de leurs fêtes, des week-ends à la plage, du hammam. Ils côtoient les Algériens, mais ne se mélangent pas. Pendant ce temps l'extrémisme s'implante, les jeunes grondent, les gens n'en peuvent plus, le verrouillage de la société, la corruption du pouvoir, les islamistes occupent le terrain, mettent en place des actions caritatives. L'Algérie semble se déliter, quelque chose de terrible arrive inexorablement, sans qu'ils ne puissent rien y faire. Il est temps de partir loin de ce pays.

Un roman qui se voudrait joyeux et léger comme peut l'être une jeune fille de quinze ans, mais qui devient sombre face au traumatisme et au désespoir de l'héroïne qui ne sait pas comment s'échapper de cette emprise malsaine sans faire éclater sa famille.
Un grand merci aux éditions Robert Laffont et à Babelio pour leur confiance.




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J'ai reçu ce livre dans le cadre de la dernière Masse Critique Babelio.
Je remercie les éditions Robert Laffont pour son envoi.
Ce roman ne laissera personne indifférent.
Maïté LAPLUME nous raconte ici l'histoire de Latzari.
Latzari a 12 ans quand elle débarque à Constantine en Algérie avec sa mère et ses frères et soeurs. Ils viennent rejoindre Bernard, le père de famille qui a été affecté ici et a préparé leur installation. Nous sommes fin août 1983. Latzari est subjugué par la chaleur, les couleurs, les odeurs de cette nouvelle terre d'accueil.
Au collège, elle se fait très vite de nouveaux amis. Sa bande ! Elle grandit avec eux et se fabrique un monde bien à elle.
Latzari a 15 ans, la communauté française s'amuse, s'enivre, rit. Tout est joyeux et Latzari aime cette ambiance, elle aime écouter de la musique, jouer la comédie, danser.
Tout paraît léger et idyllique mais une ombre menaçante pèse sur cette adolescente apparemment bien dans sa peau. Celle de son père. Son père, si proche d'elle. Trop proche d'elle.
La découverte des 1ers émois amoureux couplée à la découverte d'une lettre de son père lui servira de déclic. Elle qui jusqu'à présent faisait tout pour maintenir le fragile équilibre de sa famille et préserver « son pauvre petit papa », décide de dire non.
La plume de l'auteure est magique ! Tour à tour solaire et grave, elle nous emporte dans un tourbillon d'émotions. La nostalgie des années 80 est très présente et très plaisante. Mention spéciale à la playlist qui figure en fin de livre.
Ce roman, à la thématique douloureuse est également porteuse d'espoir. Latzari subit mais pas seulement. Son désir de vivre et d'exister la sauvera.
Ce premier roman m'a beaucoup touchée. Il est puissant.
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Constantine en 1986 : Bernard Luma vient d'être nommé chef d'escale à Air France et il accueille sa famille qui arrive du lieu de son dernier poste à Madrid ! Il y a Soledad son épouse d'origine espagnole qui pratique le yoga, l'aînée Latzari 12 ans ; Alexandre, Lilli et Marie. Ils vont rejoindre le cercle fermé des expatriés qui vivent confortablement dans leur bulle, s'invitent pour les fêtes, vont passer les week-ends à la mer, et Latza va vite se faire des amies ( Béatrice, Olivia, Sandrine ) : elle va à l'école française, fréquente le Centre culturel.
C'est une gamine vive, enjouée qui aime rire, danser, chanter, s'amuser, faire des boums..mais dans la bulle familiale, son père qu'elle adore vient subrepticement la rejoindre pour l'abuser sexuellement et, ce depuis ses 3 ans, mais elle continue de mener sa vie d'ado en gardant ce secret au fond de son coeur.
Les années passent et, lors de ses premiers émois avec Gabriel : elle décide de réagir et de se refuser à son prédateur d'autant que, la vie devient difficile en Algérie car les français sont menacés par la population algérienne ! Il est temps de partir et surtout de changer de vie en allant en France réaliser ses rêves de théâtre chez sa grand-mère paternelle.
Un roman aussi sombre que lumineux avec les heures de bonheur dans ce pays qu'elle adore et le secret qui a brisé toute son enfance....
Maïté Laplume a écrit dans son premier roman ( 2021) une histoire touchante sur un sujet délicat et malheureusement trop souvent occulté sur l'inceste !
L.C thématique d'octobre 2022 : un VERBE dans le titre.
Challenge ABC : 2022/2023
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« Et pourtant, elle tourne » est un récit en partie autobiographique. Court, mais puissant, bouleversant, plein de vie, de force et de courage.

Le personnage principal est une jeune fille, Latzari Luma. Fille ainée d'une fratrie de quatre, son père est chef d'escale chez Air France et sa mère, d'origine espagnole, est professeure de yoga.

Le travail de Bernard, le père, oblige cette petite famille à déménager tous les trois ans, les entrainant aux quatre coins du monde. Pas d'attaches, pas le temps de s'enraciner quelque part, et la nécessité de s'adapter très vite, quitter sans regrets, se laisser porter par le courant.

L'histoire commence en 1983. La famille débarque à Constantine, en Algérie. Latzari a 12 ans.

Cette adolescente pleine de vie nous confie des bouts de sa vie durant ses trois ans de passage en Algérie.

En lisant ce récit, on a très vite l'impression de se fondre dans un monde schizophrène. Une vie avec deux dimensions parallèles qui se côtoient. Laquelle est plus réelle ? Laquelle doit rester secrète ? Comment continuer à avancer, à tracer son chemin ? Faut-il oublier ? Pardonner ?

Latzari et sa famille fait partie du petit monde des expatriés étrangers. Elle évolue dans cette bulle quasiment coupée des habitants du pays, avec très peu de vrais contacts finalement avec les algériens. Elle fréquente, avec son frère et ses soeurs, les écoles françaises, le Centre culturel français, elle a des amis français, profite de son adolescence en organisant des boums, fume en cachette.. etc

Les adultes font de même. Ils ont recréé un univers occidentalisé sur une terre musulmane, une terre qui tremble et se fissure, une terre qui se dirige tout droit vers une guerre civile. Mais la guerre, ce sera pour plus tard, la famille et tous les expatriés auront déserté les lieux depuis longtemps.

L'autre dimension de vie parallèle c'est la relation que Latzari entretient avec son père… ou plutôt que son père entretient vis-à-vis d'elle depuis qu'elle a trois ans. L'inceste.

Tout le roman est ponctué de scènes d'inceste qui s'égrainent par petites touches, depuis la toute première fois, jusqu'à l'adolescence de cette jeune fille. Là on entre dans la complexité de ce type de relations. le secret, la domination, l'attirance malsaine et le sentiment de ne rien faire de mal, le chantage affectif… et puis de l'autre côté, le dégoût, l'incompréhension, la soumission, la volonté de ne pas décevoir et la sidération face à une situation anormale.

Peut-on comprendre ou expliquer ce qui se passe dans la tête des adultes incestueux ? Je pense sincèrement qu'il y a quelque chose de pourri dans leur cerveau. Ils sont irrécupérables.

La force de ce récit réside dans le courage de cette gamine qui refuse de se laisser aller, une gamine qui ose tenir tête à son paternel et décide de mordre la vie à pleine dents, d'inventer un avenir meilleur pour ne pas sombrer, même si la réalité de ce qu'elle a vécu est passée sous silence, pour ne pas faire de vagues, parce que la vie doit continuer. Une façon de nier sa souffrance. Et pourtant, elle tourne.
Lien : https://lebouddhadejade.blog..
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critiques presse (1)
LaLibreBelgique
05 mars 2021
Sous des dehors légers, "Et pourtant, elle tourne", le premier roman de Maïté Laplume, aborde un sujet grave. Heureusement habitée par une soif de vivre propre à son âge, son héroïne Latzari, 15 ans en 1986, veut en finir avec l'emprise qu'exerce sur elle son père.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
- Ma fille, qu'Allah t'entende ! Tu crois que nous, les femmes, on a le choix ? Tu es bien jeune. Je ne pense pas que tu as vraiment le choix, au fond même si tu crois l'avoir. Mais sache que, nous, ici, nous sommes sous l'autorité et la responsabilité de nos hommes, tu comprends? Nous, on ne fait pas ce qu'on veut, ma fille, on ne fait pas "comme on a envie", comme tu dis.
Elle passe sa main dans mes cheveux, avec une infinie tendresse.
- Ma fille, ah ma fille, si tu savais... Dans mon pays, la Constitution dit que la femme est un être inférieur, un être qu'il faut protéger. C'est ça, protéger...
Un drôle de silence s'est installé. Et la femme continue ses caresses, entamant sa complainte.
- Protéger, éduquer, enfermer, dominer, écraser, manipuler... ( elle se tait un instant.) Mais c'est pour notre bien, ma chérie. Nous avons tenté de nous défendre. Nous avons manifesté. Rien n'y a fait. Nous sommes encore plus soumises qu'avant. Soumises, mais unies.
( p 61)
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Je le découvre, la mine livide. Et ce regard, à la fois désespéré et suppliant, je le connais. Je le connais trop bien. Pas de petit papa. Cet homme qui a la faveur de la nuit, se change en un ogre au teint cireux, aux yeux vitreux, je le reconnais. Ce monstre que je pensais fondu au soleil de l'Algérie : il est bien là, devant moi.
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Nous ne sommes pas déracinés, nous sommes des plantes hors-sol, des tillandsias, filles de l'air qui s'ancrent dans le vent et poussent sur des roches. Nous ne prenons jamais racine, nous voguons allègrement, avec en ligne mire, une maison en France, où nous ne faisons que passer, qu'on appelle "chez nous". Vous êtes d'où ? on est de là-bas.
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il est assez rare d'y croiser des Algériens. les bungalows sont loués à l'année et pris d'assaut par les travailleurs français, les coopérants, les professeurs d'université. A Constantine, et a fortiori à Tanamart, on ne se mélange pas : on vit en bonne entente, mais on se fréquente peu. On emprunte les mêmes rues, mais sur des trottoirs parallèles.
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Puis délicatement, presque au ralenti, il dévisse le zoom, le pose au sol, fixe un objectif et prend la photo, de mes jambes, de mes fesses sous la culotte immaculée, de mon ventre, de mes lèvres posées sur le velours, de ma peau alanguie, de la femme que je ne suis pas.
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