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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Fabrice Lardreau voit la vie en roux, c'est peu de le dire. A la fois couleur de la beauté, de la sensualité, voire de la sexualité mais aussi de l'ensauvagement, le roux nous enveloppe de ces différentes tonalités, depuis les reflets auburn flamboyants jusqu'au morne et monochrome sépia, dans ce livre étonnant que nous pouvons qualifier de fable.

« le ciel abandonne sa grisaille, adoptant une teinte rubigineuse qui imprègne les toitures, les façades des immeubles et la chevelure des lutéciens : la plupart d'entre nous avons des reflets auburn. Nous n'y prêtons plus attention, du reste, cette couleur étant devenue naturelle. Nous habitons la cité sépia, ensevelie sous la rouille, prisonnière d'un collier de feu ».

Une fable prenant tour à tour des allures de polar, de thriller politique, de récit écologique, de satire sociale, de conte fantastique rappelant immédiatement la métamorphose de Kafka. Voire de roman d'anticipation, grand remplacement et grand effondrement planant en effet en filigrane. Et c'est là que le bât blesse, ce petit livre, en voulant traiter de trop de thématiques, même instillées à faible dose, en dilue son message. Comme si ce livre n'avait pas réussi à trouver son genre, hésitant. C'est dommage car je l'ai trouvé agréable à lire et ce fut globalement une assez bonne surprise.

Le livre commence tambour battant avec un homme sous la douche pris au piège alors que deux tueurs l'attendent sur le palier de son appartement… Patrick Amiot, se remémore alors ce qui a bien pu le mener jusqu'à cette situation désespérée. Dans une ville appelée Lutetia (il s'agit tout simplement de Paris dans un avenir plus ou moins lointain), Christian Maupertuis dirige une multinationale chargée de la construction du Grand Métro. En homme d'affaires avisé, il balaie tout ce qui entrave ses projets et n'hésite pas à s'allouer les services d'un tueur à gages pour supprimer tout obstacle à l'expansion de son empire, du militant écologiste au défenseur des droits de l'homme.
Solitaire et désabusé, cynique avec la société et les femmes rencontrées, Patrick Amiot, qui a été l'ami d'enfance de Christian Maupertuis, exécute cette mission sans états d'âme et en toute impunité. Jusqu'au jour où les renards envahissent la ville, ensauvagent les habitants et paralysent le chantier. Objet de tous les fantasmes, objet de haine et de convoitise, cristallisant les peurs et les passions, la bête rousse provoque une véritable guerre urbaine. La capitale devient un terrain de chasse, le théâtre d'un affrontement social où l'homme et l'animal se confondent jusqu'à s'intervertir. le renard a réveillé chez les citadins leur part sauvage dont la ville les avait castrés, anesthésiés.

« On évoquait d'abord une mutation comportementale : ses liens s'étaient resserrés avec l'homme, qui avait commis l'erreur de le nourrir, de le caresser, l'intronisant animal de compagnie, Goupil n'avait plus peur de notre espèce, déchue de son statut vertical. Désormais sans crainte, il nous voyait comme des égaux et, qui sait, dans un avenir proche, peut-être comme des rivaux…Il n'hésiterait plus à se mesurer à nous, adversaire courant les rues et les souterrains, engageant une guerre des espèces à l'issue incertaine. A ce conflit larvé s'ajoutait la menace invisible : l'eau courante et la chaine alimentaire, affirmait-on, étaient souillées par des maladies que répandait le Roux ».

J'ai trouvé intéressante la façon dont l'ensauvagement progresse dans la ville, suite tout d'abord à de petites nuisances sans gravité mais qui vont s'accumulant, puis suite à des attaques de renard. Ce processus d'ensauvagement alors enclenché est bien décrit, depuis la simple méfiance en passant par la volonté de déplacer l'animal, puis de l'exterminer jusqu'à la métamorphose. le plus sauvage n'étant pas forcément celui que nous croyons. Intéressantes aussi les digressions sur le renard et notamment sa place dans la littérature, l'auteur, du moins Patrick Amiot dans le récit, prenant même la liberté de déclarer niaise l'histoire du petit Prince…

Quant à la rousseur évoquée en tout début de chronique, elle reste uniquement à but esthétique, instillant cependant une certaine ambiance étonnamment féline. C'est un aspect du livre, pourtant éminemment secondaire, qui m'a plu.

Une fable qui n'a pas réussi à trouver son genre, survolant de ce fait trop de thèmes, néanmoins bien écrite et même agréable à lire, sur le thème de l'ensauvagement, voilà un livre que je n'aurais pas lu sans masse critique. Je remercie donc chaleureusement Babélio et les éditions Artaud poche pour l'envoi de ce roman reçu dans le cadre d'une masse critique privilégiée.

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Le roman du renard urbain.

Polar noir, social, et fable écologique, mêlé de cynisme, de questionnement sur le futur de nos milieux de vie.

L'homme et l'animal face à face, qui est qui ? « En roux et noir, j'exilerai ma peur…en roux et noir, mes luttes mes faiblesses… »

L'histoire se déroule dans une ville nommée Lutetia. le projet de construction du Grand Métro, chantier d'envergure, semble compromis par des circonstances aux tons gris, vert et roux…

C'est Goupil qui donne le ton… Quand on arrive en viiiille… Et quand le Renard arrive en ville, ensauvagement et affrontement en perspective.

« D'habitude, le renard est plutôt méfiant, farouche, il a peur de l'homme ».

L'homme étant un loup pour l'homme, certains sont aux portes de chez Patrick Amiot, solitaire désabusé, peu scrupuleux chargé de missions particulières auprès de la Compagnie, entreprise en bâtiments dirigée par un homme d'affaires richissime, Christian Maupertuis, sans état d'âme et ne lésinant sur aucun moyen…
Alors traquenard ou traque au renard ?

Faune fauve, proies et prédateurs, ironie sarcastique. Intrigant et diffusant une ambiance malaisante.

« le Roux surpassait tout le monde, dans mon esprit, y compris le loup (…) Comment le formuler ? »

Atmosphère en « roux » libres pour ce roman découvert grâce à une masse critique privilégiée, très en dehors de sentiers battus. Alors merci beaucoup à Babelio et aux éditions Arthaud poche.

Le genre n'a pas forcément ma préférence, mais le rythme est intéressant ainsi que les sujets abordés, l'ensemble ayant capté mon attention pour une lecture fluide.
J'ai toutefois eu beaucoup de mal avec la taille de la police d'écriture, trop petit !!! Un détail, mais qui m'a fait peiner.

Par ailleurs, j'ai repensé, à la fin de ma lecture, aux animaux que l'on a pu voir durant le confinement dans les villes du monde entier, l'espace urbain extérieur alors vidé de toute présence humaine.
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Un moment un peu hors du temps avec cette fable dystopique...

Fabrice Lardreau sait manier le suspense et joue habilement sur plusieurs temporalités. Et dans chacune d'elle, il sème des graines dont on a hâte de connaître l'issue. C'est la raison pour laquelle j'avais le sentiment de ne pas tellement comprendre un certain nombre de choses au début. Mais, ça n'était pas moi, c'était en réalité voulu. Pas mal joué !

Le narrateur, anti-héros par excellence, était sombre, d'un cynisme presque malaisant, d'une cruauté dérangeante. Vraiment très antipathique ! On ne peut pas dire, de manière générale, que c'est une lecture plaisante, on en sort même un peu bizarre... Elle est également assez accrocheuse et fait réfléchir (comme bon nombre de dystopie), cela est sûr.

De l'écologie jusqu'à l'urbanisme, du"gavage" des multinationales avec exploitation des ouvriers (entre-autres) jusqu'à la folie humaine ; il y a de quoi faire.

Merci aux Editions Arthaud et à cette masse critique privilégiée !
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Je remercie Babelio et les éditions Arthaud pour ce livre reçu dans le cadre d'une opération Masse Critique.
Livre à multiples facettes, qui n'a pas choisi son genre. On est entre un polar, une dystopie, un roman écologique, un conte... Parce que le Renard est utilisé par l'auteur à de multiples fins. Il est à la fois prédateur et proie, l'homme devient progressivement prédateur et proie lui aussi. Dans une guerre de classes, dans un monde irrespirable, qui pue de plus en plus. Dans un Paris qui se cherche une ambition supérieure, Lutétia...
Le livre est aussi un questionnement sur ce qui déclenche l'horreur, ce qui transforme un individu, ce qui modifie une trajectoire.
L'écriture ne regorge pas de métaphores ou d'effets de style, elle est plutôt neutre, mais ce n'est pas du tout mal écrit non plus.
De ce livre, je ne peux pas faire fi de la filiation avec Rhinocéros de Ionesco, avec l'Aveuglement de Saramago, d'une certaine façon aussi la Peste de Camus... Et de tout livre inquiétant quand à la moralité et folie de l'humain.
L'esthétique rousse du goupil est un artifice relativement bien exploité par l'auteur. Mais elle n'est que secondaire. C'est pour mettre de la forme. Dans un texte qui semble à la fois partir dans tous les sens et en même temps qui ne semble pas sans maîtrise.
Seul son auteur le sait.
Le lecteur appréciera peut-être, mais ce n'est pas certain. Et me concernant, j'oublierai relativement vite cette lecture, qui n'a pas été assez loin dans ses ambitions.
Concernant l'objet matériel, je regrette très fort la taille bien trop petite des caractères, tout le monde n'a plus un oeil de lynx... Et tout me monde n'a pas envie d'employer un.e loup.e. A bon entendeur.
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Merci à Babelio et aux éditions Arthaud Poche pour l'envoi de ce roman dans le cadre d'une masse critique privilégiée.

Début du roman : deux hommes viennent sonner chez Patrick, qui garde le silence pour ne pas leur ouvrir... que lui veulent-ils ? Que signifie cette atmosphère menaçante ?... L'action se déroule dans une ville imaginaire, Lutetia, derrière laquelle on reconnaît sans mal ce que pourrait devenir Paris dans un avenir plus ou moins proche.

Le narrateur, Patrick, est chargé de mission à la Compagnie. Il a en charge la sécurité et la surveillance du chantier de constructions d'édifices à but bien particulier : y faire disparaître les "importuns". le PDG de la Compagnie, Christian Maupertuis, est un ami de Patrick depuis l'adolescence. Quelques mois après le début des travaux initiés par la Compagnie pour la construction du Grand Métro, un nuage de particules rousses apparaît au dessus de la ville, visible tous les jours aux alentours de 11h et colorant tous les bâtiments et le paysage urbain d'une teinte rousse.

Par ailleurs, un attentat terroriste d'une ampleur inouïe provoque l'effondrement du périphérique. Dès lors, la nature reprend vite ses droits et des renards investissent la ville, se multipliant de manière exponentielle. D'abord sous le charme des goupils, les habitants prennent peu à peu conscience des fléaux qui les menacent...

Difficile de classer ce récit dans un genre : fable, dystopie, policier... C'est ce qui m'a déconcertée tout au long de ma lecture. le récit m'a fait penser par moments à Matin Brun de Pavloff, par l'évocation d'un régime autoritaire et l'ambiance apocalyptique. J'ai cependant eu du mal à me retrouver dans la construction de ce roman.
Cette édition poche est à réserver aux lecteurs dotés d'une bonne vue, les caractères étant vraiment petits.
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Dans un futur proche, un projet urbain de grande ampleur se voit mis à mal par l'invasion de renards dans la métropole. le narrateur, Patrick, homme de main du grand patron de la Compagnie responsable projet, est un type sans scrupule qui obéit parfaitement aux ambitions prédatrices de son employeur et élimine sans sourciller le moindre obstacle au projet. J'ai beaucoup aimé le cynisme de ce petit roman, dans les noms de "Grand métro" et "Lutetia" (de Lutèce, nom romain de Paris). Ces allusions à peine voilées à l'urbanisation galopante et ravageuse bien réelles de la métropole du Grand Paris sont servies avec un ton grinçant très bien porté par le détestable personnage principal. Je n'ai pas trouvé le roman exceptionnel mais il a bien nourri ma colère contre ces grands projets absurdes, et je ne regrette pas de l'avoir découvert.
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