On est prévenu dès l'intro : cette lecture ne sera pas facile...
Effectivement ! Mais elle reste passionnante quant à toutes ces notions archéologiques, totalement liées à l'enquête suivie au second plan.
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Les archéologues, qui accusent les astronomes de déchiffrer et d’interpréter les gravures rupestres à partir de reproductions livresques plutôt que d’étudier les pierres elles-mêmes, interprètent pour leur part les gravures rupestres à partir de cartes du ciel et de traités d’astronomie au lieu d’étudier le ciel par eux-mêmes.
Il faut des connaissances d’astronome ou de longues années d’étude approfondie de la voûte céleste pour savoir qu’une étoile basse sur l’océan sera affaiblie d’au moins 6 degrés de magnitude par rapport au moment où elle est haute dans le ciel, même dans les meilleures conditions d’observation. À l’inverse, il faut être un archéologue spécialisé dans les gravures rupestres pour savoir qu’un rocher gravé ne représente pas toujours une image complète, mais se compose souvent de motifs exécutés successivement, au cours de différentes périodes de l’âge du bronze.
Il lui avait fallu beaucoup de temps pour comprendre cette mélancolie si particulière, qui empêchait les gens d’être vraiment présents et faisait d’avance envisager les choses avec le vague à l’âme de la démission. Alexandra s’imagina avec les années qu’elle finirait par saisir tout ça, mais malgré certains progrès, elle en restait toujours à un niveau totalement académique. Probablement existait-il une latitude en Europe qui prédestinait à cet état, cette malédiction comme l’appelait Thomaz. Ce citadin moderne plongeait dans une dépression aiguë en s’installant dans l’hiver.
Alexandra parlait d’une époque qu’au fond, elle ne concevait pas. Elle n’était pas seule à avoir des origines étrangères, mais même une personne plus jeune née dans ce pays éprouvait des difficultés à se représenter les mécanismes qui avaient bouleversé la vie des gens durant cette période. L’Occidental contemporain n’est pas familiarisé avec l’idée que des circonstances extérieures puissent influencer son destin. Que quelque chose venu de l’extérieur puisse menacer la conception et l’exercice d’une liberté individuelle totale. Pour Anton, c’était différent. Il l’avait vécu.
Si désormais les gens se donnent la peine de coucher par écrit des informations censées permettre à ceux qui les découvriront d’élucider le meurtre dont ils ont été victimes, on serait en droit d’espérer qu’ils s’expriment un peu plus clairement que notre ami Klein.
Il n’y a pas d’état paradisiaque. Il n’y a pas de châtiment. Et il n’y a pas de souffrance. Car il n’y a pas de Dieu. Il n’y a que des questions. Et très peu de réponses. Il y a deux grandes questions ici-bas. Et une seule a un sens.