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Trilogie de Tora tome 3 sur 3
EAN : 9782742733316
345 pages
Actes Sud (01/05/2001)
4.21/5   79 notes
Résumé :
Tora a avorté du bébé que lui a fait Henrik, son beau-père. Elle a dissimulé ce petit " oisillon " sous un monceau de pierres, espérant enfouir en même temps la culpabilité et la honte que lui inspire son propre corps. Or c'est bien en elle-même, dans un lent épanouissement physique et dans une fragile réconciliation avec la sexualité, qu'elle va trouver la force de s'imaginer un destin moins cruel. Troisième et dernier volet d'une histoire riche en événements autan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
La littérature scandinave est à la fiction ce que le piment d'Espelette est à la cuisine française. Une petite dose d'originalité et de piquant qui possède l'indéniable faculté de contraster la perception de nos sens élémentaires.

La trilogie de Tora nous transporte vers un monde différent, magique, au bord du cercle polaire, celui des Vikings et d'une terre hostile et sauvage ou l'on survit au sein de traditions millénaires. Mais ici point de grands guerriers (et de guerrières…) dans cette fiction contemporaine qui aborde le sujet délicat des enfants – 12 000, paraît-il – nés des amours entre soldats allemands et femmes norvégiennes durant l'occupation allemande. La très jeune Tora en fait partie, comme l'auteure, qui nous le révélera ensuite dans son roman « Cent ans », et devra vivre avec cette croix dans le petit village de Vaeret. Il n'y aura malheureusement pas que cela. Elle sera victime d'abus sexuels pendant son enfance – comme l'auteure, encore une fois, ce qui en fait une trilogie fortement autobiographique – et l'horreur de la situation la transformera mentalement à jamais.

Le résultat est très sombre, malgré l'apparente légèreté de ton, et l'ambiance fortement oppressante. La lecture s'effectue le souffle court et le malaise s'installe longtemps après la dernière page tournée.

Au-delà de cette horrible tragédie, qui nous montre à quel point les hommes peuvent être nocifs quand leurs pulsions écartent toute logique et toute humanité, en guise de triste rappel de nos faiblesses, l'oeuvre de Herbjorg Wassmo est magnifique. Elle transpire d'une naïveté aussi simple que forte, aussi profonde qu'intelligente (les choses les plus simples ne sont-elles pas les plus perceptibles ?), ce qui lui permet de nous transmettre une culture à mille lieues de notre influence latine. le chemin qu'elle s'emploie à suivre est tortueux, dérangeant, heurte notre puérile logique, mais reste conforme au contexte et à sa perception personnelle de l'épreuve. La violence des mots contrebalance la sublime beauté des paysages, et le résultat est époustouflant, la recette subtilement dosée. le piment d'Espelette est raccord…

C'est sur ce point qu'elle fait mouche, à l'instar de l'immense Selma Lagerlöf ou le non moins excellent Pär Lagerkvistle nain » me fait encore frémir…).
La littérature scandinave est à part. Ce monde est différent, il façonne les hommes à son image. La parole est courte, tranchante, percutante, rarement superflue, et les manières comme les regards ont autant d'importance. La nature, omniprésente, règne en maître, elle dirige la vie des personnes qu'elle nourrit, elle véhicule des légendes millénaires et nous fait vivre au rythme des saisons, ce que nous oublions parfois de suivre.
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Cette dernière partie de la trilogie m'a définitivement séduite ! Après avoir vécu une véritable déflagration intérieure,Tora s'enfonce dans la file. Rakel, s tante,tel Orphée va l'y rechercher pour la ramener avec tendresse et délicatesse à la lumière. On assiste alors à la métamorphose de la jeune fille, à son affirmation très singulière qui ne laisse guère espérer une issue sereine. C'est avec une plume et une sensibilité magnifique que L'auteure nous traduit les méandres de l'âme humaine. Je recommande vivement cette lecture à tous les adeptes des romans psychologiques. Cette trilogie allie poésie,psychologie et plaisir de la belle écriture. Tora et son univers restent gravés en moi...
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Ce dernier volume est d'une force incroyable. Tora suite à son monstrueux accouchement prématuré et solitaire enferme d'abord son bébé oisillon dans le placard et ira l'enterrer sous un monceau de pierres. Elle devient totalement dépressive à la limite de perdre la raison. Mais Rackel va la sauver doucement grâce à la parole retrouvée entre elle deux. Mais le malheur n'en a pas fini, quand sa tante décède, Tora est tellement brisée qu'elle devient à la fois elle-même et sa tante comme une schizophrénique et puis elle entend des voix. Elle finira par se suicider car personne ne voie son immense détresse. Une terrible histoire sans rédemption et sans résilience. Je n'ai jamais cru au vieil adage « ce qui ne te tue pas te rend plus fort. La souffrance affaiblit, dévore et détruit et même si l'on n'en meurt pas, elle nous déchire l'âme, nous enferme et nous rend indifférents au monde afin d'éviter de souffrir plus encore.
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A la fin du tome précédent Tora, violée par son beau-père, a accouché seule d'un enfant qui est mort et dont elle a dissimulé le corps. La honte et la culpabilité la mènent au bord de la folie. La visite de sa tante Rakel à qui elle arrive enfin à confier les abus dont elle a été victime pendant des années lui permet de reprendre pied. Son expérience traumatique lui vaut de porter un regard d'une lucidité implacable sur les gens qu'elle côtoie.

La tante Rakel est le second personnage important de ce volume. Elle souffre d'un cancer de l'intestin mais son mari, Simon, est incapable d'accepter la maladie de sa femme. Rakel se soigne donc seule, dissimule ses douleurs et console Simon quand c'est elle qui aurait besoin de soutien. de même Jon, le petit ami de Tora, n'est d'aucun secours à celle-ci. Les hommes nous sont ici présentés comme de grands enfants.

Après deux tomes où je me suis attachée à l'héroïne, une jeune fille courageuse et volontaire, j'avais espéré un dénouement positif pour elle mais la fin est terrible. Malgré la grande noirceur de ce roman j'en ai apprécié la lecture. L'autrice écrit excellemment et manie des images insolites pour donner à ressentir les sentiments et les sensations de ses personnages :

« C'est alors que parut le soleil du soir. Non pas brusquement entre deux nuages, comme d'habitude. Mais lentement, hésitant, rayon après rayon jusqu'à ce que le disque entier éblouisse la vue et la fenêtre. La chaleur recouvrit son visage comme une peau. Puis il disparut derrière les rideaux et le mur de l'appentis aussi lentement qu'il était venu. Elle remarqua à peine le changement avant qu'il disparaisse complètement. La pièce se dessina clairement et la fraîcheur de son vide se referma sur elle. Elle fut touchée par les plantes devant la fenêtre qui recherchaient désespérément leur propre ombre. »
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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C'est avec un pincement au coeur que j'ai laissé Tora à l'issue de la lecture du dernier volet de la trilogie dont elle est l'héroïne.
Pour résumer l'opus précédent sans trop en dévoiler, Tora a quitté son île du nord de la Norvège pour aller étudier sur le continent. Elle a ainsi laissé derrière elle un beau-père alcoolique et maltraitant, et une mère trop épuisée, trop recroquevillée sur son sentiment d'infériorité pour s'apercevoir de quoi que ce soit. Traumatisée par ce qu'elle a subi, Tora dérive vers la folie, son mutisme et son apparente indifférence au monde dissimulant des angoisses obsessionnelles et un profond mal-être s'exprimant notamment à l'occasion de cauchemars aussi prégnants qu'effroyables.

C'est une fois de plus la tante Rakel qui prend les choses en main en lui rendant visite, inquiète du silence de sa nièce et de son refus de rentrer à Vaeret pour les vacances. Tora lui confie le secret qui la torture depuis si longtemps, et Rakel, avec sa force, son intelligence et son extrême empathie, sait trouver les mots pour que la jeune fille entame une possible reconstruction et se libère de tout sentiment de culpabilité.

Tora apprivoise certaines de ses peurs, trouve une nouvelle assurance et une sorte de maitrise dans ses relations avec autrui, mais son équilibre est fragile, car fondé sur un subterfuge qu'alimente le déni, non pas tant de ce qu'elle a vécu, que de qui elle est réellement. Son cheminement en quête de soi est bancal, contraint par son positionnement vis-à-vis de modèles féminins dont elle ne parvient pas à se détacher, qu'elle s'y identifie ou qu'elle les rejette.

Pendant ce temps, sur l'île pour laquelle la jeune fille éprouve un dégoût grandissant, Rakel lutte contre un mal devenu insupportable, dont elle tait la gravité et l'inéluctable issue à son entourage. Ingrid souffre de la distance que lui impose Tora, qui n'est pas que géographique, mais s'exprime par un détachement presque méprisant, qui révèle le gouffre installé entre sa fille et une mère étrangère au secret qui l'a détruite et qui, incapable de se sauver elle-même, n'a pas su la protéger. La femme d'Henrik est plus que jamais écrasée par la conviction de son insignifiance, s'enfermant elle-même dans le rôle de celle qui, fade et morose, est faite pour être négligée. Rakel, la solaire, qui a toujours été la préférée, a fini par la déposséder de sa fille… Quant à Henrik, il se révèle dans ce dernier opus à la fois repoussant et pitoyable, démuni car rattrapé par ses fautes et continuant pourtant à ne se considérer que comme une victime.

Cette trilogie m'aura passionnée et émue jusqu'au bout, et rendue admirative de la capacité de l'auteure à allier simplicité et intensité dramatique, à mettre en évidence la complexité et les obsessions de ses personnages sans se livrer à de tortueuses analyses psychologiques.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Le fait d’avoir un cancer m’a en quelque sorte apporté plus de sagesse. Je sais que les gens n’osent pas en parler, prononcer le mot. Mais je crois que la maladie et la douleur nous sont données pour que nous puissions ressentir de la pitié envers les autres. On doit – dans un sens – se connaître soi-même et oser fouiller dans les recoins les plus obscurs, pour enfin comprendre les autres.
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Elle savait, sans y avoir spécialement réfléchi, que Mme Berg était quelqu’un qui désirait être à la hauteur – qui désirait se conduire avec sagesse. Y employant tellement de temps et d’énergie qu’elle en oubliait de vivre.
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Tu verras, ce que la vie t’a appris te rend supérieure aux autres. C’est ça qui est ton fardeau, Tora. Tu es supérieure aux autres. Tu en sais plus, tu es plus intelligente, que les autres.
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