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3,77

sur 498 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
William E. Dodd, ambassadeur des États-Unis à Berlin de 1933 à 1937, était aux premières loges lors de la montée du nazisme en Allemagne. Surnommé « la Cassandre des diplomates américains » après son mandat, Dodd a assisté, impuissant et sans recours de Washington, aux détentions arbitraires, à la persécution quotidienne des Juifs, aux exactions des Sturmtruppen de la SA dirigés par Ernst Röhm, à la Nuit des longs couteaux à la fin de juin 1934 et à la prise de pouvoir par Hitler à la mort du président Hindenburg. La diplomatie a ses limites face au totalitarisme et Dodd aura tenu jusqu'à ce que F. D. Roosevelt se voit contraint, par des pressions internes, de le remplacer.
Dans le jardin de la bête est un récit historique de grande valeur, basé, entre autres, sur la correspondance échangée entre les hauts fonctionnaires américains, sur certains témoignages des acteurs de l'époque, tels Rudolph Diels, directeur de la Gestapo et Martha Dodd, la fille de l'ambassadeur et sur les travaux de l'historien Ian Kershaw. Cette période bouleversante de l'histoire moderne a été traitée de diverses façons mais Erik Larson se démarque par le biais qu'il a donné à son ouvrage et la vivacité de son écriture. Et si on connaît l'issue désastreuse des événements, ceux-ci, racontés au jour le jour, donnent encore froid dans le dos. À lire absolument pour une vision plus globale de la Seconde Guerre mondiale.
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Ce roman est en quelque sorte un "thriller" historique.Erik Larson reconstitue ,grâce à une documentation très complète,la première année de résidence à Berlin de William E Dodd (ambassadeur américain) et de sa famille ,en 1933.
Hitler,de simple chancelier,devient un tyran absolu,l'Europe et l'Amérique fermant les yeux sur les massacres perpétrés sous prétexte de ne pas interférer dans les affaires d'une nation étrangère.Les 2 fils rouges de l'histoire sont le père et la fille qui ,à travers un cheminement différent,vont ouvrir les yeux sur l'enfer du nazisme,alors que chacun aimait l'Allemagne_le père grâce à de bons souvenirs du passé,la fille par le biais de la vie que ses amants nazis lui font vivre_.
Un roman palpitant qui m'a permis de réaliser que je ne savais rien de la montée du nazisme malgré tout ce que j'avais déjà lu.
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Imaginez que vous êtes professeur à l'université de Chicago, professeur d'histoire qui plus est, d'origine modeste, guère riche et sans poids politique, et que le Président Roosevelt en personne vous propose le poste d'Ambassadeur à Berlin. Alléchant, non ? Sauf que nous sommes en juillet 1933 et que William Dodd, sa femme, sa fille Martha et son fils Bill, s'apprêtent à vivre la période la plus mouvementée de leur vie.

Voilà un récit historique de plus sur cette période que j'affectionne particulièrement, cherchant inlassablement à comprendre, dans ces livres et dans des romans comme ceux de Philipp Kerr, comment l'europe entière et les Etats-Unis ont pu être assez naïfs pour croire que le régime nazi ne pourrait pas perdurer plus de quelques mois, et en conséquence, ne rien tenter pour arrêter Hitler.

Je ne referais pas un cours d'histoire en guise de chronique, je me contenterai donc de souligner les éléments qui me semblent les plus intéressants. Intéressants dans la mesure où certains faits sont peu connus du grand public ou rarement traités en littérature. Ici, l'auteur est américain et décrit le quotidien d'un universitaire américain catapulté au poste d'Ambassadeur en une période fort troublée. Nous avons à la fois un témoignage direct d'une personne qui a vécu les événements au coeur de Berlin, suffisamment lucide pour se rendre compte (au bout d'un certain temps) de la puissance vénéneuse du Chancelier allemand, et pourtant légèrement déformé par les propres préjugés de Dodd (tenant à sa culture et à sa nationalité), un portrait sans ambiguité de l'élite américaine elle aussi gangrenée par un antisémitisme plus ou moins clairement exprimé ou avoué.

Il faut lire les comptes rendus de conversation entre les supérieurs de Dodd, le secrétaire d'Etat et divers hommes politiques constatant sans honte que la situation en Allemagne fut provoquée par les Juifs eux-mêmes, ces derniers s'étant accaparés les meilleurs postes de la vie publique à Berlin !! Les clichés sur les Juifs, véhiculés par les Allemands, étaient repris aux USA, y compris par une large partie de la population !

Au fil du récit, on assiste, médusé, à l'enchaînement d'événements de première importance et parallèlement au décalage produit par la vie quotidienne de Dodd. Pendant plusieurs mois, celui-ci s'acharne à souligner à ses supérieurs le train de vie excessif du personnel de l'Ambassade, alors que lui-même se déplace le plus souvent à pied et utilise encore sa propre voiture ramenée des USA. Cela peut paraître anecdotique, mais cela révèle un profond manque de clairvoyance. Au contraire, George Messersmith, le consul général Américain, clamait que que "le nouvel Ambassadeur devrait être un homme doté d'un caractère bien trempé, capable de faire valoir les intérêts et la puissance des Etats-Unis, car la puissance était tout ce que Hitler et ses sbires comprenaient". Plutôt raté... de même, Dodd minimisait le plus souvent possible les agressions dont étaient victimes les expatriés américains pour ne pas envenimer les relations entre les USA et l'Allemagne qui devait rembourser une dette colossale à ces derniers.

Sa fille Martha, autre personnage important de ce récit, multipliait les flirts aussi bien avec ses compatriotes, qu'avec des dignitaires nazis (il faut lire ses souvenirs à propos de sa relation avec Rudolf Diels, alors à la tête de la Gestapo !) et vivait avec les mêmes oeillères que son père (elle avouait elle-même être "un peu" antisémite). Il lui fallut un grand laps de temps et un événement particulier pour réaliser, enfin, la nature monstrueuse des lois et règles qui régissaient la vie des juifs. Avant cela, il y eut les nombreuses soirées, réceptions et dîners passés par la famille Dodd à côtoyer les grands noms du régime nazi et entre autres, Goring. Larson raconte d'ailleurs un épisode aussi surréaliste qu'effrayant, lorsque Goring organise une cérémonie visant à transférer, en grande pompe, chez lui la dépouille de sa défunte épouse.

C'est donc un récit historique, sobre et fourmillant de détails, qui éclaire la vie à Berlin dans les années 30 sous un angle nouveau, plus terre à terre et presque détaché, car les protagonistes qui furent les témoins (Larson a puisé dans les journaux intimes et mémoires de la famille Dodd) de ces événements n'avaient pas réellement conscience de ce qui se jouait à l'époque. Ils le comprirent trop tardivement. Et cette vision tronquée du régime nazi explique probablement pourquoi les autres puissances, et surtout le gouvernement américain, ne surent prendre les mesures nécessaires pour endiguer ce fléau quand il en était encore temps.

Sans vouloir juger les Dodd, j'avoue que ma sympathie va instinctivement à George Messersmith, plutôt qu'à ce modeste Ambassadeur qui m'a laissée plus d'une fois perplexe au fil des pages.

Ce livre est en tout cas un témoignage passionnant sur les événements des années 33 à 37.

Traduction de Edith Ochs.

Grand merci à babelio pour ce Masse Critique !

PS : les droits d'adaptation ciné ont été achetés par Tom Hanks.
Lien : http://lectures-au-coin-du-f..
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Un documentaire écrit comme un roman qui nous plonge dans les les années sombres au cours desquelles les allemands, les autres pays européens et les États Unis, ont assisté sans réagir à la mise en place par Hitler d'un régime de terreur. le récit, très documenté, reprend la vision des évènements de l'ambassadeur des Etats Unis de l'époque, William Dodd. le style est très moyen, mais l'intérêt historique et le point de vue original choisi par l'auteur font de ce texte un document très intéressant et d'un abord très facile.
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une plongée dans l'Allemagne des années 30, juste après l'accession d'Hitler au pouvoir. On y suit le nouvel ambassadeur des Etats-Unis à Berlin qui témoin de la montée de la violence Nazie tente d'alerter Washington. le mépris dans lequel il est tenu par l'establishment américaine qui confine également à une certaine complaisance à l'égard du pouvoir allemand, ne permettent pas à son message d'être entendu. Dans le même temps, sa fille, un brin nymphomane, fraye avec les élites nazies. On les découvre sous un jour nouveau, où décadence, cynisme et violence se mêlent. Autre acteur majeur de ce jeu qui rythmera les relations internationales pendant les décennies qui suivront : l'Union Soviétique. Une fresque fascinante qui se lit avec plaisir.
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J'en viens à me demander si je ne fais pas une fixation sur l'Allemagne du IIIème Reich.
Après avoir lu tous les livres de Philip Kerr et beaucoup apprécié le personnage fictif de Bernhard Gunter, lu avec passion les 1000 pages de Ian Kershaw consacrées à la biographie d'Hitler, je viens de refermer le document d'Erik Larson qui relate l'action de l'ambassadeur des Etats-Unis William E. Dodd à Berlin de 1934 à 1937.
Car il ne s'agit ni d'un essai, ni d'un roman, ni d'une biographie, mais un peu tout à la fois : un travail soutenu de recherche des sources, de recoupements journalistiques, une mise en scène vivante de la période et des sentiments des protagonistes dignes d'un film (il y en a un en préparation !), bien dans la manière de l'ouvrage précédent de l'auteur : « Le Diable dans la ville blanche » que j'avais beaucoup aimé.

Nous voici donc entraînés à Berlin, suivant les traces de cet universitaire modeste, démocrate de l'école de Jefferson, sans éclat, sans fortune, nommé "à défaut" d'autres candidatures par le président Roosevelt à un poste-clé de la diplomatie américaine, alors qu'il n'appartient pas au « petit club » des diplomates de métier. A l'été 1933, William Dodd s'installe à Berlin avec son épouse, son fils Bill Jr. ..et sa fille Martha, 25 ans qui aspire à devenir romancière et laisse derrière elle un mariage raté.

Hitler vient de prendre le pouvoir, dans les rues paradent les odieux SA, on commence à restreindre les libertés des Juifs et on tabasse allègrement dans la rue quiconque ne répond pas assez vite au salut hitlérien.

William Dodd a conservé d'une année universitaire passée à Leipzig une attitude très favorable au peuple allemand et à sa culture. Il ne se montre au début pas hostile aux discriminations auxquelles sont confrontés les Juifs, il trouve même qu'en Amérique aussi, ils ont un peu tendance à devenir trop encombrants … Mais, seul sans doute de sa génération, il va rapidement prendre conscience du climat de terreur larvée, puis plus explicite, qui s'empare du pays sous la botte nazie. Cette ambiance, il n'hésite pas à la comparer à celle de la période de la Terreur sous Robespierre.

Sa fille Martha se montre, elle, au début, tout à fait enthousiaste face à la révolution national-socialiste, et multiplie les liaisons avec des personnalités allemandes de haut rang, des journalistes et de beaux attachés d'ambassade.

L'événement qui constitue le tournant de cette période est la sanglante répression des équipes des Sturmtruppen du capitaine Röhm, entre le 29 juin et le 2 juillet 1934, la « Nuit des longs couteaux ». Combien de victimes, nul ne le sait au juste. Mais il est à noter que nul gouvernement ne rappela son ambassadeur, que la population allemande ne manifesta aucune révulsion, que Hitler put quelques jours après cumuler tous les pouvoirs, remilitariser, agresser l'Europe entière …
Mal vu de ses collègues auxquels il reproche leur manque de rigueur, mal noté de sa hiérarchie, William Dodd est le seul à souhaiter l'abandon de la politique isolationniste de son pays et à prévoir l'imminence du conflit mondial. Sa position d'opposant irréductible, incompatible avec sa mission d'ambassadeur lui vaudra le rappel. Mais une fois sa liberté de parole retrouvée, il se fera le héraut de la lutte contre le nazisme aux Etats-Unis. Quant à Martha, sa fille, elle changera aussi de point de vue jusqu'à se laisser recruter par le NKVD …
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C'est un livre documenté. L'histoire de cet homme Dodd diplomate américain par accident et non par tempérament entre 1933 et 1939. de tous les hommes du moule des diplomates de l'époque aucun ne voulait aller dans ce pays en difficulté financière et en transformation de société. Lui par contre avait plaisir à retrouver l'Allemagne de ses études secondaires. Ancien professeur d'histoire il est tout adapté pour comprendre la langue et leurs moeurs, suivre et négocier si besoin le remboursement de l'Allemagne aux Etats-Unis. Lui-même trouve que les juifs ont trop de pouvoir dans le monde et qu'il faudrait un meilleur équilibre. Mais il découvrira aussi qu'il est le mieux à même de comprendre l'évolution d'une dictature. En y séjournant et côtoyant les dirigeants de l'Allemagne, il devient de moins en moins sympathisant et de plus en plus critique voire écoeuré. On découvre que les gens du ministère américain ne croient pas les alertes de Dodd, voire empêchent Dodd de diffuser ses dépêches. IIs ne sont soucieux que du remboursement de la dette de l'Allemagne envers l'Amérique. Nous découvrons comment les journalistes et les touristes en Allemagne pouvaient être dupés par le renouveau annoncé par Hitler. Et comment le monde entier ne pouvant croire à l'invraisemblable n'ont pas pu réagir assez vite. Un livre émouvant qui nous permet de remettre des éléments d'histoire que j'avais certainement appris mais dont je ne me souvenais plus.
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Je partage donc l'enthousiasme général pour ce livre, merci donc à Masse critique et au Cherche Midi de m'avoir permis de le découvrir ! Mais contrairement à ce que laisse entendre le quatrième de couverture, il ne s'agit pas d'un thriller, ni d'une fiction. Ce documentaire serait plutôt à classer dans la catégorie de biographies croisées : s'appuyant essentiellement sur les notes de William E. Dodd, universitaire américain nommé ambassadeur à Berlin en 1933 et de sa fille Martha, il retrace les itinéraires complémentaires de ces deux personnages. D'un côté l'historien austère, libéral convaincu qu'il suffit de montrer l'exemple aux nazis pour les faire évoluer vers plus de modération, et de l'autre une jeune femme très libérée, fascinée par les beaux militaires d'Hitler... Tous deux confrontés aux premiers mois du pouvoir nazis, inconscients de la nature du péril et très tolérant pour l'antisémitisme. Un récit passionnant, donc, auquel je ferais tout de même deux petits reproches : il manque à mon avis, en début d'ouvrage, une explication du contexte allemand et européen. Autant l'auteur s'étend sur les priorités politiques des Etats-Unis (obtenir les réparations de guerre !), autant les circonstances de l'arrivée au pouvoir d'Hilter sont laissées dans l'ombre. le lecteur doit refaire par lui même une petite gymnastique chronologique pour comprendre comment les différents personnages peuvent être aussi ignorants de la situation... Cette lacune persiste d'ailleurs durant tout le livre : la Nuit des longs couteaux, évènement central du livre, qui fera basculer l'opinion de l'ambassadeur et de Martha, n'est expliqué que par des haines personnelles, sans lecture politique globale. C'est sans doute assez naturel dans une biographie centrée sur d'autres personnages, mais du coup, on peine à comprendre comment ces dignitaires, dépeints comme des fous et des maniaques, ont pu prendre le pouvoir et faire basculer le monde... Néanmoins, je recommande fortement la lecture de ce livre à tous les passionnés d'histoire, de biographies et d'aventure. Et tant mieux si cela incite à aller plus loin.

et , s'appuyant sur les notes de l'ambassadeur Dodd, nommé à Berlin en 1933, de sa fille Martha et d'une foultitude d'autres sources citées très consciencieusement en note,
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Récit historique fort documenté qui comme le souligne P Kerr dépasse la fiction.
la lecture est fluide sauf à certains endroits car les témoignages des différents protagonistes se suivent et parfois se chevauchent.
certains ont vu et vécu les drames et la tragédie en devenir, d'autres ont suivi le cours de leur vie , en particulier, Martha, fille de l'ambassadeur , qui m'a étonné par son manque de lucidité.
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le jardin de la bête, c'est l'Allemagne d'Hitler, mais c'est aussi le Tiergarten dans lequel se croisent diplomates, journalistes, princes, bourgeois.
Ici pas d'histoires romancées à la Philip Kerr, enfonceur de portes-ouvertes, mais un travail drastique minutieux mené de main de maitre par Larson ayant compulsé un nombre incroyable de documents divers et variés.
Une famille, les Dodd suivent le père, universitaire, acceptant le poste dont personne ne veut : ambassadeur à Berlin dans les années 30, on suit cet homme tentant en vain de faire son job, tandis que son fils passe sa vie a faire des tours en voiture, sa fille couche avec tout le monde et sa brave femme s'essayant à l'étiquette.
Ce qui frappe ici c'est la fantastique inertie des diplomates présents, le brave petit pépère Dodd décide de quitter les réceptions somptueuses tôt afin de se ménager du temps de cerveau disponible visant à gérer les vrais problèmes, il est raillé, il signifie à Hitler son désaccord concernant sa politique, il est raillé, on moque sa voiture, son logement, la bourgeoisie américaine trouve qu'il est ridicule et tente à plusieurs reprises de le faire licencier, on lui intime de demander à l'Allemagne de payer ses dettes envers les USA, il est vraiment entre le marteau et l'enclume, quoiqu'il tente de réaliser, rien n'aboutit, comme il le désire.
Ce qui m'a frappé, dérangé dans ce livre, c'est l'incapacité d'un homme se démenant seul dans l'indifférence générale, mondiale, consulaire et familiale.
Un livre dérangeant, nécessaire qui viendra vous défendre quand il n'y aura plus personne de civilisé ?

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