Rejetée par une mère à demi folle, Julie la narratrice, nous trace son parcours chaotique depuis l'enfance. Si en épousant Antoine, elle pense avoir trouvé le bonheur loin de cette mère démente, au fil des jours elle va connaître le vrai visage de son époux. Battue, humiliée par ce dernier, seule la naissance de ses deux enfants calme un moment les violentes pulsions de son mari. Mais au village, les chuchotements vont bon train depuis qu'elle a soigné un jeune garçon brûlé par une bassine d'eau bouillante. Julie devine ce qu'elle pressentait depuis l'enfance. Elle a reçu " le don ", celui de guérir, de soulager certains maux. Si le nom de " sorcière " lui est souvent attribué, elle va en profiter pour préparer une mixture faite de bric et de broc qu'elle glisse sous le lit conjugal, signifiant à son époux que si l'envie lui reprenait de lever encore la main sur elle, il décèderait dans les six mois, ce qui portera ses fruits et éloignera le mari de plus en plus cynique et alcoolique.
Mais dans son malheur, une nouvelle vie s'offre à elle lorsqu'un hospice ouvre ses portes dans les environs. Forte de son indépendance acquise en se libérant du renégat qu'elle a épousé, après avoir été considérée morte, son don de guérisseuse s'accentue. Ainsi donc, au fil des années, ses pouvoirs se rependent comme une trainée de poudre dans les contrées alentours.
Situé à mi-chemin entre fiction et réalité, le don en héritage de Colette Laussac se lit avec délice, tant cette lecture avec beaucoup de simplicité, relate la vie exceptionnelle de cette belle âme qui, sa vie durant, jusqu'à l'épuisement, n'aura de cesse de soulager tous les maux en son pouvoir, qui viennent frapper de plus en plus conséquents à sa porte.
Une lecture passionnante, émouvante et qui fait du bien si l'on croit comme moi à ces pratiques de guérison...
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Jne histoire pleine de tendresse même si elle raconte aussi beaucoup de douleurs , j'ai beaucoup aime
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La vie dure en Corrèze d'une petite fille devenue femme différente des autres : elle a un "Don" : très bien
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Lorsque la souffrance est trop forte et le sentiment d'impuissance insupportable, je prie.
Je prie comme je respire.
Je prie pour remercier la vie qui me fait don chaque jour de ses cadeaux : Le sourire d'un enfant, l'embrasement d'un soleil couchant, la brume ouatée dans laquelle jouent les nuages, un bouquet de myosotis accroché au talus, un arc-en-ciel aux couleurs indescriptibles, un rouge-queue dans son nid.
Je prie parce que c'est la seule réponse possible à toutes les angoisses, et à tous les bonheurs.
Souvent, j'ai essayé d'imaginer la vie dans les tranchées...La mort qui guette, à tout instant...La peur...Le froid. Mais nul ne peut vraiment connaître la souffrance s'il ne l'a pas vécue...
Je ferme les yeux.
La paix est en moi, autour de moi, dans cette demeure qui est celle de mes ancêtres, où tant d'hommes et de femmes sont nés, pour y mourir.
C'est étrange.
Je sens leur présence, presque palpable, une sorte de tendresse qui m'enveloppe. Je ne suis qu'un maillon de la longue chaîne qui me relie à eux, et à tous ceux à venir.
Je me suis toujours demandé : comment, par quel miracle certaines images se gravent ainsi en nous, indélébiles, ressurgissant, en un éclair, au hasard d'une situation, d'un mot intactes dans leurs détails, la couleur d'une robe ou d'un ciel, un geste esquissé, un sourire.
La voix grave de mon grand-père, bien timbrée, pesait sur les mots. dans sa bouche, le pain quotidien prenait une signification sacrée, celle que des générations de pauvres lui avaient donnée, afin que la misère ne s'abattît pas sur eux.
Mon grand-père n'a jamais connu de disette. Mais ses paroles véhiculaient le souvenir des choses et des gens plus sûrement que tous les discours.