Je voyais que les phrases se multipliaient, qu’elles constellaient la table et le sol, qu’il y en avait des myriades, accrochées à leur bout de papier comme à des coques de noix lancées dans les tourbillons des rigoles des trottoirs, des phrases de tout et de rien, des questions posées au matin, lancées aux chiens, des paroles qui tintaient sur le verre vide du pochard, des phrases pour saluer les menottés des machines à sous et les inviter à
une pérégrination lointaine, des phrases à glisser dans la poche des vieux figés sur la première raie des passages pour piétons, des phrases pour tendre les bas de laines qui tirebouchonnent sur les chevilles, des phrases que j’aurais aimé apprendre par coeur pour vous les dire.