La clairière…
La clairière,
Elle s’ouvre à chaque pas
Même si tu ne la vois pas.
Elle appartient au chant du fleuve.
Elle niche avec ses oiseaux
Dans le feu des journées.
Elle n’a pas d’autres rides
Que celles du vent remontant vers la Source.
Elle pactise avec le silence,
Avec le souffle,
Avec le rien.
Elle n’attend ni ne guette aucune proie.
Elle laisse aller l’ici
Dans le chant de sa présence.
Elle n’est sûre que de la joie verticale
Et du secret qui la concerne.
Elle est partout décentrée d’elle-même
Et du désir d’en dire trop.
Elle n’a pas son pareil
Pour éveiller les morts.
Printemps des lisières…
Printemps des lisières,
Les bourgeons du soleil
Percent la coque
De nos insomnies,
Font voler en éclat
Nous arrachent
Au socle pétrifié de l’hiver,
Creusent nos vases mortes
De sillons de lumière,
La dure écorce de nos peurs,
Nous invitent à être là simplement
Dans la joie ample de marcher,
Libèrent en nous
Mille chants d’oiseaux.
Il y a dans le Chant…
Il y a dans le Chant
Plus que crépitement de flamme,
Plus que brassées de blanches floraisons
Ou même que feu roulant de galets dans la mer.
Il y a dans le Chant
Infiniment plus qu’étoiles nous ouvrant le chemin,
Qu’une auberge perdue tout au bout de la nuit
Ou que l’âme d’un peuple en avance
Sur Son destin.
Il y a dans le Chant,
Quand l’espace devient
Signe,
Au plus troublant de la clairière,
Là où le pas se fait allègre,
Un grand soleil qui vient nous visiter.
Il y a dans le Chant,
Plus caché que dans la moindre graine,
Une folle rumeur d’amour,
Une caresse au goût d’abeille,
Un secret matin de printemps,
Une promesse déjà tenue,
Un royaume au goût ardent,
Un souffle de tendresse venu nous relever.
Si d’aventure le souffle…
Si d’aventure le souffle
Un jour vient à manquer,
Choisis une rivière.
Peuple-la de grands arbres
Épris de vent, de lumière.
Arpente ses sentiers,
Ses sous-bois, ses halages !
Compose avec ses infinis,
Ses méandres, ses silences.
Déchiffre ses inconnus,
Cherche son nom secret,
Ne te retiens pas d’avancer.
Trouve-toi des compagnons de route,
Des passants du soleil
Qui savent s’arrêter,
Prendre leur temps,
Puis te laisser aller.
Ne compte pas tes pas,
N’arrête pas les heures,
Fais confiance aux courants,
Laisse-toi respirer.
Je me suis approché…
Je me suis approché
Au plus près de l’arbre
Jusqu’à entendre souffler
Dans les veines du bois
Le vent de l’allégresse
Peut-être un jour sera
Frémissement de feuilles
Le poème de ta joie
Un poème de Jean Lavoué, dit par lui-même, accompagné à la guitare par Alejandro, un ami mexicain