AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Mathias Malzieu (Autre)
EAN : 9791027803149
146 pages
Le Castor Astral (03/03/2022)
4.31/5   80 notes
Résumé :
"En l'absence du capitaine" est le nouveau recueil de Cécile Coulon préfacé par Mathias Malzieu.

" Me voilà à trente ans, les deux mains sur la table à écrire un poème pour apprendre à naviguer en l'absence du capitaine. "

"En l'absence du capitaine" est certainement le recueil le plus intime de Cécile Coulon.
Elle y évoque la disparition de sa grand-mère, ce capitaine exceptionnel, le deuil, les souvenirs et la vie d'après. Écri... >Voir plus
Que lire après En l'absence du capitaineVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
4,31

sur 80 notes
5
6 avis
4
3 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis

Me voilà à quarante ans
Avec dans mes mains le portable
À écrire une chronique
En l'absence du capitaine.

Me voilà fragile et bien incapable
De naviguer sur les eaux du chagrin
Ni phénomène ni en ligne droite
Je suis là à tourner en boucle
Des poèmes qui me touchent
Des poèmes qui se souviennent
De l'absence, de la perte et du fracas.

Comme l'été démarre
Il serait triste de se laisser aller
Aux jours gris, aux trous intérieurs
Aux parties terminées
Mais c'est la seule façon
De ne pas oublier.

Il est toujours un être qui nous manque
Plus que de raison, plus que de navigation
Les femmes qui remplissent nos vies
Font des pertes incommensurables
Et on a beau porter tous différentes histoires
Ces deuils nous rapprochent comme des
Aimants. Il n'est plus de temps qui se tordent
Il n'est que des yeux qui débordent
Et des souvenirs qui hantent des silences.

Mais je pense aussi aux soleils
Qu'il nous reste à admirer
Aux collines qu'on va parcourir
En courant avec joie
Aux rencontres fortuites
Qu'il nous va falloir vivre
Aux poèmes enfouis
Qu'il faudra aller déterrer
À ce mot, CONTINUER
Qu'il faudra bien s'approprier
De gré ou de douceur
Pour ne plus se jeter
Contre les murs.

C'est vrai que c'est dur de sourire
De penser que tout ira bien
De se débattre du lundi au dimanche
Mais il faut apprendre.

Et pour cela il y a la poésie
Ce refuge, cet îlot, l'ancre de nos vies
Cette maison au fond des bois
Ce petit bout d'espoir qui nous tient
Debout et avec grâce.

Je ne vais pas te demander
Si ça va, Cécile
Non ça je ne le ferai pas
Je vais plutôt écrire
Des poèmes et des mercis
Pour ce qui demeure
Pour ceux qui restent là
À tenter de vaguement comprendre
Les sillons et les creux
Les drames et les bonheurs
Les volcans et le monde
Les nuits et les nous deux.

Garde-moi quelques paysages
Quelques traversées heureuses
Je ne veux pas de mensonges
Juste des étoiles qui dégringolent
Avec toi, qui les rattrape
Pour en faire un recueil de poésie
Tout à fait sublime, juste tendre
Empli de beautés réconfortantes.

Donne-moi ta main que j'y regarde
Avec attention, les lignes que font la vie
Les points et les raccords de musique
Pour que je m'émerveille encore
De ces mots si simples
Que tu as su écrire pour expliquer
La résilience et les jours d'amours.

Et si je dois finir sur une seule phrase
D'où que me vienne l'idée
Je sais déjà où elle a pris naissance
Elle vient direct de la planque
C'est un coup de coeur. Pas autre chose.
Lien : https://fairystelphique.word..
Commenter  J’apprécie          236
Si hélas, Cécile Coulon a perdu son capitaine, allégorie symbolisant sa grand-mère bien-aimée disparue, elle confirme en tout cas et sans aucun doute, qu'elle est devenue la capitaine incontestée de la poésie française contemporaine des années 2000.
Alors, embarquons-nous avec ce capitaine au long cours, mais qui préfère l'océan bosselé des dômes volcaniques D'Auvergne, mer suprême des pensées de la poétesse qui y puise sa force, son énergie pour se ressourcer et panser ses plaies, que la vie a mis sur son chemin, comme des écueils d'adversité qu'il faut affronter. Dans ce recueil, la mort de sa grand-mère est sublimée par des vers d'une beauté pudique, toute en retenue intimiste, hommage d'une petite fille à la réminiscence mémorielle exacerbée, mais exhalée toute en douceur, si sa tête semble hurler de douleur, les mots eux sont les pansements apaisants et sereins du destin. L'autrice, puise aussi beaucoup dans ses racines françaises et auvergnates pour rebondir, offrant une ode à la France et à sa région dont elle n'aime pas s'éloigner trop loin, de peur de ne pas se sentir bien. Dans la seconde partie du recueil, elle se livre plus personnellement sur sa vie privée, ses relations intimes, contant dans des vers dont les pulsations battent le désir, l'envie, l'amour et la désillusion, les soubresauts des rencontres, des liaisons passionnées, puis évaporées sous l'oeil protecteur de sa grand-mère depuis les cieux.
Commenter  J’apprécie          200
En L'Absence du CapitaineCécile Coulon (Française née en 90) – 2022 – Editions « le Castor Astral »
Mathias Malzieu signe une bien jolie préface – Bande de poètes, va !
Je suis très mauvais critique en poésie ! Mais bon, Cécile Coulon… Elle a mon âge, je la suis depuis longtemps, je l'ai déjà rencontrée…
« S'il y a bien une chose dont je suis sûre,
C'est qu'on n'est jamais déçu par un ciel bleu »
Apparemment c'est un hommage à sa grand-mère récemment décédée…
« Je coupe une de ses branches pour m'en faire un jardin »
« Je voudrais te demander
Si cela fait mal
D'atteindre ce presque siècle »
(Oui je mets les passages que j'aime bien !)
Je comprend décidément rien à la poésie, on m'a dit qu'il fallait choper les sonorités et après « ça va tout seul » … Peut-être suis-je un peu trop « vieille narration » … Parce que c'est joli, quand même…
« La beauté vient quand elle veut
Retourner la terre où l'amour est caché »
J'au dans la tête « Puisque tu Pars » de JJ Goldman.
« Tu n'as pas idée de ce que cela coûte d'écrire un poème. »
Lien : https://linktr.ee/phoenixtcg
Commenter  J’apprécie          210
Ça fait des mois que j'ai en tête de lire du Cécile Coulon, mais ce sont ses romans que j'avais en tête.
Et puis mon oeil est tombé sur ce recueil de poèmes, et le nom de Mathias Malzieu m'a convaincu d'ouvrir ce livre plutôt qu'un autre.
Et j'ai bien fait! Certains poèmes, certaines phrases ont eu un écho musical en moi, comme cela m'arrive parfois (souvent?) en lisant du Mathias Malzieu, cela coule de sens cette préface et on ne s'étonne plus de cette phrase tirée de ce livre "écris-moi un poème, j'en ferai une chanson".
Mais surtout j'ai ressenti beaucoup d'émotions en lisant ces poèmes. La plupart m'ont emporté, m'ont amené au milieu d'une mer de sentiments, de tristesse, de nostalgie, de vérité, jusqu'à me faire verser quelques larmes. J'ai rarement été aussi emportée par des mots... Il faut dire que j'ai toujours aimé la poésie mais m'en suis détournée à la fin de mes études, et ces retrouvailles furent amplement chargées d'émotions. Cela donne envie de lire et de la poésie, et du Cécile Coulon. Encore chapeau pour ces textes.
Commenter  J’apprécie          50
Comment définir la poésie ?
La réponse la plus facile, la plus courte, la plus évidente serait : lisez Cécile Coulon.
Si je faisais un peu plus d'efforts, j'ajouterai le mot rencontre.
La poétesse ou le poète sont des organisateurs de rencontres : rencontres entre des mots, bien sûr, mais pas n'importe lesquels : des mots qui sonnent ou qui dessinent des tableaux pour accueillir d'autres rencontres : celles du sens et de la mélodie, celles du concret et de l'insaisissable, du quotidien et de l'imaginé, de la terre qui nous porte et de nos émotions... et, surtout, les rencontres intangibles et pourtant saisissantes des deuils, blessures, joies, amours, désirs de la personne qui écrit avec les deuils, blessures, joies et autres constituants des personnes qui la lisent.
Cécile Coulon concrétise ces rencontres d'un regard et d'une main uniques et inégalables.
Il faut avancer lentement dans ces paysages simples et magnifiques qu'elle dépeint.
Il faut savourer. Et relire.
J'en reviens donc à l'essentiel : lisez Cécile Coulon.
Commenter  J’apprécie          52

Citations et extraits (74) Voir plus Ajouter une citation
CHANGER UNE PHRASE

Si vous lisez ce poème jusqu'au bout
il faut le continuer ensuite :
il dure vingt-quatre heures à partir du premier mot

Quand vous aurez terminé,
je vous propose de changer,
pendant une seule journée,
une toute petite phrase :
à chaque fois que vous décrochez le téléphone,
que vous répondez à vos messages,
à chaque fois que vous croiserez un visage
plus ou moins connu,
que vous entendrez une voix
plus ou moins agréable,
ne demandez pas : ça vas ?
Essayez comment te sens-tu ?
Comment vous sentez-vous ?
Qu'est-ce qui a compté ?

C'est idiot je sais.
C'est une toute petite phrase si facile
vite sortie, vite oubliée.
Rallongez-là, comme le chocolat avec du lait.
Ça va ? ça ne veut rien dire, ça ne demande pas,
ça se débarrasse.
Comment te sens -tu ?

Je me sens comme un oreiller en plein été
qui n'a pas été retourné au milieu de la nuit :
moite et ratatiné.
Je me sens mal parce que les choses vont mal
mais que je vais bien et que je n'ai pas le droit de le dire
ni même-sacrilège-dans mon cas d'aller mal.
Je me sens bien parce que le petit chat est revenu,
parce que l'amour ne m'a pas complètement brisée,
parce que les fleurs devant la maison ne demandent pas
la permission quand elles se mettent à pousser.

C'est idiot, je sais.
Et ce poème est trop long. Trop contraignant.
Il vous demande de changer une toute petite phrase
et de vivre les effets de ce changement
mais franchement vous avez autre chose à foutre
de la prochaine journée. Ou pas

Ça va ? ç'est terrible d'indifférence.
Ça va ? ça porte des années de politesse
un peu dissoute dans le chagrin qu'on ne dit pas.
Comment te sens -tu ? Qu'est-ce qui a compté ?

La mère à qui on dit qu'on sera là
même si on a Par ailleurs mille choses à régler.
L'enfant qu'on a laissé pleuré est qui revient à table
le visage rouge et les lèvres serrées.
Le fils fils qui comprend le manque d'argent
mais par le manque de fierté.

Je me sens comme un globe terrestre barbouillé aux feutres :
on a abimé les pays à force de s'y rendre.

Je voudrais changer une toute petite phrase
pour entendre le bruit des étoiles
et sentir qu'il y a quelque chose de plus
entre vous et moi.
Commenter  J’apprécie          40
PAROLES VRAIES

J'entends chaque jour des paroles si douces
que je peine à croire qu'elles sont réelles et qu'elles arrivent
dans l'espace de la cuisine ou de la chambre sous les toits.
Il me faut chaque fois une petite minute
où je secoue la tête et toutes les mauvaises plumes du passé
pour être bien certaine que ces mots-là viennent
du présent
- d'une bouche ouverte et tant aimée -
d'un cœur nouveau et déjà tant usé
capable encore malgré sa fatigue et son poil doux
- par endroits arraché -
de passer sous ma main et sous mes yeux
de s'y coucher de s'y blottir
sans trembler à l'idée qu'il faudra avant l'aube s'enfuir.

Ce cœur-là, je le garde dans le mien,
je le veux apaisé et pas plus fort
ou mieux qu'il n'est.

J'entends chaque jour des paroles si tendres
que je dois pour les accueillir pousser en moi
les meubles lourds des évènements finis
qui ont laissé ici des pensées encombrantes
et pleines de mauvaises vie.
Je plonge en moi mes deux mains, paumes jointes,
qui repoussent à l'intérieur le sang d'ombre et les pleurs,
je répète ce mouvement comme celui d'un nageur
qui voit au loin l'ile discrète où l'attend son bonheur.

Ce rivage, où l'existence est couchée dans son soleil,
est si pur aux pieds crevés de longue marche.
J'abandonne au corps si beau ce qu'il reste de ma propre
beauté :

j'entends chaque jours des paroles douces
et je m'émerveille
qu'elles soient aussi des paroles vraies.
Commenter  J’apprécie          40
Préface de Mathias Malzieu
On vous a coupé une membre de la famille , il ne repoussera pas.Mais l'engrais de vos poèmes transforme nos coeurs de lecteurs en bouquet de printemps. Eternel muguet.
Un voile noir est tombé, vous faites des trous dedans et fabriquez une lumière douce qui traverse et compose un ciel étoilé.
Coureuse de fond et de forme comme vous êtes, ces étincelles vont palpiter encore et coeur gros.Les trous dans le ciel, vous allez continuez à les agrandir.
Commenter  J’apprécie          130
UNE SEULE PHRASE

Si je dois tenir en une seule phrase,
il faut quelle soit solide est vraie,
il faut quelle tremble comme le reflet d'une pleine lune
au fond d'un sceau brisé.
D'où me viens cette idée ?
Peut-être du temps qu'on pense avoir est connaitre.
Peut-être des gens qu'on aime, qu'on croit garder
prés de soi comme des tableaux de maitre
qu'il suffit de regarder pour être consolé.

Nous n'avons pas le temps. Nous ne gardons pas les gens :
je dois apprendre à remplacer le verbe avoir par le verbe être.
Je dois apprendre à aimer sans glisser le soir par la fenêtre
pour quitter par peur d'être moi-même quittée.

Si je dois tenir en une seule phrase
il faut qu'elle soit douce et radicale,
il faut qu'elle donne tout ce qu'elle a et qu'on sente,
quand on la reçoit, l'énergie d'un cœur usé
mais qui cavale plus vite qu'un regard de nouveau-né.
D'où me viens cette idée ?
Les poèmes viennent tous du même milieu :
de ce gros trou dans la poitrine
qui contient ce que le monde n'a pas voulu nommer.
Il faut avec des mots très simples tenter trois gestes fous :
avouer - rejoindre - aimer.

Si je dois tenir en une seule phrase,
il faut qu'elle soit vive et joyeuse,
qu'elle prenne dix ans d'élan pour un seul petit pas.
Si je dois tenir, ce soir, en une seule phrase :

je pense à toi.
Commenter  J’apprécie          40
LES YEUX D'OR

Ce matin nous avions des yeux d'or :
ce sont des yeux qui brillent
dans la lumière blanche de novembre
on croirait deux fauves porcelaine enfermés dans un visage
entre eux le nez fait un drôle de barrage
le regard est comme une fièvre dans un monde endormi
nous avions des yeux d'or pour voir le matin gris

Dehors c'était la brume au-dessus des usines et des chantiers
la couverture de laine qui gratte le sommet des buildings
en bas les enfants vont à l'école est les chiens dans leurs
paniers
le froid abime les lèvres pleines et maquille les peaux nues

Au milieu du matin qui s'étire jusqu'au soleil
si blanc dans son hiver qu'il parait bien malade
nous avions des yeux d'or sous des sourcils très clairs
qui protégeaient la nuit blottie sous leurs arcades

Le visage est froissé la bouche tremble encore
les cheveux roulent du lit en pluie de foin séché
les chats sommeillent dans le froid enroulés
dans leur queues
les portes sont fermées devant des arbres rouges

La ville sent la fumée mais pas celle des burons
pas celle des cantous ni des noires cheminées
c'est une odeur d'hiver brisée par la vitesse
il reste des oiseaux qui s'agitent aux fenêtres

Tout cela me vient de ces yeux d'or
que j'avais perdus les voilà retrouvés.
Le bleu reviendra vite. Le gris est oublié.
Ils prennent toute la place et je sens sur leur bords
la lame de bonheur que j'avais asséchée.
Commenter  J’apprécie          30

Videos de Cécile Coulon (76) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Cécile Coulon
Teaser tournée "La langue des choses cachées" tournée | Cécile Coulon
autres livres classés : poésieVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (178) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1228 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..