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Le livre des Anciens tome 1 sur 3
EAN : 9781028110018
504 pages
Bragelonne (20/09/2017)
4.06/5   145 notes
Résumé :
Au couvent de la Mansuétude, on forme des jeunes filles à devenir des tueuses. Dans les veines de certaines coule le sang ancien, révélant des talents presque disparus depuis que les Anciens ont accosté sur le rivage d’Abeth. Mais les maîtresses de la lame furtive ne mesurent pas ce dont elles ont hérité à l’arrivée de Nona, une enfant de huit ans qui a déjà du sang sur les mains. Ayant échappé à la potence, elle est recherchée par de puissants ennemis aux mystérieu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Je vais vous vendre le truc en une seule phrase : "Le Livre des Anciens" est bien parti pour être la version féministe et dark fantasy de la légendaire trilogie d'Alexandre Dumas ("Les Trois Mousquetaires", "Vingt Ans après", et "Le Vicomte de Bragelonne") ! Une pour toutes, et toutes pour une : Oh Yeah !!! Et si ne sentez pas le potentiel de supracoolitude de l'ensemble, c'est que vous êtes déjà mort à l'intérieur...
Tout commence au milieu de nulle part, où une horde sauvage veut faire la peau à Soeur Ronce... Peu contre beaucoup, une des plus vieilles et une des meilleures histoires du monde :
https://www.youtube.com/watch?v=W5K3AKl5qpc
Pourquoi une émule de Valéria joue le rôle jadis dévolu à Conan ? Pourquoi Bêlit vient-elle à son secours (OMG je suis mort et au paradis des geeks ! ^^) ? Mais d'abord et surtout, comment on a pu en arriver là ???

J'ai eu autant de mal à croire que l'auteur du "Livre des Anciens" soit celui de "La Reine rouge", que j'ai eu du mal à croire que l'auteur de "La Reine rouge" ait été celui de "L'Empire brisé"... Après être passé d'un cycle post-apo viriliste à un cycle science-fantasy moorcockien où les antihéros étaient les pions des réincarnations de d'Elizabeth Ière et de Margaret Thatcher, il passe ici à un cycle composé d'héroïnes, d'anti-héroïnes, de super-héroïnes et de super-vilaines toutes plus badass les unes que les autres. Et pour ne rien gâcher l'auteur veut résolument rendre hommage à celles qui ont su définitivement féminiser la SFFF : Catherine Moore, Leight Brackett, Ursula le Guin, Anne McCaffrey, Marion Zimmer Bradley et Robin Hobb,... Je ne n'avais pas vue une telle féminisation du genre depuis "Claymore" le manga Dark Fantasy de Norihiro Yagi ! Encore une fois, Oh Yeah !!! *
Il abandonne la narration à la 1ère personne pour revenir à ce bon vieux narrateur omniscient, et ce qu'on perd en originalité on le gagne en qualité (la traductrice Claire Kreutzberger qui travaille sur l'auteur depuis son premier livre doit se régaler). Il recourt donc à un style classique mais soigné, sans délaisser sa bonne vieille gatling à punchlines, avec un pure tome d'introduction et d'exposition. Mais tout est parfaitement maîtrisé car il sait où il va contrairement à tous ces satanés auteurs jardiniers, et la différence est d'autant plus flagrante qu'il emprunte ici à Patrick Rothfuss qui lui d'errements en errements ne sait plus à quel saint se vouer le principe de la narration à rebours où on ne sait plus trop si on est dans un flashback ou un flashforward (dans les deux cas, l'auteur tease à mort ! ^^)

Le worldbuiding :
Alors oui l'auteur utilise tous les trucs et astuces de la Dark Fantasy, mais

Comme Anthony Ryan dans "Bloodsong" nous suivons les états d'âmes au jour le jour d'un adolescent en période d'apprentissage, dans un mélange entre l'humanisme épique de David Gemmell et le romantisme intimiste de Robin Hobb avec des emprunts au Monastère Kaï et à l'Institut pour surdoués de Charles Xavier... Donc tôt ou tard on retrouve les ado mutants qui veulent changer le monde, les chevaliers jedis et le Côté Obscur de la Force mais avec des nonnes badass venues de tous les horizons et de toutes les classes sociales et bien souvent en colère contre la terre entière !

Nona a perdu son père qui a disparu sur ou sous la banquise (au vu du worldbuilding la différence est de taille, donc j'espère que l'auteur y reviendra), et elle est en froid avec sa mère qui n'intervient pas quand son village la vend au croquemitaine, tout le monde étant trop heureux de se débarrasser d'une gamine autour de laquelle gravite bon nombre d'étranges phénomènes et d'horribles événements quand elle se met colère (ce qui arrive ma fois assez fréquemment).
Dans le cage de Giljohn il y a une petite phase "Sans famille", et Nona se lie d'amitié avec Saïda qui veut mettre ses dons au service de la guérison et non de la destruction, Markus qui parle aux animaux, ou la boiteuse Hessa soupçonnée d'être capable de pratiquer la magie... Même si on revient dessus par la suite, la phase reste courte et les compagnons d'infortune sont séparés car Nona et Saïda sont vendu à un ludus et le drame survient assez rapidement : Raymel Tacsis le gladiateur aristocrate s'en prend à Saïda, et personne ne sait comment la petite Nona est parvenu à le terrasser... Les deux adolescentes sont condamnées à la potence et si Mère Vitrage arrive à temps pour sauver Nona, elle arrive trop tard pour sauver Saïda : l'enfant ne parviendra jamais vraiment à lui pardonner de ne n'avoir pas su en sauver deux pour le prix d'une, pire d'avoir sans doute miser sur la mauvaise jument car Nona est persuadée d'être possédée par le Malin...
Au Couvent de la Mansuétude il y a une longue phase "La Petite Princesse", et Nona fait de nouvelles connaissances parmi les détournements des personnages de Frances H. Burnett (ainsi tout aurait pu opposer la prolétaire miséreuse aux cheveux bruns cheveux bruns et l'aristocrate porphyrogénètes aux cheveux blonds : oui mais non, tout va les rassembler pour faire d'elles le duo d'héroïnes badass peut-être le plus cool de tous les temps !), sauf que le couvent est également un détournement de Poudlard (mentions spéciales à Soeur Pomme qui empoisonne systématiquement ses élèves, et à Malkin le chat de Mère Vitrage qui compisse méticuleusement les affaires des mauvaises langues ^^), et qu'au fur et à mesure du développement des talents de ses pensionnaires il se mue en Salle des Dangers (remember "X-Men" !). Toutefois nous sommes dans un univers grimdark, donc impossible de ne pas penser également à ce fabuleux manga qu'est "Le Couvent des damnées"...

Par sa narration à rebours et ses fausses pistes (qui parfois ressemble à des digression ou du tirage à la ligne méfiez-vous bien hein), l'auteur parvient à rompre la monotonie leçons / entraînements / scènes de camaraderie... Car oui les Tacsis n'ont pas renoncé à leur vengeance sur Nona, et l'Empereur Crucical et sa soeur Sherzal semblent avoir des plans discordants concernant le Couvent de la Mansuétude et ses pensionnaires. Car oui la scène du procès inquisitorial tout droit tiré des univers de David Gemmell amène une prophétie, avec une élue qui possédera les pouvoirs des quatre tribus pour changer le monde, ou plutôt avec une éternelle championne et son éternelle compagnonne... Mais attention une élue peut en cacher une autre (ou plusieurs mêmes ^^), A moins que toute prophétie ne soient que des fables conçues par les hommes et les femmes, et que chacun y voit que qu'il veut y voir... blink
J'ai été pris au piège du faux rythme dans la 2e partie du récit, car l'auteur a monstrueusement teasé avec ses flashforwards qui annoncent des twists de oufs et qu'on veut savoir le fin mot de l'affaire avant la fin du tome qui se rapproche dangereusement... J'ai longtemps pesté contre tous ces trucs qui bouffaient inutilement des pages : les remarques de untelle sur la situation de sa famille, toutes ces histoires de couteaux qui apparaissent et qui disparaissent, les mystères récurrents sur les combats où le sang qui coule à flot alors que les armes sont restées au fourreau, ou le récit dans le récit de l'enfance de Nona qui change plusieurs fois de versions parce qu'elle a peur que ses camarades la prenne pour un monstre... Et arrivé à la fin, qu'est-ce que j'en ai pensé ? « Putain, mais qu'est-ce que je suis con : tout était là sous mes yeux depuis le début et je n'ai rien vu !!! » Je ne dis rien de plus et je vous laisse le plaisir de la découverte ^^

A la fin du tome l'épreuve initiatique tourne au survival quand les crevards avancent leurs pions sur deux fronts, et pour ne pas être annihilé il faut s'unir ou périr, et maîtriser les pouvoirs de la porte (le corps) et de la clé (l'esprit) pour franchir la barrière de la matière... le grand final est absolument génial, mais si l'auteur a posé beaucoup de questions, il n'en répond qu'à une seule car Nona devient ce qu'on a fait d'elle, mais finalement ce qu'elle a toujours souhaité être : une solution et non un problème... Une super-héroïne naît sous nos yeux, et en s'enfonçant dans les ténèbres elle flamboie de mille feux ! Un personnage psychopathe dévoré par la haine et la colère, mais encore suffisamment empathique et socialisé pour être hanté par le regard des autres et par son propre regard, et qui dans ce qui lui reste de lucidité cherche un exutoire à tous ses côtés noirs pour rester humain malgré tout : on avait plus vu ça depuis... le Chevalier Noir de Gotham City ? ^^
Dans la série "Le Couvent des Damnées" Ella Kollwitz entourée d'ennemies s'étaient entièrement consacrée à la survie et à la vengeance, alors qu'ici Nona Grisaille entourée d'amies a le temps de trouver un sens à son existence : défendre la justice, incarner la Colère des Dieux sur Terre, devenir le croquemitaine qui crevards qui se croient au-dessus des lois humaines et divines... Tremblez politiciens carriéristes, tremblez aristocrates sociopathes, tremblez prêtres corrompus, tremblez bankster sans âmes, tremblez magos psychos, car Soeur Cage est née pour vous botter les fesses et désormais rien ni personne ne peut la détourner de sa mission sacrée ! Crossover avec les personnages de Larry Correia et on fait la Révolution mondiale, crossover avec les personnages de David Gemmell et de Michael Moorcock et on fait la Révolution multiverselle !!!

Un trilogie bien construite apporte des réponses à chaque épisode, et chaque épisode a son importance et apporte sa pierre à l'édifice. Donc avec un tel tome 1 il y a moult pistes prometteuses à attendre du tome 2 !


"- Où est Lano Tacsis ?
- Tu les connais, les Tacsis. Ils n'aiment rien tant que laisser leurs sous-fifres attendrir la chair et, si nécessaire, ils arrivent ensuite achever la besogne.
- C'est bien vrai.
- Il est là-bas avec ses soldats et huit assassins d'élite. Ceux qui l'ont formé.
- Mon pouvoir n'est pas tari.
- Tu te crois capable de me tuer sans faire appel à la Force ?
- Je pense que je n'aurai pas besoin de te tuer. M'est avis que tu vas te battre à mes côtés."
Je vous l'avais dit : « Une pour toutes, et toutes pour une ! »


* Dans l'affreux monde du marketing anglo-saxon, la tendance est au communautarisme de la production culturelle : les spin doctors qui prennent leurs cas personnels pour une généralité universelle sont persuadés que dans un récit on ne peut s'identifier qu'à un membre de sa propre communauté... Perso je suis au contraire persuadé que quand un personnage est profondément humain n'importe qui peut s'identifier à lui qu'il soit homme ou femme, noir ou blanc, chrétien ou musulman !
Lien : http://www.chemins-khatovar...
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Lorsque j'ai découvert le synopsis de cette nouvelle série Fantasy j'étais déjà sous le charme.
Lorsque j'ai débuté le roman je me suis sentie rapidement en terrain connu. La plume de Mark Lawrence est faite pour ce genre et il ne lui suffit que de quelques pages pour nous donner envie d'en savoir plus.
Car nous débutons sous de mauvais hospices. Une jeune femme, mais pas n'importe laquelle, une Soeur écarlate, attend au milieu d'un champ de pilones en pierre. Elle attend sereinement cette Armée qui semble vouloir la cerner. On entre dans ses pensées. On ressent presque ses sentiments face à ce destin brutal qui ne manquera pas de la croiser. Mais, comme nous allons l'apprendre dans le préambule grâce à l'auteur, être soeur Ecarlate n'est pas qu'une distinction. Elles sont bonnes, même maîtresses dans l'art du combat. Et au fil des pages nous allons en avoir un aperçu très convaincant. Ses ennemis aussi quoique plus mortel. Et même si au fil des chapitres le lecteur pense savoir qui elle est, il s'apercevra rapidement par de petits détails que les apparences sont trompeuses.
Et puis l'auteur nous lâche ailleurs. Autre personnage. Toujours une jeune femme. Ou plutôt une enfant. Elle aussi et en mauvaise posture puisqu'elle va être pendue. Huit ans seulement, et pourtant elle est accusée de meurtre et d'un acte plus odieux encore.
Deux destins. Deux histoires?
Il faudra attendre une vingtaine de chapitres pour découvrir le lien. Mais entretemps nous en aurons appris beaucoup sur le contexte politique, humain ou social de ce royaume.
Nous connaîtrons un peu plus les personnages que l'auteur nous aura donné l'occasion de croiser. Mère Vitrage, Soeur Pomme, Soeur Suif, Hessa, Clera, Ara, ...
Et il n'en faudra pas plus pour se trouver pris au piège du récit. Les personnages, les situations sont intéressants et ce que l'on voit poindre au loin nous laisse présager des événements cruciaux et de l'action à foison.
Une prophétie est en place. Des élus, des croyants et forcément des ennemis réfractaires à la prophétie. Une recette qui fonctionne bien ici encore et qui nous plonge dans l'action et le complot avec des frissons d'anticipation.
J'ai beaucoup aimé suivre le passé de ses enfants que le croque-mitaine emporte de chaque village perdu vers la ville. Suivre l'histoire de leur arrivée, de leur nouveau statut. Comme vous le saurez aussi en préambule vous verrez qu'il existe différentes castes et différents niveaux de métissage qui peuvent être à l'origine d'un nouveau destin.
Nous allons ainsi suivre plus particulièrement Nona. Elle vient des terres lointaines de Grisaille. D'un village qui l'a rejeté et livré au croque-mitaine par peur. Son avenir nous apparaît sombre et empli de non-dits. Les pages vont nous livrer ses secrets, ses mensonges aussi et surtout ses peurs.

C'est une nouvelle série fantasy qui promet et même si j'ai été un peu gênée par la fin de ce tome, certaines questions restant en suspend et demandant des éclaircissements, j'ai apprécié à sa juste valeur la plume magique et dynamique de Mark Lawrence.

Une fantasy sombre et profonde comme les secrets de Nona son héroïne.
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Un bon début de série, qui donne envie de lire d'autres livres de cet auteur.

L'intrigue de ce premier tome est assez simple, mais plusieurs choses se mettent en place et promettent des développements dans la suite. Cependant, je dois dire que le wolrdbuilding pèche un peu jusqu'ici : on sent qu'il y a des choses derrière ces 800 pages, mais ça reste très superficiel. le concept du monde qui est peu à peu recouvert de glace, en partant des pôles vers l'équateur, est super intéressant mais très peu abordé, les personnages s'en inquiètent à peine. La fameuse prophétie n'est quasiment pas expliquée, il faut vraiment se creuser les ménages pour essayer d'établir des liens, qui ne sont pas clairement confirmés. On sait qu'il y a un Elu, on sait qu'il y a un bouclier, c'est bien, mais et alors ? Que sont-ils censés faire ? Même combat pour les sis et les luttes politiques. l'empereur ne s'entend pas avec ses soeurs, mais encore ? A quoi servent les « objets » rares cachés dans les monastères et les couvents ? Personne n'explique une seule fois que sont ces objets.

Clairement, ce premier tome tourne exclusivement autour de Nona, et de ses premières années d'apprentissage au couvent de la Mansuétude, donc j'espère fortement que tout cela sera plus creusé dans Soeur Grise. Heureusement, les personnages rattrapent le coup. J'ai particulièrement aimé le petit groupe de Nona, Hessa, Ara, Ruli et Jula. J'ai plus de mal avec Clera, qui est trop égocentrique et trop focalisée sur l'argent à mon goût. Les notes du début sont hyper utiles : il y a beaucoup de personnages, surtout dans le couvent, et j'ai souvent confondu les professeures.

Les prologues et l'épilogue, qui se déroulent plusieurs années plus tard, sont intéressants, et même surprenants. J'avais des pistes, je n'étais pas loin, mais paf! c'était juste à côté !

En plus du worldbuilding pas assez approfondi à mon goût, deux choses m'ont marquée : la première, c'est la réapparition soudaine de certains personnages censés être disparus, ou aux dernières nouvelles dans un très mauvais état, qui réapparaissent en coup de vent, et à qui personne ne demande ce qu'il fait là ou ce qui lui est arrivé (je pense bien sûr à Markus). Et enfin, il y a cette traduction, que je n'ai pas vraiment aimée. C'est une bonne traduction, je ne dis pas le contraire, mais je ne l'ai pas trouvée fluide. Certaines phrases sont hyper longues, d'autres sont conjuguées bizarrement, d'autres formulées de telle façon qu'il fallait que je les relise plusieurs fois pour être sure d'avoir compris (la fatigue aidant). Un exemple parmi d'autres : « les parois se libérèrent et elle atteint en titubant un espace plus aéré ».

Quant à la fin… wow. C'était triste, c'était brutal, dans son déroulement comme dans son final abrupte, et ça donne terriblement envie de lire la suite. Impossible de lâcher les 150 dernières pages.
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J'avais déjà tenté de découvrir la plume de Mark Lawrence il y a quelques années avec le Prince écorché mais cela s'était soldé par un échec. J'avais trouvé le récit inconsistant et volontairement vulgaire et violent, sans originalité, ni surprise. C'était mal écrit et l'histoire avançait peu. Les personnages étaient peu attachants et mal définis. Alors pourquoi m'infliger à nouveau cet auteur ? Parce que j'avais espoir avec un univers mettant les femmes au centre que ces défauts disparaissent. Ce fut le cas pour certains mais pas pour tous malheureusement...

Soeur écarlate est le premier tome d'une trilogie, celle du Livre ancien, où nous découvrons le couvent de la Mansuétude, un couvent où on forme des jeunes filles à devenir des tueuses. Certaines sont dotées d'un sang ancien et révèlent des talents qui ne se manifestent plus que rarement. Ainsi, les religieuses ne mesurent pas tout à fait ce dont elles ont hérité à l'arrivée de Nona, une enfant de huit ans qui a déjà du sang sur les mains. Accusée de meurtre, la fillette échappe de peu à la potence grâce à l'une d'elle, mais elle est recherchée par de puissants ennemis aux mystérieux desseins. Au cours du long apprentissage de la voie de la lame et du poing, elle va être rattrapée par les secrets d'un passé hanté par la violence. Et Nona devra affronter ses démons et devenir une redoutable guerrière si elle veut rester en vie.

Sur le papier on avait donc un univers propice à me plaire avec ce mélange de destin, de vengeance, de religion/magie et de politique. Exit la vulgarité trop présente dans le Prince écorché, exit la violence qui ne servait à rien où les personnages mal écrits. J'ai poussé un soupir de soulagement ici. Pour autant, le titre n'est pas exempt de défauts et je pense que ma découverte de l'auteur va s'arrêter là car définitivement, il ne me convainc pas.

En effet, avec Soeur écarlate nous sommes dans de la fantasy d'apprentissage extrêmement classique où le lecteur un peu aguerri cherche l'originalité. On suit une héroïne enfant au début de l'histoire qui cache son passé. On la suit dans ses années d'apprentissages dans un drôle de couvent qui semble tout droit sorti d'Harry Potter mais avec des matières et des prof bien plus sombres. Pour la voir affronter une Prophétie à laquelle elle est mêlée et dans laquelle elle ne tient pas la place qu'on croyait au début. Bref, rien de neuf.

En plus, bien que mieux écrit, dans le sens moins vulgaire, la plume de l'auteur n'est pas parfaite non plus. Il a tendance à passer du coq à l'âne, à mal gérer ses ellipses, à réussir le tour de force de pondre un tome trop longuet alors qu'il se passe pourtant pas mal de choses. Bref, c'est ennuyeux et brouillon.

C'est dommage parce que l'univers aurait pu être intéressant s'il avait été mieux développé et exploité. J'ai aimé découvrir le secret de l'héroïne même si je m'en suis très vite douté. J'ai surtout aimé suivre ses années d'apprentissage, la voir maîtriser peu à peu ses origines et les pouvoirs qui y sont liés, même si là aussi l'auteur écrit ça assez maladroitement... Mais surtout, c'est le groupe d'amies et de proches qu'elle parvient à créer autour d'elle qui est intéressant ici. Nona a clairement un côté asociale et du coup, elle se noue d'amitié avec d'autres bras cassés comme elle, avec qui elles vont former un groupe soudé dans l'adversité. J'ai aimé les suivre dans leur apprentissage, dans les épreuves qu'elles vont rencontrer, dans la vengeance qui va tomber à plusieurs reprises sur Nona et dans l'aventure finale à laquelle elles vont être confrontées et qui va solidifier autant que diviser le groupe.

Cependant de bout en bout, j'ai trouvé l'intrigue brouillonne. Il y a d'abord le fait que tout se passe essentiellement en huis clos qui a dû jouer. Mais surtout, il y a le fait qu'on nous parachute de nulle part une menace en plein coeur du couvent dans le dernier tiers avec l'arrivée de nouveaux personnages, alors qu'on avait déjà la vengeance de cette grande famille envers Nona qui lui pesait dessus. Y avait-il besoin d'en rajouter ? Ça m'a donné l'impression que l'auteur improvisait en plein milieu, comme s'il se rendait compte d'un coup que son récit manquait de tension au final et qu'il voulait complexifier les choses pour justifier le tout. Bof.

Alors même si j'ai aimé cet univers fondé sur un royaume où la population est issue de quatre tribus ce qui confère à certains des pouvoirs différents en fonction de la tribus dont ils descendent, ce qui donne lieu à une Prophétie sur une grande élue issue des quatre. Si j'ai aimé suivre une héroïne casse-cou et casse-pied qui se crée sa propre famille après bien des épreuves. Si j'ai aimé suivre son apprentissage dans une sorte de Poudlard des assassins. Au final, l'écriture trop brouillonne de l'histoire, sans enfermement dans cette école et l'improvisation de l'auteur pour lui conférer un peu de tension et d'intérêt, m'ont empêchée de rentrer pleinement dans le récit, qui sera resté au stade de gentil divertissement. Mark Lawrence et moi, c'est fini. Je crois que sa fantasy n'est pas la fantasy que j'aime.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Vendue par sa mère à un marchand d'esclaves, la jeune Nona échoue au Caltess pour servir dans des arènes de combat comme d'autres jeunes gens. Tout bascule, le jour où en défendant une amie, elle blesse gravement l'héritier d'une puissante famille. Condamnée à mort, elle échappe de peu à la pendaison grâce à l'intervention de l'abbesse Vitrage qui l'emmène au couvent de la Mansuétude pour la former aux arts de la guerre et la faire embrasser son héritage magique. Mais peut-elle réellement espérer échapper indéfiniment à ses poursuivants ?

Autre ambiance avec le Livre des Anciens puisque Mark Lawrence nous emmène, cette fois-ci, en Abeth où le sang de quatre tribus coule dans les veines de ses habitants. Or, celui-ci forge leur destin en leur donnant des capacités particulières. Ainsi, les Gerants se distinguent par leur haute stature et les Hunskas par leur vélocité, tandis que les Marjals sont capables de puiser dans les magies mineures, les Quantals, eux, savent arpenter la Voie et maîtriser, de facto, les magies majeures. Certains parmi ces descendants les mieux dotés intègrent, d'ailleurs, des monastères pour y devenir novices. Là-bas, différents cours leur sont dispensés comme l'art des poisons et ses antidotes, la maîtrise des armes et des techniques de combat ou encore le contrôle de la Voie par une totale sérénité, dont la finalité est la manipulation de ses fils. C'est un programme d'études qui se déroule sur quatre années jusqu'à prendre le voile et devenir ainsi moniale. On distingue quatre ordres. Celui des Saintes chargées d'entretenir la foi en l'Ancêtre, celui des Ecarlates, autrement dit des soldates douées pour le combat, celui des Silences qui excellent dans l'art de l'espionnage et celui des Mystiques qui se révèlent être de vraies soeurcières maîtrisant la Voie. En nous attachant aux pas d'une enfant, Mark Lawrence fait le choix du roman d'apprentissage dans lequel Nona apprend à devenir à la fois une lettrée et une guerrière accomplie. Ainsi, amitiés naissantes et rivalités entre novices imprègnent autant ce texte que les intrigues politiques qui agitent l'Empire et l'Eglise.

A l'image de ses précédentes séries, le Livre des Anciens partage ce même univers sombre empreint de violence et de dureté et où la magie y est dévastatrice.

En outre, Mark Lawrence a ponctué son texte de sujets sensibles en nous parlant notamment de commerce d'enfants, d'esclavagisme et de violence. le décor est donc posé et il est difficile et implacable. Soeur Ecarlate est un récit poignant peuplé de traumatismes familiaux, sociaux et psychologiques. Il est pas mal question de misère sociale et d'abus mais l'auteur allège aussi le ton en construisant des amitiés fortes et en proposant un épanouissement personnel de ses protagonistes par une lente acceptation de soi. Il y a également une petite incursion de la question écologique, à travers cette ritournelle qui hante l'esprit de l'héroïne. Celle-ci porte sur la fin d'un monde après la chute de la lune. C'est une manière pour l'auteur de rappeler que la préservation de la vie et de la terre demeure bien fragile.

Avec le Livre des Anciens, Mark Lawrence maintient encore une fois la barre haute avec une narration toujours aussi nerveuse, des personnages inoubliables et un univers travaillé associé cette fois-ci à une intrigue originale et captivante... plus sur Fantasy à la Carte.








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critiques presse (1)
Elbakin.net
22 novembre 2017
Âmes sensibles s’abstenir donc, encore et toujours, malgré tout. Tout n’est pas parfait, loin de là. De façon plus générale, Lawrence s’appesantit trop sur certains segments qui ne méritaient pas franchement la place accordée.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Les enfants ne croient jamais qu'ils finiront pendus. Même sur l'échafaud, avec la corde qui leur irrite les poignets et le nœud coulant juste devant le nez, ils sont intimement persuadés que quelqu'un va intervenir, une mère, un père de retour d'un longue absence, une roi de justice... N'importe qui. Rares sont les petits à avoir vécu assez longtemps pour comprendre le monde dans lequel ils sont nés. C'est aussi le cas de bien des adultes, sans doute, mais eux au moins on eu l'occasion de recevoir quelques leçons d'amertume.
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Le monde entier, incommensurable et hurlant, a surgi du fond des âges pour atteindre ce battement précis de ton cœur. Et si tu ne fais rien, l'univers, sans même reprendre son souffle, s’immiscera dans la faille de cette fraction de seconde pour rejoindre le moment suivant et fonder une nouvelle éternité. Tout ce qui existe, l'écho de tout ce qui a un jour existé et les fondements de tout ce qui existera doivent traverser cet instant qui n'appartient qu'à toi. Il t'incombe simplement de piquer leur curiosité, de faire remarquer ta présence.
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- Le scriptorium, le réfectoire, le four à pain, les cuisines. Le Nécessaire, poursuivit la religieuse, en indiquant un modeste ouvrage doté d'un toit plat qui, à une centaine de mètres de là, semblait accroché au bord du gouffre.
- Le Nécessaire ?
- Tu t'y rendras quand le besoin s'en fera sentir, dit sœur Pomme avec un sourire. Avec l'odeur, tu ne risques pas de te tromper.
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- Ce sont des cellules monacales.
- Des cellules !
- Rien à voir avec une prison. Enfin, si, à vrai dire, la ressemblance est frappante. Mais elles sont propres, et les portes ne ferment pas à clé.
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- Tu ne comprends toujours pas. Les gens mentent, ils volent, ils trichent, ils n'ont aucune loyauté. Les gens te peinent, ils t'abandonnent. Ils t'échangent contre de l'argent.
- Je ne suis pas obligée de les imiter.
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Video de Mark Lawrence (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mark Lawrence
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