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sur 237 notes
En vacances dans les Caraïbes, Gaïl et Perry font une partie de tennis, quand le talent de ce dernier est repéré . Il est invité par Dima, à échanger quelques balles . Celui-ci, et sa famille se font de plus en plus collants et invitent le couple à une soirée . Bien malgré eux, Gaïl et Perry vont se retrouver embringués dans quelque chose qu'ils n'avaient pas prévus . Dima est un haut représentant de la mafia Russe .Contactés par les Services Secrets Anglais , le couple va devoir collaborer .

Bon, raconté comme ça , ça a l'air bourré d'action, de suspens ... ? Bof, bof !J'ai lu mieux .
Lorsque j'étais ado , j'ai lu énormément de romans d'espionnage , j'aimais l'action, le suspens et la sensation de comprendre le monde , celui dont " ♫ on nous cache tout, on nous dit rien ♫".
Récemment j'ai vu l'excellent film "La taupe" adapté d'un roman de le Carre , et j'ai eu envie de me replonger dans un de ses livres . Soit , c'est moi qui ai changé (genre plus blasée ...) , soit ce roman est vraiment plat . J 'ai trouvé ça très gentillet comme histoire d'espionnage . Aucun suspens, pas d'intrigues compliquées, une psychologie des personnages des plus sommaire ... Rien de "bouleversifiant ". "Un traitre" , un chouïa insipide comme goût pour moi ...mais d'autres palais apprécieront ...
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Une nana, bien roulée, cheveux mouillés, bikini jaune, qui sort de l'eau turquoise sur une plage de sable fin, un soleil bronzé, et James Bond, sourire espiègle, biceps saillant, qui la mate à l'ombre d'un cocotier un verre de Martini-Vodka à la main. Voilà ma conception de l'espionnage. Peu importe la plage d'ailleurs, l'île m'apporte exotisme et femmes dénudées. Cela me convient…

D'ailleurs peu importe la femme, même… du moment qu'elle soit bien roulé, qu'elle soit en bikini, qu'elle m'accompagne d'un cocktail exotique avant de se retrouver dans ma chambre. Elle peut être russe et blonde, rousse et anglaise ou brune et caribéenne, le principal étant que dans tout roman d'espionnage, elle alimente les fantasmes des espions et de moi-même sur une île sauvage où les pulsions sexuelles font battre mon coeur au rythme d'une Austin Martin à plein régime sur l'autoroute d'une corniche escarpée.

D'ailleurs peu importe l'île, aussi… Les Caraïbes ou les Canaris. Direction Antigua. le soleil, les nanas, les cocktails… Et sur cette île, il y a un gros ours, genre montagne russe, crane luisant, ventre imposant, carrure à la ex-soviétique élevé au caviar et à la viande de bison. Un ours avec sa femme, ses marmots et ses gardes du corps patibulaires, un court de tennis, Gail et Perry jeune couple anglais (magnifique Gail, pas espionne mais prête à entretenir mes lamentables fantasmes libidineux, sa silhouette, son galbe, ses jambes fines et sa petite jupette blanche qui s'envole à chaque service). le tennis, ce n'est pas vraiment ma passion, ni même ma tasse de Darjeeling (à part pour admirer je jeu de jambes des soeurs Williams ou la nymphette russe Anna Kournikova). Passons donc, j'assisterai quand même à la finale de Roland-Garros où le maître esthète Federer était encore tout puissant sur la fine poussière de terre battue.

Au fait, ce russe est le grand manitou du blanchiment d'argent, le Number 1 de l'écoulement de l'argent sale à travers toute la planète. C'est ça la mondialisation de l'économie. D'ailleurs, j'y apprendrai pas mal sur le sujet, sans y percevoir l'aspect insipide et soporifique des sciences économiques. Un sujet très intéressant, aussi vaste que les caves de l'île de Skye. Toujours est-il que ce russe a chaud aux fesses (sans aucune connotation avec un quelconque jeu sexuel) et que fermement décidé à passer la main – avant l'arme à gauche – se ‘rend' aux services secrets britanniques – de vrais gentlemen avec le sens abouti du fair-play à la mode anglaise – par l'intermédiaire des jeunes espions ‘novices' Gail et Perry.

Les espions de John le Carré n'ont rien à voir avec l'esprit ‘joli coeur' version cinématographique de sieur Ian Fleming. Ici, ils ont une conscience. Ils sont paranos. Ils connaissent la vie, les rouages de la politique, les déflagrations budgétaires, les fulminations administratives. Leur grand écran est celui de la vie, du concret, de la réalité. Il n'y a que dans un film où le ‘héros' au charme certain préfère un Vesper « shaken, not stirred » à un single malt de l'île de Skye.

Avec cette chronique, je ne serai peut-être pas nominé pour le Prix Pulitzer, mais je tiens quand même à mon discours de remerciement en bon et due forme.

1. Je tiens à remercier Gail qui a ensoleillé malgré son teint anglais cette lecture. Sans Gail, la vie serait plus fade et c'est un sacré bout de femme. Si Perry pas l'épouser moi lui saute dessus (enfin sur Gail, pas Perry).

2. Je tiens, secondement, à remercier les éditions Points – par l'intermédiaire de Babelio – qui m'ont filé ce livre en échange d'une petite contribution littéraire à haute teneur intellectuelle sur ce bouquin.

Je ne suis pas forcément le meilleur public pour les romans d'espionnage (James Bond pour moi se limite presqu'aux bikinis des James Bond Girls – je suis très ‘fashion'). En plus, dans un temps aussi lointain que la présence d'un Tyrannosorus Rex sur ma platine CD, j'avais déjà feuilleté un roman de John le Carré – « Notre Jeu » – roman d'espionnage du maitre qui ne m'avait guère convaincu et dont les souvenirs semblent irrémédiablement noyé dans ma bouteille de Speyside – à l'époque, je n'avais pas de single malt de l'île de Skye. Donc lorsque les éditions Points – par l'intermédiaire de Babelio – me proposèrent ce deal, je me suis posé cette question : est-ce que le traitre serait à mon goût ? D'un autre côté, j'ai si bien apprécié les transpositions cinématographiques de certains de ses romans – pour les citer : « le Tailleur de Panama » avec l'ex-James Bond Pierce Brosnan et « La Constante du Jardinier » avec Ralph Fiennes – que l'envie me titillait l'esprit (à défaut d'être titillé ailleurs par des corps moulés et mouillés émergeant de l'eau) de me plonger dans une nouvelle lecture de John le Carré.

3. [...]
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"Ma conclusion d'expert, assène-t-il, est que, en tant que grande nation, nous souffrons de pourriture managériale du sommet à la base."
De quelle grande nation nous parle cet Hector, des services secrets britanniques? Et bien, de la sienne, bien sûr..

La rencontre d'un couple de jeunes anglais avec un mafieux russe en très mauvaise posture.
C'est vrai qu'il y a un côté peut-être un peu caricatural dans certains portraits , notamment de celui de ce jeune couple britannique.
Mais j'ai retrouvé le John le Carré tel qu'il est depuis un certain temps. En colère. Et si les écrivains ne se mettent pas en colère, qui va s'y mettre. Enfin, pour commencer..
Mais une colère à l'anglaise, pleine d'ironie et d'humour, assez noir , mais quand même, toute en allusions.
L'empathie, c'est pour ce mafieux russe qu'il l'exprime, pour ce qui l'a amené là,et pour l'enchainement inéluctable de certains parcours de vie . de ceux qui amènent à se retrouver à la Kolyma à 14 ans, ou emprisonné dans une grotte à Bogota. Ou à aller voir son fils deux fois par semaine en prison.
Avec un récit encore une fois très construit .
Avec, et il est très fort pour cela, encore une fois une fine analyse des rapports de force entre les personnages.
Ce qui fait une oeuvre, finalement.

J'ai appris un peu plus ce qu'étaient les vors à la Kolyma.
J'ai appris à quoi pouvaient servir certaines loges à Roland Garros, ça alors!
Je n'ai pas appris qu'en matière de blanchiment d'argent, la ville de Londres n'avait pas à rougir.

Quant à la fin.. Logique, non?
Elle m'a rappelé un évènement similaire survenu il y a quelques années en Polynésie française. Jamais de preuves, bien sûr,et il n'y en aura jamais, mais survenu après certaines disparitions très très suspectes et toujours non élucidées malgré les familles qui, courageusement, ne se résignent pas.Certains avaient avoué, d'ailleurs.. mais sont revenus sur leurs aveux , on se demande pourquoi. D'autres ont eu des accidents tout à fait regrettables, ça arrive, bien sûr, mais quand ces accidents mortels se répètent, c'est que sur ce groupe qui ne sait pas tenir sa langue, la malchance s'acharne vraiment..
Des évènements qui surviennent au bon moment pour certains , du ni vu, ni connu , et hop, on passe à autre chose. Les océans profonds sont des tombeaux bien pratiques.
Et d'aucuns voudraient qu'on ne soit pas en colère?


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Cette lecture me laisse quelques questions qu'il me faudra résoudre en lisant un ou deux autres titres de John le Carré... Parce que bon, je ne vais pas vous faire languir plus que ça : oui, j'ai aimé ce roman d'espionnage bien d'actualité qui met en scène un jeune couple qui va se trouver confronté à du blanchiment d'argent sale à grande échelle et toucher du doigt les liens qu'il peu y avoir entre les gouvernements et les économies parallèles.

La narration est digne d'un scénario. On commence par découvrir Gail et Perry à Antigua. Rapidement, s'intercalent des morceaux de leur "interrogatoires" par les services secrets britanniques avant que l'intrigue ne suive un ou deux personnages secondaires pour nous planter le décor de la scène finale. Si les personnages sont peut-être un peu nombreux, un minimum d'attention à la lecture permet de voir au fil des pages la mise en place d'une énorme machinerie, dépassant largement nos deux héros.

Si je ne ferai pas de ce roman un coup de coeur, c'est plus parce que le genre, même s'il m'intéresse, ne fait malgré tout pas partie de mon style de prédilection. Que ce soit en roman ou en film, j'aime bien l'espionnage, mais à petite dose ! Ceci dit, je ne peux que reconnaître le talent de John le Carré pour ficeler une intrigue des plus pertinentes qui n'hésite pas à interpeller le lecteur en soulignant les intérêts que peuvent avoir les États à ne pas mettre le doigt sur un réseau pourtant connu de blanchiment d'argent... Reste à savoir s'il y a un peu de vrai dans tout ça...!
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Un gros maffieux russe blanchisseur d'argent sale sentant l'horizon s'obscurcir veut couvrir ses arrières et se rapatrier, lui et sa famille, à Londres, capitale du fair-play, du tennis et des bonnes écoles pour un zek élevé dans les geoles de la Kolyma et éduqué sur le tas de fumier, drogue, armes et argent sale, consécutif à la chute du mur de Berlin et du régime soviétique : voilà pour le prologue. Pour ce faire, il a jeté son dévolu sur un jeune couple d'anglais plus-que-parfaits qui, il l'espère, lui permettront d'échapper à une mort certaine et violente en persuadant les services secrets britanniques qu'il a beaucoup à offrir, i.e. les noms de la haute finance britannique et européenne corrompus jusqu'à la moëlle.
Autant le dire tout de suite, quand on lit John le Carré, il vaut mieux ne pas être distrait et ne pas faire autre chose en même temps, c'est encore plus vrai pour celui-ci à tel point qu'il faudrait que je le relise entièrement pour être sure de ne pas être passé à coté de quelque chose ...
Une construction un peu dérangeante, un vocabulaire truculent et une intrigue passionnante... juste une petite angoisse à là la fin : est ce que ça fonctionne VRAIMENT comme ça ????
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Dans son dernier roman, Retour de service, John le Carré faisait du badminton un terrain de rencontre pour espions aguerris. J'ignorais que dix ans auparavant, il avait fait du court central de Roland-Garros et de la finale entre Federer et Söderling un élément culminant de son intrigue. Dès que je l'ai su, je me suis ruée sur Un traitre à notre goût. Il faut dire que les sports de raquettes font partie intégrante de la culture britannique et ne pouvaient pas être absents des écrits du plus anglais des maîtres de l'espionnage.

J'ai retrouvé ici tout ce que j'aime chez John le Carré, à commencer par l'humour qui imprègne chaque page de sa causticité. le regard qu'il porte sur ses personnages, qu'ils soient espions aguerris ou en herbe est empreint d'une ironie et d'une hauteur toutes britanniques. Les dialogues sont mordants, le rythme trépidant, la complexité des services secrets est un des leviers utilisés par l'auteur pour envelopper son lecteur dans une atmosphère particulière sans chercher à éclaircir quoi que ce soit. Ici, il sera question des implications pas très claires de certaines personnalités britanniques dans des business en lien avec des groupes mafieux... Business as usual.

Tout commence sur un terrain de tennis dans les Caraïbes. Perry et Gail, jeune couple anglais pensaient passer un séjour tranquille à échanger des balles avec d'autres vacanciers dans ce club huppé lorsqu'une rencontre avec les Dima, une famille russe va quelque peu contrarier leurs plans. Les voilà contraints, de retour en Angleterre de contacter les services secrets pour leur soumettre la requête dont ils sont porteurs et qui va les contraindre à endosser, elle la juriste et lui l'enseignant, des rôles qu'ils n'avaient pas prévus. Inutile d'en raconter plus, il suffit de laisser faire le maître. L'intrigue est aux petits oignons, je sais gré à John le Carré de mettre en valeur l'intelligence de ses personnages féminins et Gail ne fait pas exception, elle est juste parfaite. Les scènes de débriefing par les services secrets sont géniales, le chapitre de la finale à Roland-Garros est fantastique. Bref, j'ai pris mon pied et je me demande comment j'ai fait pour passer à côté de ce livre lors de sa parution en 2011 et même de l'adaptation cinématographique (Un traitre idéal... qui a d'ailleurs donné son titre à la version poche)... Lacune comblée, et bien comblée.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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« Explosif et haletant », semble avoir écrit, à propos de ce roman, un critique du Monde repris en quatrième de couverture. Si « explosif » est un terme qui peut éventuellement se discuter, dans le sens où le Carré peut révéler par le biais de la fiction des informations « explosives » (que tout un chacun peut cependant trouver régulièrement dans la presse), « haletant » est plus problématique. Car s'il est un romancier qui n'écrit pas des histoires haletantes, c'est bien le Carré, et plus encore depuis quelques années déjà, où il tend à axer ses romans plus sur l'intimité de ses personnages que sur l'intrigue.

Et Un traître à notre goût est bien de cette eau là qui raconte comment un couple de jeunes anglais aisés (Perry enseigne à Oxford, Gail est avocate) se trouve par la force des circonstances obligé de jouer les intermédiaires entre un mafieux russe spécialisé dans le blanchiment d'argent prêt à trahir son organisation et les services secrets britanniques.
Plus qu'une plongée au coeur du crime organisé russe, des réseaux internationaux de blanchiment ou de l'espionnage anglais en pleine recomposition depuis la fin de la guerre froide et le 11 septembre 2001, ce que nous propose John le Carré, c'est de nous attarder sur les atermoiements, entre désir de se protéger, d'aider ou de retrouver un tant soit peu d'estime de soi de ses personnages. On avance ainsi au rythme des états d'âme de chacun des protagonistes. Perry, tombé sous le charme de Dima, l'exubérant criminel, Gail qui s'attache à Natasha, la fille de Dima, Luke l'espion placardisé, humilié, dont le couple bat de l'aile et qui veut à nouveau pouvoir être fier de lui et donner à son fils une meilleure image, Hector, le chef espion revanchard déterminé à faire un retour tonitruant et à mettre sa hiérarchie dos au mur.
En fin de compte, l'intrigue reste donc accessoire et les détails du marché qu'entend passer Dima avec les Britanniques demeurent finalement assez flous, esquissés, au profit des relations qui se nouent entre les deux camps et entre Perry et Gail, personnages centraux, et chacun des camps en question. Certes, le passage prévu de Dima en Angleterre instille le suspens nécessaire au roman d'espionnage et donne un certain rythme au récit, mais c'est bien la description de cet ensemble de relations humaines, faites de confiance accordée et de trahisons qui est le sel de cet ouvrage.

Alors, ni explosif, ni haletant, Un traître à notre goût est surtout un beau roman désabusé sur la trahison des idéaux portés par un pays en même temps qu'un beau livre sur l'amitié qui se forge face à l'adversité. Un bon cru de le Carré.


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Et l'émotion, bordel !

- « Mon cher éditeur, satisfecit vous me donnerez, n'est-il pas ? J'ai calibré ça à 125.000 signes, comme convenu !
- Ca parle de quoi, cette fois ?
- Un anglais moyen, prof grande école, qui vit avec une avocate du privé…
- Bien, ça, le mélange de genres.
- N'est-il pas ? Ils décident de partir en vacances…
- Pas en Grèce, j'espère !
- Non, non, rassurez-vous. Dans les Caraïbes. Un peu chez nous, quoi. Alors là, ils rencontrent un colosse bizarre et mort de trouille qu'est dans la mafia… Mais là j'innove, car le type est russe. C'est de la mafia russe.
- Ok. Vous avez mis de l'espionnage, j'espère ?
- Ah rassurez-vous, cher éditeur, j'ai concocté le mélange adapté ! Une histoire d'espionnage, évidemment, mais avec du fric en jeu et du fric russe. Un zeste d'enquête, pas trop compliquée l'enquête pour que le lecteur lambda ne s'y perde pas, mais de la complexité financière pour qu'il respecte le travail fourni quand même. Sans oublier les problèmes de couple des deux tourtereaux de l'aventure. Chacun devrait pouvoir y trouver son compte.

Cher John le Carré, rassurez-vous dito, chacun y trouvera son compte. Vous savez que vous écrivez bien ? Je l'atteste en français : Isabelle Perrin, votre traductrice, a fait un travail plus qu'honnête. Langue claire, fluide, rien à dire de ce côté-là. Ca se laisse boire comme l'assurait feu mon grand-père en avalant un Beaujolais. Certes, il devenait nettement plus lyrique en dégustant un Châteauneuf du Pape, mais il ne méprisait pas le Beaujolais : il le tenait à la place qui est la sienne, voilà tout.
C'est le second ouvrage né de votre plume que j'absorbe. Enfin, plus exactement, celui-ci est le premier, car je n'ai pas eu le courage de terminer votre ‘maison Russie ‘. Comme le Beaujolais se laisse boire, votre bouquin se laisse lire, ce n'est pas mauvais, ça coule. Mais ça ne transcende pas, ça non. L'émotion ? Absente. L'humour ? A la british peut-être, mais d'un genre qui ne ferait pas fureur pour emballer une nana, en Gaule en tous cas. Mystère ? Là, je reconnais, le mystère est bien là, et correctement construit.

Mais l'important, le plus important ma bonne Dame, c'est que ça se vendra certainement. C'est fait pour ça. Surtout. Osons même l'exactement ! Bling bling, c'est démodé, alors Cling cling, chez l'éditeur. Un polar à notre goût. Un qui rapporte. Pendant ce temps là, y'a sans doute un Proust qui se flingue, mais c'est pas grave.
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Ce livre a été lu dans le cadre d'un partenariat et j'en remercie le site Babelio et les éditions Points

Lecture


Perry est un jeune universitaire anglais, professeur de littérature. Grand, dégingandé, il cache sous des airs très « british » un sportif de haut niveau. Sa compagne, Gaïl, est avocate et une très belle femme, de celles sur le passage desquelles les hommes se retournent.

Perry ne sait plus trop quelle orientation donner à son avenir : devenir professeur, écrire, ou opter pour un changement plus radical. Pour faire le point et se changer les idées, Gaïl et lui prennent une semaine de vacances aux Caraïbes. Ils y rencontrent un oligarque russe, force de la nature, chef de famille attendri et membre éminent de la mafia des « Vors ». S'ils s'affrontent sur le court de tennis, Perry et ce Dima sympathisent. Dima demande alors à Perry de devenir sa carte d'accès aux services secrets britanniques : confidences contre sécurité.

Mais Perry, s'il est solide, est aussi idéaliste et rêveur. La réalité des services de renseignements n'est pas celle qu'il croit, surtout lorsque les hommes de l'ombre sont en fait ceux que l'on voit souvent sous les projecteurs. Idéalisme et vertu peuvent-ils affronter corruption et pouvoir ?

Avis

Sans dévoiler le contenu du livre, John le Carré a articulé ce roman en trois parties.

La première partie, la rencontre, n'est pas vécue directement par le lecteur comme témoin. Mais elle est le résultat de l'histoire que raconte Perry qui la tient lui-même de Dima. Pendant un bon tiers du livre, on écoute donc une histoire à plusieurs relais. Cela permet à l'auteur de développer de façon intéressante la psychologie des trois protagonistes : Dima la source, immergé dans la mafia russe ; Gaïl et Perry , les relais et enfin les personnes qui reçoivent les confidences.

Outre le fait que j'aie eu du mal à adhérer à cette soudaine et improbable amitié passionnelle entre Perry et Dima, et bien que tout cela soit développé intelligemment, les différentes narrations, les perceptions particulières de chacun ajoutent une certaine distance avec le lecteur. Comme si chacun rajoutait un filtre et que ce qui arrivait au bout de ces couches successives n'était qu'un pâle reflet de la réalité. On retrouve pourtant ici une partie de huis-clos chère à l'auteur. Des bureaux que l'on imagine lambrissés, des hommes en costumes sombres, une vraie ambiance d'espionnage. Mais le manque de pression ou d'antagonismes et l'absence de réel enjeu rendent cela vain.

Dans la seconde partie, le récit se trouve confronté à la réalité. Ce que l'on gagne en vivacité, on le perd malheureusement en lisibilité. Surgissent un grand nombre de personnages, tous plus corrompus les uns que les autres, que l'on peine à identifier par leurs noms, noms de code, fonctions, histoires, rôle public ou rôle de l'ombre. La plus grande hâte est alors que ce défilé cesse un peu pour que l'on puisse essayer de faire le tri et deviner quelles sont les figures majeures.

Dans la troisième et dernière partie, la réalité prend le dessus. On ne vit alors plus l'histoire par procuration et l'on se retrouve de fait beaucoup plus concerné. Même si John le Carré n'est pas un auteur de romans d'action, il sait enchaîner les évènements pour qu'ils soient à la fois crédibles et inéluctables.

La chute est assez raide.

On retrouve dans ce livre ce qui fait la grande qualité des romans de cet auteur : une psychologie poussée des personnages, un savant machiavélisme, ainsi que certains de ses thèmes de prédilection : l'idéalisme du paladin, la noirceur et la paranoïa des professionnels, la nécessite et l'inutilité relative de la bonne volonté. Mais contrairement à d'autres romans, il manque ici de la maestria et de l'élan dynamique. le style de l'auteur est solide, on a pourtant l'impression que John le Carré fait du John le Carré… Pour tout dire, ce roman ronronne un peu et il ne m'a jamais emporté tout comme il ne m'a jamais lassé.

Le personnage de Perry est trop lisse. Il en devient énervant dans sa bonne volonté, sa perfection candide. J'ai regretté que, bien que j'y aie cru un instant, Gaïl, sa compagne, ne prenne le dessus et ne devienne le personnage principal. Elle est bien plus vivante et intéressante.

Conclusion :

Un roman bien écrit, plutôt agréable. Mais il laisse une impression de dispensable, manquant de force, il peine à marquer.

Ma note : 13/20.
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En décembre dernier mourrait John le Carré. Quelques-uns de mes lecteurs de polar m'ont demandé conseil : quels livres de le Carré pouvaient-ils lire. Bien sur il y avait tous ces classiques tels La Taupe , La Constance du jardinier, le tailleur de Panama, L'espion qui venait du froid, La maison Russie ou encore Single & Single. Et là je me rends compte de deux choses, un que nombre de ces livres ont été adapté au cinéma et deux qu'il y a longtemps que je n'ai pas lu de John le Carré. Aussi comme j'ai sous la main «Un traître à notre goût »je me dis qu'il est grand temps que je reprenne contact avec cette homme qui a travaillé pour le Foreign Office avant d'écrire des romans d'espionnage.
Mais alors que nous raconte « Un traître à notre goût »
Un oligarque russe menacé, demande pour lui et sa famille la protection des services secrets de Sa Majesté. En échange, il accepte de livrer des renseignements sur des circuits internationaux du recyclage de l'argent mafieux.
Pour Perry, fort sérieux enseignant d'Oxford et Gail, prometteuse avocate londonienne, ces vacances dans une île caribéenne sont un rêve. Paysage idyllique et compagnons de séjour plutôt pittoresques, tel Dima, un milliardaire russe fantasque et truculent qui arbore une Rolex incrustée de diamants et un tatouage sur le pouce droit. Mais Dima n'est pas un simple extravagant. Avec lui on va être entraîné dans un roman tragique et captivant. On va voyager, connaitre du Goulag, nous retrouver à Antigua, passer par Roland-Garros jusqu'à une cachette au fond des Alpes suisses, en passant par les salles feutrées de la City de Londres, où règnent, avec la connivence des services secrets britanniques, la cupidité et la corruption.
Bref une nouvelle fois John le Carré nous joue la comédie de la guerre froide mais des années plus tard après que celle-ci soit terminée. Enfin sommes-nous certains que celle-ci est réellement pris fin. Car aujourd'hui c'est face à une autre menace russe que notre société est confrontée, celle de sa mafia, ses mafias russes ou venues de l'ex blog soviétique pour être plus précise. Et en éminent chroniqueur de notre époque, le carré nous livre ici un portrait glaçant de notre monde et de notre société totalement soumise à l'argent. Aussi j'ose le dire tout haut, je l'affirme même John le Carré est et restera à tout jamais l'as du roman d'espionnage

Lien : https://collectifpolar.com/
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