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Avers, c'est pour moi l'occasion de renouer avec l'univers littéraire de J.M.G. le Clézio.
Dans ce recueil de huit nouvelles, c'est toute une galerie de personnages que l'écrivain désigne comme des indésirables, face à l'injustice qu'il leur arrive. le sort qui leur est réservé convoque des univers sombres où les règles du jeu établies par la loi des plus forts condamnent par avance les plus faibles.
J.M.G. le Clézio, le temps de quelques pages, donne voix à ces indésirables, fait naître en notre coeur un sentiment de compassion et de révolte. Ce sont souvent des enfants au quatre coins de monde, - raison de plus de sentir notre coeur étranglé par l'émotion, parfois ce sont des histoires anciennes...
La guerre, la misère, la fange nauséabonde de la rue, les trafics de drogue, les terres, les forêts dépouillées de ceux qui y vivaient depuis des siècles, des millénaires...
Avers, c'est un recueil de huit nouvelles, dont celle éponyme qui raconte l'histoire de la jeune Maureez Samson la petite Mauricienne dont je fais la connaissance au bord de cette baie de l'Océan Indien, dont le père a disparu en mer alors qu'il était parti à la pêche avec sa frêle barque. Alors, elle va connaître l'enfer des autres, mais le bonheur parfois aussi comme un rai de lumière traversant des volets mal fermés, battant dans le vent...
Ces nouvelles comme des fables de la vie, ce sont des textes vibrant d'humanité, irrigués par ces voix multiples qui nous appellent à mieux les regarder dans un instant fugace.
J'ai entendu leurs mots, leurs respirations, leurs battements de coeur comme des battements d'ailes, j'ai été cueilli par ce souffle inouï qui nous empêche de les oublier.
J.M.G. le Clézio nous invite à prendre le pas dans le parcours de personnages en marge, souvent « invisibles », de Paris à l'Île Maurice, en passant par l'Amérique latine ou le Moyen-Orient, c'est une traversée du monde sur des rivages à la fois beaux et hostiles.
Non, je n'oublierai pas les voix de Maureez, de Chuche et de Juanico, de Juan, de Mano, d'Aminata, deYoni et Népono, de Chepo. Ce sont des prénoms qui me sont devenus familiers à force de les côtoyer dans leurs existences abîmées.
Je n'oublierai ni leurs voix, ni leurs silhouettes fragiles éprises d'azur et de liberté, rasant l'asphalte des rues pour éviter les balles perdues, blottis dans des fossés, se cachant de la violence des hommes qu'ils soient policiers ou bandits, - là-bas c'est parfois à peu près la même chose -, oubliés, déshérités, affligés par les outrances et le désordre du monde, la part de bonheur qu'ils revendiquent paraît pourtant si infime...
Ils sont nés tout simplement du mauvais côté de la rue.
Dans cette douleur âpre de la réalité, il n'y a jamais aucun pathos et rien n'est forcément désespéré. Une joie mélancolique se tient en embuscade, le chant d'une berceuse, la magie d'une forêt ancestrale, le regard d'un vieillard bienveillant, un rire à gorge déployée, l'amour peut-être aussi... J.M.G. le Clézio sait nous débusquer ces instants fragiles épris de lumière dans la gangue des ténèbres. « Est-ce que ce qui est perdu est perdu à jamais ? »
J.M.G. le Clézio donne voix aussi aux peuples minoritaires, en voie d'extinction, rappelant que la mondialisation participe à blesser encore un peu plus cette humanité sacrifiée, mais la mondialisation n'est-ce pas aussi le fait des hommes, ceux des plus forts sur les plus faibles ?
Dans une écriture qui semble toujours simple en apparence, J.M.G. le Clézio ne se contente pas d'écrire des histoires, il les porte en son coeur, il nous les délivre dans une colère mutique qui invite à une révolte non négociable en nous.
Les gamins de la rue, les enfants esclaves, les enfants de la guerre, ceux qui grandiront trop vite, porteront des armes presque aussi lourdes qu'eux...
Ce sont parfois des silhouettes fantomatiques qui traversent les pages, bercées par les chants du monde, celles des paysans chassés de leurs terres, de leurs forêts ancestrales, par les narcotrafiquants...
Brusquement ces histoires prennent une portée universelle et je ne peux que me laisser emporter alors dans cet écho ineffable qui a continué de se prolonger longtemps après ma lecture...
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« Avers » ; JMG le Clézio (Gallimard, 220p)
Huit nouvelles, dont les héros sont des laissés pour compte, des bannis, des victimes dans des pays pauvres (Amérique du Sud, Madagascar…), ou dans le Paris des pauvres venus d'ailleurs.
Toutes les nouvelles ne se terminent pas mal, mais le poids de la souffrance, de l'humiliation est lourd à porter, dans un monde où la violence ne fait qu'empirer, écrasant une humanité si proche de la nature et à qui on enlève tout.
C'est émouvant, poignant, Le Clézio parle de mondes qu'il connait visiblement bien. Et même si les bons sentiments ne sont pas la meilleure recette pour faire de la bonne littérature, je me suis laissé prendre par ces destins au bord du précipice. Et puis il y a la langue de le Clézio, belle, parfois mâtinée de créole. Ça ne laissera pas en moi des traces indélébiles, mais je ne suis pas resté insensible à la lecture de ce livre.
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Avers...la face cachée ceux que l'on ne veut pas voir que l'on cache mais qui ont des vies **riches** de souffrances: inceste,viol, violences....

Le Clezio nous emmène dans des lieux qu'il connaît bien car pour la plupart il y a vécu

Une écriture de plus en plus ciselée, riche qui cache et /ou révèle l horreur de ces vies.


Ces nouvelles sont des pépites de style et d'humanité
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« Pour moi, l'écriture est avant tout un moyen d'agir, une manière de diffuser des idées. le sort que je réserve à mes personnages n'est guère enviable, parce que ce sont des indésirables, et mon objectif est de faire naître chez le lecteur un sentiment de révolte face à l'injustice de ce qui leur arrive » … Ces mots de l'auteur en quatrième de couverture annoncent au lecteur ses rencontres avec les exclus du bonheur, les indésirables. Qu'ils essaient de vivre en Amérique du Sud, au Moyen-Orient, à l'Ile Maurice, à Paris ou partout ailleurs… ils ont fui la ségrégation, la guerre, l'invasion, la détérioration de leur pays, tenté d'échapper à la misère et emprunter des chemins inconnus qui auraient pu les mener vers la lumière.

Dans les huit nouvelles, de nombreux acteurs transportent leur culture et leurs peines, leurs plus beaux souvenirs aussi, avec au fond du coeur un rayon d'espoir qui les ferait vivre. Parmi eux, le récit des gamins, des enfants esclaves qui empruntent les égouts pour découvrir la vraie vie, un pays paradisiaque « un pays où les enfants ont des baskets propres, décorées de bleu et de rouge, avec des bulles lumineuses dans les semelles ». Sans oublier la main-d'oeuvre issue de l'immigration employée dans nos usines, « les Couscous-tapis », dont les femmes mijotent d'excellents couscous aux indigènes et le mari qui reviendra de vacances au bled avec un beau tapis de qualité commandé par son chef. Il s'appelle Ahmed, elle c'est Fatima… ils ont tous les mêmes prénoms forcément !

Seulement quelques exemples puisés dans ces textes, qui ne pourront jamais traduire les émotions, la sensibilité, la poésie, la pudeur véhiculées par les indésirables si bien honorés par l'écriture et la délicatesse de J.M.G. le Clézio dans ces nouvelles criant les ravages des fléaux perpétrés par la race humaine.


Lien : https://mireille.brochotnean..
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Recueil de 8 nouvelles se déroulant à différents endroits du monde : Île Maurice, Mexique, France... et racontant la vie de marginaux au destin compliqué.Ils sont définit comme des "indésirables".

Dernière oeuvre en date de JMG le Clézio avec certaines nouvelles très réussies et touchantes, en particulier "Avers" ou "Etrebemma" qui sont pour moi les plus marquantes. L'auteur sait décrire avec justesse le tragique de chaque personnage sans apitoyer et juger pour autant le lecteur.

Les décors diverses occupent aussi une place d'intérêt dans cette oeuvre comme au habitude de l'auteur. Chaque protagoniste évolue dans un univers différent : rue d'une grand ville, île, forêt tropical... qui contribue à le définir.
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JMG le Clézio - Avers - **** - fini le 8 mai 2023

Ce livre est un recueil de nouvelles. Mes fidèles lecteurs s'en souviennent (!), j'avais eu du mal à apprécier le Procès Verbal, le livre qui a fait la réputation de le Clézio, même s'il avait diffusé en moi petit à petit, mais je trouvais qu'il ne s'y passait pas grand chose. Là, il se passe énormément de choses et le point commun de toutes ces « choses » ce sont les « petits », les oubliés, les sans-grades qui peuplent nos villes, le plus souvent dans l'hémisphère Sud du Monde. Le Clézio écrit très bien, et il a quitté (depuis longtemps, peut être) le fusmato de son premier livre. Là, tout est clair, parfois une lueur d'espoir apparaît à la fin de la Nouvelle, à la faveur d'une rédemption par le chant, où parce qu'un bon samaritain recueille l'enfant perdu. La dernière nouvelle est proche de Garcia Marquez, par la luxuriance des adverbes et la description d'un monde aux confins du fantastique. Garcia Marquez, un de mes auteurs favoris.

Bref ce recueil de nouvelles est très riche en ce qu'il décrit le monde par le « bas » et nous montre un Monde qui vit quand même…qui s'en sort, grâce à tous ces inconnus qui se battent pour s'en sortir.
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Recueil de nouvelles composées à des moments différents par JMG le Clézio. Leur thématique commune : la souffrance, la solitude, la peur parfois de ces êtres chassés par la guerre, la violence familiale, la faim et devenus dans un territoire d'exil des "indésirables" qu'on préfère ignorer.
Les premières nouvelles , les plus émouvantes, concernent des enfants. C'est Maureez Samson fille de pêcheur disparu en mer obligé de fuir la maison de ses parents. Elle sera sauvée par le chant et la qualité de sa voix. C'est Chuche et son petit frère, enfants esclaves échappés de l' Apurimac ( Pérou), ce sont ces enfants Mexicains "les rats" qui passent la frontière par les égouts. En eux tous, une rage de vivre et une capacité à s'émouvoir devant la beauté.
En France, c'est une caméra de surveillance qui observe les adolescents et adultes, clochards du métro et autres "Fantômes".
Les dernières nouvelles sont plus exotiques avec Yaya, la nounou mauricienne et surtout l'histoire d'une tribu indienne Etrebbema, société proche de la perfection anéantie par les narcotrafiquants.
Et la guerre toujours avec Hanné la fillette sourde muette et deux petits garçons libanais Mehdi et Marwan.
JMG le Clézio donne à voir les paysages, les cadres de vie (de survie plutôt) et donne de la profondeur à ses personnages même dans des nouvelles courtes. le lecteur est ému, amusé parfois, et s'interroge : la littérature a-t-elle le pouvoir de lutter contre toutes ces injustices ?
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J'ai voulu lire ce dernier livre de JMC le Clézio, "Avers", parce qu'il était de le Clézio...
Quelle déception !
Mise à part sa première nouvelle "Maureez Samson", les autres n'accrochent pas. Ces nouvelles, toutes humanistes qu'elles puissent être, restent ennuyeuses à lire. Par bonheur, l'écriture coule si bien que cela m'a permis de terminer ce livre; c'est de la belle littérature en soi. Mais Yoni ne m'a pas ému, ni les déboires des gamins de Nogalès; leurs dramatiques courses-poursuites avec la police qui les attendent au sortir des égouts de passage sont de sempiternels drames de ces frontaliers d'avec l'Arizona, terre de promesses que le Mexique n'offre pas. Les rêves déçus de Chepo et Bravo, de la "jeune fille aux cheveux d'or belle comme une fée "restent les seuls sentiments qui ressortent de ce livre, par ailleurs sans émotion. Ce roman humaniste m'a laissé froid.
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Ceux qui échappent à notre regard trouvent ici une plume pour dire qu'ils existent.

Les petits, les oubliés des conflits, les rats des frontières, les exclus de la société, les victimes de l'argent sale ont une âme, des peurs, toujours, et des rêves, parfois. Ils sont vieux, jeunes, hommes ou femmes, ils fuient.

Il fallait une langue belle et généreuse pour fixer notre regard sur l'avers du monde et pas seulement balayer des yeux quelques gros titres d'actualités.

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Il psalmodie la solitude du désert des vivants. Il dit ce qu'on ne voit plus, qu'on ne veut pas voir. Avec des mots si prenants que des êtres étranges me paraissent familiers, humains comme moi. Son écriture porte le lyrisme des vies désespérées, mâtinée de la rage de survivre et de l'espoir ténu d'un jour meilleur.
Il, lui, son, c'est J.M.G. le Clézio, un écrivain du monde. le prix Nobel de littérature, appuie là où le regard fuit ; secoue le lecteur, oublieux des inégalités que charrient guerres, immigrations, exploitations, pauvreté. La solitude existe, le regard implore ou défie. Chacune et chacun aspire à un signe, à une lueur, à un geste, même infimes, tous happés dans une même quête d'amour et de considération. C'est poignant, jamais sordide.
Les récits courts sont intenses, condensés de détresse et d'envie. Ils donnent chair au quotidien délavé de millions de vivants, sur lesquels les médias braquent de fugitives caméras, un drame chassant l'autre, au risque d'ensemencer l'indifférence.
Après avoir lu Avers, j'ai envie de descendre dans la rue et de hurler pour un monde meilleur, purgé de la solitude et de l'iniquité. Seul un grand écrivain pouvait ainsi me faire réagir.

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