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3,88

sur 931 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Désert »… deux récits en parallèle ; imbriqués l'un dans l'autre…

Pour commencer – et pour finir – il y a celui de Nour, un jeune homme du désert, un « homme bleu » qui fuit vers le Nord, à travers les dunes pour rejoindre la vallée de Saguiet el Hamra, véritable terre promise, afin d'éviter la confrontation avec le colonisateur chrétien.
Ensuite, il y a celui de Lalla, la jeune fille qui coule des jours miséreux mais heureux dans un bidonville, que la promesse d'un mariage forcé fait découvrir l'exil à Marseille. Succès fait, elle décidera de retourner enfanter sur la terre de ses ancêtres…

Des nomades dans les années 1910…

Une jeune fille de nos jours…

Deux points communs : le désert et l'exil.

Il faut toute la « puissance évocatrice » de la prose Le Clézio pour nous entraîner dans l'immobilité mouvante du désert, là où l'air n'est que vibration thermique, dans le temps suspendu…mais aussi pour évoquer la solitude trépidante de la grande ville…

Deux étonnants récits entremêlés qui entrent en résonnance dans la solitude imbriquée du désert et de la ville. Plus : j'y vois également un tournant dans la carrière de Jean-Marie G. Le Clézio dont les thèmes et le style des débuts souvent influencés par le « Nouveau roman » m'ont parfois rebuté ; impression confirmée avec son roman suivant : « le chercheur d'or ».
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Lu il y a longtemps, mais je me souviens parfaitement des premières pages qui ouvrent le roman comme on commencerait un film: la brume provoquée par le sable du Sahara et, petit-à-petit, des silhouettes qui apparaissent, comme dans un mirage, ondulant dans la chaleur, des silhouettes qui s'approchent, hommes d'abord, puis chameaux, femmes, enfants, le front brûlé par la chaleur, les yeux d'un noir de lac, et le bleu indigo se reflétant sur la peau.
Ils marchent, lentement, éternellement, en file, s'éloignent, disparaissent.
C'est finalement le passage que j'aurai retenu de ce roman et qui, rien que pour lui, vaut le coup d'être lu.
La suite est belle, touchante, une jeune maghrébine travaille dans un hôtel en France, essaie de d'adapter et repense à son peuple.
La femme de le Clézio vient d'une tribu touareg, cela expliquerait-il ce roman?
A lire: les Gens des Nuages, où il essaie de retracer le parcours de la famille de sa femme.

enfin, devrais-je le dire, mes souvenirs de ce roman se confondent avec ceux de la chanson Saïd et Mohamed, sorti à peu près à la même époque je crois...
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Grande découverte tardive pour ce livre que j'ai fait durer pour mieux le déguster !
Je me trouvais bien dans ses lumières, ses atmosphères chaudes, sèches, sableuses, les rochers comme des lames aiguisées par le vent,...
La petite Lalla est si vivante, animée par l'âme du désert, elle est si belle dans cette nature si cruelle, ses pieds toujours sur la lame du rasoir...
J'ai voyagé avec elle et tout partagé ! j'ai compris son refuge, j'ai entendu le silence et l'appel du désert.
Ce livre est éclatant de sensations fortes, je les ai vécues avec la petite Lalla...
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Très bel hommage rendu aux guerriers Touaregs et à leur peuple , hommes libres, valeureux, dignes et fiers, spoliés et vaincus par la colonisation française et par l'établissement d'un protectorat au Maroc, au début du 20e siècle. On suit leur longue marche dans le désert vers la Terre sainte occupée par les soldats Chrétiens. Alterne avec ces passages l'histoire de Lalla, jeune fille rebelle et volontaire qui trace sa route solitaire, fuit son pays vers le grand rêve de liberté qu'est la France, Marseille. Elle y découvre la misère des exploités de tous pays, les esclaves prisonniers de la ville tentaculaire où la mort et la peur, l'angoisse sont omniprésentes. Elle s'attache aux êtres purs comme elle, solitaires et rêveurs.
On traverse le roman comme rêve bercé de légendes mystiques, c'est un voyage onirique tel que l'auteur est familier, mais sur fond tragique d'histoire.
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Dans ce roman, Jean Marie-Gustave le Clézio raconte deux histoires.
Il y a d'abord Nour, un jeune Touareg, qui fuit avec ses parents les colonisateurs chrétiens venus envahir le Sahara occidental au début du XXe siècle. Avec les « hommes bleus du désert », de campements en campements, Nour chemine à travers le désert en direction de la Terre Sainte promise par le cheikh Ma el Aïnine. Nour, plein d'espérance, observe tout ce qui se passe, regarde et écoute les uns et les autres.
Mêlée à l'histoire de Nour, il y a celle de Lalla, personnage de notre époque. Née au Maroc, vivant dans un bidonville, Lalla appartient aussi au désert. Elle aime sa vie, est heureuse, jusqu'au jour où on veut la marier de force. Elle essaie de s'enfuir dans le désert avec un jeune berger muet, le Hartani, dont elle est amoureuse. Mais cette fuite se solde par un échec, et Lalla doit s'exiler « de l'autre côté », à Marseille. Une nouvelle vie commence alors pour elle, faite d'épreuves et de désillusions.
Mais Nour et Lalla sont deux enfants du désert. Malgré la fuite, l'exil, ils n'oublieront jamais leurs racines de sable et de chaleur.

JMG le Clézio nous offre ici une ode au désert et un hommage à ses habitants, ancestraux ou contemporains. "Désert" est un poème : celui de l'espérance, celui de l'exil, celui des rêves, celui de la misère. Seuls les mots de le Clézio peuvent parvenir à une telle perfection.
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Grand roman que celui-ci. Deux histoires s'entremêlent. Lalla, une gamine de 14 ans, amoureuse du désert qui fuira son pays, son peuple pauvre pour aller vivre à Marseille, et qui reviendra dans son désert. Ensuite il y a Nour, du peuple des hommes Bleus, des nomades qui se font poursuivre et exterminer par l'arrivée du Christianisme. Une partie de l'histoire du Maroc nous est racontée dans ce roman. Le Clézio nous fait ressentir la chaleur du désert, la lumière aveuglante d'un soleil impitoyable qui désèche tout, les écorchures à nos orteils quand nous marchons pieds nus sur les pistes caillouteuses.
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Lire Désert c'est se laisser charmer par la poésie de la langue de le Clézio : "Ils sont apparus, comme dans un rêve, au sommet de la dune, à demi cachés par la brume de sable que leurs pieds soulevaient. Lentement, ils sont descendus dans la vallée, en suivant la piste presque invisible. En tête de la caravane, il y avait les hommes, enveloppés dans leurs manteaux de laine, leurs visages masqués par le voile bleu..." (p 7) "C'est l'eau qui est belle aussi. Quand il commence à pleuvoir, au milieu de l'été, l'eau ruisselle sur les toits de tôle et de papier goudronné, elle fait sa chanson douce dans les bidons, sous les gouttières..." (p .160) ...

Lire Désert c'est se laisser entrainer par les destinées de deux héros, Nour et Lalla, dans deux histoires parallèles, à deux époques différentes :

Nour est un jeune garçon qui en 1909/1910 arrive dans la vallée de la Sagiet el Mamra remontant du Sud Saharien dans une longue caravane de Touaregs fuyant l'invasion franco-espagnole. Avec Nour, nous suivons la lente progression de la caravane unie autour d'un chef charismatique, Ma el MaÏdine jusqu'à l'ultime bataille d'Agadir en 1912. La défaite était prévisible dès les premières pages. L'histoire de Nour et des hommes bleus de la caravane semblait vouée au désastre, "Peut-être que c'était ainsi que les choses devaient de passer, pensait Nour." (p 431)

Lalla est une jeune fille, une orpheline qui descend des "hommes bleus" du Sud Saharien. Elle vit dans une époque moderne non datée, dans "La Cité" un bidonville situé à la lisière du désert. Elle y passe une enfance heureuse malgré le dénuement mais le jour où elle s'aperçoit qu'elle ne pourra pas échapper à un mariage arrangé, elle s'enfuit. On la retrouve à Marseille où elle côtoie la misère des prostituées, des émigrés et des exclus. Mais "elle danse, pour partir, pour devenir invisible, pour monter comme un oiseau vers les nuages. Sous ses pieds nus, le sol de plastique devient brûlant, léger, couleur de sable, et l'air tourne autour de son corps à la vitesse du vent..." p 355 et elle retrouve finalement son pays d'enfance.

Lire Désert c'est aussi se familiariser avec l'histoire de ces peuples Sud Sahariens, une histoire de la résistance des Touaregs organisés autour de Ma el Aïnine face à l'invasion franco-espagnole et à la colonisation et puis un jour de 1910 "Le "fanatique" est acculé, d'un côté à la mer, de l'autre au désert. le vieux renard va être obligé de capituler. N'a t-il pas été abandonné de tous ? Au Nord, Moulay Hafid a signé l'Acte d'Algésiras, qui met fin à la guerre sainte. Il accepte le protectorat de la France. Et puis, il y a eu la lettre d'Octobre 1909, signée du propre fils de Ma el Ainine, Ahmed Hiba, celui qu'ils appellent Moulay Sebaa, le Lion.." se rassure l'observateur de l'armée du général Moinier à la veille du grand combat. Sombre et complexe histoire des "hommes bleus" du désert.
Lien : http://www.lirelire.net/2015..
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Titre au singulier pour une histoire pluriel. Deux histoires s'entrecroisent à travers deux temporalités différentes au sein du même pays, le Maroc, et les mêmes ancêtres les hommes bleus.

J.M.G. le Clézio réussit dans ce roman à dépeindre ce lieu aride et hostile à la vie qu'est le désert en présentant différentes facettes et formes de vie parfois onirique qui l'anime.
Il aborde la notion de l'espoir et de l'immigration que ce soit les habitants de Smara cherchant de nouvelles terres fertiles ou Lalla qui cherche à échapper à des obligations de sa famille en partant pour Marseille.
L'histoire s'imprègne également d'une dimension magique, presque mythologique à travers son personnage d'Es Er.

Ce livre très généreux en longue description, qui pourrait ennuyer les plus impatients, réussit à transporter le lecteur au milieu de ce désert, parfois terrible, parfois magique mais toujours plein de vie.
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Un grand roman, plein de charme et de poésie. Certaines scènes, notamment en ville, font froid dans le dos. A la lecture de le Clézio, on comprend à quel point les villes sont inhumaines, contraires à la nature. Les agissements des Européens en Afrique lors de la colonisation sont une ignominie pure et dure. Ce qui m'a beaucoup plu dans ce roman, bien qu'il souffre de quelques longueurs par moments, c'est le puissant rapport qu'il entretient avec la nature. Le Clézio doit connaître les désert, d'où une prose magique, féérique, scintillante. 17 / 20
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Dès les premiers paragraphes, nous sommes happées dans l'histoire, dans un autre monde : le désert.
Dans mon lit, j'ai été transporté dans le désert, le soleil tappait sur ma peau et je sentais le vent venant de la mer.
C'est effectivement un roman très poétique que nous livre ici Le Clézio, j'ai envie de dire c'est un roman 'd'un autre temps'. Les descriptions sont lentes, l'histoire l'est aussi, il y a peu de dialogues, et plus de réfléxions personnelles.
Sans rien pointer du doigt directement, Le Clézio nous envoie dans les directions qu'il veut nous faire voir.
J'ai beaucoup aimé ce roman, je me suis sentie étrangement mélancolique à la dernière ligne.
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