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Les parents d'Esther l'appellent Hélène. Il faut dire qu'en cette année 1943, il ne fait pas bon porter un patronyme juif. A St Martin de Vésubie, où ils vivent tous les trois, l'hôtel du village loge les occupants italiens. Lorsque ces italiens s'en vont pour faire place aux allemands, la vie d'Esther bascule : elle fuit elle aussi vers l'Italie, en compagnie de sa mère et des autres juifs du village. Son père, parti dans le maquis, doit les rejoindre plus tard. Une fois la guerre terminée, c'est un autre voyage qui est entrepris, vers Israël, terre de tous les espoirs. Sur cette terre elle croise Nejma, une palestinienne adolescente comme elle, rencontre furtive mais qui la troublera longtemps.

C'est d'une double errance dont nous parle J.MG le Clézio dans ce roman, à la fois physique et spirituelle. Pendant de longs mois, en effet, Esther et sa mère se déplacent, tantôt à pieds, tantôt en train ou en bateau, motivées par la nécessité de survivre, puis dans le but de s'établir sur la terre de leurs origines. Nejma et ses compatriotes palestiniens errent eux aussi, chassés de leurs fermes ou de leurs maisons, forcés de s'établir dans des camps insalubres, ou de s'épuiser sur les routes en quête d'eau et de nourriture.
Au fur et à mesure de ces différents voyages, le lecteur devine aisément qu'il est surtout question des errements de l'âme, notamment de ceux d'une jeunesse qui cherche à se situer dans le monde des adultes, puis s'efforce d'y trouver sa place, et qui a besoin de donner à l'existence un sens qui soit en adéquation à la fois avec ses idées de justice et son besoin d'épanouissement personnel.
Un étrange parallèle s'établit entre les deux jeunes filles : il semble qu'Esther ne tienne pas en place parce qu'au fond d'elle-même, c'est une autre quête qui se joue, celle de la conscience de soi, à laquelle ni la religion ni l'appartenance à un peuple ne lui permettent finalement d'accéder. A contrario, le nomadisme forcé de Nejma semble la rendre plus mature, la conforter dans son identité et vis-à-vis des responsabilités qui lui échoient en tant que femme.

Il serait bien sûr réducteur de ne voir ce récit qu'à la lumière de son contexte historique et/ou géographique. Il a une portée universelle, parce qu'il s'attache, au-delà des intérêts nationaux ou idéologiques, à nous parler des individus. Et ces derniers ont beaucoup plus de points communs qu'ils ne veulent bien l'admettre, qu'ils soient juifs ou arabes, français ou italiens, qu'ils croient à la religion ou au communisme…
Il nous parle aussi de l'enfance perdue, tuée, car en cas de conflit, quel qu'il soit, les enfants en sont toujours les plus pitoyables victimes.

La richesse de l'écriture, la justesse des mots, cette façon qu'a J.M.G. le Clézio de mêler étroitement personnages et environnement naturel (l'importance et l'omniprésence du soleil, du vent...), la lucidité de son analyse du comportement humain, font d'"Etoile errante" un grand moment de lecture.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Ce n'est que le deuxième livre de le Clezio que je lis. J'y ai retenu dans celui-ci une atmosphère à la Modiano très cotonneuse... écriture magnifique et simple, propos humanistes et fondamentaux, récit de son être au monde. Je réitérerai rapidement
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Un roman qui est presque un long poème, une histoire étonnante suspendue entre une réalité hyper violente et unen vision onirique de l'amour et de l'exode.
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Quelques longueurs, mais l'écriture de le Clézio est si belle qu'on se laisse porter.
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De la Provence occupée à celle des années 80, en passant par Israël et le Canada. L'errance juive du 20e siècle.

D'une volonté d'extermination, 39-45, au refus d'une existence, 1948. Cette même année, la fin d'un exode qui, l'espace de quelques secondes, croise le début d'un autre. Deux destins qui se rencontrent, se comprennent et, en esprit, ne se quitteront plus.

Et un dernier combat, celui contre les fantômes des disparus.

C'est le Clézio, donc c'est beau. Très beau.

Dommage, simplement, qu'une forme de manichéisme assez simpliste semble transparaître dans le thème du conflit israélo-arabe. Les "chassés", les "chasseurs". C'est beaucoup plus complexe que cela. D'autant plus en 1948.
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Un le Clézio comme on les aime. La force de l'existence se mêle à la destruction qu'imposent les hommes eux-mêmes à leur propre race et malgré toutes les difficultés, malgré le pire, les personnages prouvent toujours leur attachement à la vie.
En parallèle, nous découvrons la vie de 2 jeunes femmes d'origines différentes, aux quotidiens différents, mais semblables par la cruauté qu'elles subissent. Finalement, ni les occidentaux, ni les peuples du désert ne sont protégés ; lorsque la violence prime, où que l'on soit, la protection dont on pensait bénéficier s'effondre.
C'est un livre émouvant, où l'on retrouve des thèmes récurrents à cet auteur : religion, attachement aux coutumes, dévouement familial, fidélité à sa terre d'origine, amour, naissance, reconstruction... Le Clézio nous montre que malgré la hardiesse de la guerre, une humanité humble finit toujours par retrouver le salut.
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Belle écriture mais récit désincarné qui a fini par me lasser.
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Mitigé. L'intention de dénoncer la guerre est louable (quoique pas très originale). Mais le style Le Clezio ne me parait pas adapté à la tragédie. L'écriture est (trop !) belle et tout ça m'a semblé factice et tourner à vide, plus théâtral qu'émouvant, la frontière avec un sentimentalisme naïf étant très souvent franchie. Ainsi le chapitre consacré à la jeune palestinienne est presque ridicule dans le douloureux contexte de cette guerre et n'apporte rien à la trame du récit, sinon un symbolisme trop artificiel à mon goût. Par contre le dernier tiers du roman, focalisé sur l'errance de l'héroïne, la recherche de ses racines, est admirable et je retrouve là l'écrivain que j'aime.
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Relecture d'un livre lu quand j'étais adolescente…mais dont j'avais tout oublié. C'est une redécouverte : ce qui m'avait probablement ennuyé à l'époque m'a séduite. le style de le Clézio, ses descriptions soignées, l'adoption de plusieurs points de vue, l'attachement au destin de plusieurs personnages indépendants les uns des autres en apparence, mais reliés entre-eux par le fil de l'histoire rendent l'écriture très poétique et très agréable : on se laisse emporter par la plume de l'auteur.

Esther, connaît la guerre et l'occupation allemande dans l'arrière pays niçois, au début de son adolescence. Juive, après la mort de son père, elle part avec sa mère, à pied d'abord, vers l'Italie. S'en suit une succession de départs, tous plus difficiles les uns que les autres et une suite de voyages dans des conditions abominables et parfois inhumaines (enfermement, promiscuité extrême, faim…) pour rejoindre le tout jeune état d'Israël, Terre de tous les espoirs.
A son arrivée, une rencontre fugitive (quelques secondes) avec Nejma, Palestinienne en fuite, va profondément marquer Esther. On suit alors les destins des deux jeunes filles qui pourtant ne se recroiseront plus jamais, dans leurs exils respectifs et leurs fuites. Toutes les deux sont et restent des « étoiles errantes », sans port d ‘attache, sans cesse obligées de partir, de tout quitter pour essayer de tout recommencer tant que la guerre et l'oppression existeront.
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