Chronique des rivages de l'Ouest, Tome 3 : Pouvoirs

Voici un très beau roman d'apprentissage, empli de poésie, avec un narrateur sensible et empathique, sous la plume de la talentueuse Ursula K. le Guin : que du bonheur (sous un plaid par ce week-end glacial).
Le petit Gavir et sa soeur Callo étaient de jeunes enfants des Marais lorsqu'ils furent capturés par des trafiquants d'esclaves. Seule Callo est dans le secret du don de son petit frère : Gavir a des visions du futur. Élevés au sein de la cour à Etra, ils sont bien traités, reçoivent une éducation et sont emplis de loyauté pour le "Père" et la "Mère" de cette cité féodale.
C'est une tragédie qui va jeter Gavir sur les routes, dans la forêt et le Marais, où il remettra en cause la confiance qu'il accorde trop facilement, et où il découvrira son autre don : le pouvoir des mots dont sa mémoire est emplie… Peu à peu, la fragile conscience de ce qu'est la Liberté va se faire jour en lui au fil de multiples épreuves.
Dans "Dons" était racontée l'enfance d'Orrec, contraint de s'aveugler à cause du terrible don de destruction de son regard.
Dans "Voix", devenu un immense poète, Orrec parcourt le monde en semant l'espoir et la révolte avec ses mots.
Dans "Pouvoirs", troisième et dernier tome, les poèmes d'Orrec éveillent encore les consciences.
C'est beau, c'est poétique, c'est épique. Même si cette trilogie ne recèle pas autant de magique beauté que Terremer, ce roman vous fera palpiter, ressentir une immense compassion pour Gavir et Callo… et tourner fiévreusement page après page.
Traduction de Mickaël Cabon.
LC thématique de décembre 2022 : "Littérature étrangère"

Très beau final de cette trilogie singulière dans le parcours de cette auteur pleine de surprises. Une fois de plus elle joue la carte de l'ellipse et nous plonge ailleurs sur la carte au coeur du problème de l'esclavage. le propos politique, éthique, philosophique est puissant. On s'attend aux "pouvoirs" super mais on se rend compte que le pouvoir est surtout celui détenu par certains et si d'autres en ont ils n'ont pas le droit d'en faire usage. La trame est un peu longue mais nécessaire. le final en métaphore de parcours d'un migrant est poignant. La fin est salutaire, ouf, pour une fois. Un bel ouvrage à lire et faire lire et surtout à méditer.

toujours univers et cette écriture rafraichissante