Ce récit est illustré des tableaux qui ont inspiré le scientifique François le Lionnais déporté en 1944 au Camp de concentration de Dora (en Allemagne). Avec Jean Gaillard, jeune co-détenu et culturel-complice initié à l'ART, il s'extirpe de l'horreur quotidienne des camps et de ses inlassables et cruelles attentes !
L'abstraction des oeuvres les extrait de leur infâme condition.
Tous deux consolident, fluidifient pour enfin sublimer les oeuvres qu'ils re-créent, s'approprient, malaxent mentalement ! Eviter de se liquéfier est leur jeu… d'esprit, leur enjeu…vital !
L'art accueille leur DESESPOIR du coeur.
L'art les empêche de VOIR tout autour l'horreur.
L'art leur permet de CROIRE en la splendeur.
L'art est le MIROIR de leur valeur.
L'art fossilise leur MEMOIRE en pleurs.
L'ART ! la Science de l'art, explose les heures, transcende le malheur et les embarque dans sa profondeur.
Ensemble, ils ont osé l'EVASION par les sens interdits !
La Force de l'Imaginaire transcende le Mal…au moins pour un temps !
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Un récit très étonnant d'un rescapé des camps de la mort. Comment s'évader d'un camp de concentration : par la pensée bien sûr. Et comment passer le temps interminable : en décrivant de façon très détaillée les tableaux de son musée personnel et virtuel à son ami de détention, qui lui n'aura pas la chance d'en revenir. Et d'inventer des oeuvres imaginaires en croisant des éléments de ces tableaux. Un exemple de résilience extraordinaire.
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Ainsi passèrent pour moi les jours à Dora, au milieu des interminables appels dans la neige et du vent froid de l'hiver. Rompu maintenant à mon jeu, je n'avais plus guère besoin des toiles peintes par ces peintres pour créer mon univers de formes et de couleurs. Quelques semaines avant la Libération, j'avais récupéré suffisamment d'élasticité intérieure pour pouvoir me livrer de nouveau à l'un de mes anciens vices : la Peinture mentale.
Cette euphorie fut de brève durée. Elle fut assez longue cependant pour me permettre de supporter la solide volée de coups de poing et de gifles à décrocher les mâchoires (encore un cas où se révèle la supériorité expressive du langage populaire sur le vocabulaire académique : c'est « baffes » qu'il faudrait dire) qui furent mon lot quand mon tour arriva d'être fouillé.
Dans "L'annonce de ma mort est très exagérée" (Cherche-Midi, 2021), le journaliste au Monde Denis Cosnard se penche sur ce phénomène littéraire qui aujourd'hui se retrouve sur les réseaux sociaux, fait l'objet de canulars et peut s''écrire avec créativité et poésie.
Le faire-part de décès relève de ce que François le Lionnais- fondateur avec Queneau de l'Oulipo - nomme "troisième secteur", à côté de la littérature et de la paralittérature. le faire-part de décès nous parle de la vie autant que de la mort, portant des histoires d'amour, des combats, des enjeux politiques.
À partir d'exemples réels (Mark Twain, dont une citation célèbre donne son titre à l'essai), de la littérature et du cinéma, Denis Cosnard présente un objet ludique, entre tragique et comique, et guère morbide.
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