On retrouve dans ce livre les personnages de
l'heure des fous, personnages très attachants s'exprimant dans un style à la audiard, style qui pourrait choquer sinon surprendre dans un livre. Finalement, cela détonne dans le milieu du polar et donne un cachet supplémentaire à l'histoire. Celle ci démarre très lentement avant de trouver son rythme dans la seconde partie du roman. Même si c'est long au début, je n'ai pas pour autant eu envie de lacher ce roman, qui tient en haleine! C est un roman qui se situe tres loin des livres glauques là encore et qui mérite d'autant plus d'être souligné quand on sait qu'il s'agit d'une tueuse en série! Comme quoi le besoin de malsain dans ce type de roman n'est pas une nécessité absolue loin de là! Il fait aussi une étude de la Société et de nos dirigeants sans aucune concession montrant à quel point les politiques sont intéressés par le Pouvoir et l'argent. On est loin des livres sans fond bien au contraire. Il dénonce le système dans lequel on vit à travers une histoire et des personnages haut en couleur. l'humour y tient une place importante, ce qui manque beaucoup dans les romans policiers! C'est un livre que je conseille vivement pour ceux surtout qui ne sont pas à la recherche de glauque...
Mon analyse du roman:
Ce livre traite de Pouvoir conféré par le statut et l'argent ou le Poison… Deux manières différentes de prendre le contrôle sur les gens…Le second est plus violent, car plus radical instantanément, le premier est beaucoup plus pernicieux…
Dans la première partie, on retrouve les personnages principaux de «
l'heure des fous », confrontés à une série de meurtres orchestrée par une empoisonneuse. Celle-ci détient là le pouvoir de vie ou plutôt de mort sur les individus, par le biais du poison, comme le font les sorcières. Celle-ci y est d'ailleurs comparée puisqu'elle semble ne pas avoir d'âge, tuant depuis près de 40ans tout en ayant la même tête…
On croise aussi dans ce livre des hommes Politiques, qui usent eux aussi de leurs pouvoirs, grâce à l'argent et leurs statuts et utilisent les gens à leurs profits, sans état d'âme. La culture elle-même est prise en otage, grâce à l'argent, puisqu'il permet de s'approprier des oeuvres d'art et des livres rares et se faire passer pour un érudit ou un intellectuel tout en dissimulant ainsi l'argent mal acquis et éviter la justice. Par la même occasion cela permet aussi de placer des proches ou des membres de la famille à des postes clé qu'ils n'auraient sans doute jamais pu avoir autrement.
Il n'y a donc là aucun mérite, si ce n'est d'être né dans la bonne famille. On retrouve, d'ailleurs, ce cas dans nombre de grandes entreprises, cinéma… Il en va de même pour l'obtention de certains papiers officiels, compliqués à obtenir par le commun des mortels mais très simple quand on a des contacts haut placés. le cas des sans-papiers, exemple cité dans ce livre, ne déroge pas à cette rêgle. Il donne lieu à une situation ubuesque où l'individu doit fournir nombre de preuves, quand il vit maritalement, mais si une pièce est manquante, il est expulsé et doit se représenter dans un an, tout en justifiant des mêmes éléments…Cette situation est rendue compliquée intentionnellement, car elle permet de faire du chiffre, au niveau des expulsions, en démontrant ainsi que ce gouvernement fait mieux que son prédécesseur. En revanche, en ayant de l'appui, tout se fera très vite, sans justificatif ou presque ! L'argent et le pouvoir permettent donc de faire ce qu'on veut en toute impunité ! En cas de changement de parti politique, la donne change, les amis d'avant peuvent devenir les ennemis de demain, chacun servant son intérêt. Il en va de même avec certaines alliances, notamment la Presse, qui peuvent ainsi devenir un ennemi redoutable si les accords ne sont respectés…
La seconde partie porte sur la traque de cette empoisonneuse, qui semble ne pas vieillir et qui tue jusqu'à des familles entières…Là encore on peut faire un lien avec le pouvoir, en utilisant le poison c'est elle qui a le pouvoir de vie ou de mort. Elle se substitue au droit divin, dans la religion, ou à la justice en décidant qui doit mourir ou être puni et pourquoi ! Avec les sorcières, on peut là faire un lien avec le pouvoir, le poison se substituant à l'argent, pour décider du sort des hommes…Les sorcières étaient craintes car elles détenaient le droit de vie ou de mort sur les hommes avec les sérums ou le poison…Elles se substituent à la médecine ou à la justice. La sorcière du livre, comme le montre là
Nicolas Lebel est habitée par la haine et le désir de vengeance. Cela permet de montrer à quel point ce désir là est un pouvoir très puissant et qui peut se transmettre de génération en génération (transgénérationnel) ; les parents le transmettant à leurs enfants et ainsi de suite jusqu'à devenir absurde! Cela devient la loi du Talion, mais qu'en est-il de la Justice ? Lui fait on si peu confiance qu'on préfère rêgler ses comptes nous-mêmes ? Croyons-nous si peu en nos dirigeants ?
Nicolas LEBEL, dans ce livre, montre bien à quel point le pouvoir est prédominant dans nos sociétés aidé en cela par l'argent bien évidemment, au point de tuer ou d'utiliser autrui pour parvenir à ses fins, il est donc une forme de poison! on finit cependant toujours par payer même si suivant que l'on soit puissant ou misérable la justice ne sera pas forcément la même pour tous.
Son livre se termine par une citation du livre "des derniers jours d'un condamné à mort", long playdoyer contre la peine de mort de
Victor Hugo... Citation qui n'est pas mise au hasard, puisqu' on peut s'interroger sur la peine capitale en se demandant quelle est notre legitimité pour tuer un être humain. En faisant cela est on meilleur que le condamné là est aussi la question du livre concernant la tueuse!