AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,84

sur 256 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après les voix, the Voice.
Je vous conseille d'assister au casting de la pucelle organisé par Yolande d'Aragon au 15 éme siècle. Pas de Big brother à l'époque ou de vidéos indiscrètes dans les jacuzzis, mais de l'English qui occupe le royaume de gaulois pas si réfractaires depuis pas loin d'un siècle. Comme les Armagnacs et les Bourguignons se disputent la couronne pour avoir la fève, il est temps qu'une prophétesse descendent du ciel ou de sa montagne pour remettre un peu d'ordre dans cette monarchie de droit divin et brexite l'occupant en le tirant par la Manche.
Nous sommes au Moyen âge, mais après quinze siècles d'attente, la Yolande, duchesse d'Anjou qui en assez de tendre la joue, a compris que Dieu procrastinait pas mal avant d'agir et que ses ambitions pour remporter le game of trône ne pouvait plus être remis au lendemain.
Elle décide d'enlever 15 jeune filles dans les campagnes, d'en faire 15 apprentis, les rebaptisant de Jehanne 1 à 15 (idée à retenir pour les portées nombreuses) et de les élever à la dure dans son domaine et dans le plus grand secret. Il ne pourra en rester qu'une. A l'époque, vu l'espérance de vie de libellule, la barbarie ambiante et la médecine raoultienne, inutile de faire appel au public pour en éliminer certaines : le destin s'en charge.
Problemo, la Jehanne qui se démarque, la douzième, n'a pas le profil. Elle a le physique ingrat et bien gras, elle est féroce, peu lettrée, lesbienne, et un peu cannibale. En résumé, elle n'a pas grand-chose à voir avec la mystique un peu tourmentée qui a fini sur un barbecue si l'on en croit nos manuels d'histoire.
La Jeanne d'Arc de Guillaume Lebrun mélange dans son style l'ancien français et un franglish pop d'aujourd'hui. D'ailleurs, je vous recommande en fin d'ouvrage, les versions médiévales des tubes de Jean-Jacques Goldman transformées par la troubarde star de l'époque, Marie-Claudette de Charlemagne, dépourvue de l'accent de caribou, mais qui reste quand même assez identifiable.
Je ne sais pas quelles voix a entendu le romancier pour raconter cette version hallucinée du mythe de la pucelle, j'ignore si l'illumination est venue alors qu'il comptait les moutons avant de s'endormir mais le résultat est assez extraordinaire. C'est très drôle, dopé de références actuelles et d'une originalité rare.
Passé l'effet de surprise face à ce cocktail de langages, je pensais ressentir un peu de lassitude au fil des pages et que cela finisse par desservir le récit. Ce fut tout le contraire. Tel un slip moulant, la forme épouse parfaitement le fond.
Le seul passage qui m'a un peu déçu concerne le siège d'Orléans que l'auteur a décidé de transformer en heroic fantasy féministe avec le renfort un peu halluciné de grandes guerrières du passé qui viennent aider Jehanne dans son combat. Les spécialistes du genre sauront peut-être apprécier davantage cette partie que j'ai trouvé difficile à suivre et un peu brouillonne.
Au final, une vraie curiosité et un joli moment de délire. A bien y réfléchir, est-ce que la version officielle est plus crédible ?



Commenter  J’apprécie          954
Désensablez-vous les esgourdes les cervelés de moitié !
L'histoire que je m'en va vous conter (enfin plutôt Guillaume Lebrun, je décline toute responsabilité dans l'affaire), c'est celle de Jehanne.
Attention, hein, pas n'importe quelle Jehanne, non, là je speake de l'Illuminée, l'Elue, celle de Domrémy et qui entend des voix (serait-ce en rapport avec un quelconque soupçon de schizophrénie ?)
J'ai entravé un nombre de trucs déments dans cette diablerie, car on ne nous dit pas tout, et surtout pas la vérité dans les bouquins d'Histoire figurez-vous concernant Jehanne d'Orléans !
First, Jehanne, quand elle est née, et bien nenni, icelle damoiselle n'était point nommée Jehanne. C'était une little kid d'une dizaine d'années qu'a pas de shampooing. C'est normal me direz-vous, pour les plus perspicaces, on est au début du XVe siècle. Elle s'en va au lac pour se décrasser. (Ah non, zut, j'ai confondu avec l'histoire d'une autre mitée de la calebasse).
Je reprends : Jehanne s'esbaudissait au bord du lac avec un pourceau, les deux s'enstrainant en jeux boueux, lorsqu'elle (Jehanne donc, ça va ? vous suivez toujours ?) tombe raide dingue in love d'Elissandre, une foutresse qu'a déjà 4 children. Tellement raide qu'elle en tombe dans le lac sous les yeux esbaubis d'Elissandre. Elissandre la ramène alors chez elle pour la réchauffer et lui donner substance.
Le gros blème, c'est que le husband d'Elissandre une brute épaisse, pas trop finaud du cervelet, ne l'esgourde pas de cette oreille, et ne compte pas ensouper un children supplémentaire, même pour un unique repas. Alors il tabasse comme il se doit sa vermine de foutresse.
Mais là c'est la révélation pour notre beloved Jehanne, elle se découvre une jalousie accompagnée d'une hargne féroce. Elle terrasse le sale nutjobé en quelques coups de coutelas. Alléluia, la messe est dite, icelle est prête pour se transformer en une seriale killeuse redoutable…
Pour ce faire, le divin Esprit s'en va aller toquer le heaume de Yolande d'Aragon, dont le Roi Louis II est le husband. Yo se met en tête de faire un élevage de jeunettes capables d'aller sauver Orleans des traitres d'Englishes.
Lorsque le troupeau de children est constitué, Yo décide de toutes les appeler Jehanne, avec un numéro, on a donc Jehanne 1, Jehanne 2, jusqu'à Johanne 14 (donc là oui, vous tapez 12 sur le clavier de votre téléphone). Pour ceux qui sont toujours là, celle qu'avait pas de shampooing au début de l'histoire et bien c'est Jehanne 12 (je crois que j'ai dû en perdre quelques-uns en cours de route …)
Que ceux qui n'ont rien escapité à mon histoire et me regardent les mires agrandies, ben c'est pas grave, ça veut dire que ce bouquin complètement déjanté n'est pas pour vous ! car ces expressions ne sont pas de mon crû mais de celui de l'auteur …
L'auteur est un certain Guillaume Lebrun, qui, si l'on en croit la 4ème de couverture, élève soi-disant des insectes dans le Sud de la France. Perso, je le soupçonne de réduire ses insectes en poudre et ensuite de les fumer pour obtenir un tel résultat. À mon avis c'est ça qu'il appelle herbe à folles (cf p.174)
Êtes-vous prêts pour une bien bielle chevauchée fantastique, débridée, mais ô combien jubilatoire, provoquant bien des ries ? Ici on swimme en plein délire, tout est savoureusement mélangé tant au niveau du langage que du fond (saut dans le temps, multiples références à la musique, au cinéma). Ça fuse dans tous les sens, quelle fantaisie, originalité, du grand délirium tremens. But WTF ! I liked it!
Je vous encourage à aller tout au bout de la lecture, car j'ai tout particulièrement enjoyé en annexe les portraits de guérillères faits par Yo. Guerillères a priori bien célèbres dont je n'avais jamais entendu les noms avant. Je les cite toutes ici, rien que pour le plaisir de ne pas les oublier : Artémise Ière, Ching Shih, Dihya, Hangaku Gozen, Seh-Dong-Hong-Beh, Timoclée, Tomoe Gozen, Veleda, Zénobie.
Je me suis régalée de la lecture de ces portraits hauts en couleur de femmes hors du commun, faisant la nique aux conventions de leur époque. Quel vent de liberté et de courage incroyadible ! Tous ces personnages sont venus alimenter la fresque délirante de Guillaume Lebrun, et j'ai trouvé fort urbain de sa part de nous partager ses inspirations.
Un bémol malgré tout concernant la grande bataille d'Orléans, là l'auteur a clairement abusé des pétards en versant dans l'heroic fantasy échevelée et m'a un peu perdue au passage. Dommage aussi qu'il ait laissé tomber sur la fin de l'histoire ses tournures langagières si inventives, peut-être de peur de lasser et de se répéter, mais j'en aurais bien voulu encore !
Avez-vous entendu les voix vous intimant de partir à l'attaque de Guerillères ? A moins que vous ayez fait un rêve ? ou alors c'est moi qui ai rêvé que vous faisiez un rêve ?
« -Tout à fait, j'ai fait un rêve où tu étais en train de rêver d'un lieu incertain, mais dont la lucifette était incontestable.
-Tu as rêvé que je rêvais ?
-Le Seigneur appelle cela une Inception, et ses voies sont impénétrables. »
(p.135)

PS : pour les poor nutjobés qui n'ont rien entravé à la réponse, rassurez-vous, il vous suffira de dire quarante-deux !
Commenter  J’apprécie          5618
De Jeanne d'Arc, L Histoire en a fait des statues équestres, avec pour hommage, une fois l'an, des gerbes de fleurs déposées par quelques reconstructeurs historiques à la conception naphtalinée. Guillaume Lebrun, lui, les déboulonne dans un roman punk-médiéval.
La Pucelle étant emprisonnée dans un mythe rendu plus puissant que la vérité, pourquoi ne pas troquer le traditionnel récit hagiographique pour une fiction marchant sur un fil entre histoire, humour et manifeste féministe avant de basculer dans une aventure d'héroic fantasy ?

Cependant, le centre de gravité de ce livre s'est quelque peu déporté sur la duchesse d'Anjou, Yolande d'Aragon, femme puissante et habile trop souvent occultée, avec l'idée émise par des historiens que derrière l'Élue il y a un complot manigancé par la future belle-mère du roi Charles VII.
La narration est donc entre les mains de ce binôme de femmes corrosif dont le verbe est la grande réussite de ce bouquin. L'écriture s'encanaille avec des formules assassines, des carambolages extravagants, découlant de fioles mystérieuses empruntant à un langage médiéval revisité. La légèreté de ton permet à l'auteur de laisser libre cours à son imagination. Il ne cherche pas à flirter du mieux possible avec le vraisemblable même si les marqueurs historiques sont respectés histoire de ne pas être totalement étranger avec cette Jeanne d'Arc queer qui s'affirme progressivement au fil du récit. Ils sont même bienvenus lorsque la grande bataille d'Orléans nous projette dans un enchevêtrement de visions hallucinées, l'auteur mobilisant une banque d'images qui convoque selon les références de chacun, Chrétien de Troyes, Tolkien, Lovecraft, fantasy japonisante. L'imaginaire engagé de l'auteur fortement imprégné de pop culture déborde même dans le pastiche de l'Apocalypse. On a le sentiment de quitter la route avec laquelle on était familiarisé, déviés par le poids de séquences entières de culture populaire qui ne produisent pas d'autre effet que de vampiriser le récit. Au détriment de l'imagination créative qu semble avoir déserté le terrain.
Détournant les codes de l'épopée, ce roman est savoureux, l'auteur semble d'ailleurs l'avoir écrit avec gourmandise. La causticité et l'originalité du propos vous plonge dans une oeuvre unique... et un peu confuse sur sa fin, m'empêchant d'adhérer pleinement à ce bûcher.

Reçu dans le cadre de la Masse critique, cette découverte n'aurait pu toutefois se faire sans le compte rendu de lecture de Kirzy.
Commenter  J’apprécie          518
Le mystère de Jeanne d'Arc enfin dévoilé

Dans ce roman iconoclaste au style déjanté, Guillaume Lebrun imagine que Yolande d'Aragon crée une école de jeunes filles et entend confier à la meilleure de ses élèves le soin de sauver la France. Jehanne la douzième va sortir du lot.

Yo est la première à prendre la parole dans ce roman iconoclaste. Il s'agit en l'occurrence de Yolande d'Aragon (1381-1442) qui ne supporte plus la bande de dégénérés qui se bat maintenant depuis des décennies dans des combats aussi vains que ruineux. Aussi décide-t-elle de réagir. le plan qu'elle fourbit doit permettre de ramener enfin le calme dans le royaume: former plusieurs guérillères afin de confier à la plus brave et aguerrie de cette troupe le soin de mener l'ultime bataille et bouter les englishes hors de France.
Aussitôt dit, aussitôt fait : voilà ses émissaires parcourant le royaume à la recherche des perles rares qu'elles arrachent à leur famille moyennant une petite fortune. Ils en rassembleront finalement une quinzaine dans le château de cette «Star Academy» d'un nouveau style. Dirigée par YO, le petit nom de la Duchesse d'Anjou, cette académie n'a rien d'une sinécure. Les candidates au poste de sauveuse de la France doivent acquérir le savoir-faire des militaires les plus aguerris, de l'art de manier les armes à la tactique. À cette base vient s'ajouter une solide pratique sportive composée notamment d'arts martiaux mais aussi des cours d'histoire de la religion ainsi que de belles-lettres sans oublier les ripailles qui clôturent la semaine. Bien vite, une hiérarchie va se dégager, notamment en fonction de circonstances extérieures. La maladie va emporter une jeune fille, le froid hivernal aura raison de trois autres postulantes avant que les envoyés de l'Inquisition réussissent à en occire une poignée d'autres. C'est le moment pour Jehanne la douzième de monter son savoir-faire. Elle part venger ses camarades. Après avoir enfilé son armure, elle extermine à tour de bras jusque et y compris le prêtre inquisiteur prestement découpé en morceaux.
Ça y est, YO a trouvé la perle rare, celle qui va jusqu'à dépasser ses attentes et pourra concrétiser son projet un peu fou.
Guillaume Lebrun, à l'image de son héroïne, n'a peur de rien. Son style mélange allègrement l'anglais et la langue médiévale – dont on peut légitimement croire qu'elle est plus inventée que véridique – ainsi que des expressions bien d'aujourd'hui. Un doux mélange très audacieux, mais qui donne au récit un allant allègre et un côté joyeusement déjanté. Au pays des iconoclastes, Guillaume Lebrun est roi ! Avec Michel Douard et son «histoire ébouriffante de Jeanne d'Arc» voici deux manières de réécrire l'Histoire de la Pucelle qui nous sont proposées en cette rentrée littéraire. On attend déjà la prochaine victime avec impatience !

Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          432
Texte dont le titre contient toute l'intention.
Qu'est-ce que la fantaisie?
Fantaisie ou l'apparenté étymologique fantasy en anglois?
Du latin fantasia ou phantasia «image concept» et «vision» en bas latin, repris du grec φαντάζω, phantazō «apparition», la première peut par exemple être définie comme une "Oeuvre où l'imagination, qui n'est pas strictement soumise au respect de règles propres à un genre, se donne libre cours."
Et bien c'est exactement ça, l'auteur s'est lâché, reprenant des figures tutélaires, comme notre Jeanne d'Arc monumentale, lui prêtant quelques aventures homosexuelles très modernes et de bon ton et la plongeant le plus naturellement du monde dans l'univers de Lovecraft. Rejoignant ainsi la seconde, rendant hommage à l'un de ses maîtres.
Guérillère? Allusion au roman "Les Guérillères" de Monique Wittig paru en 1969 (année particulière) décrivant une communauté de femmes vivant entre elles, partageant une sexualité lesbienne et luttant armes à la main contre les hommes s'opposant à leur liberté.
Voilà, un roman donc bien dans l'air du temps, souvent drôle et dont l'une des originalité réside dans l'utilisation de termes complètement farfelus, mélange de français et d'anglois, nous obligeant à un effort pour entrer dans le texte. Effort récompensé par un amusement qui nous suit tout le long du roman, comme lorsqu'on finit (c'est souvent plus long) par maîtriser une langue étrangère.
Un bon divertissement.
Commenter  J’apprécie          363
Un roman haut en couleurs qui imagine une vie de Jeanne d'Arc plus attrayante que celle apprise dans nos livres d'histoire de l'école primaire ! A l'instigation de Yolande d'Aragon, il est fait main basse sur une quinzaine de jeunes filles qui sont formées et éduquées pour n'en sélectionner qu'une, la meilleure « Jehanne », la prophétesse attendue pour bouter les englishes hors de France. La lecture nécessite une petite adaptation au style et au vocabulaire, mais on se régale ensuite du délire total de l'histoire qui mêle du vieux français, réel ou inventé, un peu d'english et de teuton avec maestria et humour.
Commenter  J’apprécie          190
Oyez Oyez braves gens ! Laissoient-vous tenster par la descapante, drolatique mais authentique geste Jehannesque constée badassement par Yolande d'Aragon et Jehanne herself ! Ayez foi en icelles qui sauvoient nostre bon Roy Charles VII et nostre Royaume de France des mains des Englishois ! (Et n'allez plus croire tout ce que l'on vous a raconté à l'école…)
Commenter  J’apprécie          170
⚔️Nous sommes au XVe siècle. C'est le chaos au Royaume de France, les Englishes sont everywhere et la menace d'une guerre civile s'accroît davantage chaque jour.

Yolande d'Aragon, lassée de passer son temps à décapiter des oisillons tombés du nid, fait part à la Cour de son idée génialissime, inspirée par une hallucination, d'organiser une formation de Guérillères afin de trouver parmi elles la vaillante et vierge prophétesse qui sauvera le Royaume de France.

Et voici donc la petite troupe constituée de 14 têtes blondes, toutes renommées Jehanne pour l'occasion et distinguées par un numéro. Dès le premier jour, une troublionne se fait déjà remarquer. Jehanne la douzième, surnommée Jehanne la Pourcelle par Yolande, semble n'avoir aucune chance de son côté pour devenir l'élue. Et pourtant …

⚔️ En mélangeant vieux français, argot, franglais et mots fantaisistes de son cru, Guillaume Lebrun nous offre une version revisitée du mythe de Jeanne d'Arc.

Entre expressions et situations drolatiques et scènes de science-fiction qui rappellent notamment Lovecraft et Tolkien, malgré une scène de bataille finale un peu longue, je me suis délectée de ce premier roman fantasque absolutely queer et d'une originalité sans borne qui comporte aussi pas mal de références musicales, cinématographiques ou littéraires que vous relèverez …ou pas.

J'espère sincèrement que l'auteur nous réservera un second roman tout aussi inventif.
Commenter  J’apprécie          140
Pour ce livre, il faut clairement blâmer Instagram et notamment Thomas, notre trublion préféré, pour la réclame qu'il a fait sur ce titre et qui m'a poussé à lui donner sa chance. Et je dois vous prévenir : je ne m'attendais pas du tout à ça ! J'avais imaginé un truc plus consensuel sur l'histoire de Jeanne d'Arc, éventuellement avec un style original comme dans le Johanne de Marc Graciano au Tripode.

Le fond comme la forme sont ici détonants, l'auteur mêle du vieux français à des expressions très contemporaines et des mots d'anglais, ça fait chauffer un peu les neurones les premières pages et puis finalement on s'y fait parfaitement à ce style anachronique, et ça rend même la lecture assez pétillante.

Côté histoire, Guillaume Lebrun imagine ce qu'aurait pu être la création d'un mythe, la fabrication de toutes pièces de l'icône Jeanne d'Arc par la duchesse Yolande d'Aragon - dite YO - qui se met à élever une quinzaine de petites guérillères rebaptisées Jehanne dans un Royaume de France alors en plein chaos.

Quelle lecture étonnante et quelle langue fantastique ! Si à un certain moment du récit l'histoire est totalement partie en vrille avec un passage fantastique qui m'a mis en PLS, comme disent les jeunes, j'ai quand-même adoré ce premier roman drôlissime et incroyablement inventif qui convoque Céline Dion et Mylène Farmer en pleine Guerre de Cent Ans. Talentueux !

📖 Fantaisies guérillères de Guillaume Lebrun a paru le 18 août 2022 aux éditions Christian Bourgois. 310 pages, 20,50€.

🔗 Service de presse numérique fourni par l'éditeur.
Commenter  J’apprécie          140

"Icelui vient des cieux
Et tous les dieux entre eux
N'arguent que de toi"

En trois vers, voilà comment la langue de Guillaume Lebrun m'a séduite. Trois vers d'une réécriture à la sauce médiévale d'une des plus célèbres chansons du troubadour à moustache du Sud-Ouest, dédié à la « Petite Marie » d'Anjou, fille de Yolande d'Aragon, dite Yo et j'étais ferrée !
Tout au long de cette histoire déjantée, réinvention fantaisiste d'un des plus célèbres épisodes de l'histoire de France, celui du rôle déterminant de "Jehanne" d'Arc, dans la Guerre de Cent Ans, Guillaume Lebrun invente, s'amuse avec les événements, les passe au tamis de son imaginaire pop et queer, crée une langue hybride et c'est un régal !
Pop l'histoire de France? Of course ! Entre les références aux classiques de la SF, les tubes du top 50 revisités et la force libératrice de ces femmes Guerillères, Jehanne la Douzième et Yo en tête, on s'amuse tellement à la lecture de ce texte iconoclaste et militant. On traque les clins d'oeil anachroniques, on rit des trouvailles langagières, on s'interroge sur le sens profond de symboles obscurs et puis, on se prend à fredonner du Céline Dion (ou du Frédérique de Mercure :D), et ce mélange détonnant est absolument réjouissant !
Un premier roman joyeux et insolent, savouré et hautement recommandé.
Et une folle envie de découvrir "Les Guerillères " de Monique Wittig croisées deux fois récemment, ici et chez Wendy Delorme.

Alors, prêt.e.s à vous lancer?
Commenter  J’apprécie          140




Lecteurs (545) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3205 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}