« Roman pas policier mais presque… » Voici le sous-titre de ce roman atypique de
Jean-Michel Lecocq, Ardennais d'origine, qui nous avait plutôt habitué jusqu'à présent à des romans policiers plus « classiques » avec entre autre, un de ses flics récurrents que j'aime beaucoup, le commissaire Théo Payardelle.
Ici, retour pour lui dans son département d'origine les Ardennes. Il nous y entraine dans une aventure étonnante sur la star locale :
Arthur Rimbaud. Et en particulier son squelette. Je vais être honnête, je ne suis pas une grande fan du poète aux semelle de vent mais habitant les Ardennes depuis une vingtaine d'années, il a bien fallu que je m'y fasse.
Rimbaud est partout dans le département et en particulier à Charleville-Mézières, qu'il n'aimait pas du tout et qu'il a fui toute sa vie, mais qui lui voue un culte depuis quelques années maintenant, essentiellement pour son attrait touristique indéniable. Dans ce microcosme ardennais, coeur de la Rimbaldie, l'adjoint à la culture de la ville de Charleville a l'idée lumineuse et farfelue d'exposer le fémur de
Rimbaud (le vrai, pas une copie !) dans le musée qui lui est consacré pour illustrer une exposition autour d'un roman de
Franz Bartelt (écrivain ardennais illustre dans le département et que je soupçonne ami avec
Jean-Michel Lecocq) « le fémur de
Rimbaud ». Pour cela, il faut exhumer
Arthur Rimbaud qui repose dans un cimetière à Charleville. Drame absolu quand on ouvre le cercueil…. le squelette a ses deux jambes ! Cela ne peut donc pas être celui d'
Arthur Rimbaud car comme chacun sait, il a été amputé à Marseille avant de décéder. Scandale cataclysmique dans le département, en France voire dans le monde entier. Toutes les hypothèses, même les plus farfelues, sont avancées. Des commissions sont mises en place, une enquête est ouverte… Voilà le début de cette drôle d'aventure qui nous emmène sur les pas de
Rimbaud via Vidal, le policier rémois chargé de l'enquête, d'un juge qui n'aime pas
Rimbaud et à l'humour provocateur, d'un procureur qui ne veut pas perdre la face, tout comme le maire de Charleville et tout son conseil municipal etc. Teintée d'humour, l'enquête se révèle être tout de même une enquête criminelle… Suspense et cadavres… autres que celui de
Rimbaud ! On sent bien que l'auteur s'est bien amusé à revenir via ce roman dans son département d'origine auquel il est attaché et a pris un plaisir amical et facétieux à se moquer un peu de la Rimbaldie bien-pensante et du culte que le département voue à ce poète qu'il n'aimait pas vraiment du temps où il courrait les chemins ardennais avec son amant
Verlaine.
Plaisant à lire même si on n'est pas un spécialiste et un amoureux de
Rimbaud.