Gaëtan Lecoq nous offre ici un roman hommage. Après «
Les pieds nus de Zadkine » en 2012, où il cheminait aux côtés de « Pinson », jeune garçon fasciné par le sculpteur Zadkine, il nous emmène sur les traces du grand écrivain breton,
Xavier Grall, formidable journaliste, auteur et poète, que sa santé fragile conduisit à brûler la vie de toute son énergie.
L'écriture de
Gaëtan Lecoq est ample, dense, profondément musicale et lumineuse, où les couleurs de la Bretagne résonnent aux accords du jaune des ajoncs, du vert et du mauve des bruyères et des brandes. Force et tendresse, calme et ardeur animent ces pages captivantes.
Déjà le titre étonne, tant le
Xavier Grall que nous croyons connaître apparaît souvent inquiet, emporté, absolu, avec son visage taillé à la serpe, son regard terriblement noir, son étique silhouette. Et pourtant, Paul, le narrateur nous amènera à prendre conscience de la formidable capacité de joie de ce barde breton et ses rires qui retentissent au fil des chapitres, ponctuent chaque étape de sa vie que nous découvrons.
C'est Grall qui « frappe à la porte » des rêves de Paul et s'invite dans sa vie, dans son désir d'écrire, et ce médecin de famille breton retrouve alors la volonté d'écrire qui s'était diluée dans un quotidien un peu terne. S'en suit une quête forcenée pour dire, raconter, voire inventer cet auteur qui obsède Paul au point qu'il se retrouve en discussion avec lui, par-delà les rêves, devenant Paolig. La bretonnisation du prénom comme la marque une communauté de pensée, qui conduit notre narrateur à mettre ses pas dans ceux de son héros, s'enfonçant plus avant dans la Bretagne de
Xavier Grall, rencontrant sa veuve, écoutant les conseils de lecture de celui qu'il appelle maintenant Xavier.
Nous vivons alors au rythme de la courte vie de Grall, nous désolant de cette maladie emphysémateuse qui pourtant le décide à revenir en Bretagne, cette Bretagne qu'il entend accompagner vers la modernité, rompant avec une vision passéiste qu'il dénoncera avec véhémence. Certains de ses engagements, pas toujours bien compris, voire contestables, durciront la relation avec Paul – Paolig. En parallèle nous respirons au gré des lettres de Paul à la jeune libraire Ana, dont la rencontre a su relancer « cette folie d'écriture » qui l'anime depuis toujours.
A vous laisser ainsi emporter sur les traces de « cette sacrée gueule de Breton », vous éprouverez à n'en pas douter une furieuse envie de relire ses textes, de dialoguer à votre tour avec lui, de confronter votre Bretagne à la sienne et comme Paul vous ne pourrez-vous défendre d'admirer la profonde humanité de cet écrivain envoûtant. Merci à
Gaëtan Lecoq de nous avoir offert un si beau moment de communion avec la littérature.
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