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Gérard Lebec (Traducteur)
EAN : 9782277216490
350 pages
J'ai lu (04/01/1999)
3.61/5   31 notes
Résumé :
En danger de mort, Roilant a fui. Il est parti à la recherche d'un homme qu'il n'a jamais vu mais dont l'épée passe pour invincible : Cyrion. Lui seul pourra le sauver.

Mais où est Cyrion, l'éternel voyageur ? Qui est-il vraiment ?

Il a, dit l'un, triomphé de la malédiction jetée sur lui par un puissant sorcier ; il a, affirme un autre, vaincu une femme vampire qui terrorisait toute une cité. Il ressemble, murmure une jeune fille, à u... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Tanith Lee a été pour moi bien plus qu'une simple découverte, ça a été une véritable rencontre ; et les prémices de mon voyage à travers son oeuvre, une singulière et salutaire révélation.

Peu enclin à lire de la fantasy, je me suis toujours cantonné à mon genre de prédilection : la science-fiction - la SF, comme on dit -, sous toutes ses coutures.
Quelquefois, j'ai dérogé à la règle, à de rares exceptions près. Ainsi, Conan de Robert E. Howard et plus tard Bilbo le Hobbit de Tolkien ont eu mes faveurs. Et bien que ce fût à chaque fois une expérience heureuse, jamais je ne suis allé au-delà, pas même vers les grands classiques. Il y a bien eu l'univers colossale de Jack Vance mais ici on effleure davantage la fantasy qu'on ne l'explore réellement, en dépit du nom de science-fantasy qu'on attribu à son oeuvre...

Tanith Lee, j'ai fait sa connaissance avec le génialissime La Saga d'Uasti, une trilogie qui a marqué ma conscience - durablement - et qui est à l'origine de cette fameuse révélation.
L'ennui est que l'auteure étant décédée et, de surcroît, peu traduite à l'époque et donc peu connue en France, les rares titres parus ne sont pas réédités du tout. Aussi est-il difficile voire impossible de s'atteler à la lecture de son oeuvre plus que riche puisque trouver ses livres en occasion relève de la gageure.

Mais venons-en à Cyrion.
Nous suivons Roilant, un jeune seigneur parcourant les terres d'Héruzala à la recherche d'un dénommé Cyrion. Au cours d'une halte dans une auberge, le brave homme fait la connaissance de personnages pour le moins extravagants, lesquels le rejoignent successivement à sa table où le vin coule à flot et profitent de sa générosité en échange d'informations précieuses permettant de localiser le dit Cyrion, éternel voyageur.
Chaque invité s'improvise alors conteur et se lance dans un récit retraçant une aventure rocambolesque du mystérieux nomade. Au fil des histoires, est brossé le portrait d'un héros charismatique possédant un don exceptionnel pour se tirer de situations inextricables, un don tel qu'il dépasse l'entendement. Mais comme les coupes de vin se vident, les renseignements finissent par se tarir. Et Roilant de commencer à douter : ce héros après lequel il court est-il un mythe ou une réalité.
Au moment où le doute achève de convaincre le pauvre bougre de la vacuité de ses efforts, voilà que la légende en personne pointe le bout de son nez. C'est l'occasion enfin pour Roilant de confier au fameux Cyrion sa propre histoire et les raisons pour lesquelles il était à sa recherche. Et le héros blond - sa senestre chargée de bagues - d'apprendre que le jeune seigneur requiert ses services pour une affaire ô combien délicate...

Le résumé augure une aventure pleine de péripéties, de voyages remuants, et c'est le cas. le roman se divise en deux parties, bien distinctes, à ce point distinctes, qu'il existe deux prologues. Une première dans un livre, en tout cas pour moi, en tant que lecteur.

La première partie, comme on peut s'en douter, se compose de courtes histoires narrant les exploits de l'intrigant et nonchalant Cyrion, un aventurier aux allures de nomade qui parcourt les terres d'Héruzala après Dieu seul sait quoi, profitant au passage de la force de son esprit indomptable et de la furtivité de sa lame pour jouer au redresseur de torts et secourir la veuve et l'orphelin... sans omettre de faire chavirer le coeur de la première.
Cyrion, c'est un peu Robin des bois mais au lieu de redistribuer les gains issus de forfaitures, il redonne liberté et dignité aux opprimés faisant appel à ses services. Et j'ai bien dit : "jouer au redresseur de torts", car à en juger par son attitude débonnaire et cette nonchalance presque provoquante tant ses motivations comme ses actions, si elles sont nobles et efficaces, ne souffrent d'aucun zèle, d'aucune prétention ; à en juger tout cela, on se demande bien ce qui motive le bonhomme. Ce Cyrion, c'est la coolitude incarnée qui, brusquement, bourgeonne en une espèce d'impétuosité, de fougue combative ; un berserker la rage en moins mais cependant invincible. de même, il porte sa beauté avec une grâce féline - de lynx dixit l'auteur -, d'un air si détaché que ça frise l'arrogance. Et c'est ce qui fait sa force, que dis-je ! sa puissance.
Par moment, il m'a fait penser à des héros célèbres de l'animation japonaise : à un Cobra de "Space Adventure Cobra", à un erzat moins allumé de Nicky Larson, à un Vash the Stampede de "Trigun", à un Spike de "Cowboy Bebop". le genre de mâle alpha badass, invincible, qui ne fait strictement aucun effort pour entretenir cette image aux yeux des autres, sa manière d'être étant juste naturelle. Un modèle masculin parfait dans toute sa splendeur que l'auteure explore avec habileté et un indéniable amusement.
Et c'est ce personnage charismatique et surtout sa grande sagacité qui fait tout le charme du livre. En dehors du fait, bien entendu, que les histoires sont superbement bien écrites. Dans le fond comme dans la forme, Tanith Lee livre des récits palpitants, aux rebondissements et twists quelquefois improbables mais toujours jouissifs. On est en plein Rocambole ! Cependant, les intrigues sont fortes, dotées d'enjeux solides et de personnages bien incarnés.
A préciser toutefois que l'on baigne davantage dans la sword and sorcery que dans la fantasy à proprement parler. On côtoie davantage Conan que le Seigneur des Anneaux. Et puis, il y a ce côté enquêtes policières auxquelles se livre le bondissant Cyrion. Et là, on est en plein Cluedo ! Agatha Christie, Arthur Conan Doyle et même Columbo ne sont pas loin...
Enfin, le style est juste remarquable. Il y a une qualité d'écriture qui frôle la leçon. En tout cas, pour l'amoureux des mots que je suis et pour toutes personnes ayant pour passion l'écriture. C'est un style très littéraire, un texte teinté de poésie tout en prose, accessible, et nourrissant pour l'intellect. Tanith Lee est une amoureuse du beau langage en plus d'être une très grande conteuse, et la lecture de ses livres est rafraîchissante. On est en plein extase !

La seconde partie, pour être honnête, est un peu moins réussie. En fait, le problème ne vient pas du fond mais de la forme. En effet, si cette dernière intrigue - point d'orgue aux aventures rocambolesques de ce brave Cyrion - est digne d'intérêt et les personnages gravitant autour de lui convainquants, c'est le style qui pêche. le récit de cette chasse aux sorcières est mené avec cette même poésie tout en prose sauf que cette fois le style est quelque peu ampoulé. Déjà que l'histoire traîne un petit peu en longueur, cela n'arrange rien. Au cours de cette seconde partie, le livre a failli me tomber des mains plusieurs fois, non pas d'ennui mais du fait des nombreuses lourdeurs qui apesantissent le rythme. Si la première partie était très bien écrite, la seconde est trop ! bien écrite. Tout est trop dans cette dernière aventure. Même Cyrion est super cheaté, indestructible. Il vire au Egar de la cambriole avec ses déguisements multiples. C'est littéralement abusé. Les ficelles sont énormes et la résolution de cette ultime enquête apparaît capillotracté. Si le plaisir demeure cependant, il épuise le lecteur à qui il tarde de voir le fin mot de l'histoire. Une fin qui laisse un peu à désirer dans la mesure où l'on n'apprend pas grand-chose sur le devenir de Cyrion, tout comme ses origines et ses motivations ne seront jamais dévoilées.
En fin de compte c'est peut-être là que se trouve la grandeur du personnage, dans son aura de mystère, dans l'absence de réponse aux nombreuses questions qui subsistent dans la conscience du lecteur et qui, comme ce fût le cas pour Roilant, lui font se demander si les histoires que l'on vient de lui conter n'appartiennent pas aux mythes.

Malgré ce petit écueil, Cyrion est un roman d'aventure formidable, mêlant avec habileté et générosité le genre Sword and Sorcery à l'esprit des contes des Mille et Une Nuits. Tanith Lee maîtrise son sujet de bout en bout, disons-le, et donne vie à un des héros de fantasy les plus charismatiques et fascinants que le genre connaisse. Elle surpasse voire surclasse bon nombre de ses confrères masculins, sa sensibilité féminine est un plus indéniable pour la caractérisation des personnages - les deux sexes sont traités avec le même soin -, pour les thèmes abordés et pour le déroulement d'une intrigue.

Ce petit bout de femme était une auteure extraordinaire et je lui dois aujourd'hui de porter à la fantasy un intérêt et un attachement similaires à ceux que je porte à la science-fiction.

Merci donc madame Tanith Lee,
J'ai grande hâte de vous lire à nouveau.
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Résumé : Dans une auberge où coulent le vin et le miel, un voyageur offre une fortune à qui pourra lui apprendre comment trouver Cyrion, le légendaire guerrier qui arpente villes et déserts sans jamais se fixer. À la table de Roilant se succèdent les personnages les plus imprévus : sorciers, hétaïres, soldats et esclaves… tous disent avoir aperçu, ou du moins entendu, une bonne histoire sur Cyrion. On apprend qu'il est beau comme un ange, plus intelligent que tous les sages, mais également que c'est une fine lame doublée d'un mage. Plus encore que son épée, c'est sa tête qu'il utilise en priorité pour résoudre les affaires terribles et épineuses qui se présentent à lui : malédictions pesant sur des ruines, trahisons familiales sur fond de poison et autres problèmes impliquant dragons et démons. Roilant comprend rapidement que Cyrion est l'homme de la situation, celui qui pourra l'aider. Mais où se cache-t-il ? Viendra-t-il à lui ? Et pourquoi Roilant le cherche-t-il ?

Cyrion est l'un des jalons « heroic-fantasy » (penchant un peu vers le sword & sorcery) marquants de mon marathon Tanith Lee (l'un de mes grands thèmes de lecture cette année). Pourtant simple et inégale, cette histoire possède un je-ne-sais-quoi de charme qui rend cette lecture très agréable. Si le postulat est basique (un homme menacé recherche un héros légendaire), le traitement l'est un peu moins.
À travers les personnages, tout d'abord. le narrateur – qui parle à la troisième personne – n'est pas Cyrion, mais Roilant, un personnage d'apparence insignifiante qui va rechercher son aide. Ce procédé consistant à faire découvrir au lecteur le héros à travers le regard d'autres personnages (ayant parfois des avis contradictoires) permet la création d'un protagoniste très charismatique et nuancé : il est en effet difficile de faire passer son protagoniste pour un héros invincible lorsque le narrateur adopte son point de vue. Tanith Lee est très douée pour distiller le mystère et la fascination avec subtilité, à travers une petite description en deux mots au détour d'une action ou une tournure ciselée. Et elle excelle dans la construction des personnages masculins hypnotiques. L'autre caractéristique de cette auteur (et qui fait la force de ses romans) est justement le female gaze qu'elle pose sur des tropes plutôt virilistes à la base. Cyrion est le chevalier itinérant typique, qui, dans un bouquin d'Abraham Merritt dézinguerait des dragons épée au poing et déflorerait des vierges. Il aurait peut-être un côté un peu niais ou brut de décoffrage. Cyrion, au contraire, est plus un personnage à la Moorcock, sans le côté maudit : il réfléchit avant de dégainer, se pose des questions, et préfère remporter un combat avec son intellect qu'à la force de sa lame (alors qu'il est un guerrier quasi invincible, possiblement surhumain).
le deuxième point fort du livre est l'ambiance. Comme souvent chez Tanith Lee, le décor est merveilleux, évoquant une sorte de dimension parallèle à notre monde, différente, mais suffisamment proche pour qu'on puisse s'y immerger sans laborieuse explication préalable. On comprend rapidement que la ville de Héruzala est une deuxième Jérusalem, que les chevaliers de l'Ordre de l'Ange sont les Templiers (auxquels Cyrion est peut-être lié ?), que les Rémusains sont les Romains, etc. Tous ces détails, en plus de nous faciliter l'immersion dans ce monde particulier, nous permettent de relier les histoires de Tanith Lee entre elles, puisque cette histoire de réalité parallèle, proche de la nôtre, mais différente est présente dans presque tous ses récits.
Malheureusement, en dépit de ses qualités évidentes, ce livre m'a déçu de plusieurs manières.
Les points de vues multiples, et notamment ceux entre Cyrion et Roilant (qui échangent leurs identités dans la seconde partie du récit) rendent la narration un peu confuse par moment. Parfois, on ne sait plus trop qui est qui, ou qui parle. Il semblerait que ce soit voulu (les transformations, les faux-semblants et le changement d'identité sont un thème central du livre), mais cela m'a un peu détaché de l'histoire par moments, surtout dans la dernière partie.
Cette dernière partie apparaît à mon avis comme l'un des points faibles de ce livre. La première moitié du bouquin, composée de légendes concernant les exploits de Cyrion rapportées par les témoins dans l'auberge, est très solide. L'auteur nous plonge au coeur de cet onirisme magique dans lequel elle est passée maître. Mais la seconde partie est nettement plus faible. J'ai été déçue de perdre Cyrion, qui s'efface au profit de personnages nettement moins intéressants. J'ai également eu l'impression que l'auteur s'embourbait dans une intrigue et des détails qui n'apportaient rien au roman. Pour finir, j'ai trouvé que cette dernière partie déséquilibrait grandement la structure narrative : on change de registre, de décor, de temporalité, même, puisqu'on passe d'une seule journée servant de base à de multiples allers-retours dans l'espace et le temps à une séquence longue qui suit l'action de façon chronologique. On dirait presque qu'elle a été rajoutée après, ou que l'auteur avait au départ le projet de continuer l'histoire avant de s'arrêter abruptement.
La fin, justement, est très décevante. Tout le long du récit, les différents protagonistes entretiennent le mystère sur Cyrion, nous font sentir qu'il y a un secret à découvrir. Or, le lecteur n'en saura jamais plus qu'eux. Cyrion ne révèle pas ses secrets et on referme le livre frustré. Mais là encore, c'est l'une des recettes les plus efficaces de Tanith Lee : cultiver le mystère et ne jamais l'expliquer. C'est bien l'envie de découvrir ce quelque chose qui me fait dévorer ses bouquins les uns après les autres, quelle que soit leur disparité !
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Cyrion (1982) est un roman fantasy de Tanith Lee. Roilant, un nobilion sans envergure, recherche Cyrion, véritable légende vivante. Attablé dans une auberge, il écoute différentes personnes dépeindre un héros beau et rusé mais également redoutable combattant et maître dans l'art du déguisement. Tanith Lee brosse le portrait d'un héros un peu trop parfait mais les différents récits sont variés et intéressants, avec un côté enquête développé.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
« Selon le Prophète Hokannen, l'aube est un instant d'innocence et de pureté pour les créatures terrestres. On y voit le lion boire au même point d'eau que la gazelle et les oiseaux prendre leur essor pour saluer le soleil. Lorsque se lève l'astre du jour, c'est comme si une cascade rafraîchissante venait laver l'univers de ses péchés. Tout peut recommencer à zéro. »
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- Avec de tels pouvoirs magiques à votre disposition, vous devriez être en mesure de déterminer vous-même qui a tué Marival.
- Dans les brumes de l'émotion, la magie devient instable, inutilisable, dit Jolan. Il nous est impossible…
- Ce dont nous avons besoin, précisa Naldinus d'une voix suave, c'est d'un témoin dénué de passion. Nous sommes pour ainsi dire victime d'un sort qui nous maintient dans une incertitude dont nous n'aspirons pourtant qu'à sortir. Le meurtrier lui-même… (il marqua une pause et rabattit son son capuchon sur des yeux où le chagrin luttait avec la ruse.)… lui même, disais-je, ou elle-même, ne désire peut-être que se voir convaincu de son crime. Qu'être découvert.
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Comme disent les nomades, fit-il, sentencieux, trois mules ne peuvent plonger leur museau dans un même seau.
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