Deux nouvelles dramatiques dans la Corée des années 80 qui évoquent la souffrance des êtres perdus dans une réalité absurde qui les étouffe. Une réalité de faux-semblants qui empeste la merde.
La première, de son titre original 이창동 - 녹천에는 똥이 많다 que l'on pourrait traduire par « Il y a beaucoup de merde à Nokcheon ». Nokcheon est le nom d'une station de métro de Séoul issu du chinois 鹿川驛 signifiant « Ruisselet des chevreuils ». Une appellation aussi belle que grotesque pour ce lieu putride à la puanteur immonde où les gens se soulagent quand personne ne regarde. Il s'agit d'un drame domestique d'un réalisme morne qui révèle toute l'absurdité de l'existence. Deux frères que tout oppose, la jalousie empoisonnée d'un aîné ayant perdu toute ses illusions et se forçant à vivre une existence médiocre face à son cadet idéaliste et défendeur de libertés illusoires.
La seconde nouvelle se révèle tout aussi amère : « Depuis l'aube » ou Saebyeog-ieossda ihu 새벽이었다 이후, évoque les souffrance d'une jeune femme soumise à l'injustice policière en 1986. Chung Shinhye, serveuse renvoyée de son université pour y avoir organisé une assemblée étudiante, est arrêtée sans explications et conduite dans une salle d'interrogatoire du commissariat. Elle y subit une successions de violences, des questions incessantes auxquelles elle n'a pas de réponse aux agressions injustifiées qui la plonge dans la terreur.
Lee Chang-dong à l'instar de nombreux romanciers et cinéastes, met en scène le thème du traumatisme de l'histoire nationale dans ses oeuvres.
Grand cinéaste engagé, il témoigne d'une époque douloureuse, celle des difficiles luttes pour défendre la liberté et la démocratie dans un pays maintenu par les régimes militaires.
Des heures sombres où les gens ordinaires côtoyaient la surveillance et les violences policières. Où la jeunesse étudiante risquait sa vie face aux tirs de l'armée.
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