« Dans
ce monde disparu »,
Dennis Lehane fait disparaitre le monde qu'il avait si bien créé avec «
Un pays à l'aube » en 1918. Trente années plus tard, la trilogie prend fin avec l'avènement de l'Amérique moderne, ultralibérale et consumériste, celle qu'encore aujourd'hui nous connaissons. Mais, en 1948, en Floride, ce n'était pas encore ça. A Tampa, où l'on voit aujourd'hui des touristes bedonnants, se prélassaient avant de magnifiques gangsters en costumes blancs et panamas assortis….c'est là que l'auteur emmène son lecteur ! le monde des mafiosos américains, les gangsters traditionnels, ceux qui ont disparu en entrant dans la seconde partie du 20ème siècle.
L'ensemble de tous les codes du genre sont maitrisés et récités, les menaces, les règlements de compte, les contrats, les gangs, les malversations politiques, les interactions avec la police, le FBI et tutti quanti. En s'adaptant à un style cinématographique,
Dennis Lehane construit les décors à la perfection, imprimant un rythme lent à dessein, le temps de s'immerger dans cette Floride exotique et collante. Une fois l'immersion complète, les grandes scènes surviennent, de fusillades en intrigues, et de rebondissements en retournements de situation, le lecteur en perd le Nord. C'est tellement télégénique qu'on a le furieux le sentiment que l'oeuvre a été écrite dans ce but, ce serait plus probablement un script de pré production qu'un romain noir d'ailleurs. La plume, entre autres, neutre et objective, renforce ce sentiment.
Il n'en reste pas moins un bon film…euh pardon, un bon livre de gangsters. Fidèle aux règles, droit dans ses bottes, sans surprise ni déception, un classique du genre, sans détonner vraiment. «
Un pays à l'aube » avait détoné, lui.
En conclusion, un «
Dennis Lehane » assez classique, ….donc un bon livre !