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4,22

sur 4964 notes
Pierre Lemaitre a le don d'écrire les romans que j'ai envie de lire lorsque je ressens l'appel de la littérature d'aventures et d'évasion à la Dumas. Ce roman, c'est la lecture plaisir par excellence, 100 % régalade tant la réjouissante générosité de l'auteur déborde de chaque page.

Et ça commence fort, dès la virevoltante scène d'ouverture, en mode caméra embarquée, qui permet de présenter la famille Pelletier lors de sa traditionnelle procession fêtant la création de leur savonnerie beyrouthine. Les parents, quatre enfants dont aucun ne veut reprendre l'entreprise familiale. D'emblée, on devine que le terrain de jeux va nous éclater, l'auteur a le génie des personnages. le fils aîné, Jean, qui rate tout ce qu'il entreprend, à commencer par son mariage avec l'abominable Geneviève ( indispensable tête à claques, personnage exceptionnel d'humour noir ), fuit de honte à Paris après un échec aux côtés de son père. Il y retrouve François, son frère cadet, qui démarre une carrière journalistique dans un journal type France-Soir, rubrique fait divers. Pour Etienne, le dernier frère, ce sera Saïgon pour retrouver son amoureux, légionnaire embarqué dans la guerre d'Indochine qui disparaît. Et enfin, il y a Hélène qui ronge son frein de petite dernière et ne rêve qu'à quitter Beyrouth et ses parents.

Pierre Lemaître s'autorise tout. L'intrigue est vite intenable, voyageant le lecteur de Beyrouth à Saïgon en passant par Paris, adjoignant aux six Pelletier une flopée de personnages truculents personnages secondaires. Avec un savoir-faire magistral, se crée sous nos yeux un tissu narratif donnant à chaque personnage son propre couloir de nage tout en anticipant le moment où ils vont se croiser. L'auteur a un oeil sur tout, les aventures individuelles s'enchâssent en un feuilletonnage évident. le sens du rebondissement est inégalé, le récit nous propulsant dans des péripéties inattendues, comme un arc narratif polar sur les traces d'un tueur en série qui s'en prend à des femmes … forcément les Pelletier sont dans le cinéma lorsque la tête d'une célèbre starlette est défoncé dans les toilettes ! Il n'y a pas une phrase qui ne soit vivante sans pour autant chercher à me mettre plein la vue, juste pleine de verve et de sève, porté par un humour en filigrane qui colle au récit. On se marre beaucoup et on s'amuse des nombreux clins d'oeil comme ceux à Simenon avec le chat Joseph et les noms des personnages secondaires.

Si la famille est le premier creuset narratif, celui dans lequel chacun se construit, le foyer de toutes les névroses, le destin familial des Pelletier va bien au-delà de leur cercle intime et s'insère dans un magnifique portrait d'une époque, à savoir le tout début des Trente Glorieuses. Au sortir de la Deuxième guerre mondiale, 1948 est une année grise, un de ses interstices méconnus de l'Histoire dans lequel Pierre Lemaitre aime se glisser. La prospérité économique n'a pas encore démarré, les tickets de rationnement sont toujours nécessaires et les pénuries de logement réelles. Avec des accents à la Zola, des manifestations d'ouvriers communistes sont violemment réprimées. Les passages centrés sur Saïgon et le touchant Etienne, devenue fonctionnaire à l'Agence des monnaies, sont ceux que j'ai préférés révélant le scandale du trafic des piastres dans une incroyable atmosphère de déliquescences, entre vapeurs d'opium, concussion, corruption et extension de la guerre d'Indochine.

Du souffle, de l'esprit, de la passion, du rythme, de la malice, en complicité totale avec le lecteur qui dispose d'une liberté totale pour se déplacer dans ce jubilatoire récit multi-facettes, jusqu'à une époustouflante surprise qui fait hurler de plaisir le lecteur connaisseur de l'oeuvre de l'auteur.

Merci Monsieur Lemaitre et vite, la suite !!!

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Retour magistral de Pierre Lemaitre sur la scène littéraire! Quel grand roman d'aventures! Il ouvre avec ce volume le début d'une tétralogie très prometteuse (même s'il peut se lire de manière autonome car il y a un récit abouti mais laissant des portes ouvertes à une suite). J'ai terminé cette palpitante saga familiale en me disant que ça allait être long, très long cette attente de la suite je suis tellement impatiente de retrouver la famille Pelletier! On est emporté dès les premières lignes par un incroyable souffle romanesque dans un récit épique tourbillonnant, à l'écriture vive, au rythme rapide, sans temps morts ni ennui, à l'humour féroce, aux actions rocambolesques et au suspense bien dosé. Couvrant la période des Trente Glorieuses (pas si glorieuses que ça d'ailleurs) l'auteur ajuste ici la focale sur l'année 1948 et le récit se déroule dans trois villes Beyrouth, Paris et Saigon. On suit une fratrie de quatre enfants Jean, François, Hélène et Étienne et leurs parents des bourgeois propriétaires d'une savonnerie prospère à Beyrouth.
Le récit, si foisonnant qu'il est difficile à résumer, se construit autour de deux enquêtes parallèles qui tiennent en haleine; une criminelle au long cours à Paris après un meurtre sauvage et inexpliqué (une série de meurtres en fait) et une enquête à Saigon auprès du corps expéditionnaire français en pleine guerre d'Indochine. Cette dernière enquête mènera Étienne Pelletier, travaillant à l'agence indochinoise des monnaies et recherchant son compagnon militaire disparu au Vietnam, à un trafic de piastres. Avec Lemaitre il est souvent question d'arnaque, de pots-de vin et de malversations venus de personnes peu scrupuleuses « chacun volerait l'autre, c'était une proposition très commerçante » qui deviennent jubilatoires sous sa plume experte tout en dénonçant la perversité d'un système. Après les odeurs de savon à Beyrouth on passe rapidement à l'odeur de l'opium dans les rues poisseuses de Saigon avec ses cyclo-pousses, ses échoppes et fumeries où Étienne déambule accompagné d'un asiatique assez insaisissable et faussement soumis à la recherche d'indices sur la disparition de son amant. Dans le même temps François son frère, journaliste spécialiste des faits divers à Paris au « Journal du Soir » investigue sur l'affaire criminelle aux multiples rebondissements dont seul le lecteur connait l'identité de l'assassin. Et puis il y a Hélène, la benjamine, qui s'échappe aussi sur Paris délaissant ses parents. Enfin il y a Jean alias Bouboule le plus médiocre de la fratrie qui subit sa vie et n'est pas à la hauteur des espoirs de son père et encore moins des exigences de sa femme une peste infâme de petite vertu qui l'humilie en permanence, personnage inoubliable du livre cela dit. Ce grand roman populaire parvient à maintenir une tension et un intérêt pour tous les personnages réunis par un secret de famille révélé vers la fin. Roman choral sur le monde de l'après-guerre ne passez pas à côté de cet intense plaisir de lecture. Vivement la suite!
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En quelques mois de l'année 1948, Pierre Lemaitre m'a à nouveau embarqué dans une histoire folle s'appuyant sur des faits réels et une impressionnante documentation.
Comme j'avais adoré la trilogie Les Enfants du désastre (Au revoir là-haut, Couleurs de l'incendie et Miroir de nos peines), j'ai été captivé par tous les événements vécus par cette famille Pelletier que l'auteur relie habilement aux livres cités plus haut mais je ne peux pas en dire davantage…
En trois grandes parties, plus un épilogue, le Grand Monde me plonge d'emblée à Beyrouth où Louis Pelletier a brillamment réussi dans la savonnerie. Il est d'ailleurs en tête d'une procession très familiale qui marque, chaque premier dimanche de mars, l'anniversaire de la création de son entreprise. C'est l'occasion de faire connaissance avec toute sa petite famille : Angèle, son épouse dévouée, et leurs trois enfants, Jean dit Bouboule, accompagné de Geneviève avec qui il est marié, Étienne, François et Hélène.
La Maison Pelletier et Fils a des succursales et son développement est remarquable. Louis Pelletier rêve de voir son fils aîné, Jean, lui succéder mais lorsqu'il le nomme Directeur Général, son incapacité est manifeste. le père est obligé de reprendre les rênes avant la catastrophe alors qu'Angèle continue à diriger le personnel.
François, après avoir combattu, à 18 ans, dans la Première division de la légion de la France Libre, est parti à Paris pour intégrer, paraît-il, l'École Normale Supérieure.
Par la mer, Jean dit Bouboule fuit Beyrouth aussi pour Paris, avec Geneviève qui est une fervente experte en fellation et fait profiter de ses talents de nombreux membres de l'équipage du bateau…
De son côté, Étienne est un idéaliste sans idéal. Il a une passion amoureuse folle pour Raymond, parti hélas combattre le Viêt-Minh en Indochine. Comme il n'a plus de nouvelles de son amant, il rallie pour Saigon intégrer l'Agence indochinoise des monnaies.
Quant à Hélène (19 ans), elle veut aussi vivre à Paris, ce qui inquiète beaucoup ses parents. Elle hésite entre les études de lettres et les Beaux-Arts.
Le décor de ce roman est bien planté. Pierre Lemaitre va me balader de Beyrouth à Paris puis à Saigon où le Viêt-Minh combat par tous les moyens la colonisation française. Que ce soit perpétré par l'un ou l'autre camp, les méthodes de torture et les traitements infligés aux prisonniers sont des plus horribles.
Toujours à la recherche de son ami Raymond, Étienne prend son travail tellement à coeur qu'il va, peu à peu, révéler un incroyable trafic permettant d'enrichir les deux camps qui se combattent, avec des complicités remontant jusqu'à ces personnes que l'on dit haut-placées.
Les détails livrés par l'auteur sur la vie à Saigon sont à la fois passionnants et révélateurs. Je découvre même le succès de la secte Siên Linh qui, pour exister et se développer, mange à tous les râteliers.
Enfin, il y a Paris et François qui va se révéler un excellent journaliste, un enquêteur passionné, même si sa soeur, Hélène, le contraint à l'héberger dans son petit appartement alors qu'il y vit avec Mathilde.
Le plus mystérieux des trois frères est quand même Jean dit Bouboule, un homme complètement sous la coupe de Geneviève, son épouse. Si je ne peux pas en dire plus à son sujet, je peux quand même signaler quelques meurtres qui ne manquent pas de m'horrifier et de m'intriguer.
Si les enfants Pelletier, à Paris, réussissent à vivre, c'est bien grâce à la générosité de leur père mais rien ne va se passer normalement et c'est bien ce qui fait tout l'intérêt de ce roman plein de rebondissements et de surprises.
J'ajoute que Pierre Lemaitre réussit habilement à remettre en mémoire les grèves des mineurs du Nord, la violente répression exercée par les forces de l'ordre et l'armée. Tout cela débouche sur la manifestation du 11 Novembre 1948 qui voit les Gardes républicains et la Police charger mineurs et Anciens combattants avec une violence extrême. François est là, tentant de faire son travail de journaliste alors qu'il venait à un rendez-vous fixé par Nine, une jolie jeune femme dont on devrait encore entendre parler.
Beyrouth, Saigon, Paris, 1948, le Grand Monde, nom d'un établissement parisien et d'une salle de jeux de Saigon où Étienne a pris ses habitudes alors qu'il s'est mis aussi à fumer de l'opium, Pierre Lemaitre, d'une écriture vivante, rythmée, maîtrisant parfaitement l'art du suspense et ménageant quantité de surprises, s'est lancé dans une nouvelle trilogie dont le premier opus rencontre un succès amplement mérité.
Je me suis régalé. Quantité d'événements sont revenus dans ma mémoire et j'ai aussi appris beaucoup sur cette histoire pas si lointaine des colonisations menées par notre pays et qui ne sont pas terminées de manière glorieuse. Au passage, beaucoup de protagonistes en ont profité tout à fait impunément alors que le peuple de France manquait de tout après les années terribles de la Seconde guerre mondiale.
Le Grand Monde devrait être suivi par deux autres romans et je suis sûr que Pierre Lemaitre travaille déjà sur le suivant et que son talent d'écrivain se manifestera à nouveau pour notre plus grand régal !

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Allez, voix nasillarde à l'ancienne pour la réclame :
Maison Pelletier, passeurs d'histoire de père en fils, de Beyrouth en passant par Saigon et Paris.
La saga familiale de Pierre Lemaître démarre en 1948 dans une savonnerie libanaise qui fait la fierté de son patriarche et un peu moins celle de sa famille. Petits soucis deviendront grands quand la progéniture a des envies d'ailleurs et savonne la planche de l'héritage.
Les 4 enfants de la famille n'ont pas grand-chose en commun à part leur pédigrée. Nous n'avons pas affaire aux Dalton ou à des fratries cloniques qui semblent sorties de photocopieuses 3D. Jean, l'ainé, est un génie d'incompétences, un raté intégral et un concentré de frustrations, qui fuit à Paris avec Geneviève, son épouse, une garce qui fera date dans le bestiaire de l'auteur. Ils retrouvent sur place Louis, le cadet, qui s'est lancé en secret dans le journalisme et va se spécialiser dans le fait-divers tapageur. le troisième fils, Etienne, part lui à Saigon avec son chat. Il n'a rien d'un aventurier et se rend vite compte que l'Indochine, ce n'est pas Canary Bay. Au programme, Kao-Bang et trafic de piastres digne de l'arnaque aux monuments aux morts d'Au revoir là-haut. Salut d'ici-bas. Il reste la fille, Hélène qui couche avec son prof pour passer le temps et qui rêve de rejoindre ses frères.
J'ai effeuillé ce feuilleton avec un plaisir immense. Pierre Lemaître redonne ses lettres de noblesse au roman populaire. Un comble mais pas de particule pour ce grand monde. L'auteur revendique le genre mais il en magnifie les archétypes. Les personnages s'identifient simplement mais il ne s'agit pas de coquilles vides au tempérament binaire. Même les figurants ont du caractère. La description de l'époque n'est pas un décor en carton-pâte placé au second plan pour meubler le récit. L'histoire dialogue avec la fiction et elles se mettent en valeur mutuellement. Les intrigues sont multiples et se rejoignent façon puzzle grâce à l'album de famille Pelletier.
Pierre Lemaître ne se refait pas et même s'il se cache derrière son histoire comme un Viet-Cong dans la jungle, l'hommage aux lanceurs d'alerte qui se battent contre des hommes politiques corrompus est bien marqué et on renifle une nouvelle fois son aversion pour l'affairisme et les cyniques qui salissent les belles causes.
Je ne peux aussi, comme tant d'autres ici avant moi, que relever ce souci du détail qui rend sa fiction si immersive et les épisodes rocambolesques plus crédibles.
Je n'ai qu'une hâte, c'est la sortie du second tome de la saga. Allez, je parie quelques piastres que l'histoire suivra davantage le personnage d'Hélène, en construction ici et dont on sent le potentiel romanesque.
Que du beau monde en ces pages.
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Roman attendu, comme à chaque fois pour cet auteur que je lis depuis de nombreuses années, séduite, dès le départ par les polars.

La nouvelle mouture s'inscrit dans le cadre de ces récits initiés avec Au-revoir là-haut. le récit s'alimente des destins à la fois banals et remarquables d'une poignée de personnages, inscrits dans les tourments que leur font subir la grande histoire.

En 1948, la France se remet lentement de ses blessures de guerre, les vivres sont encore rationnés, le confort est plus que sommaire et la vie quotidienne n'est aisée que pour les débrouillards.
Mais la famille Pelletier voit de loin ces tracas, puisque l'usine fondée par Louis est prospère et que la relève devrait être assurée par le fils ainé. Mais Jean n'a pas la fibre pour gérer une telle entreprise, et poursuivre le développement de la fabrique de savon installée à Beyrouth. Hélène est encore bien jeune et c'est une fille, François qui est bon élève est appelé à suivre une voie plus royale en France. Quant à Etienne, sa délicatesse le fait écarter d'emblée de la succession. D'autant que son ami Raymond est parti en Indochine et que rapidement, Jean n'en a plus de nouvelles. Il décide de se rendre sur place.

Puis c'est la débandade, l'effondrement des espoirs parentaux, et cerise sur le gâteau un meurtrier impulsif sème les cadavres sur sa route…

C'est dire si la matière est dense et justifie les cinq cents pages, que l'on dévore avec avidité.

On aime aussi beaucoup les pages consacrées à la guerre d'Indochine, aux enjeux économiques complexes , qui a laissé la presse et l'opinion quasi mutique pendant des années. Certains passages sont particulièrement violents.


Pierre Lemaitre a créé un genre, petite histoire plongée dans la grande histoire, illustrée par des personnages qui donnent l'envie de les suivre. Et on se réjouit de savoir que trois tomes suivront.
Merci à Babelio et aux éditions Calmann-Lévy.
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Un énorme coup de coeur pour ce roman.
Pierre Lemaitre est sans doute a son plus grand niveau. J'ai dévoré les quelques 500 pages en moins de 24 heures.
Je pousserai même le bouchon à dire que je préfère ce roman ci au Goncourt qu'il a reçu en 2013.

J'ai adoré être spectatrice de la famille Pelletier.
L'auteur a su façonner des personnages d'une grande qualité.
Chacun sa personnalité propre et ils semblent si réels. On les voit ces personnages, on les sent vivre, trembler, paniquer, aimer,....

Les descriptions sont magistrales. le Vietnam sous la plume de Lemaitre : on sent la moiteur de la ville, on voit les fumées d'opium, on entend le bruit. de la rue.
Tout est terriblement bien décrit, tout semble prendre vie aux yeux du lecteur.

Je ne vais pas décrire l'écriture de Pierre Lemaitre, elle est incroyable, prenante, et sans concession.
Moi, qui lit des thrillers assez sombres ( d'ailleurs je crois que certaines collègues m'ont traitée de psychopathe suite au prêt de certains romans), j'ai quand même eu du mal avec une scène de torture.

Enfin, on sent que le récit est tellement bien documenté. D'ailleurs j'ai aussi pas mal appris avec ce roman parce que mes connaissances de la guerre du Vietnam ne sont que scolaires... alors effectivement on apprend plein de choses. pas toujours reluisante .

Quant à l'histoire elle est envoûtante, c'est juste un page Turner de dingue.

Je suis sous le charme de cette intrigue, ou le suspens est très présent.
Je trouve incroyable d'avoir su donner vie à des lieux et a des personnages de cette façon.

Je n'attends plus qu'une chose ...le deuxième volet des aventures de la famille Pelletier.
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Après Les enfants du désastre, cette excellente trilogie, remarquable fresque de l'entre-deux-guerres, comprenant Au revoir là-haut, Couleurs de l'incendie et Miroir de nos peines, Pierre Lemaitre entame une nouvelle saga familiale, Les années glorieuses, tétralogie dont le Grand Monde est le premier volet.
Cette plongée dans les Trente Glorieuses, cette période de forte croissance économique et d'augmentation du niveau de vie qu'a connue la grande majorité des pays développés entre 1945 et 1975 débute de façon particulièrement mouvementée et jubilatoire pour la famille Pelletier et ce premier tome se révèle absolument réjouissant, divertissant et ô combien instructif.
Ce roman se lit avec un tel plaisir que l'on ne voit pas défiler les presque 600 pages et qu'à peine la dernière refermée, on attend déjà avec impatience la suite…
La découverte de cette famille Pelletier vivant à Beyrouth dans les années 1948 est pour le moins assez fantastique. On fait sa connaissance avec le pèlerinage annuel de celle-ci le premier dimanche de mars pour commémorer l'anniversaire de la savonnerie que les parents ont acquise dans les années 20, le père se targuant d'être à la tête d'un « fleuron de l'industrie libanaise ». Lors de cette procession familiale, nous faisons connaissance donc avec les parents Louis et Angèle et également avec les quatre enfants et tout au long du roman, nous suivons le destin des trois garçons François, Jean et Étienne et de leur soeur Hélène.
Le jeune François rêvant de devenir journaliste est parti à Paris tout comme Jean, surnommé Bouboule et son épouse Geneviève, un couple assez spécial.
Quant à Étienne, c'est en Indochine qu'il va rejoindre son compagnon Raymond, engagé, parti achever son contrat. Employé à l'Agence des monnaies de Saïgon, Étienne va devenir « un lanceur d'alerte », levant le voile sur un vaste trafic monétaire, « l'affaire des piastres ».
Hélène, elle, sera la dernière à s'affranchir de ses parents mais finit par surprendre tout le monde.
Avec cette saga familiale qui commence en 1948, c'est le tableau de toute une époque, celle de l'immédiat après-guerre, qui sort des restrictions et qui commence à voir son niveau de vie s'améliorer que Pierre Lemaitre retranscrit dans ce feuilleton palpitant.
Passant d'un personnage à l'autre, l'auteur nous entraîne dans cette guerre d'Indochine, faisant revivre cette situation coloniale et dénonçant le capitalisme de guerre. C'est aussi la montée de la presse française qu'il met en évidence avec toutes les prouesses dont doivent faire preuve les journalistes pour accrocher le lecteur. La force de Pierre Lemaitre est d'inclure dans ces thèmes très sérieux ses idées engagées avec beaucoup de légèreté.
Ce feuilleton haletant dans lequel les personnages apparaissent tantôt sympathiques, attendrissants, tantôt détestables, souvent déroutants, est truffé de rebondissements et de surprises.
Si l'auteur brosse les portraits de ses personnages avec talent, c'est également avec beaucoup de génie et de réalisme qu'il décrit les scènes de vie.

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Quelle joie de retrouver Pierre Lemaitre pour cette nouvelle saga, celle de la famille Pelletier! Je savais que j'allais à nouveau me régaler. Lue avidement en deux jours, elle m'a emportée dans son sillage. J'étais sourde à tout, prise par ma lecture.

Juste quelques jalons historiques, qui servent de toile de fond à cette folle histoire, pleine de rebondissements: nous sommes en 1948, la France se remet doucement de la seconde guerre mondiale, le conflit avec le territoire colonial de l'Indochine perdure.

Trois lieux vont servir d'écrin au déroulement des événements: Paris, Saïgon et tout d'abord Beyrouth. C'est là que vivent les parents Pelletier, Louis et Angèle, propriétaires prospères d'une savonnerie. Leurs deux fils aînés, Jean dit " Bouboule" et François sont maintenant à Paris. Et voilà que le plus jeune , Etienne, amoureux d'un légionnaire, part pour l'Indochine le rejoindre. Ne reste qu'Hélène, la dernière enfant, dix-huit ans, mais elle a aussi des velléités d'indépendance...

Avec l'auteur, on se doute que tout va s'emballer, les circonstances, les décisions, les actions. Ce qui séduit et retient le lecteur, c'est cette capacité à mêler habilement les genres: roman d'aventures , policier, social, historique, il est tout cela à la fois. Et sa plume acerbe, ironique, nerveuse s'allie merveilleusement aux propos, de même que son sens de l'observation, des ambiances.

Des thèmes riches et foisonnants ,familiers à l'auteur,sont ici exacerbés: les mensonges, la famille, les compromissions politiques, les coups du destin.

Et surtout, quelle superbe et savoureuse galerie de personnages l'auteur nous offre encore! Entre l'inquiétante et ignoble Geneviève, la femme de Jean ( mais elle n'est pas la seule...), l'énigmatique Diêm reconverti en gourou, et même le chat Joseph, qui en a vu de belles du haut de son frigidaire ronronnant, il y a de quoi se réjouir!

Cerise sur le gâteau, déjà fort goûteux, une surprise vous attend, si vous connaissez les livres précédents de l'auteur... Mais chut!

Lisez ce premier tome étourdissant, addictif, au rythme enlevé! J'attends fièvreusement la suite!

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En cette année 1948, malgré leur réussite à la tête de leur prospère savonnerie à Beyrouth, Louis et Angèle Pelletier accusent le coup. A l'évidence, aucun de leurs quatre enfants ne reprendra jamais le flambeau, et il leur faut se résigner à les voir, l'un après l'autre, quitter le Liban pour « le Grand Monde ». Si deux de leurs fils et leur fille ont choisi de tenter leur chance à Paris, le dernier s'est mis en tête de retrouver à Saigon le légionnaire dont il est passionnément épris, et qui a cessé de donner de ses nouvelles alors qu'il est maintenant engagé aux côtés de l'armée française dans la guerre contre le Viêt-minh…


Comme il l'explique en fin d'ouvrage, l'auteur a butiné une myriade de sources pour composer ce foisonnant feuilleton qui doit se prolonger sur deux autres tomes. Agrémentant le fruit de cette promenade documentaire d'une bonne dose d'imagination, il entame une saga familiale animée d'un si puissant souffle romanesque qu'il parvient à en faire oublier, voire à rendre amusants, ses aspects les plus improbables. Car, certes, toutes ces péripéties font beaucoup pour une seule famille. Et, lorsque, entre autres surprises et rebondissements, s'entrecroisent les aventures du benjamin Etienne, inspirées de celles du vrai correspondant de guerre qui, en 1950, s'intéressa à l'affaire des piastres en Indochine ; les circonstances qui placent François, le cadet journaliste, à la tête de scoops détonants ; le terrible secret qui fait de l'aîné Jean et de sa redoutable épouse Geneviève de bien peu recommandables compères : l'on finit par déborder du roman historique pour verser dans un exercice de dextérité non dénué d'humour, comme le confirment les clins d'oeil de l'auteur à ses précédents livres ou à ceux de Simenon.


C'est donc avec un incontestable plaisir que l'on se laisse emporter par cette lecture fluide et facile, en compagnie de personnages réellement attachants ou carrément détestables, mais toujours bien campés, et surtout que l'on s'immerge dans son alternance d'atmosphères aussi vivides les unes que les autres. Qu'il s'agisse, d'une part, de l'incertitude du Paris d'après-guerre, entre pénuries et rationnement, opportunités lucratives pas très nettes, manifestations ouvrières et violente répression policière, mais aussi difficultés d'indépendance de la presse comme des femmes, ou, d'autre part, de la décadence d'une Saigon encerclée par une guérilla de décolonisation d'une violence inouïe, mais qui ne démord pas de ses juteux trafics construits sur la corruption et la concussion, et tant pis s'ils financent en même temps le Viêt-minh, le tableau n'est dans l'ensemble guère réjouissant, ni glorieux, le crime s'épanouissant en toute impunité d'un côté de ce monde comme de l'autre.


Jouant avec aisance et humour de tous les genres, Pierre Lemaitre enchevêtre roman historique, saga familiale et intrigue criminelle pour le plus grand plaisir de ses lecteurs. Il nous livre, à n'en pas douter, un nouveau grand succès populaire, dont beaucoup attendront la suite avec curiosité. N'a-t-il pas déroulé quelques fils narratifs qui ne demandent qu'à être tirés plus avant ? En attendant, ceux qui souhaitent conforter leurs impressions sur les troublants conflits d'intérêts économiques et financiers à l'oeuvre pendant la guerre d'Indochine pourront se plonger dans l'édifiant Une sortie honorable d'Eric Vuillard.

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Aujourd'hui, je ressentirais un certain « vague à l'âme si je n'avais pas espoir de pouvoir lire une suite de cette merveilleuse saga naissante. Ce roman m'a passionnée pour maintes raisons :

D'abord ces personnages qui quittent le nid familial pour aller occuper « le grand monde », personnage que j'ai eu tendance à suivre comme s'ils étaient de ma famille, Jean, dit Bouboule, à qui j'ai parfois eu envie de botter le postérieur, Geneviève sa femme, la teigne qui sait ce qu'elle veut, capable de faire de grandes choses, François, l'entêté, ce qui lui permettra sans aucun doute, de parvenir à ses fins, Etienne, le doux, le sentimental, et Hélène, qui se cherche, tout ce petit monde qui quitte le foyer et devra poser sans aide, les jalons de sa vie.

Les personnages secondaires sont également dignes d'intérêt, on se doute que quelques traitres se cachent parmi eux, mais qui ?

Ensuite les événements, l'Indochine, guerre méconnue, exportée dans des contrées trop lointaines pour susciter l'intérêt de l'opinion publique, ce qui m'a donné envie de me documenter plus encore. Et ce qui constituera une sorte de fil conducteur du récit : le scandale des piastres, passionnant exposé de Pierre Lemaître.

Enfin, les rebondissements et le suspens qui en font un roman d'une richesse inouïe à la fois documentaire, saga, policier, thriller.

Pas une minute d'ennui, j'ai dégusté ce pavé avec bonheur.

J'ai hâte de lire la suite !
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