Elle était là, à une terrasse, en tête à tête avec son roman.
D'humeur romanesque, Charles-Louis se sentait pousser des ailes, l'audace de tourner une page à son histoire d'adolescent sans histoires, fils de Charles-Émile, pourfendeur de la saveur hors-saison, qui empoisonne la terre par les racines et son ciel à coup de grands vapeurs d'avion, grand défenseur du fruit et légume Bio devant l'éternel. Un héritage et une mission qui devrait peut-être l'impressionner, la belle ?
Quand on s'appelle Charles-Louis, on a surtout peur de passer pour une courge devant les filles.
Son regard concentré sur sa propre aventure, un roman d'espionnage ou d'amour, comment pourrait-elle rêver de vivre une passion plus torride avec le bon copain de Bastien Archambault, fils des voisins ?
« Trop belle pour moi », pourrait-il se dire.
Amorcer une petite phrase bien sentie pour lui dire « He Ho ! J'existe, je suis là !! » ?
Non. Autant la présenter à toute la troupe et lui chanter un air de Springsteen façon rock pour lui déclarer la flamme, entre la table à camping et la glacière, devant les parents, Juliette la soeur « casse-bonbon » et les Archambault les claquettes aux pieds en éventail.
Nul, nul et nul !
Les filles comme ça, ça ne sort pas avec les Charles-Louis sans histoires.
Il tente sa chance, la phrase bien sentie, elle feint l'indifférence et finit par sortir un :
« Moi, c'est Mireille. Si ça ne te plais pas, je ne te retiens pas... ».
: « Trouve moi » est une bonne surprise à conseiller pour cet été aux ados.
Une histoire d'ado, une histoire d'amour comme ils en vivront peut-être, le premier amour avec un grand A sur fond de vacances au camping de Saint-Pons-les-Mûres.
Mireille est peu banale-à découvrir-, Charles-Louis, d'une grande simplicité, à son corps défendant c'est de la faute de ces parents. Et pourtant, la foudre tombe juste là, et ce n'est pas une punition divine sur la prestation du père de Charles-Louis sur l'animation karaoké.
Non, comme pourrait dire l'autre « pour moi, la vie va commencer », pourrait chantonner Charles-Louis, envisageant de commencer à raser son premier duvet apparent.
Cela plaira aux garçons comme aux filles, Charles-Louis raconte avec la sincérité et le bougonnement adolescent qui touche et nous fait sourire.
On retrouve un thème de société qui est récurrent et personnellement cher à
Christophe Léon l'auteur, élément qu'il met volontiers en dérision avec beaucoup d'humour au travers du personnage du père du jeune Charles-Louis qui arrive à convertir son entourage au bien manger sain, bobo comme il dit et bio. Chacun se fera son idée mais ce n'est pas le plus important. C'est aussi la rencontre de deux familles que rien à priori de lient, les Franchart Bobo et les Archambault franchouillard et pourtant, toute la petite troupe parte ensemble en vacances bras dessus bras dessous.
A la lecture de ce titre, nous concluons vraiment que l'auteur se montre surprenant, se partageant entre des romans lumineux, tendres comme «
le goût de la tomate » et d'autres plus frissonnant, tendus et sérieux comme «
La randonnée » et « le
dernier métro ». Il y en a pour tous les goûts tant qu'il est bio, sincère dirions nous, authentique dans son propos. Un vrai plaisir de lire cette écriture enlevée, inspirée pour restituée une parole d'ados réaliste avec style !
Très court, à se prêter pour les vacances !