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Sylvain Lesage (Autre)
EAN : 9791091281904
424 pages
Ecole Nationale Supérieure Sciences Information Et Bibliothèques (12/03/2018)
4/5   4 notes
Résumé :
La bande dessinée, qui a longtemps pâti de son image de "mauvais genre", est désormais pleinement reconnue comme une pratique culturelle légitime. Ce statut de "neuvième art", singulier à l'espace franco-belge, est étroitement lié à une autre exception : le poids du livre dans la publication de la bande dessinée. Ce livre montre comment la bande dessinée passe, en quelques décennies, d'une forme quasi exclusivement vouée aux pages des périodiques à l'un des secteurs... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Une musique joviale toute d'envolées de violons retentit dans la pièce. Nathan arrive en courant.
« Eh, Sylvain, Sylvain ! Y'a une nouvelle opération Masse Critique !
— Mais enfin Nathan, tu sais bien que je ne lis jamais de non-fiction !
— C'est trop tard, Sylvain ! J'ai commandé un essai universitaire de 400 pages !
— Ignoble petit frère ! Tu vas tâter de ma chaise à roulettes !
— Hé hé hé… Deux ans que j'arrive à l'embêter avec ça ! Merci, Les Presses de l'Enssib et Babelio ! »

Saurais-je faire une critique pertinente du livre qui m'a été envoyé ? C'est en m'apercevant de la précision de chacune des informations fournies par cet essai et l'attention que l'on me porta par un mot des éditions joint au colis que je me suis rendu compte de l'ampleur de la tâche. En tant que simple étudiant de Lettres & Arts, je n'ai effectivement que peu d'expertise comparé à un professeur qui a consacré des années de sa vie à se pencher sur la bande dessinée avec le plus grand sérieux ; ceux qui me connaissent savent que je suis friand de critiques légères et espiègles, quand bien même j'essaye d'apporter depuis des années un propos de plus en plus pointu sur les oeuvres chroniquées de manière à ne pas sombrer dans cet éloge détestable que font certains de la pure subjectivité (d'où le fait que je ne parle quasiment plus de musique étant donné mes lacunes importantes). Qu'on soit donc bien clairs tout de suite : bien que m'intéressant de près depuis l'enfance à la bande dessinée franco-belge, je ne possède pas d'expertise dans ce domaine et ne serais donc pas à même de valider ou non le savoir de l'auteur. En revanche, je m'engage à faire le plus de remarques constructives possibles sur la forme, les réflexions développées et l'exhaustivité déployée.
C'est en effet une grande reconnaissance que je voue à Sylvain Lesage de se pencher ainsi sur un sujet dénigré durant des décennies : tenter une approche analytique d'un genre ou d'un format trop souvent dénigré par les élites est un exercice auquel nous devrions tous nous confronter régulièrement : l'éclectisme est la seule manière de se cultiver suffisamment pour poser un regard neuf et objectif sur le monde, ce qu'encore bien trop de personnes négligent en France. C'est cet éclectisme qu'il va prôner dès la préface en dénonçant la hiérarchisation que l'on se fait de la bande dessinée avec Tintin tout en haut et Mickey tout en bas : ici, le but n'est pas de critiquer mais d'analyser, pas de juger mais de comprendre.
Et puis tout simplement, enfin un essai qui se penche sur la diffusion de la BD franco-belge durant son âge d'or ! Si vous demandez dans la rue à un quidam « Comment ça s'est passé, cette période ? », il y a de fortes chances qu'il vous réponde « Heu… Bien, je suppose ». La vérité est plus complexe et soulève des questions que je me pose depuis que je sais lire : comment sommes-nous passés du stupide illustré décrié par les mères de milliers de Petits Nicolas au 9e art accepté dans toute sa splendeur ? quelle est la raison pour laquelle nous avons délaissé le lettrage à la française* ou le format à l'italienne** ? et pourquoi diable opter systématiquement pour des albums de 48 pages quand un roman peut en faire des centaines ?
Je me permets juste des remarques sur les points suivants :
- Chaque titre de chapitre constitue une référence à une bande dessinée. Celle-ci est expliquée juste après le sommaire (pourquoi expliciter ce qui aurait pu rester une subtilité littéraire, c'est sans doute par souci de clarté universitaire), mais il manque celle du chapitre VI sur Les Cités obscures (d'ailleurs, le sommaire oublie de mettre le titre de ce chapitre en italique).
Les paragraphes expliquant dans la préface que cet ouvrage est issu d'une thèse en ligne arrivent en plein milieu d'explications historiques ou générales, et auraient gagné à posséder une place à part.
- Quand p 70, on parle de « Futuropolis », parue avant les années 50, comme l'une des rares BD de SF française, il aurait fallu préciser plus clairement qu'on parlait bien de cette époque seulement (j'ai passé une bonne partie de la soirée à lister toutes…).
- L'hypothèse selon laquelle Vaillant refuserait l'album car trop bourgeois est mentionnée deux fois, créant une légère redondance.
- Hergé exige des autres dessinateurs un trait semblable au sien ; or certains disent qu'il tenait Franquin en admiration… Une rumeur sur laquelle il aurait été intéressant de se pencher.
- Enfin, si le livre se fait extrêmement exhaustif, une ou deux questions restent en suspens : comment en est-on arrivés à faire des aventures quasi-exclusivement de 46 pages (même si la réponse se devine assez facilement : une planche dans le journal par semaine, à raison d'un contrat d'un an et six semaines de congé), et le format courant qui en découle, nommé 48 CC (seulement mentionné d'ailleurs sur la quatrième de couverture), possède un titre énigmatique sur lequel il aurait été bon de se pencher.
Mais ça n'en fait pas moins un ouvrage extrêmement précis, s'intéressant à tous les secteurs de l'édition, parmi lesquels certains dont je ne soupçonnais même pas l'existence. Ajoutons à cela que le livre, au-delà des quarante années étudiées (1950-1990), se penche aussi fréquemment sur l'avant et l'après, l'entre-deux-guerres comme les années 90. Bref, si un jour vous vous aventurez dans les tréfonds de votre BU, n'hésitez pas à prendre ce livre pour vos recherches, ou tout simplement comme plus pour votre culture…

* le lettrage à la française (en fait né en Suisse avec l'invention de la bande dessinée) consistait à introduire un texte explicatif sous des images muettes plutôt que d'utiliser les bulles et les cartouches (cf. Bécassine, Les Pieds Nickelés…).
** Format horizontal plutôt que vertical, parfois d'une vingtaine de pages seulement : on citera les Sylvain et Sylvette de Maurice Cuvillier et des séries Fleurette.
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Que dire, en dehors de l'incroyable travail abattu par l'auteur ? Si vous vous intéressez à la publication de la bande dessinée en France, ce qui implique des liens avec d'autres pays évidemment, comme la Belgique, ce livre vous servira de référence. Une bibliographie solide, des entretiens avec des acteurs du milieu, comme on dit, et une rigueur d'historien font de ce livre, très documenté, un pilier dans la compréhension d'un marché. Je dis bien marché, car l'aspect artistique de la bande dessinée n'est pas le propos principal, ici on s'intéresse à l'influence des contraintes techniques, financières, éditoriales, sociétales, aux choix marketing, etc. Et c'est là où l'auteur est très fort, c'est qu'il est très pédagogique sans être rébarbatif, et au-delà d'un sujet qui aurait pu être sans saveur, il arrive à aborder derrière tout cela les aspects esthétiques et artistiques. Il s'agit non seulement d'une synthèse de l'évolution d'un marché, mais aussi d'une mise en perspective de l'histoire de la BD tel que le monde de la BD l'a construite lui-même, à défaut d'avoir été longtemps considéré comme un objet culturel de plein droit. Notez que l'auteur, Sylvain Lesage, a publié un autre livre, la suite si on peut dire, l'effet livre, métamorphoses de la bande dessinée, que j'espère pouvoir lire un jour.
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J'ai le plaisir de vous présenter le premier essai que je lis. Je l'ai reçu dans le cadre de la Masse Critique Babelio (merci beaucoup !!!).

Avant de le recevoir, j'étais très excitée et une fois reçu, je l'étais toujours. Quand j'ai ouvert - toujours très excitée, je le rappelle à l'idée de lire mon premier essai - j'avais qu'une hâte, c'était de découvrir ce qu'il avait à m'apprendre... Sauf que ça ne s'est pas passé comme ça ! Non, non !

Mon excitation est vite retombée...
C'est une étude - très intéressante - sur la publication des Bandes-dessinées et des albums (ablum étant un autre nom pour désigner les BD) Franco-belge dans les années 1950-1990.

Je n'ai lu qu'une soixantaine de pages, mais j'ai appris beaucoup de choses !
Comme par exemple : une loi en 1949 a été promulguée pour protéger les albums jeunesses et la BD. Les albums jeunesse étant très cher à l'époque que seuls les enfants issus d'une famille aisée pouvaient les lire... Qu'ils y avaient pleins d'éditeurs avant la Guerre qui s'étaient emparés du marché, mais qu'à cause de la Guerre la production a dû s'arrêter et pour reprendre après, c'était compliqué et difficile...

Bref, j'ai appris pleins de choses ! Mais il se trouve que c'était trop technique pour moi... J'ai vite décroché ! :/

C'est dommage, mais je continuerais à le feuilleter de temps en temps.

Lien : https://bookscritics.net/
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Cet ouvrage de plus de 400 pages est divisé en 9 chapitres abordant chacun à leur manière l'histoire de la bande dessinée. Cet essai est le résultat de discussions et d'échanges entre professionnels, nourrissants leurs réflexions. Tous les chapitres sont annotés et nous permettent d'effectuer des recherches documentaires.



Ce document commence par "L'album de bande dessinée en France : une exception" jusqu'aux éditeurs traditionnels.



Les années 50 à 90 sont riches en nouveautés, en tests et en échecs. Ce document brasse 40 années de culture populaire.



La bibliographie est bien fournie., classée thématiquement. Elle permet de rapidement trouver l'information recherchée. Il y a également un index des personnes, des revues et périodiques ainsi des principaux éditeurs. Des tableaux et des illustrations viennent agrémentés la quantité d'informations que donnent ce document.



Je recommande ce document pour les amoureux de la BD, pour les professionnels souhaitant faire le point sur l'histoire ainsi que les titres, auteurs et éditeurs de référence.



Aimez-vous la BD? Connaissez vous cet ouvrage ? Qu'en est-il pour vous de la littérature professionnelle?

Lien : https://ynowebookaddition.wo..
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Vidéo de Sylvain Lesage
Dans « 8e et 9e art, circulations médiatiques et légitimations croisées », Sylvain Lesage revient sur la question de la légitimation de la BD et celle de la TV, la première étant un succès, la seconde un échec. Il souligne l'importance des représentations télévisuelles dans la bande dessinée et note que le petit écran a contribué à la reconnaissance de la bande dessinée comme discipline artistique, mais que l'inverse n'est pas vrai. La Journée d'études « Bande dessinée et Télévision, ce qui est en jeu » s'est insérée dans la semaine BD & TV, organisée à l'occasion du SoBD 2022, conjointement par le SoBD, le Centre d'histoire du XIXe siècle (Université Paris 1-Panthéon Sorbonne) et l'IRCAV (Université Sorbonne Nouvelle). Cette journée d'études, montée par Guillaume Soulez et Bertrand Tillier, a vu se succéder interventions, tables rondes, échanges, dont la présente prise de parole.
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