Le douzième vautour

Habillé d'émaux cloisonnés, serti de pierres précieuses, le vautour, symbole de puissance guerrière inspira nombre d'orfèvres qui le déclinèrent sous forme de broches, de bagues, de pendants d'oreille qui témoignent aujourd'hui de leur art barbare sublime.
Vautours, ainsi sont nommés les paladins, lâchés tels des rapaces sur les terres franques pour prélever les impôts et mater les rebellions, avant de revenir se percher, obéissants, subjugués, sur le poing royal.
Anne de Leseleuc, docteur en Histoire et Civilisations se penche sur cette période troublée du Haut Moyen Age avec son habituel souci de véracité, conférant aux luttes intestines entre les fils de Clotaire 1er un réalisme saisissant.
Au premier plan, les joutes assassines entre des frères fourbes, rusés, immoraux. Au second, tapies dans l'ombre, leurs sombres muses : Brunehaut, mais surtout Frédégonde, machiavélique, qui complote, ourdit, tranche l'existence de ceux qui n'ont pas l'heur de lui plaire, jetant les dés de leur destinée comme on jetterait des os aux chiens, tout en menant son royal époux par le bout du …nez.
C'est dans ce contexte embrouillé que notre douzième vautour : Leudaste, qui devint comte de Tours, tente de prendre son essor, ailes plombées par cet environnement cruel, vie brinquebalée au gré des caprices des puissants. Une lecture aussi intéressante qu'édifiante.

Un roman assez simple d'accès, avec une intrigue peut-être commune mais bien menée, sans trop d'héroïsme surfait ni d'eau de rose.
Sans lourdeur de détails quant à l'époque, on appréhende somme toute assez bien le contexte politique, même si c'est apparemment les seules décennies trouvant grâce auprès des auteurs de romans..