Né dans la mafia : Une histoire vraie

Avant tout, je remercie Masse Critique et les Editions Autrement, grâce à qui j'ai pu découvrir ce livre.

Je suis très intéressée par l'univers de la Mafia, sans être une spécialiste, loin de là. Je m'y connais davantage en mafia américaine, mais lorsque j'ai eu l'occasion de découvrir ce livre, et d'en savoir un peu plus sur la mafia italienne, je n'ai pas hésité une seconde.

Ce livre repose sur une très bonne idée : Un homme, Amedeo Letizia, qui a grandit dans un village "baigné" dans la Mafia, va raconter sa vie à une journaliste, Paola Zanuttini, qui vient de travailler sur cet univers, afin de lui faire découvrir de nouvelles facettes de ce qu'elle ne connait qu'en surface.
Et c'est une toute autre façon de penser et de voir les choses que l'on découvre dans ce village de Casal di Principe. Amedeo Letizia, pour en sortir, a dû revoir entièrement sa façon d'être, et ses années passées dans ce bourg ont laissées des traces même des années après.
Le livre commence très fort : tout de suite il est question des deux frères disparus d'Amedeo : Paolo (littéralement disparu) et Leonardo, décédé dans un accident de voiture. On est tout de suite plongé dans les événements tragiques de sa vie.
Le livre comprend des passages fascinants, j'ai particulièrement aimé le passage ou l'enquête sur la disparition de Paolo commence, avec le dossier de la police qui est rempli d'énormités et de clichés, où des questions évidentes n'ont même pas été posées...
Il y a donc des moments où j'avais vraiment hâte de découvrir la suite.

En revanche, il y a aussi beaucoup de passages que j'ai trouvé assez longs, et peu pertinents par rapport à l'ensemble de l'ouvrage. Je comprends que les parents d'Amedeo aient une place importante dans sa vie, et qu'il était donc nécessaire de parler d'eux. Je ne suis cependant pas convaincue que les croyances religieuses d'Ernestina, par exemple, étaient à développer à ce point. Mais ce n'est qu'un exemple. Il y a beaucoup de chapitres comme cela, qui ne sont pas désagréables, mais pour lesquels on se demande un peu ce qu'ils font là.
Mais j'ai ressenti cette sorte de "déconstruction" sur tout le texte. Je sais bien que Paola Zanuttini ne voulait pas, et ne pouvait pas faire de récit chronologique, mais parfois on a l'impression qu'il s'agit de notes prises et retranscrites en l'état, au fur et à mesure, sans classement vraiment logique. le récit semble très décousu, et en conséquence, on lit parfois plusieurs fois les mêmes informations, on revient sur les mêmes points, alors qu'en tant que lecteur, on veut en savoir plus.
Dernièrement, je trouve que Paola Zanuttini ne s'efface peut-être pas forcément assez dans ce livre. On est censé lire la vie d'Amedeo, mais parfois, on ne sait plus bien qui parle, et de qui on a l'avis, tellement la journaliste est impliquée. Toutefois, certains aimeront peut-être cela.

En conclusion, c'est une lecture agréable, mais il est facile de décrocher si on n'a pas vraiment envie d'en savoir plus sur le sujet. le fond était très intéressant, mais je trouve que la forme ne lui rend pas justice. Dommage...

Né dans la mafia nous raconte l'histoire d'Amedeo Letizia, un homme qui a grandi et vécu au sein de la camorra de Cazale. Il nous livre donc une histoire à la fois touchante et poignante dans laquelle il nous raconte comment se déroule la vie au sein de la mafia italienne, comment on survit, comment on se bat pour ne pas finir par tomber dans la criminalité. C'est une lecture intéressante mais malheureusement, la forme ne lui rend pas honneur et pour un lecteur qui ne s'intéresserait pas forcément au sujet, il est très facile de décrocher assez rapidement.

En effet, la forme est assez particulière et on a parfois tendance à se perdre complètement dans cette histoire. D'autant plus quel a mafia est un milieu complexe et qu'il est difficile d'appréhender. Même en l'ayant étudiée durant mes cours d'italien au lycée mais aussi en faculté de droit, je me suis parfois égarée dans les explications de l'auteur. Il faut en vouloir pour arriver au bout de ce roman, bien qu'il n'en demeure pas moins intéressant sur le sujet.

Et quel sujet ! La mafia est un sujet secret, presque tabou, où l'omerta est reine et qui empêche quiconque d'en savoir vraiment beaucoup sur cette organisation. On lui attribue beaucoup de crimes sans en savoir la certitude mais on connait tout de même sa violence, son importance et son influence. Dans le sud de l'Italie, la mafia est extrêmement présente et en nous livrant son témoignage, l'auteur nous permet d'en découvrir et d'en apprendre plus sur un monde impénétrable et d'où presque rien ne filtre.

Malheureusement, on regrette assez vite cette impression que le livre est là pour aider Amedeo a faire le deuil d'une ancienne vie, à oublier tout cela et à l'analyser de l'extérieur. Si sa démarche est louable, il est difficile pour le lecteur de se sentir concernée par l'histoire et de vraiment la vivre si bien qu'on a l'impression de n'être qu'un simple spectateur d'une violence que l'on ne comprend pas toujours.

En somme, un roman qui n'est pas mauvais dont la forme ne correspond pas au fond. Une histoire intéressante mais qui se perd parfois trop dans des réflexions dont est exclu le lecteur qui a du mal à s'y retrouver.

Acteur, producteur pour la télévision et le cinéma, Amedeo Letizia est né à Casal di Principe, dans la banlieue de Naples, lieu devenu tristement célèbre notamment depuis le Gomorra de Roberto Saviano mais qui est un fief historique de la Camorra. Comme une grande partie des habitants de Casal di Principe, Letizia a grandi entouré par la violence et a même perdu un frère vraisemblablement assassiné par un clan mafieux. C'est cette vie dans un autre monde, presqu'une autre dimension, qui fait que l'on porte comme un stigmate le fait d'être né à Casal qu'il entend raconter, ou plutôt faire raconter par la journaliste Paola Zanuttini, dans ce livre biographique.

Le projet est intéressant en ce qu'il annonce un témoignage de l'intérieur sur la vie quotidienne dans un lieu devenu emblématique de l'emprise de la Camorra sur la société napolitaine, un autre point de vue que celui de Saviano.
Cela commence plutôt bien avec des chapitres d'ouverture qui posent clairement le contexte d'une ville tellement sous la coupe des clans qu'elle a fini par se trouver quasiment coupée du reste de la société italienne et par générer un fonctionnement quotidien, un état d'esprit et une manière de voir le monde (ou de ne pas le voir, puisqu'il s'arrête en fin de compte aux limites de la ville) tout à fait particulier.
Malheureusement, le récit s'enfonce bien vite dans des considérations annexes qui apparaissent bien souvent au mieux inutiles, au pire ennuyeuses. D'abord parce que Letizia, qui a quitté assez tôt Casal di Principe pour faire carrière à Rome, n'est pas forcément le témoin de l'intérieur que laissait penser la quatrième de couverture et semble plutôt utiliser le livre comme une psychothérapie avec tout ce que cela inclus de réflexions interminables sur la religion, l'éducation de sa mère ou ses difficultés à gérer sa colère. Ensuite parce que Paola Zanuttini, qui aurait dû être la plume de Letizia, orienter son témoignage vers le sujet annoncé et s'effacer derrière, ne peut s'empêcher de mettre en avant ses propres états d'âme, en particulier sa difficulté en tant que femme du nord de la péninsule à comprendre la mentalité de Casal di Principe. Et l'on a parfois la sensation qu'elle entame à son tour sa propre psychothérapie.

En fin de compte, Né dans la Mafia se révèle vite décevant et inutilement larmoyant. Là où l'on pensait trouver un regard original sur la façon dont la Camorra étend son emprise sur la société, on ne rencontre que la biographie d'un acteur à la vie pas franchement passionnante mais qui a voulu comme d'autres avant lui étaler en public un drame familial en tentant d'y trouver un intérêt sociétal.

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