Il faut d'abord vous dire que ce livre m'a été offert, et que je ne l'aurais sûrement pas acheté de moi même. La quatrième de couverture ne m'aurait pas convaincue. Pour autant, j'ai fini par m'y plonger, et finalement y trouver un intérêt. Je ne me suis pas ralliée à la cause défendue par l'autrice (oh, elle n'aimerait sûrement pas ce mot !), mais j'y ai trouvé des pistes de réflexion intéressantes.
Il faut dire ensuite que cet essai est une attaque en règle contre les militants écologistes en général, membres d'Europe-Ecologie les Verts en particulier, et finalement contre tous les gauchistes, féministes, antiracistes, antispécistes, wokistes, végans, islmo-gauchistes et autres zadistes... ça commence à faire un peu de monde dans le colimateur de cette dame. Restent heureusement les mâles blancs hétéros qu'elle se plaît défendre des attaques indignes dont ils sont la cible. Mme Levet est tellement en colère contre les militants et cadres du parti EELV (plus NUPES), qu'elle finit par les associer aux nazis et autres staliniens, régimes autoritaires voire à la Terreur de 1793. Autant dire qu'avec des discours comme ça, je ne vais pas changer facilement d'avis !
Pour autant, j'ai été intéressée par certaines des réflexions de l'autrice. Des réflexions qui pour l'essentiel sont proches des analyses de Vindana Shiva dont je viens de finir l'ouvrage "Restons
vivantes". Mme Levet n'aimerait sans doute pas ce rapprochement... et pourtant. Les raisons principales selon elle, de la destruction du
vivant et de notre environnement tiennent de notre rapport à la nature qui ne la prend en considération que comme source de profit et qui ne sait plus voir la beauté en elle. Vindana Shiva ne dit pas autre chose. Cette dernière ajoute la prétention du monde occidental à vouloir guérir le mal par le mal, à savoir toujours courrir après d'autres innovations, d'autres techniques susceptibles de sauver notre planète mais qui ne font finalement qu'accélérer le cours choses.
Bérénice Levet va dans le même sens quand elle se désespère de voir pousser les éoliennes dans le paysage français, installées à grand renfort de bétonnisation. L'autrice s'attache à la beauté des paysage, aux racines naturelles des Hommes.
Vandana Shiva s'appuie sur le lien entre l'humanité et la nature, lien qui se noue selon elle, par le truchement des femmes et des paysans. Mais le parallèle s'arrête là, car l'autrice indienne met clairement en cause le mode de vie des sociétés occidentales et le capitalisme (que Bérénice Leve ne cite pas une seule fois dans son livre, tout en y faisant pourtant clairement référence), tandis que l'autrice française défend les racines et l'histoire de l'occident, sa perception de la culture et du beau, de l'esthétique des paysages et d'une culture classique, élitiste et conservatrice.
Alors que la première partie du livre est très politique, agressive et manque sérieusement de finesse, la seconde est très riche et intéressante. L'autrice mobilise ses compétences et sa passion pour la philosophie pour emporter son lecteur. La troisième et dernière partie de cet essai, "Une autre écologie est possible", qui promettait d'apporter des solutions alternatives, m'a terriblement déçue. J'aurais aimé que l'autrice aille plus loin et qu'elle ouvre des voies plus concrètes. Or elle s'en tient à la question de l'esthétique et de l'éducation à la culture classique... Je ne suis pas certaine que cela suffise à rapprocher l'Humanité de la terre et de la nature.
En synthèse, je dirais que c'est un livre intéressant, qui pose des questions et pointent des dysfonctionnements majeurs, mais qui manque terrriblement de nuances et trop malhonnête à certains égards pour convaincre vraiment. C'est dommage : il n'y a, je pense, aucun intérêt à chercher à convaincre des lecteurs convaincus. Mépriser ainsi ceux qui pensent différemment s'apparente selon moi à la posture autoritaire et totalitaire dont elle accuse ses adversaires. Et c'est ainsi manquer l'objectif du débat démocratique.