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EAN : 9782711614912
336 pages
Vrin (07/10/2002)
4.62/5   4 notes
Résumé :
Les études réunies dans cet ouvrage reflètent la première rencontre avec la phénoménologie et attestent les espoirs des premières découvertes. Quelques textes récents sur Husserl ont été ajoutés à la présente édition, sous le titre de « commentaires nouveaux ». Elles traduisent une réflexion retournant fréquemment à l’œuvre husserlienne pour y chercher des inspirations, même quand elle s’en sépare. Les notions husserliennes d’intentionnalité et de sensibilité nous s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Levinas présente une synthèse d'une clarté stupéfiante sur la phénoménologie de Husserl (70 pages) et celle de Heidegger (40 pages).

Husserl cherche à fonder une science unique dont les principes permettraient à toutes les autres de se définir. Il part du Cogito cartésien pour cela mais ne cherche pas tant à déterminer en quoi il permet de fonder des vérités définitives que des vérités tout court, et l'intentionnalité qui en émane, en créant un lien entre le "dehors" et le "dedans", ancre l'esprit dans le monde. Pour autant, l'esprit reste, chez Husserl, en tant qu'entité ultime qui anime l'être et produit l'intentionnalité, une monade capable s'isoler ultimement du monde ; là est la liberté, qui est le seul savoir que l'on puisse avoir, le savoir de soi.

Heidegger reprend la philosophie de Platon et y insère la notion moderne de sujet pour tenter de déterminer ce qu'est ce qui fait que l'on l'est (ce qu'est l'être de l'étant ; l'étant étant ce que nous sommes et son être le fait que nous soyons). L'être déjà là, l'être là, le Dasein, l'être au monde, est en connexion permanente avec le monde, il n'est pas tant "dans" le monde qu'il fait partie du monde ; il ne peut s'en détacher, s'en extraire. Son mode "quotidien" est cette fusion dans le monde où ce qui l'entoure n'est que l'extension de soi. Quand surgit l'angoisse, par souci de soi, l'être se pense alors comme isolé sur un fond de monde et là naît la distance d'avec les choses autour de soi, l'existence authentique, qui mène à former un projet. L'être n'a pas des possibilités, il "est" ses possibilités ; et ses modes d'être sont liés à ses émotions qui entrent dans la constitution de la connaissance.

Lévinas note alors que la phénoménologie de Husserl n'est pas encore une philosophie, plutôt une méthode ; et que l'existentialisme de Heidegger, bien qu'il refuse ce terme car il prétend s'intéresser davantage à l'ontologie qu'à l'existence, serait indépassable et seulement thématisable par sa très grande intuitivité. Néanmoins, la phénoménologie dévie fortement de l'idée de conscience de l'ère classique en rendant tout élément entrant dans l'établissement de la connaissance positive. L'émotion est positive, l'évidence est positive, etc. Plus rien n'est "opaque", ne manque de "clarté", etc. Il reproche également à Heidegger d'avoir proposé une philosophie de la conscience qui soit une philosophie sans raison.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Le langage est-il transmission et écoute des messages qui seraient pensés indépendamment de cette transmission et de cette écoute ; indépendamment de la communication (même si les pensées ont recours à des langues historiquement constituées et se plient aux conditions négatives de la communication, à la logique, aux principes de l’ordre et de l’universalité) ? Ou, au contraire, le langage
comporterait-il un événement positif et préalable de la communication qui serait approche et contact du prochain et où résiderait le secret de la naissance de la pensée elle-même et de l’énoncé verbal qui la porte ?
Sans tenter d’exposer cette naissance latente, la pré-sente étude a consisté à penser ensemble langage et con-tact, en analysant le contact en dehors des « renseignements » qu’il peut recueillir sur la surface des êtres, en analysant le langage indépendamment de la cohérence et de la vérité des informations transmises – en saisissant en eux l’événement de la proximité. Événement évanescent aussitôt submergé par l’afflux des savoirs et des vérités qui se donnent pour l’essence, c’est-à-dire pour la condition de la possibilité de la proximité. Et n’est-ce pas justice ? L’aveuglement, l’erreur, l’absurdité – peuvent-ils rapprocher ?
Mais la pensée et la vérité peuvent-elles forcer Autrui à entrer dans mon discours, à devenir interlocuteur ? L’évanescence de la proximité dans la vérité est son ambiguïté même, son énigme, c’est-à-dire sa transcendance hors l’intentionnalité.
La proximité n’est pas une intentionnalité. Être auprès de quelque chose n’est pas se l’ouvrir et, ainsi dévoilé, le viser, ni même remplir par l’intuition la « pensée signitive » qui le vise et toujours lui prêter un sens que le sujet porte en soi. Approcher, c’est toucher le prochain, par-delà les données appréhendées à distance dans la connaissance, c’est approcher Autrui. Ce revirement du donné en prochain et de la représentation en contact, du savoir en éthique, est visage et peau humaine. Dans le contact sensoriel ou verbal sommeille la caresse, en elle la proximité signifie : languir après le prochain comme si sa proximité et son voisinage étaient aussi une absence. Non point un éloignement encore susceptible d’être entendu dans l’intentionnalité, mais une absence démesurée qui ne peut même pas se matérialiser – ou s’incarner – en corrélatif d’un entendement, l’infini, et ainsi, dans un sens absolu, invisible, c’est-à-dire hors toute intentionnalité. Le prochain – ce visage et cette peau dans la trace de cette absence et par conséquent dans leur misère de délaissés et leur irrécusable droit sur moi – m’obsède d’une obsession irréductible à la conscience et qui n’a pas commencé dans ma liberté. Suis-je dans mon égoïté de moi autre chose qu’un otage ?
Le contact où j’approche le prochain n’est pas manifestation ni savoir, mais l’événement éthique de la communication que toute transmission de messages suppose, qui instaure l’universalité où mots et propositions vont s’énoncer.
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Vidéo de Emmanuel Levinas
C'est à la philosophe Corine Pelluchon que nous consacrons notre épisode 5 de la série Filature : sa relation avec le mot “amour”, son engagement pour la cause animale, son approche de la philosophie entre science et art. La meilleure façon de terminer un livre ? Il n'y en a pas, on le sent.
Spécialiste de philosophie politique et d'éthique, Corine Pelluchon est aujourd'hui professeure à l'université Paris-Est-Marne-la-Vallée (rebaptisée université G. Eiffel à partir de janvier 2020). Elle a commencé par une thèse soutenue en 2003 sur Leo Strauss et sa critique des Lumières, puis, dès le milieu des années 2000, elle s'est intéressée aux défis anthropologiques et politiques que soulèvent les techniques médicales, les biotechnologies, et la prise en compte de la finitude de la planète et des intérêts des animaux. Parmi ses ouvrages les plus récents, on retrouve Pour comprendre Emmanuel Levinas. Un philosophe pour notre temps, janvier 2020 ; Réparons le monde. Humains animaux, nature, mars 2020, Rivages/Poche. C. Pelluchon a reçu en 2020 le prix de la pensée critique Günther Anders pour l'ensemble de ses travaux. Corine Pelluchon était l'invitée de la Fête du Livre de Bron 2023 pour “Grandeur nature” un dialogue avec l'écrivain et directeur de la rédaction de Philosophie Magazine Alexandre Lacroix.
Chaque semaine, retrouvez un invité dans un format court de 4 minutes et écoutez un peu de leur univers littéraire et personnel. À découvrir sur le Média et les réseaux sociaux de la FdLB.
© Collectif Risette/Paul Bourdrel/Fête du Livre de Bron 2023
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