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EAN : 9782824622804
304 pages
City Editions (11/10/2023)
4/5   11 notes
Résumé :
En apparence, Elsa est une femme épanouie et pétillante. Pourtant, au fond d’elle-même, elle est rongée par de terribles angoisses, sans vraiment comprendre pourquoi. Jusqu’à une nuit d’insomnie où le traumatisme que sa mémoire refoule depuis 30 ans revient d’un seul coup : à 8 ans, elle a été violée par son médecin traitant. Elsa réalise alors que ce viol lorsqu’elle n’était qu’une enfant a eu des conséquences dévastatrices dans tous les pans de sa vie. Et confie «... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai presque tout lu des livres édités par Elsa LEVY. Sa plume, son sarcasme et son regard critique sur notre société m'ont toujours touchée.

Quand Elsa m'a proposé de recevoir son livre « JE N'OUBLIERAI  JAMAIS », je n'ai pas hésité un instant. J'y ai retrouvé sa style mordant et sa colère au regard de sa situation précaire malgré ses diplômes et ses nombreuses expériences.

Mais ce qu'elle révèle, cette fois-ci, dans son témoignage, va bien au-delà d'un inconfort économique et d'un humour décapant, non, c'est un sentiment de mal-être général et pesant qui la poursuit depuis trop longtemps. 

Voici l'histoire de celle qui se sent « étrangère au monde » comme elle l'écrit ; et assurément ratée, depuis l'enfance. Depuis ses huit ans.

Dans ce dernier texte, Elsa poursuit sur la même vague précédemment suivie de retour sur soi ; chemin emprunté par les écrivains qui ne s'autocensurent pas. Alors, elle lâche tout, tout ce qu'on avait perçu dans ses précédents personnages est là, sans fioriture. Il n'y a plus de filtres.

Passer d'un psy, d'une thérapie, d'une rencontre à un.e autre, Elsa ne nous épargne rien. Sa rage contre le système, sa situation financière calamiteuse. Sa souffrance s'étale un peu plus à chaque nouvelle page. J'ai parfois eu du mal à la suivre…

Elle crache toute, arrache le voile, tombe les masques, ne se cache plus derrière des histoires. Finie la longue phase de sauvetage des apparences.

« JE N'OUBLIERAI JAMAIS » c'est un cri qui monte en puissance au fil des pages pour ne plus s'arrêter, une sorte d'exutoire personnel mené avec l'aide d'un clavier (ou un stylo mais ça m'étonnerait !) jusqu'à l'annonce de « l'amnésie traumatique » et du viol qu'elle a subi. 

A l'âge de huit ans. Par son médecin. 

.... 

Ce texte se lit malgré tout facilement, et j'ai apprécié la confiance donnée aux lecteurs.trices par Elsa L. en se dévoilant ainsi.

J'ai lu, j'ai vu une femme très isolée, au bord de l'abîme, mais aussi et souvent dure avec ses semblables : « une société fossoyeuse d'âmes, pour qui la réussite semble rimer avec argent, mariage, emploi stable, achat immobilier et procréation ».

Elsa L. raconte comment, après cette révélation, elle a eu plaisir à s'affranchir de ce qu'elle nomme « les carcans de la société », et je n'ai pas apprécié ce pan du livre où l'on pourrait vite se faire traiter de petite bourgeoise, même si je ne m'étalerai pas là-dessus. Je pense simplement que chacun.e fait comme il/elle peut selon sa constellation familiale et ses envies.

C'est donc un texte très personnel, fort intime.

Au-delà de la révélation du viol, il comporte énormément de rage et de douleurs. de manière ouverte et aussi entre les lignes. Comme si la société avait permis cela et notamment « la loi du silence et de l'impunité » sur le délai de prescription des viols sur mineurs. 

« Société égarée », « corrosive agonie », le brûlot du présent ravive les flammes d'un passé écorché à jamais et à vif pour toujours.

Ça passe ou ça casse pour le lecteur.

" le viol est comme une mort inoculée (aux femmes) un jour de violence. Elle coexiste avec leur vie en une sorte de parallélisme angoissant."
Gisèle HALIMI
Lien : http://justelire.fr/je-noubl..
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Une pépite, un trésor à lire absolument !

Dans un livre, je recherche avant tout de l'émotion, et suis attirée davantage par la plume de l'auteur selon sa sensibilité, sa capacité à transparaître des émotions, des sensations, des ressentis...
Et finalement ce n'est qu'après que vient l'importance du récit ainsi que la capacité de l'auteur à nous capter et nous tenir en haleine tout du long.

Ici, nous avons tous les ingrédients et chacun sont traités avec brio : de l'Emotion (avec un très grand E), une très grande sensibilité accompagnée d'un énorme courage de l'auteur pour témoigner, raconter avec beaucoup d'honnêteté son vécu, ses ressentis, ses sensations. Nous sommes happés par son récit, autobiographique, et par ses mots poignants, profonds, lourds de sens.
Le sujet est dur, difficile mais nous apprenons beaucoup : un sujet qui est nécessaire de lire, pertinent dans notre société actuelle. L'auteure nous sensibilise à un sujet, une cause, mais nous sensibilise également au regard de la société, nous ouvre l'esprit et nous renseigne sur la loi de la prescription qu'elle qualifie de "loi de l'impunité et de l'oubli", je ne saurais mieux dire.

Loin d'être dans le pathos, d'être déprimant, grâce à cette plume aguerrie, au bon équilibre du récit, aux chapitres courts et intenses.
Les premiers chapitres ont été particulièrement difficiles à lire pour moi, ils ont fait écho à mon propre vécu, ont fait ressurgir des souvenirs déplaisants, m'ont aussi bouleversée, secouée, et fait douter. Les derniers chapitres m'ont apaisée : j'y ai trouvé beaucoup d'humanité, même de joie, je me suis dès lors trouvée à admirer l'auteure, à l'adorer pour son courage, sa force, sa capacité à saisir les occasions, à dévorer la vie, à se nourrir d'expériences multiples, d'apprendre de la vie et d'elle-même. J'admire les femmes fortes qui savent rebondir et rattraper la vie, ce twist humain irresistible.

Enfin, j'ai appris quelques notions de droit, connais mieux à présent cette détestable loi de la prescription et comprends tout son sens et les problèmes qu'elle cause dans notre société, opprimant et laissant de côté les victimes.

Une critique un peu brouillonne car pleine d'émotions, de ressentis personnels suite à une lecture passionnée. Un livre court mais très intense, complet, et qui ne vous laissera pas indemne.
Un livre à se procurer d'urgence, à lire, et à partager.

Un immense MERCI à l'auteure pour son partage, sa confiance, et le don de son livre.
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Je n'oublierai jamais est un témoignage édifiant et personnel.

L'autrice se met à nu et on découvre les conséquences dévastatrices du traumatisme.

Elsa nous narre sa vie, son travail et ce qu'elle a subi à l'âge enfant. Une blessure qui la hante et qui ne cicatrice pas. Un titre parfait qui représente une forte douleur encrée.
À travers son histoire, elle brise le silence et pointe du doigt le délai de prescription qui protège les agresseurs. La seconde partie est une sorte de combat, une plaidoirie juridique pour évoluer la loi française. Un système qui ne tourne pas rond et il est temps que les choses changent.

Quant à la plume, elle est fine, authentique et percutante. Les mots sont forts et résonnent en nous. le lecteur ressent une multitude d'émotions. Un livre d'espoir.
Un sujet difficile mais nécessaire. J'admire la force et le courage d'Elsa qui a posé des mots sur des maux malgré une cicatrice indélébile.

Un témoignage nécessaire et à glisser entre vos mains.
Lien : http://juliechronique.fr/202..
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À lire. Pour regarder la situation autrement. La regarder tout court.
Pour faire bouger les choses pour nos enfants
Parce qu'au moins 1 enfant sur 5 est victime d'abus sexuel, et que les agresseurs sont encore aujourd'hui protégés par un délai de prescription incompréhensible et intolérable.
Pour qu'il soit dit à chaque enfant, clairement, simplement et sans tabou, «Que personne n'a le droit de le toucher. Qu'il est strictement interdit de pénétrer son intimité. Que son corps lui appartient. Qu'il en est le seul gardien. »
Pour que amnésie traumatique et prescription ne soient plus la corrélation d'une double peine pour les victimes.
Pour faire évoluer la loi aussi pour tous ces enfants victimes devenus grands, qui eux ont pris perpét.
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Un témoignage bouleversant.
C'est la première fois que je lance dans un texte tel que celui-ci, et alors que le récit se rapproche du vécu d'Elsa, je me suis sentie vraiment attristée.

Lorsqu'elle n'avait que huit ans, Elsa est allée chez le médecin sans s'attendre aux conséquences que ce rendez-vous aurait sur son existence. Une condamnation à vie.
C'est avec beaucoup de force qu'elle raconte son terrible combat.

Atteinte d'une amnésie traumatique, elle vit, ou plutôt, elle survit, dans l'ombre, dans l'obscurité. Ses pensées sont noires, difficiles à accepter.

Un soir, elle se souvient. Elle a des flash-back, elle se rappelle de son visage, de l'odeur, des locaux, de cette sensation de peur, de culpabilité aussi.
Elle a passé trente ans, entre la vie et la mort, à se poser des questions sur sa propre personne, à vivre des angoisses incontrôlables.

Sa mémoire a préféré oublier ces instants qui l'ont transformé, tué, emprisonné dans un quotidien où faire semblant est devenue normal.

C'était mon premier témoignage, et je pense le dernier aussi.
Une seule raison : je suis sensible, j'ai pleuré, j'ai eu beaucoup de mal à lire ce roman où les pauses m'ont été nécessaires, et même obligatoires.

C'est un roman douloureux à lire, mais je l'ai trouvé aussi émouvant par la plume très poétique de l'écrivaine.

Si vous n'êtes pas sensibles comme moi, alors ne passez pas à côté. Elsa est remarquable. Elle a eu la force de raconter pour inciter les victimes à parler afin de se libérer d'un emprisonnement à perpétuité.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Je lisais que, selon la loi, un abus sexuel sur mineur était prescrit 20 ans après la majorité. C'est-à-dire à l'âge de 38 ans. Je n'avais pas besoin de faire de longs calculs pour comprendre que cela faisait pile 21 ans que j'étais majeure. Par conséquent, cela faisait un an que "l'affaire" était prescrite. Une "affaire" prescrite avant même de la déterrer. Je trouvais cela aussi fou qu'insupportable.
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Et le seul dédommagement que je souhaitais, c’est qu’il ne dormirait jamais tranquille. J’avais pris la perpétuité à 8 ans, les éventuelles insomnies de mon bourreau me consolaient a minima. C’était l’unique condamnation que je pouvais prononcer, un sommeil altéré par la culpabilité. Une existence sur le qui-vive. Une âme et conscience emprisonnées. Que cet individu puisse craindre la justice, l’appréhender dans sa chair, c’était déjà la voir agir. C’était déjà une condamnation. C’était ma paix contre la sienne, tant les deux devenaient incompatibles. La mienne dépendait de son intranquillité éternelle. Cela me semblait être une peine juste, permettant de condamner à vie sans condamner à mort. Une sorte d’imprescriptibilité symbolique.
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« Si à plein d’égards la prescription me paraissait être un fondement essentiel sur lequel repose la loi, elle me montrait également ses limites. Certains aspects semblaient d’une autre époque, à contre- courant, pour ne pas dire archaïques. Inscrite sous Napoléon dans le Code d’instruction criminelle de 1808, la prescription, au XXIe siècle, concernant les abus sexuels sur mineurs, c’était une ineptie. Avec toutes les informations et les études dont nous disposions aujourd’hui, les viols d’enfants étaient à considérer comme des crimes contre l’humain. Des crimes que l’on pourrait ranger dans la catégorie des crimes contre l’humanité. Les seuls qui demeurent imprescriptibles. Car tuer l’enfance, c’est tuer l’avenir. Violer un enfant, c’est bousiller l’adulte qu’il aurait pu devenir. C’est briser son âme et la laisser sur le bord de la route. Et à grande échelle, c’est une arme de destruction massive. C’est saccager des générations entières. C’est corrompre le futur. Et selon de nombreuses études en criminalité que je parcourais en creusant le sujet, j’apprenais que les bourreaux étaient, eux-mêmes, souvent d’abord passés par la case victime. Souvent abusés, violentés, battus. Avant d’abuser, violenter, battre. À leur tour. Comme dans une machine infernale. Un engrenage où les êtres humains ne seraient finalement que les victimes de leur inconscience et de leur innocence. Collective. Systémique. Noyés dans une auto-destruction de masses. »
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« Quelque chose montait à l’intérieur. Ça hurlait au fond de mon ventre. Mais c’était le bruit de mon silence qui l’emportait. Jamais je n’aurais pu hurler aussi fort que ce qui se jouait dans ma chair. À l’intérieur, j’implosais. Mon enveloppe était devenue minuscule, dérisoire, par rapport à ce qu’elle contenait. J’étais à l’étroit. Comprimée dans ma cage thoracique, mes os, ma tête. Remplie d’explosifs. J’avais envie de vomir, de me vomir. C’était long.
Choc. Sidération. Pulvérisée. Foudroyée. Démolie. Anéantie. Fracassée. Tétanisée. Morte. Ce sont les mots qui se rapprochent le plus de ce dont il s’agissait. Lorsqu’on les mélange et qu’on secoue le shaker dans tous les sens. Pourtant ils en sont loin. Si loin. Des qualificatifs qui ne voulaient pas dire grand-chose. L’endroit dans lequel j’ai été propulsée n’avait aucune place pour du vocabulaire. Les mots, les émotions, les sentiments. Ça se passait ailleurs. Au-delà. J’ai cru que je mourrais plusieurs fois de suite. Et qu’on m’achevait encore davantage. »
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Le monde n’est qu’un feu d’artifice d’apparences trompeuses, dont chaque étincelle qui perce la nuit reflète sa déficience. 
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