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EAN : 9781020905766
144 pages
Les liens qui libèrent (07/03/2018)
3.55/5   22 notes
Résumé :
Bien sûr, une main baladeuse dans une rame de métro, une remarque désobligeante en pleine rue, le harcèlement au travail et un viol caractérisé n'ont pas la même gravité. Mais ces actions s'enracinent dans la même culture virile. Le plafond de verre, l'infériorité des revenus à compétences égales, toutes ces inégalités de traitement n'en sont que les effets dérivés. Le mouvement #MeToo, loin d'être une chasse aux mâles, pose une seule question, décisive entre toutes... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Le sociologue et philosophe Raphaël Liogier s'interroge sur le phénomène #MeToo consécutif à l'affaire Weinstein, qui a d'abord 'secoué' Hollywood, et rapidement pris une ampleur internationale.
Ce mouvement va-t-il permettre de faire bouger les choses, de redéfinir la place des femmes dans les sociétés, de remettre en question les rapports de force entre les sexes instaurés depuis tellement longtemps que la plupart nous paraissent immuables ? La sexualité 'dominante' du mâle (harcèlement, viol...) n'est qu'un des aspects de ce déséquilibre - mais l'un des plus violents...

Rappels historiques, littéraires, mythologiques à l'appui, l'auteur nous montre comment la domination masculine est affirmée dans les différentes sociétés (y compris celles dites 'matriarcales'). On trouve davantage de constats que de propositions dans cet essai, mais comprendre aide à trouver les leviers du changement.

Je n'aurais sans doute pas lu un tel ouvrage écrit par une femme, j'aurais craint une approche féministe revendicatrice, tartinée de mauvaise foi.
Ce qui est intéressant, ici, c'est que l'auteur interroge son propre trouble d'homme hétéro, de fils, de père de fille(s) adolescente(s), face aux attitudes masculines intégrées depuis 'toujours' :
► « A mesure que je me plongeais dans les témoignages de femmes harcelées, voire violées, qui se sont accumulés depuis octobre 2017, j'éprouvais une sensation de dégoût. Le dégoût s'est progressivement transformé en malaise. Ces hommes sont dégueulasses, certes. Souvent pitoyables. Beaucoup sont des salauds sans vergogne. Mais surtout, ce sont des hommes tout comme moi. Et c'est aussi en tant que tels que ce sont des salauds. Même si je n'ai pas voulu me l'avouer immédiatement, une partie de mon identité 'virile' m'était renvoyée en plein visage. Il serait hypocrite de le nier. Quand bien même l'on n'aurait pas à se reprocher d'actes de harcèlement caractérisés. Je voyais s'ébaucher, vaguement, à l'arrière-plan de ces peintures de situations accablantes, la façon dont j'avais été, moi aussi, conditionné à voir et à désirer les femmes. »

J'apprécie cette honnêteté. Et, si je n'ai pas forcément appris grand chose à la lecture, j'ai aimé réfléchir de cette façon, suivre le cheminement de l'auteur, percevoir par exemple différemment des contes traditionnels grâce à son éclairage...
J'ai particulièrement adhéré aux arguments de Liogier réfutant les 'Cinq manières de détourner le sens de #MeToo' (oh, les pauvres petits 🐷 innocents qui se voient insultés par le slogan 'Balance ton porc' - pour ne citer que cette façon de détourner le problème et de noyer le poisson)...
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Ce livre enfonce des portes ouvertes pour qui a déjà lu des oeuvres féministes. L'auteur ne fait que citer leurs travaux et c'est d'ailleurs ironique vis à vis du discours qu'il porte.
C'est exactement la reproduction de ce qu'il pointe du doigt, n'accorder de la valeur aux femmes que par son appartenance à un homme.
Il n'y a rien de novateur dans ses propos, ce sont toutes les théories féministes sauce homme cis hétéro blanc, mais du coup c'est crédible, on y accorde de la valeur parce que lui, homme approuve ?

C'est de plus bourré de passages gênants, de termes inappropriés "les sauvages", l'hétérocentrisme (spoiler alert, l'homme homosexuel peut aussi être violeur), l'impensé du viol masculin (donc l'absence de conception qu'un corps masculin peut être pénétré, indépendamment de son orientation sexuelle), l'impuissance sexuelle n'est envisagée qu'en présence d'une femme, le terme Homme pour désigner l'humain, emploi de terme "facultés féminines" alors qu'on tente d'expliquer que la naturalisation des facultés est obsolète...
la hiérarchisation des agressions sexuelles qui place donc la sexualité phallo-pénétrative en haut de la pyramide quand on tente d'expliquer que la gravité des agressions doit seule reposer sur la transgression de la volonté de l'autre et les dégâts physiques et psychologiques subit, c'est pas sans ironie.
Ça sent quand même l'essai vite pondu post #metoo pour se faire un billet sur les théories féministes...
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Je possédais Descente au Coeur du Mâle depuis quelques mois, l'ayant acheté après un quelconque podcast qui l'évoquait. Parce que j'ai déjà lu pas mal de bouquins sur la question des masculinités, j'avais un peu repoussé sa lecture, mais il fallait bien me résoudre à m'y plonger… Tu dois penser, ami-lecteur, que je semble fort peu motivée par ma lecture, et pourtant… Pourtant, la qualité de philosophe de monsieur Liogier, ainsi que son habilitation à diriger des recherches en sociologie m'avaient ouvert l'appétit…

Alors, déception ou regain d'intérêt après la lecture de ce court essai — 139 pages — ? Un avis contrasté, je dirais. Car, finalement, monsieur Liogier n'apporte que peu de choses nouvelles à la thématique développée. Ici, c'est juste une réflexion et non le fruit d'une longue recherche. Peu de chiffres et de faits, nous sommes bien plus dans de la vulgarisation ou une performance d'essayiste que dans une approche sociologique. Ce n'est certes pas dramatique, même si j'espérais autre chose.

Il s'agit ici d'une réaction au mouvement #MeToo, rien de plus ou de moins. Soit, c'est intéressant, et l'auteur nous offre une réflexion intelligente sur les questions du patriarcat, des violences sexistes… Encore une fois, Descente au Coeur du Mâle pâtit peut-être du fait qu'il s'agit de ma douzième chronique sur le sujet. de plus, l'essai est si profondément lié à sa date de parution, qu'il a sans doute « mal vieilli ». Ainsi, l'optimisme exprimé semble un brin lunaire quand on voit la violence du backlash antiféministe qu'on se coltine…

Restent quelques passages passionnants et qui ont réellement nourri ma réflexion. Par exemple, sur la prostitution, monsieur Liogier parvient à affermir un changement de cap personnel que j'avais amorcé avec Despentes, mais qui, depuis, restait fragile.

Sans être une déception, grâce à plusieurs éléments qui m'ont permet d'avancer dans la réflexion commencée depuis plusieurs mois, Descente au Coeur du Mâle ne sera pas vraiment parvenu à me redonner un peu d'élan. En espérant que je saurais mieux choisir le prochain essai de ce challenge...
Lien : http://altervorace.canalblog..
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L'auteur rebondit sur le mouvement #MeToo pour entamer une réflexion sur la condition féminine. Dans ce petit essai aux chapitres parfois de la taille de paragraphes, il aborde tous les aspects du regard de la société sur la femme. Ses références historiques et anthropologiques permettent de comprendre qu'il s'agit d'un phénomène global qui remonte à la nuit des temps. Rien de nouveau sans doute sauf que cet ouvrage a le mérite de faire une synthèse très bien vulgarisée, donc à la portée de toutes et tous, des rapports hommes/femmes. le style est rapide, les informations concises et les références illustrent très bien son propos sans jamais l'alourdir.
Sans être un livre de référence sur le sujet, je pense que c'est une bonne analyse pour aborder la question de la condition de la femme dans notre société.
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Je voulais vraiment finir ce livre. Mais quand on met plusieurs semaines à lire un livre, c'est qu'il y a quelque chose qui ne convient pas. Je m'arrête donc a la page 62 où il est question des filles qui ont du mal à s'imposer dans le milieu sportif. Les sportives exceptionnelle n'intéresseraient presque personne. La cause est individuelle ou sociétale? Il aurait été pertinent d'approfondir les thèmes abordés. Là, cela donne l'impression d'un manque d'esprit critique. Je n'ai pas le sentiment que ce livre apporte grand chose au féminisme. Pourtant le début du livre est quand même intéressant. Peut être qu'il faudrait le lire jusqu'au bout. Je passe mon tour en reconnaissant que ma critique ne peut être complète. Je conseille plutôt "Les couilles sur la table" de Victoire Tuaillon.
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critiques presse (1)
Bibliobs
09 mars 2018
Ebranlé par la déflagration #MeToo, le sociologue Raphaël Liogier propose une plongée dans les racines archaïques du système patriarcal. Dans le percutant "Descente au cœur du mâle", il appelle ses frères humains à une prise de conscience.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
[ attention, contient du Michel Sardou inside ! 😲😉 ]
Les mots de sorcière, d'hystérique et de salope désignent des femmes 'insupportables' parce qu'elles se montrent autonomes. L'usage de ces mots voudrait pourtant faire passer leur liberté pour une dépossession. N'appartenant à aucun homme particulier, la sorcière serait possédée par le diable, l'hystérique par sa maladie, la salope par tous ceux qui profiteraient de sa débauche. L'homme refuse obstinément de réaliser qu'une femme puisse désirer jouir du monde indépendamment de son emprise. Autrement dit, qu'elle puisse désirer d'être elle-même. Acculés à reconnaître l'orgasme des femmes après mai 1968, les hommes se sont escrimés à en faire un nouveau signe de leur puissance. L'orgasme au féminin devient le résultat d'une performance virile. L'homme se réinvente en maître absolu du plaisir féminin. Bourreau des corps et des coeurs, c'est lui qui reste aux manettes. Il suffit de réécouter 'Je vais t'aimer' du ténébreux Michel Sardou, qui date de 1975, pour réaliser que, à travers la libération sexuelle, l'homme peut chercher à exprimer une nouvelle promesse dominatrice, jusqu'à « faire crier grâce à tous les échos ». Le désir et le plaisir féminins restent dépendants ; l'homme devient le héros de la relation amoureuse, emportant la femme en l'aimant « plus loin que [ses] rêves ont imaginé ».
(p. 93-94)
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Parce que [le sport] est l'activité virilisante par excellence, pour l'individu comme pour la collectivité, les filles ont encore aujourd'hui le plus grand mal à s'imposer dans le milieu sportif. L'équipe de football féminine de l'OM, l'Olympique de Marseille, a eu pendant plusieurs années beaucoup plus de réussite que l'équipe masculine. Et pourtant, personne ne connaît ces sportives exceptionnelles. Les matchs dans lesquels elles se battent avec brio n'intéressent presque personne. Même pas le public féminin. La place d'une femme est à la maison, pas au champ de bataille ni au stade. A la rigueur peuvent-elles être des pom-pom girls sexy pour encourager les mâles. A la rigueur peuvent-elles se distinguer dans les épreuves qui leur permettent d'exprimer leurs qualités 'naturelles', de charme, de grâce, de finesse, comme le patinage artistique ou la danse acrobatique.
(p. 62-63)
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[ version originale de 'La Belle au Bois dormant', de Giambattista Basile, qui date du début du XVIIe siècle, intitulée 'Soleil, Lune et Thalie', version elle-même issue de contes populaires remontant à la première moitié du XIVe siècle ]
On y raconte les aventures d'un roi qui s'enfonce dans la forêt alors qu'il chasse, et qui découvre une princesse endormie et solitaire dans une demeure perdue. C'est la princesse Thalie. Le roi l'aime aussitôt, et, dans le même mouvement, la viole dans son sommeil. La belle, complètement passive (endormie), objet du désir LÉGITIME de l'homme et de son assouvissement nécessaire, ne se réveille ni pendant, ni après l'acte. Elle n'éprouve ni douleur ni plaisir. Elle sera fécondée et accouchera neuf mois plus tard, toujours en état de léthargie. Lorsqu'elle s'éveille enfin, suite à la succion d'un de ses enfants qui lui retire l'écharde soporifique en tentant de la téter, elle s'extasie face à la découverte de sa progéniture. Le viol est une bénédiction. Par le viol, elle a pu s'éveiller à sa vraie vie. Et d'abord devenir mère. Il ne vient pas à l'esprit de la princesse qu'il ait pu y avoir une atteinte à son intégrité. C'est une chance d'avoir été violée. Ce n'est d'ailleurs pas vraiment un viol, car la question de l'existence de la volonté n'est pas posée. L'idée même qu'elle eut pu ne pas consentir à l'acte sexuel est dépourvue de signification dans la logique de la fable. La morale de l'histoire est saisissante : « À qui a de la chance, le bien vient même en dormant. »
(p. 43-44)
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La tribune du 9 janvier parue dans Le Monde, signée par cent femmes, dont l'actrice Catherine Deneuve et la romancière Catherine Millet, témoigne d'une surprenante ignorance. Je crois que les signataires, qui s'inquiètent d'une régression puritaine, ne sont pas allées lire ce qui s'écrit réellement sur #MeToo. Elles confondent, de surcroît, l'insistance importune et le vrai flirt. Dans le premier cas, on ne respecte pas le consentement d'autrui ; dans le second, on le cherche, au contraire ; mieux, on se plaît à l'obtenir. C'est tout l'agrément du vrai jeu de séduction.
(p. 34)
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Nietzsche a très justement enseigné que la violence sourd du sentiment d'impuissance. De la peur de ne pas être à la hauteur. D'être dépassé par l'AUTRE. De sorte qu'on s'arrange pour l'exclure préventivement de la compétition, afin de ne pas avoir à se mesurer directement à lui. Tel est le mécanisme du racisme. Tel est le machisme profond. Tel est le sens profond du désir weinsteinien* de jouir de la soumission. De jouir de la femme en tant qu'elle est préalablement agenouillée.
(p. 95)
* terme dérivé de Harvey Weinstein (producteur hollywoodien accusé de harcèlement, viol, etc.)
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Videos de Raphaël Liogier (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Raphaël Liogier
Intervenants : Julie Clarini, Olivier Gazalé, Raphaël Liogier, Phia Ménard CC-BY-NC-ND 2.0 Que ce soit dans la série d?albums dédiée à Pascal Brutal comme dans ses films, Les beaux gosses et Jacky au royaume des filles, Riad Sattouf a joué sur les stéréotypes de la virilité pour les questionner. Depuis quelques années, le mythe de l?éternel masculin est interrogé au travers des études sur le genre. Récemment, l?affaire #MeToo a sévèrement remis en cause les présupposés hégémoniques et violents du sexe fort. le masculin implique-t-il des codes et lesquels? Peut-on distinguer masculinité et virilité? L?injonction virile a-t-elle un coût aussi pour les hommes ?
+ Lire la suite
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