Même le tableau-référence de Jean Sorieul, pièce maîtresse du musée de la reine Bérangère, semble vouloir passer l'éponge sur tant d'horreur. Commandée sous la IIe République, peu après la révolution de 1848, la toile montre des ennemis défunts allongés tête contre tête comme des frères réunis dans la mort, des combattants qui pactisent et le général républicain qui s'interpose pour sauver une châtelaine vendéenne. Allons, tout ceci est du passé, tirons un trait de peinture.
C'est par ce vaste rond-point, jadis entouré de rotondes qui provoquèrent l'émerveillement des Vendéens, que ceux-ci s'étaient engouffrés dans Le Mans, culbutant de maigres troupes républicaines peu aguerries. Henri tend le bras vers le vieux pont de pierre qui, à 100 mètre de là, offrait une seconde voie de passage sur l'Huisne. Craignant d'être pris à revers, les Blancs l'avaient détruit et, depuis plus de deux siècles, l'arche tronquée de ce qui est devenu le "pont des Vendéens" est suspendue au-dessus des eaux.
Le Temps des trahisons - François-Guillaume Lorrain