En finir avec Eddy BellegueuleEdouard Louis a changé de patronyme et a allongé son nom d'enfant. Pour autant c'est avec sa famille qu'il en finit, pas avec lui-même, qui reste le même individu dans un milieu différent.
Est-on plus heureux avec une conscience ? Là est toute la question.
Les parents et les voisins, les potes d'Eddy Bellegueule forment une belle bande d'abrutis alcooliques qui font irrésistiblement penser à la famille Groseille du film de Chatillez ou Eddy jouerait le rôle de « momo ». Il y a presque une ressemblance physique entre
Edouard Louis et Benoît Magimel ; à tel point qu'on pourrait imaginer qu'il y aurait eu un échange de bébé à la maternité…
Toujours est-il qu'il n'y a rien de pervers à jouer avec sa zigounette entre amis à douze ans et Edouard a la chance (dans son malheur) de pouvoir faire son coming out de bonne heure dans un siècle et un pays plutôt tolérants , étant assuré que ses parents ne liront jamais son livre, trop occupés à boire et à regarder la télé.
Il économise assurément des années d'analyse puisque il se débarrasse tout de suite d'un poids qui fatalement l'aurait conduit comme beaucoup de cinquantenaires « à plume » à s'affaler sous le remord, à accuser tel ou tel d'avoir créé les conditions d'une « différence ».
C'est pour cela que je trouve ce roman nécessaire et joyeux. J'ai lu une bonne critique intitulée « les souffrances d'une jeune tapette » : c'est drôle et impertinent mais Edouard au contraire du jeune Werther ne meure pas en larmoyant, il sourit à la vie. Bravo jeune homme.
PS. Il ne faudrait pas ravir à Edouard son émancipation au risque de le voir écrire sous peu "En finir avec
Edouard Louis" (Louis étant selon ses propres déclarations le deuxième prénom de la personne qu'il aime le plus au monde)