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3,73

sur 3963 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il n'est pas facile, pour le lecteur, d'en finir avec Eddy Bellegueule, de s'en remettre tout à fait. L'ouvrage du jeune Edouard Louis, 21 ans, est de ceux qui hantent longtemps les consciences, qui donnent son sel à la magie littéraire : imprimer les rétines avec des mots.
Il ne s'inscrit pas, en revanche, dans la lignée des livres qu'on a vite envie de relire. En finir avec Eddy Bellegueule ne procure pas un plaisir qu'on souhaite revivre immédiatement. Sa puissance est violente, ténébreuse, choquante. Elle s'impose avec une évidence qui réfute d'emblée les éventuels procès en racolage qu'on pourrait lui faire...
Lien : http://cadependdesjours.com/..
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Livre choc ! On n'en sort pas indifférent et il vous poursuit encore pendant plusieurs jours après l'avoir fini.
C'est glaçant et brillant. le procédé qui lui permet de s'exprimer dans un double registre de langue : le sien aujourd'hui et celui de son enfance, est très bien vu.
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Avant tout je pense que c'est un beau livre, très bien écrit ou l'auteur nous transporte vivement dans le personnage qu'est Eddy Bellegueule avec une grande intensité ou il nous décrit ces scènes de brimades, de violences, d'humiliation, d'insultes. Cette histoire c'est la sienne et je pense donc a ce titre que cet homme a énormément de courage pour dénoncer, et bien plus que ça, dépeindre sans crainte ses sentiments, ce que lui a ressenti lors qu'il n'était qu' un enfant et qu'il ne souhaitait qu'une chose "être comme eux", il n'a pas choisi de naître avec ces manières de fille ou cette voix aigu, Eddy était le contraire de ce que sa famille et les gens alentour désirés. Il était homosexuel, et les hommes se doivent d'être virile tout comme le reste des hommes de sa famille qui passent la plupart de leurs temps a boire et suivent tous le chemin déjà tracé auparavant, celui de l'usine du village. Rien ne doit sortir de leurs habitudes, Eddy encore une fois déroge a la règle.
Il y a dans ce livre des passages choquant, ou on a du mal a croire que de telle chose puisse réellement exister et se produire aujourd'hui encore. Mais j'aimerai que la Picardie, ne soit pas assimilée directement a ce roman.
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Fuir l'engrenage de la violence !


…car c'est bien de fuite dont il s'agit là, fuite face l'hostilité verbale et physique, fuite face à la misère et à un avenir tout tracé !

Le jeune Eddy est quotidiennement confronté à la violence, celle dont il est témoin – de classe sociale, du sexisme, du racisme et de la sexualité - et celle dont il est victime - humiliations permanentes, coups et crachats – au sein de sa famille, à l'école, dans le village et parmi ses pairs.

L'exclusion dont il fait l'objet pourrait conditionner toute sa perception du monde et des autres mais il finit par assumer son homosexualité et par imposer son désir de quitter son milieu abandonnant ainsi le manteau de la honte pour une fierté nouvelle.

Nous sommes là en présence d'une écriture forte et sans pathos qui conduit le lecteur loin des sentiers battus de la littérature d'aujourd'hui.

Une vraie réussite littéraire que ce roman d'apprentissage !

Edouard Louis parle de son livre sur le site de la librairie Mollat...
Lien : http://youtu.be/RsJznxDpCLA
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En finir avec Eddy Bellegueule" est un livre que je craignais de lire tant son succès me rappelait celui de "la liste de mes envies" de Delacourt qui m'avait enormément déçu et dont je n'ai toujours pas compris l'engouement de masse qu'il a suscité....

passons !!!

Du coup lors de la sélection des romans disponibles dans le cadre de la masse critique de Babelio, j'ai porté mon choix vers la version audio du livre d'Edouard Louis d'une part parce que j'étais curieuse de découvrir ce roman malgré mes craintes et d'autre part parce que les thématiques dont traite ce roman m'interessaient.

Je savais également qu'audiolib sait en général faire porter les textes lus par des comédiens talentueux. J'ai donc commencé cette écoute confiante et attentive.

Et bien au terme de ces 4h42 d'écoute je peux vous affirmer que ce roman est un vrai bijou littéraire. C'est travaillé, ajusté, affûté au millimètre près et pour autant il y a une spontanéité touchante dans ce texte maîtrisé d'Edouard Louis.

j'ai été émue, bousculée, interloquée, effrayée. On peut dire que l'auteur n'épargne rien à ses lecteurs mais j'ai apprécié cette sincérité. La violence na pas lieu d'être édulcorée... la violence est ce qu'elle est et le meilleur moyen de la faire sentir est de la décrire telle qu'elle est...

Eddy, enfant de 10 ans issu d'un milieu de travailleurs modestes aux idées étroites et verrouillées va se confronter de par sa "différence" au rejet des siens mais aussi de sa propre découverte de ce qu'il est au plus profond de son être sans pouvoir rien y faire...

Comment s'affranchir d'un entourage toxique sans y laisser de cicatrices indélébiles ? comment survivre à tant de haine, de déni ou de moqueries ?

Edouard Louis n'a que 21 ans et témoigne ici d'une enfance abrupte. Il m'a émue par son texte poignant et par son interview qu'il donne à la fin du livre audio.

Sa maturité est l'illustration de la citation de Friedrich Nietzsche: «Tout ce qui ne tue pas rend plus fort».

J'aurais aimé que l'auteur lise lui même ce texte si intime sans remettre en cause le talent de narrateur de Philippe Calvario.
Lien : http://edea75.canalblog.com/..
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Époustouflant témoignage de la cruauté humaine face à la différence, surtout durant les jeunes années.
Édouard Louis raconte comment on survit malgré tout, la lutte contre soi et finalement l'acceptation d'être soi...
Le tout dans un décor du Nord que les nordistes reconnaitront dans ce qu'il peut restituer de noir et rouge comme le sang, comme les briques rouges des maisons "taudis" noircies par la pollution, le temps qui passe et qui vieilli ses habitants plus vite qu'ailleurs.
Un roman autobiographique qui se lit d'une traite et qui bouscule.
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Dans un village de Picardie non loin d'Abbeville, Eddy Bellegueule entre en sixième. Différent, perçu par les autres comme efféminé, il va endurer les insultes, les crachats et les coups de deux collégiens à peine plus âgés que lui. Dans ce milieu pauvre, où les mécanismes de reproduction sociale sont à l'oeuvre même dans les erreurs de parcours que l'on croit individuelles, la violence est partout : dans l'alcoolisme, la domination des hommes sur les femmes, le racisme, l'homophobie, mais aussi dans le langage souvent cru et grossier. Après avoir en vain tenté de devenir ce que son milieu attendait de lui, à savoir "un dur", Eddy Bellegueule va opter pour la fuite…

En finir avec Eddy Bellegueule est un livre très impressionnant. Édouard Louis dit avoir commencé à l'écrire à 19 ans. Qu'il ait pu à cet âge prendre autant de recul sur son enfance force l'admiration. Depuis la sortie du livre, des journalistes se sont rendus dans le village d'enfance d'Édouard Louis et ont interrogé sa famille. Comme si l'on pouvait mieux saisir la Vérité par un rapide reportage que par ce travail tellement plus subtil d'Édouard Louis, qui radiographie un milieu social de l'intérieur en restituant son langage et ses valeurs profondes. Ce n'est pas du tout un livre à charge contre sa famille. Avoir choisi la forme du roman a permis à Édouard Louis de faire exister ses personnages dans toute leur complexité : la mère a honte des manières de son fils mais elle est fière à l'idée qu'il puisse faire des études, le père est extrêmement raciste mais ami avec un maghrébin, les parents semblent aveugles au processus de reproduction sociale mais le père s'abîme les poings à cogner les murs de sa maison pour ne pas exercer sa violence sur sa famille comme le faisait son propre père, les amis et les cousins traitent Eddy Bellegueule de pédé mais expérimentent la sexualité entre garçons, et les deux brutes du collège qui persécutent cet enfant différent finissent par l'acclamer quand il se produit sur une scène de théâtre. Il faut être bien naïf pour croire qu'une vérité plus grande émergera de l'interview de ceux qui n'ont sans doute pas les moyens d'analyser leur situation. Il faut être aussi totalement étranger à la littérature pour ne pas croire en la vérité supérieure du roman.

En finir avec Eddy Bellegueule est surtout un livre sur la domination sociale et les processus implacables de la reproduction sociale. C'est un livre qui dérange, qui ne fait pas plaisir, parce qu'on aimerait pouvoir faire d'Édouard Louis un contre-exemple, un exemple de l'ascension sociale rendue possible par l'école, une intelligence au-dessus de la moyenne ou une volonté plus grande d'en sortir. Mais ce n'est pas ce que montre Édouard Louis. Il montre plutôt, comme Didier Eribon l'avait fait avant lui, que sa différence, sa non conformité aux valeurs de son milieu a été sa chance. C'est l'exclusion dont il a été l'objet qui a permis sa fuite.

Ce premier roman d'Édouard Louis rend très curieux de ce que va être sa vie. Va-t-il choisir les sciences sociales ou la littérature ? La recherche, l'écriture ou l'action politique ? Il me semble que la fuite se réaliserait mieux dans la littérature. A suivre…

Lien : http://sansparlerduchat.word..
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Édouard Louis ne s'appelait pas ainsi avant. Avant il était Eddy Bellegueule et dans son roman, il livre son enfance, son éducation, sa famille et ses blessures. Son roman est comme une plongée dans un monde qu'on ne connaît pas (ou si peu), que parfois on frôle sans jamais y pénétrer parce qu'à la fois trop proche et trop loin de nous. Ce qui m'a particulièrement intéressée dans ce livre, c'est le poids des déterminismes sociaux, ce poids qui fait qu'aujourd'hui on naît dans un milieu socio-culturel et qu'il y a de fortes probabilités pour qu'on n'en sorte pas voire même qu'on régresse dans l'échelle sociale. Et également la terrible question de l'école qui ne joue plus son rôle d'ascenseur social comme elle pouvait le faire il y a plus de trente ans. Aujourd'hui les personnes comme Édouard Louis sont l'exception rarissime qui confirme la règle. Je retiens notamment l'épisode dans lequel il parle de sa soeur qui aurait aimé être professeur d'Espagnol puis au vu de ses résultats trop moyens en collège et un conseiller d'orientation qui déconseille... et la voilà apprentie pour devenir vendeuse. le déterminisme social aura été plus fort. Mais l'école a-t-elle encore les moyens de combattre la misère sociale et la désespérance qu'elle bâtit?

L'alcoolisme, la pauvreté, le manque de soin corporel, les films ou revues pornographiques, la télévision, la virilité exacerbée, l'absentéisme scolaire, le racisme, l'homophobie, les injures et les humiliations, rien n'est épargné au lecteur. Comment le jeune Eddy qui a des "manières" et une voix plutôt féminine va-t-il vivre sa différence? Parviendra-t-il à être le petit garçon viril qu'on attend qu'il soit? Quel est ce chemin singulier qui finalement conduira ce jeune homme à entrer à l'ENS?
Lien : http://lejournaldechrys.blog..
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Une grosse claque, un livre coup de poing.

Edouard Louis alias Eddy Bellegueule nous plante le décor dans le titre "En finir avec Eddy Bellegueule". Dans son premier magnifique roman autobiographique : la naissance de quelqu'un d'autre, la volonté de fuir sa condition d'origine.

Du haut de ses 21 ans, il nous narre avec une très grande sincérité sa vie, son cheminement jusqu'aujourd'hui. Brillant, étudiant en sociologie, il règle ses comptes avec son enfance et son adolescence jusqu'à l'avènement d'un écrivain très prometteur.

Tout pourtant le prédestinait à un avenir peu brillant. Né dans un village de Picardie - comme il en existe bien d'autres en France profonde ou dans nos Ardennes - où l'on quitte généralement l'école à 16 ans pour suivre le chemin des pères : être ouvrier à l'usine, c'est comme cela de génération en génération.

Pour les filles, en général, pas d'études, elles deviennent caissières, coiffeuses, femmes au foyer et surtout mères, très jeunes. Elles épousent des gars du village ou des environs, il n'y a pas beaucoup d'autres perspectives.


"Tout se passe comme si, dans le village, les femmes faisaient des enfants pour devenir des femmes, sinon elles n'en sont pas vraiment. Elles sont considérées comme des lesbiennes, des frigides."

"Quelques-unes travaillent, mais la plupart du temps elles gardent les enfants Je m'occupe des gosses et les hommes travaillent, ils bossent à l'usine ou ailleurs, le plus souvent à l'usine qui employait une grande partie des habitants, l'usine de laiton dans laquelle mon père avait travaillé et qui régissait toute la vie du village."


Eddy nous dépeint les conditions sociales très précaires, un Zola du vingtième siècle.

Son grand-père était violent et alcoolique, cela a laissé des traces chez son père qui se veut être un dur, ne sait pas laisser transparaître ses sentiments. Que faire au village à part boire un verre avec les copains au bistrot du coin et regarder la télé.

Eddy est différent depuis toujours, un peu "maniéré" , il parle avec une vois aiguë en faisant de grands gestes. Il ne comprend pas qui il est. Il est quotidiennement harcelé au collège par deux élèves. Il vit la peur au ventre, la peur que l'on sache qu'il se fait violenter quotidiennement, plus que la peur: la honte.

"Quand je me réveillais, la première image qui m'apparaissait était celle des deux garçons. Leurs visages se dessinaient dans mes pensées, et, inexorablement, plus je me concentrais sur ces visages, plus les détails - le nez, la bouche, le regard - m'échappaient. Je ne retenais d'eux que la peur."

"Quand elle a fait de nouveau irruption elle ne m'avait donc pas quitté. Mais je ne m'attendais pas à ce qu'elle resurgisse. Je pensais que la honte que nous partagions, moi, mes parents et mes copains, était trop puissante, qu'elle empêcherait qui que ce soit d'en parler et qu'elle me protégeait. Je me trompais."


Il découvrira son homosexualité , passera de la négation, du dégoût, à la honte, en assumant et comprenant qui il est.

"En rentrant chez moi je pleurais, déchiré entre le désir qu'avaient fait naître en moi les garçons et le dégoût de moi-même, de mon corps désirant."

"Je ne me lavais plus les mains quand elles étaient imprégnées de l'odeur de leurs sexes, je passais des heures à renifler comme un animal. Elles avaient l'odeur de ce que j'étais."

Ce livre est très fort et très prenant, je l'ai déjà dit mais c'est évident quelle sincérité. Il dépeint une réalité sociale, la précarité, le manque d'hygiène et d'éducation, le chômage, sans misérabilisme. Il nous décrit son mal être, sa peur, sa honte, la découverte de son homosexualité, le rejet, l'envie de sortir de ce milieu.

Par l'écriture Edouard Louis s'évade, il grandit, il nous livre crûment, durement, les propos entendus dans son enfance, ce qui apporte encore de la véracité, de l'authenticité au récit.

Veut-il par ce livre renier son milieu social ou au contraire mettre en lumière une réalité toujours présente ? Est-ce un essai sociologique ?

Quoi qu'il en soit ce livre est prometteur, une maturité et une richesse de vocabulaire incroyable. Une écriture parfois "rustre", "rêche" mais qui décrit bien les conditions de son enfance, sans tomber dans les clichés et le pathos.

Encore une fois un livre sur la résilience sur la volonté de se sauver par l'écriture. Un écrivain en devenir à suivre de très très près.

A lire au plus vite.


Ma note 9.5/10


Lien : http://nathavh49.blogspot.be..
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Edouard Louis a 21 ans.
À 21 ans, il couche dans ces pages autobiographiques toute la force puisée dans la dureté de son passé, et le recul qu'il a (déjà) vis à vis de cette enfance et cette adolescence différentes passées dans un village pauvre et isolé du Nord de la France.
Un village où la vie est dure, faite de difficultés financières, de chômage, de machisme, de violence verbale et/ou physique.
Un milieu pauvre et désoeuvré, fait de dominations, de virilité exacerbée, fiertés mal placées, frustrations, manques permanents, et où l'avenir est tout tracé = bouché.
Seule fenêtre sur le monde qu'on ne parcourt pas: la télé en fond sonore permanent, qui alimente les peurs, les animosités, les rancoeurs.

Eddy Bellegueule et sa famille vivent donc dans ce village défavorisé et sclérosé, une famille qui n'a pas les moyens de chauffer ni d'éclairer toutes les pièces de la maison, à l'hygiène et la santé négligées, comptant chaque centime...

Mais Eddy ne souffre pas de ce milieu, il n'a connu que cela, cependant il souffre quand même... car il voudrait se fondre dans ce décor, il voudrait être comme les autres, et ne pas se sentir "différent", ne pas subir de violences et d'insultes juste parce qu'il est maniéré...
Il sent pourtant très rapidement qu'il préfère les garçons aux filles, il lutte fort contre cette attirance, contre lui même.
Il tient des propos qui vont à l'encontre de ce qu'il ressent, pour être aimé, pour ne plus "avoir honte", ne plus "faire honte"...
Mais sa nature impose sa volonté farouche.

Et comme sa famille, et tout son entourage, sont totalement incapables de comprendre, parce qu'ils n'ont pas les bases/les outils/l'environnement pour, il n'aura d'autre choix que de s'éloigner, trouver la force de rompre, en finir avec cette image, se créer une autre/son identité... tuer Eddy Bellegueule, pour enfin devenir lui-même.

La suite:
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