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EAN : 9782262038519
352 pages
Perrin (08/01/2015)
4.39/5   9 notes
Résumé :
Ce livre est le récit de la plus terrible opération aérienne de la Seconde Guerre mondiale en Europe. En quelques jours, à l'été 1943, Hambourg est réduit en cendre ; plus 40 000 civils trouvent la mort, les autres luttent pour survivre au milieu des ruines et des cadavres, dans une ville en flamme. Mais Keith Lowe, l'un des plus brillants historiens au monde, ne fait pas que raconter l'horreur. Comme dans L'Europe Barbare, il tente de comprendre pourquoi Anglais et... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Pourquoi écrire un livre sur Hambourg et les bombardements subis par la ville en 1943, alors qu'il y eut auparavant le Blitz en Angleterre, d'autres bombardements en Allemagne par la suite (Dresde...) mais aussi Hiroshima et Nagasaki ?
Deux chiffres : 9000 tonnes de bombes larguées en quelques jours par les avions anglo-américains, 45000 morts immédiats (plus qu'à Nagasaki). On est loin d'un bombardement « conventionnel ».

La ville a été largement détruite, mais les industries, notamment celles liées à l'armement et à la guerre n'ont été que partiellement et temporairement détruites.
Cependant ces bombardements furent pour le peuple allemand le signe que le vent était en train de tourner ; ils furent également un signe envoyé aux Russes, qui se battaient alors seuls à l'Est de l'Allemagne.

L'auteur anglais propose un essai très documenté, très détaillé sur l'enfer de bombes et de feu qui s'est abattu sur Hambourg.
Pas de glorification de l'aviation anglo-américaine, pas de héros, juste des soldats qui font ce qu'ils ont à faire, avec courage, et de l'autre côté un peuple, des hommes, des femmes, des enfants, autant de victimes innocentes qui sont morts sous les décombres ou asphyxiés, brûlés sous ce déluge de bombes incendiaires, ou encore de faim, de froid ou de maladies dans les mois qui suivirent.
Terrible tableau présentant toute l'horreur de la guerre, avec des dates, des chiffres, des témoignages, des faits parfois insoutenables.

Ce brillant exercice d'équilibriste se termine par une nécessaire interrogation morale, toute en nuance, à la lumière d'aujourd'hui, sur l'utilité, l'efficacité toute relative, la légitimité de ces événements.

Un livre solide et très convaincant.
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En choisissant ce livre lors de la masse critique, je savais que je prenais un risque. Celui de voir mon cerveau bombardé par d'innombrable informations pouvant provoquer, non une vague de feu mais de somnolence. Surtout, je prenais la pari d'y découvrir une pépite me permettant de combler mon inculture historique. Et grand bien m'a pris de faire ce choix .
Quand j'ai reçu "Inferno", j'ai douté. Je dois avouer que sans l'obligation de poster cette critique, il serait peut-être encore en train de prendre la poussière dans ma bibliothèque. Faute avouée, à moitié pardonnée mais trêve de bavardages !
J'ai particulièrement apprécié le travail de documentation qu'a réalisé Keith Lowe. Très précis : chiffres, dates, cartes, des annexes en fin de livre pour se remémorer l'ordre des événements ce qui donne une valeur ajoutée.
Ici l'auteur se démarque en nous exposant un côté de l'histoire peu connu, car il n'est pas enseigné dans nos écoles, avec de nombreux détails et aussi une double vision des événements : d'un côté celui des soldats de la RAF et de l'USAAF, et de l'autre celui des victimes civiles, les Hambourgeois. le récit que nous offre Keith Lowe n'est pas une simple description. Il est ponctué des témoignages des acteurs de cette guerre qui, au delà de faire ressortir une certaine redondance, donne de la force au récit en concrétisant les sentiments que font naître en nous ces évènements.
On trouve également beaucoup de références qui permettent aux lecteurs assidus d'approfondir les choses. Elles sont toutes regroupées à la fin du
volume et non à la fin de chaque page ce qui est plutôt salutaire. le seul bémol que j'ai pu noter est l'emplacement des cartes. Selon moi, elles devraient apparaître juste au moment où l'auteur y fait référence ce qui, en générale, n'est pas le cas.
"Inferno, la dévastation de Hambourg" n'a pas pour vocation d'être un livre d'histoire mais plutôt d'amener le lecteur à une réflexion sur les raisons
de cet acharnement sur la ville de Hambourg, sur l'intérêt d'une telle opération. Tout ça en valait-il la peine ?
En conclusion, n'hésitez pas à choisir ce livre si vous voulez en apprendre d'avantage sur la guerre des airs.
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Un documentaire dur par son sujet : la guerre , ses conséquences sur la population civile.
L'auteur nous fait une analyse complète de la situation : comment on en est arrivé à de tels bombardements, développement de l'aviation , comment les secours se sont organisés ...
Il nous donne les actions de chaque partie : alliés, militaires, civils sans jamais prendre partie. Il fait réfléchir et nous laisse nous faire notre propre opinion.

Tout ceci écrit avec une plume qui glisse toute seule. Je n'ai pas eu l'impression de lire un documentaire tant le sujet est bien traité : les informations sont présentées de façon à ne pas être indigestes , rébarbatives. Ce style m'a énormément plu et permis de lire rapidement le livre. J'ai lu chapitres après chapitres , c'était pour bien comprendre, intégrer tous les informations pour pouvoir poursuivre sereinement .

Le livre contient des photos , très bien choisies qui illustrent bien les propos de l'auteur .

Un documentaire que je vous conseille si vous aimez l'histoire . Il est très bien écrit, construit. Il se lit facilement
Lien : http://viou03etsesdrolesdeli..
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critiques presse (1)
Lexpress
27 janvier 2015
Keith Lowe signe un grand livre qui interroge aussi la culpabilité occidentale sur le sujet longtemps tabou des raids d'anéantissement de civils par l'aviation alliée. Avec un luxe de détails insoutenables qui semble parfois trahir, chez l'auteur, une fascination révulsée : rats et mouches à l'assaut des corps en décomposition, flaques de graisse humaine...
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Si la destruction matérielle est à couper le souffle, le coût humain des raids aériens atteignit véritablement une dimension tragique. En tout juste une semaine, 45 000 personnes avaient perdu la vie. Qui plus est, 37 439 autres avaient été blessés, alors que presque un million de gens, ayant fuit l'agglomération, étaient désormais officiellement sans abri. Tout ce qu'ils possédaient – tout, depuis leurs vêtements et leurs meubles jusqu'à leurs bibelots, leurs lettres et leurs photographies – avait fini brûlé ou réduit en miettes.
Pour restituer ces chiffres dans leur contexte, rappelons que le bilan des morts de Hambourg fut plus de dix fois supérieur à celui de tout autre raid antérieur. A Nagasaki, où les Américains larguèrent leur deuxième bombe atomique, le bilan immédiat fut de 40 000 morts – environ 5000 de moins qu'à Hambourg. Il serait dès lors inexact de comparer la dévastation de cette cité hanséatique avec le type de destruction normalement associé au bombardement conventionnel. Elle s'apparente davantage à l'annihilation qui serait bientôt possible à l'ère nucléaire.
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Et qu'en est-il de la population d'Hambourg proprement dite – comment perçoit-elle le supplice qu'elle a traversé ? En veut-elle aux Britanniques et aux Américains de la dévastation qu'ils ont semée dans sa cité ? Est-elle en colère ? Chaque fois que j'ai posé la question à un Hambourgeois, j'ai invariablement reçu la même réponse, qui reflète exactement le sentiment de leurs ennemis : « C'est nous qui avons commencé. » Ou, formule encore plus éloquente : « Nous le méritions. » Pour la plupart de ces gens, la colère, le ressentiment, l'indignation – et même la tristesse – semblent hors de propos, car ce qui compte vraiment, c'est que les Allemands regrettent.
Même pendant la guerre, beaucoup de gens à Hambourg ont compris qu'ils n'étaient pas irréprochables, et que, à un certain degré du moins, c'était eux qui s'étaient attiré ce désastre. Beaucoup voyaient la catastrophe comme une conséquence logique des attaques de la Luftwaffe contre la Grande-Bretagne ; certains pensaient même que c'était le juste châtiment du traitement réservé par les Hambourgeois aux Juifs de la ville. En tout cas, un sentiment de honte indicible était déjà ancré dans l'inconscient collectif allemand longtemps avant la fin de la guerre.
[…]
Après la guerre, le sentiment que l'Allemagne avait mérité ce châtiment alla grandissant, alimenté par le découverte de ce qui s'était perpétré à Bergen-Belsen, Auschwitz et même dans le camp de concentration de Neuengamme, au sud-est de Hambourg. Le caractère impitoyable de ces atrocités sembla devoir éclipser tout ce que les forces aériennes alliées avaient pu provoquer. Avec l'ouverture puis la clôture des procès de Nuremberg, la capacité de Hambourg à la colère fut étouffée sous le poids colossal de la culpabilité collective.
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Si Stalingrad fut le grand tournant le de la guerre pour l'armée allemande, Hambourg fut un tournant décisif du même ordre pour les civils allemands. Avant la tempête de feu, la plupart des gens croyaient leurs villes dûment protégées contre les bombardiers alliés ; après coup, ils comprirent que ces mêmes villes auraient de la chance de ne pas être rayées de la carte. Hambourg révélait clairement que les Alliés, et en particulier les Britanniques, avaient l'intention d'annihiler une ville après l'autre, jusqu'à la capitulation allemande. Il semblait que les terribles prédictions de Douhet, formulées dans les années 1920, se vérifiaient enfin : les villes de l'arrière présentaient désormais plus de danger que les champs de bataille eux-mêmes.
[…]
L'effet psychologique que ce cataclysme eut sur le pays dans son ensemble est incalculable. Des années plus tard, ils furent nombreux à se le rappeler comme un tournant décisif du conflit. Par exemple, le général Adolf Galland, le plus haut gradé de la chasse au sein de la Luftwaffe, affirma dans ses Mémoires que ce flot constant de réfugiés brisés, terrorisés, dissémina ce qu'il appela la « terreur de Hambourg » jusque dans les villages les plus reculés du Reich : « Une vague de terreur se propagea depuis la cité meurtrie et se répandit dans toute l'Allemagne. […] Au plan psychologique, à ce moment, la guerre avait peut-être atteint son seuil le plus critique. »
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Toutefois, les forces de l'ordre ne pouvaient être partout à la fois, et il y eut d'innombrables exemples de gens ordinaires, à l'écart des points de regroupements principaux, exprimant ouvertement leur hostilité envers les autorités nazies. Hans J. Massaquoi décrit un incident dans une gare où « un homme en uniforme brun du parti nazi fit son apparition, et une femme lui hurla dessus depuis le train : " Espèce de porcs, tout est votre faute ! " ». Elle continua de hurler des imprécations non moins menaçantes jusqu'à ce que quelqu'un de son entourage « la bâillonne littéralement en lui maintenant une serviette sur la bouche ». Il raconte aussi l'histoire d'un de ses amis, un soldat bien déterminé à déserter, au motif qu'au lendemain de cette catastrophe « la guerre ne pourra[it] pas durer plus de deux semaines, et peut-être même pas plus de deux jours ».
[…]
S'ils avaient su à quel point ces débordements étaient fréquents, les Alliés en auraient été ravis. C'était exactement ce qui était censé se passer dans le sillage d'un gigantesque raid de bombardements : la colère contre les autorités conduisant à des actes de défiance sans retenue aucune et, finalement, à la révolution. Mais le dernier maillon de cette chaîne ne prit jamais corps. La vitesse et la relative efficacité de l'évacuation furent certainement un facteur qui permit d'éviter toute atteinte grave à l'ordre public : en conduisant les survivants loin de la ville, les autorités dispersèrent les sources potentielles de troubles. Sans compter que le désastre avait laissé la plupart de ces gens trop épuisés et trop apathiques pour susciter autre chose qu'une agitation de façade. L’événement était tout simplement trop écrasant pour qu'on l'impute totalement aux nazis. Il semble que la plupart des rescapés aient presque considéré cette tempête de feu comme un signe de Dieu : en de telles circonstances, l’État se révélait « une entité complètement dépourvue de poids, qu'on ne pouvait rendre responsable d'un destin comme celui qu'avait subi Hambourg et dont on ne pouvait non plus attendre qu'il puisse rien y faire ». [Cf Hans Erich Nossak]
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De telles visions sont certes poignantes, mais ne sont encore rien comparées aux scènes éprouvantes qui eurent lieu lorsque certains réfugiés subirent la fouille de leurs bagages. Un garçon de douze ans qui fuyait Hambourg fut arrêté à la frontière danoise. Il voyageait seul et portait deux sacs. Quand les douaniers le lui firent ouvrir, ils constatèrent qu'ils contenaient, l'un, le cadavre de son frère de deux ans, tué au cours du raid, et l'autre les cadavres des deux lapins de compagnie du garçon.
S'agissant d'un témoignage de troisième main, sa véracité demeure sujette à caution, mais il est certainement vrai que nombre de réfugiés emportèrent avec eux les corps de leurs êtres chers lorsqu'ils fuirent Hambourg. Friedrich Reck raconte avoir vu une femme lâcher sa valise au moment où elle embarquait à bord d'un train, en Bavière. Le contenu se répandit sur le quai, et, parmi les jouets, une trousse de manucure et des sous-vêtements roussis par le feu, il y avait « le corps rôti d'un enfant, ratatiné comme une momie, que sa mère au cerveau à moitié dérangé transportait avec elle, relique d'un passé qui était encore intact quelques jours plus tôt ».
[…]
Il y en eut beaucoup d'autres qui emportèrent avec eux les cadavres d'enfants morts asphyxiés alors que leur famille tentait de s'échapper. Ce n'est guère surprenant de leur part. Dans leur fuite précipitée, ils n'avaient pas eu le temps de les inhumer, et abandonner les cadavres était impensable. En conséquence, beaucoup de citoyens, d'un bout à l'autre de l'Allemagne, n'entendirent pas seulement parler de ces morts survenues à Hambourg : ils virent les cadavres.
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