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Coup de coeur !!!
Qui sont les désorientés ? Certainement ceux qui ont perdu leur Orient. Magnifique jeu de mots d'Amin Malouf.
Un groupe d'amis va se retrouver après 25 ans d'éloignement, pour évoquer la mémoire d'un des leurs qui vient de mourir, mais aussi pour évoquer leurs souvenirs communs et parler de leur parcours. Certains ont quitté leur pays et fui la guerre, d'autres sont restés, d'autres ont pris les armes ou sont entrés en religion.

C'est un très beau récit que nous offre l'auteur, un récit choral où les différents personnages sont mis en lumière en alternance avec le journal intime d'Adam, le narrateur. C'est donc à la fois une histoire contée à la troisième personne et à la première personne : un jeu de ping pong entre ce que croit savoir Adam et la réalité des parcours de ses amis.
Grâce à cette diversité de caractères, Amin Malouf ne nous impose rien. Il diversifie les opinions et notre regard. Il nous apprend à vivre l'histoire du Liban et à ressentir les évènements de l'intérieur et de l'extérieur. Il nourrit notre réflexion sur de nombreux sujets : la guerre, l'exil, l'amitié, l'amour, la religion, le rapport Juifs et Arabes, celui de l'Orient et l'Occident…

C'est brillant, subtil, enrichissant.

Remarque supplémentaire : Dans ce roman, Amin Malouf ne cite jamais le Liban. Ici, il le nomme le Levant. Sans doute par pudeur (ne pas parler de soi) et pour occulter la douleur (quitter sa terre natale).

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Adam vit à Paris et se sent parfaitement intégré dans son pays d'adoption. Il retourne dans son pays d'origine à la demande de Mourad le plus âgé de ses amis qui y est resté et veut le revoir avant de mourir. 
Le départ d'Adam en 1976 les avait éloignés mais c'est le comportement trouble de Mourad durant la guerre qui les a définitivement coupés l'un de l'autre en le blessant profondément.
Adam n'est pas retourné dans son pays depuis son départ quand il reçoit cet appel téléphonique qui va l'entraîner, pendant seize jours, du 20 avril au 5 mai 2001, à confronter au présent le souvenir des liens lumineux des idéaux de sa jeunesse étudiante, vécue avec enthousiasme, en compagnie d'une bande d'amis qui désiraient ensemble mettre à exécution leurs généreux projets d'avenir.

«Nous nous proclamions voltairiens, camusiens, sartriens, nietzschéens ou surréalistes, nous sommes redevenus chrétiens, musulmans ou juifs, suivant des dénominations précises, un martyrologue abondant, et les pieuses détestations qui vont avec.»

A la demande de Tania la veuve de Mourad, Adam va renouer avec les amis dispersés et les survivants restés au pays pour les inviter à se retrouver et tenter une réconciliation autour du souvenir du disparu. 
Tous désirent ces retrouvailles mais savent que ce qui les réunissait, leur monde a disparu. Une faille s'est créée entre ceux qui sont restés et ceux qui sont partis, un malaise difficile à dissiper.
Quelques beaux moments émouvants où renaît passagèrement leur joie de vivre ancienne, quand ils revisitent les lieux et les souvenirs de leur enfance et de leur adolescence, leur donnent l'illusion passagère de pouvoir renouer mais ils sont obligés de constatés que leur idéal est bien mort. Les années ont passées et la guerre s'est chargée de tuer dans l'oeuf l'avenir qu'ils espéraient, qui était en gestation en chacun d'eux.

«...la guerre est passée par là. Aucune maison ni aucune réminiscence n'est restée indemne. Tout s'est corrompu --- l'amitié, l'amour, le dévouement, la parenté, la foi, comme la fidélité. Et aussi la mort. Oui, aujourd'hui, la mort elle-même me semble souillée, dénaturée."


Les femmes qui traversent ce livre Dolorès la compagne d'Adam, Sémiramis son amour de jeunesse retrouvée qui lui offre l'hospitalité de son auberge et une belle parenthèse amoureuse, Tania la femme de Mourad.... occupent une grande place et savent préserver malgré leur déceptions, leurs regrets ou leur amertume la générosité et la chaleur de la vie.

Amine Maalouf ne nomme pas le pays où se déroule son roman comme il évite de parler directement des guerres qui l'ont ravagé si ce n'est à travers les retentissements qu'elles ont eu dans la vie des différents amis d'Adam.
 C'est sans doute le premier livre où Amin Maalouf offre le plus de lui-même mais c'est aussi à mes yeux, son livre le plus sombre où filtre une rage contenue face à ce qui aurait pu être, le développement d'une civilisation levantine, qui semble se déliter et disparaître désormais.
J'ai écouté la video de l'entretien passionnant de Amin Maalouf sur France Culture qui est joint à la présentation du livre sur Babelio après avoir achever sa lecture et je conseille de ne pas le faire avant pour que ce livre garde toute sa saveur et afin de préserver l'envie de le découvrir.


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Trente-cinq ans après l'avoir quitté précipitamment, Amin Maalouf ne peut toujours pas se résoudre à écrire le nom de son pays natal. Il a en lui un amour intact pour le Liban, une souffrance toujours vive et une grande nostalgie pour sa jeunesse dont il n'avait peut-être jamais aussi bien parlé que dans ce roman.

C'était les années 1970 dans un des plus beaux pays du monde, la perle de l'Orient. Ils avaient 20 ans et formaient une bande, surnommée "le club des Byzantins". Ils étaient juifs, chrétiens, musulmans et surtout, ils étaient inséparables et s'étaient promis une amitié éternelle en voulant croire en un monde meilleur. Et puis la guerre avait éclaté. Les amis s'étaient perdus de vue, chacun suivant sa voie, taisant les souffrances de l'exil pour certains et celles du doute et des rancoeurs pour tous. Après des décennies d'absence, Adam, historien vivant depuis longtemps en France, revient sur la terre de ses origines. C'est l'appel de Mourad, à l'agonie mais avec lequel il est brouillé, qui le décide à faire le voyage. Adam arrivera trop tard, mais son voyage deviendra l'occasion pour lui de renouer les liens à ses racines, et surtout aux hommes et aux femmes auxquels il fut le plus attaché, quand ils étaient tous étudiants. Il tentera de les réunir de nouveau.
Certains sont restés, d'autres sont partis comme lui loin de ce qui fait souffrir (ou vers ce qui fait rêver ?). Cependant, qu'ont-ils encore en commun ces quinquagénaires aux parcours si différents ? À l'heure des bilans naissent les confidences, ressurgissent les souvenirs et cette terrible question : fallait-il rester ou ont-ils eu raison de partir ?

Amin Maalouf prend le parti d'un découpage quotidien, seize journées où se mêlent les événements que traverse le narrateur, ses échanges avec les amis perdus de vue et les notes qu'il en retient sur un carnet.
Une construction en finesse, sans pause, qui maintient le lecteur en équilibre.
 Un roman, qui au fil des retrouvailles entre les protagonistes, aborde avec intelligence la mémoire, le chaos, la foi, l'argent, les pouvoirs, l'honnêteté, les trahisons, les amitiés, l'amour, les religions, les origines, la fidélité, la sensualité, la maturité, et tout ce qui peut construire un être humain et un peuple au travers de ces trente dernières années.

Un superbe roman, intimiste, dense, émouvant qui suscite bien des réflexions et qui devrait parler à tout le monde.
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Le passé ne nous quitte jamais.
Adam, historien, est, de par sa profession, fervent du passé très lointain et non de ses origines ; pourtant lors du décès de l'un de ses amis d'enfance, Mourad, il va été contraint de s'y « replonger ».
Il va même « tenter » de réunir « ses » amis pourtant éparpillés de par le monde.
Les déchirements d'un pays (non nommé) par les religions.
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J'ai perdu mon Orient...
Voilà qui résume bien le bouquin et jette un coup de projecteur au titre, "Les Désorientés".
Quand avons-nous perdu la direction se demande l'auteur ?

Mais le monde a-t-il jamais suivi une direction ? le chaos et la fureur ne résument-ils pas à eux-seuls la façon dont le chemin s'est tracé à travers les siècles ?

L'histoire se passe au Liban même si Amin Maalouf ne le cite jamais, lui préférant le terme de Levant. Mais l'histoire aurait pu se passer ailleurs, nous souffle l'écrivain.
Les bonheurs, rires, déchirements et déceptions étant apatrides.

On s'était dit rendez-vous dans 25 ans...
Portrait de la génération soixante-huitarde libanaise, éprise de liberté, d'envies, de passions, d'espoir. Une parenthèse enchantée où tout semblait possible. Les probables changements, les promesses de jours meilleurs, les révolutions pacifiques... Et qu'en est-il maintenant ?
Tant de gâchis et de renoncements...

Il ne faut pas que je vous donne l'impression que ce livre est triste et pessimiste. Ce livre ne l'est pas, toujours teinté d'ironie salvatrice et de regards optimistes sur les individus. Même les plus discutables. Partant du principe que chacun a du bon en lui.
Et c'est une magnifique galerie de personnages que nous croque l'auteur. Masculin ou féminin, chacun apporte au livre sa touche personnelle et ses couleurs.

Empreints d'humanisme et de pétillance les écrits d'Amin Maalouf, il permet à chacun d'y projeter sa vie, ses pensées, ses espérances, de s'y glisser avec délectation.

Tellement de sagesse, de profondeur et de pertinence dans les réflexions et les mots choisis.
Il faudrait que ce livre soit lu dans toutes les écoles du monde, à minima dans celles des 3 religions à Dieu unique.
L'apaisement donné pourrait y faire des miracles. D'autant que l'auteur n'épargne pas non plus son personnage principal, Adam, qui ne détient pas toutes les vérités, ne les imposent pas et se conduit, lui aussi, de façon totalement imparfaite. Ce qui rend le bouquin crédible et attachant.

D'après Amin Maalouf, le XXIe siècle sera celui de la régression. Morale notamment. Ces 14 dernières années lui donnent-elles tort ? 4/5
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C'est un roman tendre, empreint d'une mélancolie désenchantée où Amin Maalouf brosse des portraits à la fois dramatiques et affectueux de personnages aux prises avec leur envie d'exister différemment.
Dans un effort de mémoire, le personnage principal revient au pays essayer de revivre un moment fort auprès des amis, unis par la tolérance.

Le romancier glisse dans ce récit des mots uniques, dotés d'une sorte de pureté méditative pleine de souvenirs amers et de véritables regrets.

Il nous rappelle que les abandons du passé reviennent toujours gratter aux endroits les plus douloureux de la mémoire.


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Dans cette histoire de retrouvailles d'un homme avec ses amis après des années d'absence loin de son pays j'ai été fascinée dès le départ par la belle écriture de Maalouf, musicale, simple et profonde. Il y a cette douceur levantine, cette délicatesse qui sait faire passer ses idées tout en respectant celles des autres (Maalouf utilise tous ses personnages pour leur faire dire tout ce qu'il a à dire et manie une certaine forme de paradoxe qui démontre que la plupart des idées sont bonnes, mêmes les plus contradictoires).
Ce livre est un livre magnifique sur l'amitié, la chaleur des retrouvailles en dépit du temps passé et parfois des trajets de chacun, en dépit d'un pays corrompu qui part à vau-l'au et des déceptions inévitables de l'âge adulte par rapport aux espoirs de la jeunesse, tout en nuances, en patience et en sagesse, en tolérance et en respect de l'autre.
Rien que le nom choisi par l'auteur de son personnage principal, Adam, est synonyme de cela : Adam n'est-il pas le père de tous les hommes, qu'ils soient juifs, chrétiens ou musulmans ?
A la fois lent et rapide, ce livre se lit facilement et résonne comme un vibrant appel à la paix où chacun a sa place non pas contre les autres mais avec eux pour progresser et être heureux ensemble.
Magnifique, vous dis-je, et message peut-être pas si utopique que cela.
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Quand Amin Maalouf raconte ici, pour mon plus grand plaisir, sa propre histoire à travers une fiction, celle d'Adam et de ses amis, une joyeuse bande d'universitaires qui dans les années 70 refaisaient le monde au café, il se dit désorienté.
Désorienté car il a perdu « son » Orient, sa culture levantine, le bien-être et la joie de vivre qui régnaient avant « le » conflit, la guerre civile qui a sévi au Liban de 1975 jusqu'en 1990, et qui a encore connu des sursauts au-delà de la date de ce récit.
« Ce conflit qui a bouleversé nos vies n'est pas une querelle régionale comme les autres, et ce n'est pas seulement un affrontement entre deux « tribus cousines » malmenées par l'Histoire. C'est infiniment plus que cela. C'est ce conflit, plus que tout autre, qui empêche le monde arabe de s'améliorer, c‘est lui qui empêche l'Occident et l'Islam de se réconcilier, c'est lui qui tire l'humanité contemporaine vers l'arrière, vers les crispations identitaires, vers le fanatisme religieux, vers ce qu'on appelle de nos jours « L'affrontement des civilisations ».

Mais rassurez-vous, cette histoire n'est pas un récit politique ni de guerre, c'est un récit personnel et universel. A travers le cheminement de quelques-uns de ces amis – juifs, chrétiens, arabes -, Amin Maalouf nous parle, avec sa langue claire, vraie, percutante, du comportement de l'homme face à la – à les – religions, face à l'existence de Dieu, face à son engagement devant les faits politiques. Collaborer ? Résister ? Fuir ? Qui a raison ?

Il nous parle de l'amitié et de l'amour, de la trahison et de la fidélité. Peut-on changer avec le temps ? Doit-on pardonner à un ami mourant alors que ce qu'il a commis est horrible ?

Il aborde l'antagonisme entre l'Occident et l'Islam, de manière objective et édifiante. J'ai beaucoup appris, ou du moins j'ai réfléchi sur cela, moi qui avais des idées préconçues sur les Arabes et les Occidentaux.

Ce récit pas indigeste pour un sou, raconté sous forme de lettres, de commentaires, de dialogues, m'a emmenée dans l'âme humaine, celle qui transparait dans un sourire et dans les larmes, dans la violence et les soubresauts de la mémoire. Amin Maalouf a tellement le don de l'empathie et de la justesse des sentiments qu'il m'a complètement fait adhérer à sa façon d'aborder le monde et les êtres humains. J'ai pris une multitude de notes, que je consulterai très régulièrement.

Adam, émigré à Paris et historien, qui voulait rassembler ses amis d'antan 25 ans après leur dispersion, est revenu « au pays » à l'occasion de la mort de l'un d'entre eux, et va y connaitre des faits majeurs, tout en notant pour lui ses réflexions. « L'histoire des nôtres, de nos familles et de notre bande d'amis, celle de nos illusions et de nos égarements, n'est pas inintéressante à raconter parce qu'elle est un peu aussi l'histoire de notre époque, de ses illusions, justement, comme de ses égarements ».

« Les Désorientés », un livre capital et essentiel pour retrouver son chemin !
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Quand on a quitté son pays pour fuir la guerre civile…

C'est ce qu'a fait Adam et il n'a jamais remis les pieds dans son pays natal. Mais lorsqu'un ami mourant l'appelle à son chevet, il retourne vers ses racines, même s'il en veut à cet ami d'être resté et de s'être compromis avec le régime.

À la demande de la femme de cet ami, il convoque les autres membres de la bande qui autrefois partageaient les mêmes idéaux humanistes. Chacun a fait son chemin, dans des pays différents. Chacun a une histoire à raconter, chacun a ses propres compromis, ses propres lâchetés et son propre courage.

Une grande réflexion sur l'émigration, sur le sens du pays et de l'humanité. Comme l'auteur le fait dire à l'un de ses personnages : « Je suis né sur une planète, pas dans un pays. Si, bien sûr, je suis né aussi dans un pays, dans une ville, dans une communauté, dans une famille, dans une maternité, dans un lit... Mais la seule chose importante, pour moi comme pour tous les humains, c'est d'être venu au monde. Au monde! Naître, c'est venir au monde, pas dans tel ou tel pays, pas dans telle ou telle maison. » (p. 59)

Et notre planète a bien besoin qu'on se préoccupe de notre monde plutôt que de penser à construire des murs…
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Quel livre ! Quel écrivain !

Rien à dire, je suis toujours aussi fascinée par la plume d'Amin Maalouf et le regard aiguisé qu'il porte sur l'humanité.
J'adhère totalement à sa vision du monde et les arguments qu'il avance sont d'une telle pertinence qu'ils obligent le lecteur à reconsidérer son point de vue.
Je pourrais recopier des paragraphes entiers de ses réflexions sur le conflit israëlo-palestinien, les guerres intestines au Liban ou les rapports entre l'Orient et l'Occident.

Avec Les désorientés, il nous livre ses pensées par le truchement de ses personnages et plus particulièrement d'Adam.
Il a très habilement, et très intelligemment, imaginé un groupe d'étudiants, amis de longue date, qui tentent de se retrouver 30 ans plus tard suite au décès de l'un d'eux.
Et c'est Adam, émigré en France et historien de formation, qui va se charger de reprendre contact avec eux pour les persuader de revenir un temps au pays.
Il y a ceux qui sont restés et ceux qui ont émigrés.
Leurs motivations comme leurs parcours sont multiples et donnent lieu à de longues conversations empreintes à la fois de nostalgie, de regrets, de colère parfois.
De plus, Adam tient un carnet dans lequel il note son sentiment à chaque contact repris.

Tout cela donne un livre d'une intensité extraordinaire que j'ai lu avec un enthousiasme jamais défaillant.
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