AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070754526
128 pages
le Promeneur-Gallimard (13/01/1999)
4/5   1 notes
Résumé :
S'appuyant sur la pantomime, le cinéma muet et le cirque, Gérard Macé rend un hommage tout en poésie légère aux spectacles sans paroles : la grammaire des gestes de Pierrot ; la magie du cinéma sans voix, avec ses cartons, sa vaisselle qui dégringole, les meubles qui s'écroulent, ses personnages mythiques comme Chaplin ou Keaton ; le monde muet du cirque où la parole ne fait jamais défaut et se poursuit "sans les faussetés de l'éloquence, les lourdeurs et les empêch... >Voir plus
Que lire après L'Art sans parolesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Les arts du silence de Gérard Macé traitent de la pantomime, du

cinéma muet, du cirque. Trois formes d'expression entre lesquelles il établit une filiation magique. Arts de l'enfance, lanterne d'un imaginaire à jamais perdu, ils sont, dans l'histoire de la représentation, terme ici à double sens, à l'origine des nôtres. On pourrait presque parler, comme dans les récits médiévaux, d'«enfances» de l'art. de la scène au «rond» du cirque et jusqu'aux arrière-salles obscures où, sur une toile tendue, ont été projetés les premiers récits animés qui relèvent de la fondation mythique d'une nouvelle ère, celle des images, Gérard Macé s'interroge aussi sur l'essence de la poésie.

On rapporte que c'est un poète aphone, Livius Andronicus, qui inventa à Rome la pantomime. Mais c'est Gaspard Deburau qui fut le grand créateur de cet art en inventant la figure de Pierrot. Pierrot fascina la seconde partie du XIXe siècle, de Baudelaire à Mallarmé, en passant par Théodore de Banville et plus tard Laforgue et les décadents qui en firent une figure spleenétique aussi présente que celle d'Hamlet. Personnage blanc, sorti de la tombe de la littérature, Pierrot prêta sa plume à plus d'un poète et illustrateur. Enfant du Paradis, il trouva en Jean-Louis Barrault l'un de ses derniers représentants, l'un de ses ultimes stylistes, capable d'envelopper le monde dans un geste et, sous les yeux des spectateurs, de le faire d'un seul coup disparaître.

De la pantomime au cirque, de Pierrot au clown blanc, le spectacle continue. le cirque est pour Macé un art poétique. Son cirque, c'est celui des impressionnistes, celui de Degas, où les écuyères sont moins obsédées de la performance que du style, où les trapézistes dessinent de paradoxaux idéogrammes sous le ciel étoilé et où les dompteurs tentent, contre les lois de nature, de réussir «la paix dans la jungle», en faisant coexister pacifiquement les races ennemies. Microcosme à l'écart de la société, le cirque parle d'un autre temps où, au fil des «numéros» qui doivent s'enchaîner avec la perfection des vers d'un sonnet, se dessine un univers perdu, celui de l'enfance. Tel le cirque privé du baron Molier qui, vers 1880, pour une unique représentation annuelle, était réservé à l'aristocratie, qui pouvait, le temps d'un numéro, abandonner le frac pour le débardeur d'un hercule de foire, l'habit rouge d'un cavalier ou le costume étoilé d'un clown.
C'est comme spectacle forain que commença le cinématographe, héritant immédiatement de cette riche culture, dont Raymond Roussel a aussi recueilli de nombreux éléments, et qui fut préparé par les théâtres d'ombres comme celui du célèbre Chat noir. La beauté du geste, les expressions mélodramatiques du cinéma muet ont édifié toute une poésie non verbale de l'émotion. Comme le remarque Gérard Macé, ces «histoires sans paroles» que diffusaient l'ORTF ont répété à leur manière la fondation d'un monde. de la préhistoire muette des images animées au parlant, se reconstruit une nouvelle légende de l'humanité. Péplum, cirques romains, pantomime, tout y revient pour un dernier tour de piste, avant que l'on découvre, dans Sunset Boulevard, le singe du cirque allongé dans un cercueil, et qu'on entende enfin Buster Keaton parler, mais alors pour ne rien dire.

Reste l'enfance, mémoire à reconstruire sans cesse auquel Gérard Macé consacre aussi le Singe et le miroir. Reste encore des livres comme celui-ci, exhumé du «royaume des morts, où des âmes errantes continuent de nous hanter comme si elles étaient encore à la recherche d'une sépulture». Ce royaume silencieux a pour nom: bibliothèque, Macé en est l'aventurier exemplaire, poète en prose, héritier des Divagations de Mallarmé et du Parti pris des choses de Francis Ponge.

Jean-Didier WAGNEUR
http://next.liberation.fr
Commenter  J’apprécie          90

Citations et extraits (1) Ajouter une citation
L'enfance est comme les copies flammes qui rétrécissent avec le temps, pour ne plus laisser voir que de grandes ombres mouvantes ; mais l'étymologie tant de fois citée du mot enfant (infans celui qui ne sait pas parler) trouve avec le cinéma muet une nouvelle jeunesse.
Commenter  J’apprécie          30

Video de Gérard Macé (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gérard Macé
Vidéo de Gérard Macé
autres livres classés : PantomimeVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (2) Voir plus



Quiz Voir plus

Livres et Films

Quel livre a inspiré le film "La piel que habito" de Pedro Almodovar ?

'Double peau'
'La mygale'
'La mue du serpent'
'Peau à peau'

10 questions
7091 lecteurs ont répondu
Thèmes : Cinéma et littérature , films , adaptation , littérature , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}